Frédérique HUPIN

  • Frederic Vanwindekens, inventeur du quanti-slake-test, au festival de l'agroécologie et de l'agriculture de conservation des sols à Fexhe (Belgique)
  • Guide Pleinchamp.com : selancer en agriculture de conservation des sols
  • Un mouton en crop circle
  • Brieuc Hardy
30
juin
2022

Quand on mange les couverts, il ne reste plus que l’assiette

Manger des légumineuses, c’est bon pour la flore intestinale et pour la flore du sol aussi. Quand en plus, on mange celles qui n’étaient pas destinées à être récoltées, ça s’appelle presque un nouveau débouché.

Manger les couverts végétaux

  • Féveroles cuites - Frederique Hupin
  • Burger de féveroles - Frederique Hupin

L’automne dernier dans mon potager, j’avais semé un couvert de féveroles, phacélie, avoine. Les 2 derniers ont gelé l’hiver, la féverole a survécu. Je l’ai laissé pousser jusqu’à maturité. Et puis j’ai essayé de la manger de plusieurs manières, cru ou cuit.
 crue : après deux épluchages (la gousse et l’enveloppe de la fève)
 cuite : 5 minutes dans l’eau bouillante + un peu de bicarbonate de soude pour enlever le goût âpre.

Une fois cuite, la fève peut se servir à l’apéro ou se manger comme coupe faim. J’en avais rempli une boîte mise dans mon sac à dos et distribuée à mes contacts lors du récent festival de l’agriculture de conservation des sols. Les agriculteurs qui y ont goûté ont apprécié. Dixit un ACiste qui se reconnaîtra : "mmmh, je vais demander à ma femme d’en faire".

Pour les galettes (ou les burgers végétariens, plusieurs noms possibles), j’ai épluché chaque fève. Un peu long. Après cuisson, en pressant sur chaque fève, elle sort facilement de sa "coquille". Et en regardant une vidéo ici, ça le fait très bien aussi.

 faire rissoler de l’ail et des oignons dans une poêle avec des épices (paprika par exemple)
 mixer les féveroles et les oignons/ail rissolés dans un robot mixer
 battre un oeuf y ajouter de la mie de pain ou du flocon d’avoine et ajouter le tout dans le mixer
 épicer à volonté : sauces en tout genre à base de vinaigre (Worcestershire), poivre, sel (ou le remplacer par du gomasio), poivre, muscade, ...
 confectionner des boulettes que l’on dépose dans la poêle à frire (la même que celle utilisée pour les oignons). Aplatir si on veut une galette, la retourner après 1 à 2 minutes

Pour la petite histoire (source) :
En Europe, la féverole est utilisée pour l’alimentation animale et est très peu transformée pour l’alimentation humaine. Pourtant, c’est son principal débouché dans le reste du monde ! C’est au Moyen-Orient, et particulièrement en Egypte, que la féverole est la plus consommée : en remplacement des pois-chiches par exemple, ou comme ingrédient. Conserves, sauces, falafels sont les produits transformés utilisant le plus la féverole à travers le monde.

Trucs et astuces :
Si la "pâte" créée est trop molle, rajouter du flocon d’avoine.
S’il vous reste quelques légumes, cuits ou crus, rajoutez les au bol à mixer.
L’occasion aussi de "recycler" les fanes de légumes (radis, carottes, betteraves rouges, ...)


12
mars
2022

L’agriculture régénérative sur le terrain : une académie est née en Belgique

L’académie Regenacterre ambitionne d’apporter les clés d’une agriculture régénérative et rentable... sur le terrain !

Organisée par l’ASBL du même nom, l’académie Regenacterre démarre ce mercredi 30 mars. Durant un an, elle apprendra aux participants les clés d’une agriculture régénérative des sols et rentable. Destinée à un public d’agronomes et d’agriculteurs, ils seront au nombre de 15 maximum afin de favoriser les échanges avec les formateurs et entre les participants. Le cycle sera composé de plusieurs temps forts : un conférence d’ouverture avec Frédéric Thomas, des tours de plaine, des ateliers de fabrication et de conception, des formations en salle, et se terminera par un voyage inspirant.

