Frédéric Thomas

  • Maïs sous plastique en Bretagne
  • Ombre portée
9
janvier
2010

Nous sommes proches du point de basculement !

Édito du TCS 56 : à lire ici

En matière de dynamique de changement, si les premières étapes prennent beaucoup de temps et sont toujours sujettes à de nombreuses critiques, il suffit généralement que 12 à 15 % d’une population adoptent une nouvelle technique pour que le reste bascule assez rapidement. Il s’agit d’un effet comparable à une avalanche où les zones de blocage et les freins ne sont plus assez solides pour contenir une poussée qui s’auto entretient et se renforce. C’est précisément la situation dans laquelle se trouve l’agriculture de conservation aujourd’hui en France : une véritable lame de fond qui progresse, monte en puissance et qui risque bien de bouleverser en profondeur l’agriculture. C’est comme si nous arrivions à un carrefour où tous les ingrédients convergent :

 La crise s’est invitée et plonge notre agriculture, mais aussi notre monde économique et social dans des abîmes de perplexité. Si l’année 2009 a été très dure, les perspectives pour 2010 n’apparaissent pas beaucoup plus réjouissantes d’autant plus que les trésoreries sonnent le creux. La production céréalière est, bien entendu, sévèrement touchée, mais aussi l’élevage en général avec, en tête de liste, les producteurs laitiers qui ont découvert brutalement ce que signifiait : ouverture des marchés. Face à cette situation, il est nécessaire de revoir les mécanismes de soutien et de protection de l’agriculture européenne. Cependant, pour sortir de l’ornière durablement sur le terrain, il ne suffira pas de faire quelques économies de-ci de-là, mais il est indispensable de repenser en profondeur nos systèmes de production.

 La réussite et la maîtrise de l’AC par un nombre croissant d’agriculteurs interpellent et commencent à recevoir une résonance favorable dans les campagnes. Bien que certains tâtonnent encore et d’autres rencontrent des difficultés, la question « est-ce que c’est intéressant les TCS et le SD ? » est progressivement remplacée par « comment puis-je passer en AC avec le minimum de risques et de soucis ? ». La perception évolue également au niveau de l’encadrement où des centres de gestion constatent et mettent en avant les avantages économiques, et un nombre croissant de techniciens de terrain soutient que les TCS et le SD sont possibles dans une grande variété de sols, de climats et de productions.

 La pression environnementale et surtout la nécessité de faire, rapidement, beaucoup mieux afin d’ouvrir l’étau qui continue de se resserrer et par effet boomerang, augmentent les coûts de production. Bien que l’agriculture soit un bouc émissaire facile qui évite à beaucoup de balayer devant leurs portes, le bilan n’est cependant pas très glorieux que ce soit en matière d’azote, d’énergie, d’effet de serre et de biodiversité pour ne citer que les principaux. Cependant, il faut réaliser que, souvent, la pollution est en amont un gaspillage et une perte économique pour l’agriculteur. C’est pourquoi, il est urgent de mettre en place des systèmes sobres et qui recyclent beaucoup mieux les éléments minéraux tout en maximisant l’utilisation des processus écologiques et l’énergie du vivant qui sont immédiatement et durablement porteurs de bénéfices environnementaux mais aussi d’économies conséquentes pour l’agriculteur. L’écologie et l’économie ne sont pas en opposition en agriculture à partir du moment où l’on intègre une approche agronomique globale.

 L’arrivée de vraies références françaises est également un élément déterminant. Arvalis, le Cetiom et des chambres d’agriculture commencent à fournir des résultats expérimentaux et des informations qui accréditent les observations réalisées dans les champs et les bases étrangères sur lesquelles nous nous sommes appuyés. Que ce soit en matière de gestion du salissement, de contrôle des ravageurs, de lessivage d’azote, de gestion de l’eau, de circulation et dégradation des phyto, ce sont aujourd’hui des informations locales précieuses qui, au-delà de sécuriser notre orientation, apportent des données complémentaires afin de mieux comprendre les interactions entre les éléments du puzzle et continuer de progresser.

