Frédéric Thomas

  • Maïs sous plastique en Bretagne
  • Ombre portée
3
avril
2009

Voici l’histoire d’un petit lac dans le Lot-et-Garonne

Ce petit lac fait 3 ha et il a été creusé en 1978 pour retenir 100 000 m3 d’eau afin d’irriguer les cultures de l’exploitation de la famille Auneau à Monteton (maïs et pruniers). Déjà envasé, 30 000 m3 de boue ont été retirés dans les années 90. Cet hiver, après avoir vidé la réserve pour consolider une digue, Stefan, le fils aîné, installé depuis 1998, constate que le lac est à nouveau rempli de boue : 40 à 50 000 m3 se sont sédimentés dans le fond sur 1,5 m et la capacité de stockage est réduite de moitié. Pire encore, le curage qui est aujourd’hui inévitable afin de conserver la capacité d’irrigation, va revenir au moins à 1€/m3, un coût d’entretien dont les agriculteurs se seraient bien passés en cette période de récession.
Constatant que la vase que l’on retrouve dans le lac est la meilleure terre du petit bassin versant (450 ha) où se trouve une partie de sa ferme, cette situation a fortement interpellé S. Auneau qui a entamé une vraie remise en cause avec une avalanche de questions. « Même si l’on peut accuser les remembrements, les arrachages de haies et l’agrandissement des parcelles, » convient-il « la gestion des sols, l’approfondissement des labours et le déploiement du maïs avec des intercultures vides sont aussi largement responsables ». A ce titre, son père remarque que les terres reprises lors de départs en retraite se sont toujours bien travaillées au début mais sont progressivement devenues massives, nécessitant plus de puissance. « Nous sommes face à un non sens économique et agronomique et il est urgent de changer notre façon de travailler » conclut le jeune agriculteur « Mon cas n’est pas isolé car le département du Lot-et-Garonne compte environ 3500 retenues comme la mienne et avec le même état d’envasement ».
Ce témoignage, où l’agriculteur est plusieurs fois victime de l’érosion (perte de la fertilité dans les parcelles en amont, réduction de la capacité de stockage de sa réserve pour l’irrigation mais aussi celui qui va en partie devoir supporter les coûts directs et induits), est un véritable cas d’école. C’est cependant, une chance que cette terre ait été retenue dans ces lacs construits sur des petits cours d’eau à l’embouchure de micro bassins versants. D’une part elle n’a pas été évacuée plus loin pour venir augmenter les montagnes de sédiments charriés par les rivières jusqu’à la Garonne qui se charge de tout rejeter dans l’océan. D’autre part, l’envasement des lacs mais surtout les coûts de curage vont sûrement motiver un grand nombre d’agriculteurs de la région aux TCS et SD, un peu las, enfin, de jouer les Shadocks !!!

Petit calcul : si l’on admet que ce lac a collecté 70 000 m3 de vase en 30 ans et que cette boue correspond à 140 000 m3 de sol en place (densité moyenne de 1,2), cela représente environ une érosion de 3,5 cm sur toutes les terres du bassin versant où la perte de 50 ha de terre sur une épaisseur de 25 cm. Difficile dans le cas présent de parler d’agriculture durable…


5
novembre
2008

Et en plus ça se mange

structurator

Les premiers essais avec les radis « Structurator » semblent donner des résultats très intéressants avec la production de racines très imposantes en seulement 3 mois de végétation. Ces informations corroborent les résultats présentés par Steve Groff sur son site et qui sera très prochainement l’intervenant lors des journées organisées par BASE entre les 24 et 28 novembre prochains.

Autre détail intéressant ce radis, appelé aussi radis chinois par les jardiniers, se mange. Avec une bonne baguette et un peu de beurre salé son goût est d’ailleurs très similaire au radis classique que l’on consomme au printemps. Si en plus de travailler naturellement le sol on produit gratuitement un excellent légume frais d’automne, c’est tout bénéfice !!! Il va seulement falloir que les vers de terre apprennent à partager un peu de leur casse-croûte avec nous !!!