Historiquement, c’est en Amérique latine que naissent chacune de leur côté l’agroécologie et l’agriculture régénérative (pour les anglophones, ou agriculture de conservation des sols pour les françophones). Citons ici deux précurseurs : Miguel Altieri et Carlos Crovetto. L’un provient du monde des ONG, l’autre provient du monde agricole. Aujourd’hui, leurs discours se rencontrent, et déjà à l’époque ils étaient sur la même longueur d’onde quant au principe de base qu’il fallait appliquer à l’agriculture : préserver le sol !
Nous sommes à la fin des années ’70, la révolution verte du vingtième siècle est à son apogée, les rendements sont au plus haut, la mécanisation et l’utilisation des engrais et des pesticides sont au cœur du système agricole. Mais on commence tout doucement à se rendre compte que ce système a des impacts sur l’environnement, qu’il épuise les ressources et que malgré toutes ses promesses, la faim dans le monde existe encore.
Un agronome chilien du nom de Miguel Altieri, issu du monde des ONG et professeur d’agronomie en Californie, lance alors une critique du système agricole en cours. Il ne se contente pas de critiquer, il émet également des propositions concrètes englobées sous le terme d’agroécologie. « L’agroécologie est l’application de l’écologie à l’agriculture » écrit Altieri. Les grands principes : recycler les matières végétales, prendre soin du sol, éviter les pertes de ressources, amplifier les services rendus par la nature, favoriser la diversité des espèces et last but not least, assurer aux agriculteurs une autonomie financière.
C’est à la même époque qu’un agriculteur chilien, Carlos Crovetto, expérimente le semis direct. Il perfectionne cette technique sur son exploitation de Chequén (Chili). En 1996, il publie le livre de référence « Les fondements d’une agriculture durable ». En visionnaire reconnu, il explique comment il a réussi grâce au semis direct à recréer quelques centimètres de sol fertile essentiel à une agriculture durable. Très documenté, il s’appuie sur ses pratiques et ses résultats techniques, biologiques et environnementaux afin d’ouvrir de nouvelles perspectives en replaçant la matière organique des sols au centre des enjeux majeurs d’aujourd’hui.

Citons également Lucien Segy, agronome français et chercheur/développeur dont la majeure partie de la carrière s’est déroulée au Brésil où il a posé les bases du semis direct sur couvert végétal en précurseur visionnaire.

40 ans sont passés. Les pionniers ont continué de progresser, l’agroécologie a évolué sur le terrain, elle s’est adaptée. La compréhension du fonctionnement du sol et de la plante a entraîné le développement de nouvelles manières de produire avec de nouveaux produits, de nouvelles machines, de nouvelles pratiques. Ce sont principalement les agriculteurs sur le terrain qui ont fait émerger ces innovations.

Former sur des enjeux majeurs

L’impact des pratiques agricoles sur le fonctionnement des sols, la fertilisation régénérative, les fondamentaux de l’immunité des plantes, les produits naturels de protection des plantes, quelle machine pour quel usage, la couverture permanente des sols, les associations culturales sont autant de sujets qui seront abordés tout au long du parcours de l’académie Regenacterre. Faire travailler la nature pour diminuer ses charges, tout en préservant son rendement et son outil de travail : le sol. Un module d’optimisation économique des fermes ainsi que les clés de l’accompagnement au changement et de l’essaimage des connaissances sont également au programme.
Les formateurs sont agriculteurs, ingénieurs agronomes, experts dans leur domaine et pratiquants. Citons, entre autres, Frédéric Thomas, agriculteur pionnier de l’agriculture de conservation des sols et rédacteur en chef de la revue TCS. Mais aussi Francis Bucaille (France), Julien Hérault (expert du machinisme, France), Nicolas Lefebvre (Belgique, Roumanie, Suisse), Sylvain Cournet (France), Nicolas Courtois (Suisse), Victor Leforestier (France), Paul Robert (France), Baptiste Maître (France), Chuck de Liedekerke et Nicolas Verschuere (Belgique), Stefan Muijtjens (Pays-Bas).
L’académie mise énormément sur le côté pratique des formations. Une session d’information a réuni cinquante personnes intéressées dont la moitié était des agronomes.
Frédéric Muratori, directeur de Regenacterre : « nous avons créé l’académie Regenacterre car nous nous sommes rendus compte, en cherchant à engager un ingénieur agronome, que les fondements de l’agriculture régénérative et la pratique de terrain manquaient drastiquement. Nous constatons que la connaissance des techniques se trouve chez les agriculteurs et agronomes praticiens. C’est pourquoi cette académie se veut être une école du terrain  ».