 L’adhésion progressive, même si cela est encore prudent, de l’encadrement de l’agriculture, mais aussi de la recherche est un autre signe. Aujourd’hui, plusieurs grands groupes coopératifs ont mis en place leur « réseau ou club » TCS et l’affichent fièrement alors que d’autres se donnent, comme objectif, l’agriculture écologiquement intensive (AEI). Avec le développement des couverts et l’impact positif de l’AC sur la faune sauvage en général, ce sont aussi les fédérations de chasse qui commencent à soutenir les efforts des producteurs. Les syndicats comme les politiques ne sont pas en reste non plus et certains y perçoivent une nouvelle forme de contact ; une relation différente et positive avec l’agriculture. Enfin, la recherche évolue et réinvestit le terrain en mettant en place de plus en plus de programmes sur ces sujets, intégrant souvent des mesures sur des exploitations pilotes et innovantes.

 Les discours engagés de visionnaires réalistes et non moins pragmatiques comme Michel Griffon et Bruno Parmentier commencent de leur côté à faire écho dans toutes les strates des filières qui intègrent progressivement leurs analyses et les solutions qu’ils proposent. En complément, sur le terrain, des réseaux associatifs en plein développement maillent les campagnes afin de fluidifier les échanges entre praticiens et apporter des idées, des approches et des informations concrètes et innovantes. D’une certaine manière, ces associations préfigurent et préparent le retour à un processus de développement où l’agriculteur redevient le moteur et l’acteur principal.

 Enfin, l’AC est aujourd’hui l’orientation qui apporte le plus d’idées nouvelles et d’innovations que ce soit en matière de machinisme, de fertilisation, de couverts, de rotations, de gestion du salissement comme des ravageurs mais aussi en termes d’association de cultures. En outre, permettre de continuer de progresser vers des systèmes de production toujours plus intégrés, plus économes et respectueux de l’environnement, l’innovation s’impose aussi comme un formidable antidote contre la morosité et la crise. Elle fédère, redonne de l’enthousiasme, décuple les énergies. Séduisante, rassurante et positive, l’innovation ne peut que nous donner un sérieux coup de pouce.

Il faut aussi capitaliser sur des atouts que nous avons trop tendance à ignorer et sous-estimer comme notre diversité de climats, de sols, de cultures, mais aussi de sensibilités. Le maintien de structures familiales où la majorité des agriculteurs sont encore des acteurs, des observateurs, mais aussi des expérimentateurs au quotidien est une autre clé importante. Enfin et en comparaison des grands pays du semis direct comme le Brésil et l’Amérique du Nord, nous avons, grâce aux couverts et aux associations de cultures, développé une spécificité et un concept avec l’AEI où nous sommes aujourd’hui leader. Même si la « reprise » du dossier AC par l’encadrement conventionnel peut laisser un sentiment de frustration à ceux qui ont pris des risques et fait preuve de courage et de détermination pour s’engager sur des chemins différents, nous devons nous en réjouir. Il y aura encore beaucoup d’inertie dans ce changement, mais ce n’est qu’au prix de ces efforts et de la participation du plus grand nombre que nous pourrons faire émerger en France une agriculture vraiment nouvelle et vraiment performante.


22
décembre
2009

Meilleurs vœux et surtout n’arrêtez pas d’essayer...

Meilleurs vœux de la part de toute l’équipe A2C et TCS pour 2010 et surtout n’arrêtez pas d’essayer, de challenger des nouvelles idées et d’innover même si cela n’est pas tous les jours facile. Aujourd’hui avec les TCS, le SD mais surtout l’approche système et les associations de plantes, une nouvelle forme d’agriculture que certains n’hésitent plus a nommer « Agriculture Écologiquement Intensive » est en train de prendre forme dans vos champs et vos ateliers. Le changement viendra difficilement d’en haut et il est toujours permis de rêver que les grands de se monde, face à une réalité établie comme le changement climatique se mettent d’accord pour changer pour de vrai. Comme nous l’a montré la rencontre de Copenhague, le quotidien, qui n’est certes pas rose, prime sur l’anticipation relayée loin derrière.

Baisser les bras non, mais il faut avant tout croire en soit, à ses idées et à son action locale. Ne cherchez pas à convaincre mais plutôt a donner envie à ceux qui vous entourent qui à leur tour pourront venir enrichir votre réflexion, vos approches de leur idées, expériences et réseaux. Car contrairement à l’agriculture conventionnelle, très codifiée et encadrée, cette nouvelle approche ne fonctionne pas comme un entonnoir mais ressemble plus à une porte d’entrée vers une diversité de solutions complémentaires qui, comme une avalanche, s’amplifie et s’agrandie au fur et à mesure que nous avançons.

