Près de 1000 agriculteurs ont participé au premier festival belge de l’agriculture de conservation le 16 juin dernier à Fleurus.
- Un hangar à pommes de terre a accueilli plus de 400 agriculteurs pour la conférence inaugurale du festival de l’agriculture de conservation.
Des bancs de brasseur dans un hangar à pommes de terre, un écran de projection dans la pénombre, un orateur et son micro, des agriculteurs en bottes. Ils étaient plus de 400 le 16 juin à Fleurus pour écouter la conférence inaugurale du premier festival belge de l’agriculture de conservation. La qualité de l’orateur français, Xavier Salducci, et son exposé sur « Les pailles : écocarburant des sols » les a fait venir de loin : Brabant-wallon, Liège, Thudinie, Metz, Rouen, Troye-en-Champagne, ...
L’agriculture de conservation a déjà ses adeptes mais a fait également venir de nombreux curieux à la recherche de nouvelles pratiques, plus respectueuses des sols. Le représentant du Ministre wallon de l’agriculture, René Colin, a confirmé son soutien à l’asbl organisatrice, Greenotec fortement aidée depuis 6 mois par deux employés du service de vulgarisation agricole de la Wallonie pour l’organisation du festival. C’est dire si le sujet est digne d’intérêt de nos administrations. Et coup de chapeau, la représentante du Ministre wallon de l’environnement, Carlo Di Antonio, a annoncé la mise à disposition d’un budget supplémentaire qui permettra à Greenotec d’amplifier sa communication sur l’agriculture de conservation des sols.
Une seconde conférence a ponctué l’après-midi : celle du suisse Nicolas Courtois (AgriGenève) avec ses innombrables idées et conseils sur les couverts végétaux.
La journée s’est poursuivie dans les champs. Malgré la pluie, ils étaient plus de 1000 agriculteurs à fouler les 7 hectares mis à disposition par Guibert Dumont de Chassart, agriculteur et administrateur de l’asbl Greenotec, pour accueillir le festival. Des associations actives dans le conseil agricole (Nitrawal, Natagriwal, CIPF, IRBAB, FIWAP…), la cellule GISER, le centre de recherche agricole wallon et l’UCL avaient implanté des petites parcelles 4 mois auparavant afin d’offrir une vitrine de différentes techniques utilisables en agriculture de conservation.
- Près de 1000 agriculteurs ont foulé la plaine du premier festival belge de l’agriculture de conservation.
De nombreuses firmes privées ont également parié sur la réussite de l’événement et se sont déplacées en grand nombre avec leurs machines agricoles : semis direct, strip-till, travail du sol, désherbage mécanique, destruction de couverts, ... Parmi celles-ci, une entreprise de travaux agricoles brabançonne : l’entreprise Green-Farm Pierard de Corroy-le-Grand. Yannick Delvaux, ingénieur agronome et employé de Green-Farm, y a tenu un stand et présente une de leur machine combinée de semis et travail superficiel du sol. « On souhaite que l’agriculture de conservation des sols se développe en Belgique, et on est trop différent que pour ne pas être présent » nous explique Yannick Delvaux quand on le questionne sur les motivations de sa présence au festival.
Interview d’un des agriculteurs organisateurs : Guibert Dumont de Chassart
- Guibert Dumont de Chassart, agriculteur depuis 30 ans, en AC depuis 15 ans. Il a mis 7 hectares à disposition du festival.
« Pour célébrer ses 10 ans d’existence, l’ASBL Greenotec a voulu marquer le coup. »
Guibert Dumont de Chassart fait partie du conseil d’administration de Greenotec et est agriculteur depuis 30 ans. Il exploite 200 hectares avec son frère selon les principes de l’agriculture de conservation depuis une quinzaine d’années. Il cultive également pour le compte de tiers, ce qui amène la superficie travaillée à 370 hectares. A l’époque il avait beaucoup de problèmes de repousses des pommes de terre qui remontaient à la surface avec le labour. En outre ses sols n’avalaient pas bien l’eau. Lors des épisodes orageux, des poches d’eau se créaient au milieu des champs et ses grandes surfaces en pente légère étaient soumises à l’érosion. Il était également motivé à améliorer son rendement financier et à diminuer la main d’œuvre. Un nouveau sillon se traçait pour lui : celui de la recherche de nouvelles connaissances, de l’observation de son sol et de l’adaptation.
Il y a 10 ans quand le premier coordinateur de l’ASBL Greenotec, Sébastien Weykmans, lui propose d’entrer dans le conseil d’administration de l’association, il n’hésite pas. Donner de son temps pour une telle association est enrichissant pour tout le monde. « Mon but quand je suis devenu administrateur de l’ASBL Greenotec, était d’échanger avec les collègues et de partager nos expériences » nous dit Guibert Dumont de Chassart. Il a mis sept de ses hectares à disposition de différents partenaires pour créer une vitrine des techniques de conservation des sols. « Pour les 10 ans de Greenotec, nous voulions marquer le coup » ajoute ce TCiSte, et de continuer « le message que je veux faire passer à tous les agriculteurs est qu’il est important de s’informer sur les choses originales qui se font, de réfléchir à ce que l’on fait, de partager nos expériences : nos réussites tout comme nos échecs. »