Conférence d’ouverture par Frédéric Thomas

Le mercredi 30 mars 2022 à 20h à Perwez en Belgique se tiendra la conférence inaugurale de l’académie Regenacterre. Elle sera ouverte à un large public et traitera du thème « l’agroécologie, qu’est-ce que c’est sur le terrain ». Un conférence d’une heure donnée par Frédéric Thomas sera suivie d’un débat en présence d’acteurs du monde agricole wallon.


17
décembre
2021

A la ferme de la Sarte, simplification rime avec semis direct et couverts permanents !

Géraud Dumont a plein de projets en tête. Il a encore de long jours à passer sur sa ferme. Il n’a que 30 ans. Son père, visionnaire éclairé, lui passe doucement la main alors qu’ils sont en pleine transition vers le semis direct.

Géraud, l’agricooliste élite, celui qui prend ses vacances en sillonnant les réunions du réseau BASE, ce fan d’essais en tous genres, jamais avare de partager ce qu’il découvre. A son tour il va pouvoir maintenir ses deux passions, la ferme et l’agronomie, guidé par sa vision : minimiser son impact sur le sol et l’environnement. Reportage en Belgique, à Grez-Doiceau, à la ferme de la Sarte.

Atterrissage

Située en plein cœur du Brabant-wallon, à 40 kilomètres au Sud-Est de Bruxelles, la ferme familiale des Dumont de Chassart et ses 170 hectares sont assis sur un sol sablo-limoneux à tendance séchante (type AbA sur la carte pédologique des sols). Les terres relativement fragiles peuvent compter sur la protection de l’agriculture de conservation des sols pratiquée depuis plus de vingt-cinq ans sur la ferme. Les problèmes de battance ont complètement été supprimés, de même que l’érosion et ses dégâts collatéraux (coulées de boues) avec l’arrêt du labour.
Géraud Dumont de Chassart seconde, pour ne pas dire « remplace doucement mais sûrement », son père. « Je n’ai jamais connu la charrue sur la ferme. Mon père a commencé à arrêter le labour progressivement il y a 25 ans en commençant par les céréales. Suite à un hiver où il s’est retrouvé sans avoir jamais le temps de labourer, il a semé ses betteraves sans labour. » Son père avait d’autres activités professionnelles et la météo pluvieuse n’avait pas aidé non plus cette année-là. « Vu le gain de temps et l’économie de carburant, il y a pris goût, et depuis 2000 on n’a plus jamais ressorti la charrue ». Pour préparer le sol, son père utilise alors un décompacteur. Mais ce n’était finalement qu’une étape intermédiaire. Aujourd’hui, plus de décompactage, ce sont les couverts végétaux et les vers de terre qui se chargent d’assurer au sol une bonne structure.

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Crédits : Arnaud Ghys

Une transition douce vers le semis direct

Géraud avait à peine cinq ans quand son père a arrêté de labourer. « En remplacement de la charrue, mon père avait fait fabriquer son propre décompacteur par un constructeur local. Il ressemblait un peu au Terrano de chez Horsch. Avec le recul je me rends compte que notre évolution a souvent été permise grâce à la collaboration avec des personnes qui avaient d’autres compétences à nous partager. Sans la contribution d’un constructeur local, on ne se serait pas lancé. Les premières dents étaient munies d’ailettes pour soulever le sol. Mais ça lissait le sol en profondeur. On a supprimé les éléments perpendiculaires à la dent puis on a installé des dents queues de cochon avec une pointe de 40 millimètres, espacées de 30 centimètres. La dent ressemblait à celle d’Actisol, on fissurait le sol. Puis on a encore simplifié le travail du sol ».
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Collaborer et augmenter en polyvalence