Profitez donc de l’hiver et d’un peu de répit pour fouiller plus en détail www.agriculture-de-conservation.com (à ce titre n’hésitez pas à utiliser le petit moteur de recherche que nous avons mis en ligne) et vous rendre aux multiples rendez-vous et formations sur ces thèmes afin d’établir votre ligne de changement pour 2010 et les essais que vous allez mettre en œuvre.

Bonne année et au plaisir de vous retrouver sur le terrain.


11
décembre
2009

Chantier de labour dans le bassin parisien

Un peu de maths pour se donner bonne conscience et considérer les économies que vous êtes en train de faire en lisant ce « post » plutôt qu’en écoutant les « Grosses têtes » dans votre cabine tout confort cet hiver :

 Voici un tracteur 500 CV avec 13 corps de charrue ;
 Prenons une utilisation de seulement 70% de la puissance, cela ne fait plus que 350 CV utilisés (500 CV x 0,7 = 350 CV) ;
 Sachant qu’un CV consomme en moyenne 280 g/CV/h, notre tracteur brûle la bagatelle de 122 L/h (0,280 kg x 350 CV / 0,8 (densité gazole) = 122 L/h) ;
 Notre bel attelage doit être capable de labourer environ 2,7 ha/h (35 cm x 13 versoirs x 6 km/h = 2,7 ha/h) ;
 Enfin, cela représente une consommation moyenne de 45 L/ha (122 L/h / 2,7 ha/h = 45 L/ha) et donc un coût à valeur du carburant actuelle d’environ 22,5 €/ha minimum ou 45 €/ha valeur juillet 2008 ;
 Puisque nous sommes à la veille des négociation de Copenhague cette consommation d’énergie représente également 117 kg de C02/ha (45 L/ha x 2,6 kg de CO2 émis par L de gazole) ;

Cette émission directe représente cependant une misère en matière de réchauffement climatique en comparaison du carbone émit par la minéralisation de la matière organique occasionnée par le travail du sol : une étude présentée par Don Reicosky, chercheur de l’USDA, a montré que la perte de CO2 sur 24h pouvait représenter 2 290 kg/ha pour un labour à 28 cm !

Bien entendu ce calcul ne tient nullement compte du temps de manœuvre et de transport qui vont faire largement augmenter la facture à l’hectare réellement travaillé, ni le coût du matériel qui est largement supérieur dans ce cas de figure au gasoil consommé. Vu sous cet angle, économiser du temps et de la main d’œuvre représente un coût alors que sous l’angle de l’agriculture de conservation économiser du temps et de la main débouche de fait sur d’autres économies et entre des économies de fuel et de mécanisation substantielles.


10
juillet
2009

OGM, pas si intéressant que ça

A votre avis, quelle est la culture représentée sur la photo ? Un maïs raté envahi de soja ou un soja raté envahi de maïs ? La réponse est qu’il s’agit en réalité d’un champ de soja RR " Round-up Ready " dans lequel les repousses du maïs précédent, lui-même RR, n’ont pas été atteintes par le programme de désherbage. Elles vont demander un rattrapage anti-graminée spécifique. Cette image rapportée de ma dernière visite aux USA l’année dernière, n’est pas exceptionnelle et illustre de manière assez forte mais évidente ce que les farmers américains mais aussi argentins et brésiliens commencent à rencontrer comme difficultés. Au bout d’une dizaine d’années, l’aspect magique des OGM se ternit progressivement et les agriculteurs constatent les limites techniques mais également économiques d’un système présenté comme idéal à l’époque.