25
octobre
2008

Les couverts manquent plus d’azote que d’humidité

Sur cette plateforme de couverts dans le nord du Loir-et-Cher, visitée vers la fin octobre, le faible développement des plantes était en partie dû à la date de semis plus tardive mais aussi et surtout à cause du manque d’azote comme l’exprime cette zone où un souci sur l’épandeur au printemps à entraîné une sur-fertilisation de la céréale. Ceux qui ont une vision classique peuvent se réjouir de ce constat, arguant que l’azote a été très bien géré sur la culture et que le couvert, malgré son faible développement, a tout piégé limitant les risques de lessivage ; cette situation montre cependant que nous sommes en présence d’un sol « support » possédant une auto-fertilité réduite pouvant difficilement soutenir de manière autonome le développement de couverts performants capables de fournir d’important bénéfices agronomiques ; ce qui est vrai pour les couverts est vrai pour les cultures comme le maïs, la betterave et surtout le colza. Il est donc important d’alimenter le plus rapidement et de retrouver cette fertilité autonome des sols en produisant et recyclant un maximum de biomasse car c’est le seul moyen de faire des économies substantielles de fertilisant et de sécuriser l’implantation et le développement des cultures comme des couverts d’ailleurs.


15
octobre
2008

Les couverts « Biomax » confirment leur performance

biomax gault 1008

Ce couvert qui associe une bonne douzaine de plantes, dont une bonne proportion de légumineuses (pois fourrager, féverole, vesce, trèfles) en association avec des radis, du tournesol, de la moutarde, de la phacélie, du nyger, du lin, de la caméline … Il est implanté en direct après un blé et s’est superbement bien développé à l’automne malgré les conditions fraîches mais sèches. La présence d’un bon volant d’auto-fertilité grâce au non labour, les couverts précédent et les apports réguliers de compost explique certainement une partie de ce développement, cependant la présence de légumineuses efficaces (notamment le pois fourrager cette année) est indispensable pour financer en azote une grande partie de cette production de biomasse imposante. Avec les premières grosses gelées dès la mi-octobre nous n’obtiendrons pas notre objectif de 10 t/ha de MS avec 200 kg de N dans la biomasse, mais nous devrions nous en approcher : réponse lors des mesures et des analyses que doit mettre en œuvre la Chambre d’Agriculture.


27
septembre
2008

Implantation de trèfle incarnat sous couvert de sarrasin

sarrasin et trèfle associés

Cette parcelle était bien plaisante à la fin août avec un sarrasin assez dense qui couvrait un trèfle en pleine forme. Ce mélange (8 kg/ha de trèfle incarnat et 25 kg/ha de sarrasin) implanté en direct juste après la récolte du blé (17 juillet). C’est un premier essai suite à l’expérience d’association de plantes dans les couverts et à l’idée d’association de cultures présentées par Manfred Wenz lors des réunions BASE de l’automne dernier. Les deux cultures donnent vraiment l’impression de profiter l’une de l’autre et le sarrasin à été très efficace dans la gestion d’une partie du salissement et notamment des chénopodes et des amarantes qui auraient normalement exigé soit un désherbage, soit un broyage en fin d’été.

L’objectif ici est de ramasser le sarrasin après les premières gelées, une récolte qui sera facilitée par le tapis de trèfle qui protègera le sol. Celui-ci sera ensuite conduit jusqu’à la récolte prévue entre le 15 et le 20 juin 2009, laissant suffisamment de temps pour envisager une dérobée qui sera d’autant plus facile à réussir que le précédent est une légumineuse. Au vue de cette réussite j’envisage d’étendre cette pratique à l’ensemble des semis d’été de trèfle violet et incarnat en forçant peut-être un peu plus la dose de sarrasin (30 kg/ha) afin de le densifier un peu sans pour autant étouffer le trèfle.


15
septembre
2008

Encore trop de personnes nient l’évidence !

couverts cambrai

Ces deux photos ont été prises à quelques km d’écart, le 12 septembre dans le secteur de Cambrais (59), le lendemain des pluies diluviennes qui ont provoqué des inondations un peu partout dans le secteur. Alors que certains agriculteurs ont encore peur que les couverts consomment l’eau disponible pour les cultures suivantes, combien de mm supplémentaires le sol couvert a-t-il absorbé de plus que son voisin qui, fragilisé par un déchaumage, s’est mis à ruisseler.

erosion cambrai

En complément, ces mm représentent des milliers de m3 (1 mm qui ruisselle équivaut à un volume de 10 m3/ha qui quittent la parcelle) qui convergent rapidement vers les points bas au sein d’un bassin versant et aggravent les risques d’inondation : encore une évidence que beaucoup refusent de considérer, qu’il s’agisse de l’intérêt des couverts en particulier et de l’agriculture de conservation en général.