Acheter des machines en commun c’est idéal pour partager les coûts, mais c’est loin d’être évident. Il faut s’entendre sur le moment d’utilisation, sur le transport de la machine d’une ferme à l’autre et sur la répartition des coûts (achat, entretien et réparations). La philosophie de Géraud est pragmatique et simple : « on achète en commun les machines qui sont un plus pour la ferme, il faut qu’on ne soit pas handicapé si on ne l’a pas ». Et pour le partage des coûts, la formule simple est une répartition en fonction de la superficie des fermes et pas un calcul d’apothicaire en fonction des heures d’utilisation de chacun.
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D’une rotation variée et évolutive …

Géraud n’a pas attendu d’être maître à bord pour modifier la rotation de la ferme. « La rotation a beaucoup évolué ces deux dernières années. Il y a deux ans on a arrêté la betterave et cette année on arrête le lin car les marchés ne sont pas bons. On réduit aussi les pommes de terre. On s’oriente davantage sur les céréales et sur le colza. Le colza on l’associe systématiquement à des légumineuses. Le fait d’implanter systématiquement des couverts permet une grande flexibilité et de s’adapter aux conditions météorologiques, aux marchés, de conserver un couvert pour en faire des graines ».
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… aux couverts permanents

Ce qui a titillé nos oreilles de journaliste, ce sont les expérimentations menées de son chef par Géraud sur sa ferme en matière de couverts permanents. Au fil des saisons on peut suivre les photos de ses champs et les brefs commentaires qu’il poste sur Twitter (@geraud_dumont).

« Avec Greenotec, on a expérimenté différentes techniques de sous-semis de légumineuses en grandes cultures et on a observé les principaux avantages agronomiques. On s’est intéressés principalement aux couverts pérennes (trèfle blanc, lotier, luzerne) implantés dans le colza, l’orge ou l’avoine de printemps, le maïs. J’ai testé différents outils pour l’implantations et testé diverses associations de légumineuses.
On a compté les vers de terre, les adventices et mesuré les rendements. J’ai commencé les essais il y a trois ans et j’ai donc maintenant un tout petit peu de recul par rapport à leur gestion et une meilleure analyse des problèmes rencontrés ».
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Partenariat céréalier-éleveur ovin

Géraud fait brouter ses couverts par des moutons appartenant à un éleveur.
Les partenariats sont actuellement encadrés par deux projets de recherche (DiverIMPACTS et SERV’EAU) impliquant le Collège des Producteurs, le Centre de Recherche Agronomique Wallon, l’Université Catholique de Louvain et bien sûr des éleveurs et des céréaliers sélectionnés sur base volontaire.
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Les conseils de Géraud

Géraud termine par quelques conseils pour ceux qui souhaiteraient se lancer.

Cet article ne comprend que des extraits de l’article complet publié dans le magazine TCS n°112. Vous pouvez le télécharger gratuitement ci-dessous (pensez à vous abonner, 61 € par an ;-).


11
décembre
2021

Le point sur la capture du carbone par les technologies de la chimie (part I)

A l’heure où les champs en ACS sont regardés avec envie par les certificateurs carbone, il me paraissait intéressant de prendre du recul et d’aller voir ce qu’il se passe dans la chambre à côté, celle des technologies de la chimie.

L’association des anciens de la faculté d’agronomie dont je suis issue organisait une conférence pour faire le point sur les technologies de capture et de transformation du CO2. Dans le jargon des ingénieurs chimistes, dites CCU (CO2 Capture & Utilization).

Cette conférence rassemblait plusieurs intervenant décrits dans l’invitation à la conférence.

La conférence complète peut être revisionnée ici.

Les diaporamas des exposés sont ici.

Je vous résume ici les grandes lignes de cette conférence.

1ère intervenante : La professeure Patricia Luis Alconero

La professeure Patricia Luis Alconero travaille sur la capture du CO2 depuis de nombreuses années. Elle est ingénieure chimiste en « material and process » et donne cours à l’UCLouvain en Belgique.