Le risque sanitaire sur le quel se focalise le refus français, maintenant soutenu par les allemands et d’autres pays européens, existe certainement mais d’un point de vue global et agricole il est loin d’être le plus important. Les autres risques, plus insidieux, mais déterminants ne sont que trop rarement intégrés dans les débats :

 La maîtrise des semences de toutes les grandes cultures par un nombre très restreint de semenciers leur donnent un immense pouvoir de décision sur qui approvisionner et à quel coût. L’interdiction « contractuelle » pour les agriculteurs de ressemer leurs semences ou l’impossibilité biologique de le faire avec des variétés de type « hybride » ou par l’introduction du gène « Terminator » rend extrêmement problématique la sécurité alimentaire de n’importe quel pays. On retrouve ici la diabolique arme alimentaire avec le « tu acceptes mes conditions sinon je ne te permets pas de cultiver ta nourriture ». En complément, le concept émergeant d’agriculture écologiquement intensive repose sur la multiplication des plantes et des semis, principaux intrants de cette nouvelle voie : accroître davantage la pression économique sur les semences devient donc un non sens agronomique.

 La concentration de la production agricole mondiale sur très peu d’espèces et de génomes, déjà préoccupante, ne ferait que diminuer davantage la biodiversité. A la moindre tare ou problème sanitaire, le risque planétaire est trop important. C’est d’ailleurs le cas actuellement du troupeau laitier qui avec une génétique mondiale qui repose sur moins d’une centaine de géniteurs et de familles, présente déjà des problèmes de consanguinité majeurs.

 Enfin, l’aspect « magique » d’un contrôle unique et permanent avec une nouvelle technologie, aussi performante soit-elle, ne tient jamais dans le temps. Les résistances apparaissent toujours pour apporter la diversité que l’agriculteur a négligé de cultiver. Les repousses de maïs RR dans le soja de cette parcelle ne sont qu’une illustration de ce qui ce passe en matière d’adventices, de maladies et de ravageurs. A titre d’exemple on peut citer le développement d’adventices résistantes au glyphosate aux États-Unis qui demandent un retour aux herbicides racinaire en plus du glyphosate ou encore l’apparition d’un nouvel insecte ravageur du soja et du maïs "Japenese Corn Beattle" qui nécessite l’application d’insecticides en végétation malgré le gène Bt. Avec ces difficultés que découvrent les premiers utilisateurs et la nécessité de revenir à des traitements phytos classiques en complément, les bénéfices environnementaux annoncés ne sont plus au rendez-vous et les avantages économiques alléchants pour les producteurs disparaissent d’autant plus vite que le prix des céréales est bas.

Après les pesticides, les OGM ont peut-être été présentés un peu trop vite comme une solution miracle qui pouvait résoudre tous les problèmes. La réalité agronomique et écologique rattrape cependant toute simplification et montre que seule la diversité (des modes de lutte, de cultures et d’approches) est gage de durabilité. Ceci dit, la position européenne est sans doute extrême et donne l’impression de " jeter le bébé avec l’eau du bain. Les biotechnologies ne se limitent pas à faire produire des molécules biocides ou anti-biocides et certaines pistes telles que le " smart breeding " semblent intéressantes, sans oublier que les biotechnologies sont devenues un outil décisif en médecine par exemple.

Enfin, avec cet exemple, nous pouvons répondre à ceux qui argumentent que notre agriculture est en train de prendre 10 ans de retard en refusant les OGM, qu’elle est peut-être en train de prendre 10 ans d’avance sur les chemins de l’agriculture écologiquement intensive.


18
mai
2009

Exportation de paille de céréale pour la production d’énergie

Si cette idée semble, a priori, une solution intéressante dans un contexte de renchérissement des énergies fossiles et d’orientations plus respectueuses de l’environnement car la paille est un produit renouvelable issu de la photosynthèse, avant de s’engager massivement dans cette voie, il convient de prendre en compte les éléments suivants :

 La paille, comme tous les résidus organiques, c’est de l’humus circulant qui protège et structure le sol, qui nourrit l’activité biologique, qui soutient une partie de la CEC et contribue même à l’amélioration de la capacité de rétention. Les exportations de paille ne peuvent qu’entraîner l’appauvrissement organique et biologique des sols, un inconvénient majeur lorsque l’on souhaite s’appuyer sur ces fonctions naturelles pour limiter voire supprimer le travail du sol.

 La paille c’est aussi des éléments minéraux, un peu d’azote, de phosphore et beaucoup de potasse pour les principaux mais, comme tout produit organique, elle contient également des quantités non négligeables d’oligo-éléments divers et non renouvelables qui seront eux aussi retirés. Les exportations de pailles entraîneront une baisse lente mais inéluctable de l’auto-fertilité exigeant une augmentation des besoins en fertilisant sur le long terme et pas seulement en NPK !