Patricia Luis Alconero

"Le CO2 est une molécule merveilleuse, elle nourrit les plantes MAIS elle est très oxydée. Elle est au niveau maximum de l’oxydation du carbone. Vous ne pouvez pas revenir vers quelque chose de moins oxydé sans apporter de l’énergie. C’est ça le nœud du problème !"

Avant de poursuivre

Une réaction d’oxydoréduction ou réaction redox est une réaction chimique au cours de laquelle se produit un transfert d’électrons. L’espèce chimique qui capte les électrons est appelée « oxydant » et celle qui les cède, « réducteur ».
Dans le cas de la combustion d’une molécule organique, l’oxydant est l’oxygène. La réaction se fait dans le sens :
Hydrocarbure + Oxygène —> CO2 + H2O avec dégagement de chaleur. Le carbone contenu dans l’hydrocarbure est oxydé à son maximum, la molécule a perdu tous les électrons qu’elle pouvait perdre et s’est transformée en CO2, forme la plus oxydée qu’il soit. Il n’y a plus d’énergie à en tirer.

Retour à la conférence

L’ objectif : comment réduire la quantité d’énergie nécessaire pour ramener le CO2 à une forme mois oxydée.
1ère étape : le capturer. Puis une fois qu’on a du CO2 pur, on en fait ce que l’on veut : le séquestrer, le réutiliser.

Pour capturer le CO2, on utilise des colonnes et un liquide absorbant : le MEA (monoéthanolamine). Ce solvant doit être produit … Comment ? A partir d’ammoniac et d’oxyde d’éthylène, eux-mêmes produits à partir de méthane et d’éthylène. Tout cela requiert de l’énergie et génère des émissions directes et indirectes de CO2...

Colonne de capture du CO2 - Patricia Luis

C’est à ce moment- là que je suis contente d’avoir choisi la branche ingénieur agronome, plutôt qu’ingénieur chimiste … C’est tellement plus simple dans la nature (question de point de vue bien sûr 😉)

Production de MEA - Patricia Luis

L’exposé continue de la même manière (des flèches et des formules chimiques) en montrant finalement qu’il n’y a pas de baguette magique pour capturer le CO2.

Cette chercheuse et professeure en chimie n’est pas dupe et ne pratique pas la langue de bois. Elle remet les pendules à l’heure de certains fans d’innovations qui pensent qu’on va pouvoir continuer de vivre comme aujourd’hui et résoudre les problèmes grâce à la technologie.

Elle conclut : "même si on réussissait à capturer le CO2 sans relarguer de CO2 ou même si on réussissait un tel procédé en émettant moins de CO2 que la quantité capturée … nous n’aurions pas encore résolu le problème actuel du changement climatique !"

Pour ne pas terminer sur une note si pessimiste, elle projette sa vision : "les avancées technologiques ne sont pas une solution suffisante. Elles doivent être accompagnées d’une transformation sociale. On doit passer du concept (déjà nouveau) d’économie circulaire à celui de société circulaire."

2ème intervenant : Le professeur Damien Debecker

La suite dans un prochain article 😉

Mais déjà un petit avant goût avec une citation de Damien Debecker pour comprendre si on est vraiment occupé à transformer un déchet en carburant :
"Ce serait comme si j’avais inventé un procédé qui transforme des boues en jus de pomme mais sans trop insister sur le fait que pour cela je dois utiliser du Petrus de 20 ans d’âge…
Donc soyons honnêtes, appelons cela de la conversion de CO2 et pas du recyclage de CO2."

Extrait conférence Damien Debecker


11
octobre
2021

La communication comme solution

Un agriculteur dessine des crop circles dans son champ de couverts et attire plus de 650 personnes !

Un mouton en crop circle
Crédits : Frederique Hupin

Une belle action de communication créée par des agriculteurs en plein coeur d’un couvert multi-espèces.

Cet événement fut d’abord annoncé en douce par un coeur géant planté en plein champ : bordé de tournesols et rempli de phacélies, sursemé dans un couvert multi-espèces.