 La collecte de la paille occasionne également un trafic supplémentaire et souvent lourd dans les parcelles, qui, selon les conditions climatiques, peut entraîner des compactions nécessitant des reprises mécaniques pour les cultures suivantes et donc une dépense énergétique supplémentaire. Si cela est un coût qu’il faudra mettre en face du produit dégagé par la vente de paille, c’est cependant une contrainte majeure pour les TCSistes qui cherchent un poids et une circulation minimum dans les champs afin de limiter le travail du sol.

 La collecte de paille entraine une concentration des menues pailles, retarde les opérations de déchaumage et/ou les semis précoces ou sous la coupe de la moissonneuse de couverts végétaux qui sont, au-delà des contraintes environnementales, d’intéressants outils agronomiques dont il faut apprendre à tirer profit et qui en aucun cas ne remplaceront la paille exportée.

 Enfin, la paille c’est de l’énergie mais c’est un élément très pondéreux dont la collecte et le transport vont également demander beaucoup d’énergie à laquelle il conviendrait d’ajouter celle des engrais pour remplacer les fertilisants exportés et celle directe et indirecte pour le travail du sol supplémentaire afin d’avoir une meilleure idée du bilan énergétique réel de cette opération.

Au vu de ces éléments, il est possible ponctuellement d’exporter un peu de paille mais une généralisation massive est beaucoup plus risquée sur le moyen terme pour les sols mais aussi l’économie des exploitations agricoles. De plus, si tel est le cas, il faut de préférence orienter les flux vers des utilisations « nobles » et non vers de la production d’énergie. Car sur ce sujet, et comme beaucoup, nous avons tendance à réfléchir substitution : quelle énergie « verte » pour remplacer quelle autre « fossile ». A ce titre, les Américains ont réussi, en transformant une grande partie de leur maïs en éthanol, à ne produire que 3 % de l’essence consommée par le pays ou les Allemands, champions du monde de l’éolienne avec 20 000 machines ne produisent que 5 % de leur électricité et de manière très aléatoire, lorsque le vent est complaisant.

En matière d’énergie, il est donc plus productif et durable de réfléchir avant tout aux économies car celles-ci sont durables et sans aucune controverse environnementale. De plus et à l’instar de ce qui se fait en matière de simplification du travail du sol, de couverts végétaux producteurs d’azote et promoteurs d’auto-fertilité et d’agriculture de conservation en général, il existe d’importants gisements d’économie en agriculture mais également à beaucoup de niveaux de la société qu’il va falloir apprendre à exploiter.


4
mai
2009

Est-ce que les cailloux remontent naturellement dans le sol ?

Non bien entendu et pour plusieurs raisons. Déjà par simple notion de physique : une pierre possède une densité comprise entre 2 et 2,5 alors qu’un sol normalement structuré a quant à lui une densité de 1,2 à 1,3 soit moitié moins. Comme les corps lourds ont tendance à descendre dans un corps plus léger meuble, il n’y donc aucune raison pour que les pierres remontent à la surface. D’autre part, le sol se forme en général à la surface d’une roche d’où le terme « roche mère ». Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le développement de la végétation spontanée dans une cour, sur un mur ou encore sur un vieux toit. Même dans ces environnements pourtant peu propices, une fine pellicule organique finit par apparaître et recouvrir la roche. Enfin, dans un sol vivant où on laisse les résidus organiques à la surface, l’activité biologique, et entre autres le travail des vers de terre, en remontant continuellement d’importantes quantités de sol, finissent par ensevelir les pierres et autre éléments solides laissés à la surface.

Ainsi et comme le montre de manière assez criante cette photo prise entre deux champs dans le Berry en février dernier, le type d’agriculture et l’agriculteur peuvent avoir un énorme impact sur l’évolution de son sol. A gauche, une gestion inappropriée et un travail intensif ont fait remonter les pierres à la surface rendant le travail du sol difficile, alors que dans la parcelle de droite, l’abandon du labour et une orientation très semis direct ont permis de remettre un peu de terre au dessus des pierres. Enfin, il est clair qu’avec encore plus de recul, cette situation va continuer de s’améliorer pour obtenir une surface quasi indemne de cailloux facilitant encore plus le semis et l’installation des cultures.