La presse s’empare du sujet. Un reportage sur la TV régionale fait suite à la publication d’un article dans un journal grand public :
http://frederiquejournaliste.blogspot.com/2021/10/la-communication-comme-solution.html

Le point d’orgue : le parcours d’un jour était en forme de mouton !
Cette journée ensoleillée aura attiré plus de 650 visiteurs.
Les agriculteurs voisins étaient de la partie pour guider les citoyens au sein du parcours semé de stands explicatifs sur toutes les mesures adoptées par les agriculteurs pour améliorer l’environnement. De nombreux organismes de vulgarisation et de conseil agricoles n’ont pas hésité à mettre la main à la pâte : Greenotec, Protecteau, Natagriwal, Faune et biotopes, le contrat de rivière Dyle-Gette, Staphyt, le GAL Culturalité. L’Agence de Développement Local de la commune (ADL Perwez) a joué son rôle de créateur de liens et de partenariats au sein de son territoire en acceptant de coordonner l’action dès son imagination par les agriculteurs.

Quand tout le monde connaît son ADN et agit en fonction de celui-ci, ça ne peut que produire des actions win-win-win. En biologie, on appelle cela des symbioses :-)

Ajoutons donc à l’ADN des agriculteurs la communication.

Un coeur en couverts végétaux
Crédits : Frederique Hupin

Dessine-moi un mouton

ou les coulisses de la conception des "crop circles".

Prouesse numéro 1 : semer un coeur parfait.
Pour cela, l’agriculteur s’est fait aidé d’un infographiste (de l’Atelier infographik) qui a dessiné le coeur sur son logiciel et lui a donné les mesures à tracer sur le terrain. Parcourir le champ avec son décamètre, planter 90 jalons, les suivre au semoir, puis attendre que ça pousse !

Prouesse numéro 2 : tondre le couvert et créer un mouton vu du ciel.
Le graphiste et pilote de drone professionnel (chez Drone Media Services) a créé le dessin du mouton en une seule ligne avec la contrainte supplémentaire de la longueur du parcours qui devait faire environ 800 m. Il l’a ensuite implémenté dans un programme GPS pour drône acheté spécialement pour l’occasion (ce genre de prouesse n’étant pas incluse de base dans le drone semi-professionnel utilisé). C’est enfin le drône qui a parcouru le chemin tracé par les 99 points GPS (waypoints) tout en étant suivi par le tracteur qui broyait le couvert sur son passage. Contrainte supplémentaire pour le drône : réaliser le parcours en restant à une altitude de 8m au-dessus du champ et à une vitesse constante de 8 km/h.
"Une petite journée de boulot, mine de rien ..." nous explique Antoine Dewaele, le créateur graphiste. Fils d’agriculteur, il n’a pas hésité à se lancer dans l’aventure et à apporter sa contribution pour recréer du lien entre l’agriculture et les citoyens.


28
juin
2021

Un nouveau guide pour se lancer dans l’ACS

Le site Pleinchamp.com vient de publier en ligne un guide "Se lancer en agriculture de conservation des sols".

Guide Pleinchamp.com : selancer en agriculture de conservation des sols
Pleinchamp.com se définit comme le site expert des professionnels agricoles. Vous y trouverez des actualités ("fil de l’actualité"), les "cours et marchés", une base de données documentaires, une météo. A la base, Pleinchamp.com est la propriété de la Caisse nationale du Crédit Agricole.

Ils créent des guides afin d’accompagner les agriculteurs dans leurs projets d’installation, de gestion d’exploitation ou de transition agricole. C’est ce dernier point qui nous intéresse. Dans ce cadre ils viennent de créer un guide spécifique à l’ACS : "Se lancer en agriculture de conservation des sols".

Les sujets sont bien résumés, bien découpés, bien illustrés. Les contenus sont amenés par des témoignages d’agriculteurs, de professionnels, sous forme de textes ou de vidéos.

Pour le télécharger, il faut être abonné au site (10 € par mois) mais le guide peut également être consulté gratuitement en ligne.