Frédérique HUPIN

  • Frederic Vanwindekens, inventeur du quanti-slake-test, au festival de l'agroécologie et de l'agriculture de conservation des sols à Fexhe (Belgique)
  • Guide Pleinchamp.com : selancer en agriculture de conservation des sols
  • Un mouton en crop circle
  • Brieuc Hardy
2
août
2024

Le Slake test objectivé devient le Quanti-Slake-Test

Un chercheur belge a trouvé un moyen facile, pas cher et visuel d’objectiver la stabilité structurale d’un sol : le quanti-slake-test.
L’hypothèse derrière le quanti-slake-test : si une grosse pluie passe sur mon champ après une période de sec, la terre va-t-elle partir ?

La stabilité structurale, aussi appelée stabilité des agrégats, est un indicateur de la cohésion des agrégats d’un sol. C’est un paramètre qui exprime la capacité des agrégats d’un sol à résister à une dégradation due en général à l’impact de la pluie ou un excès d’eau.
Caractériser la stabilité structurale de son sol n’est pas aisé. De nombreuses mesures sont utilisées par les chercheurs, mais elles prennent du temps, nécessitent des connaissances et des mesures en laboratoire et ne peuvent pas être mises en place par tout un chacun facilement. Il y a, par exemple, le calcul de l’indice de battance, qui est une formule qui existe depuis 1974 et qui nécessite de connaître le % de sable, limon, argile, matière organique et le pH.

Et si en plus on cherche une mesure qui visuellement frappe les esprits, alors, on peut dire qu’on cherche la lune.

Et la lune, c’est un chercheur belge qui l’a bel et bien trouvée !

Frédéric Vanwindekens est chercheur au CRA-W à Gembloux. Cela fait plusieurs années qu’il travaille sur des projets de recherche appliquée en lien avec le sol. Il participe notamment au projet EJPSoil avec « madame sol » de l’INRAE, Claire Chenu. Tel le géo-trouve-tout du labo, il a récemment mis au point une méthode simple, visuelle et pas cher (si si ça existe encore) pour objectiver (=mesurer et créer des graphes) le slake-test.
Frederic Vanwindekens, inventeur du quanti-slake-test, au festival de l'agroécologie et de l'agriculture de conservation des sols à Fexhe (Belgique)

Du slake test au quanti-slake-test

Pour le slake test, il s’agit de placer une motte de sol dans un vase rempli d’eau, sur un morceau de treillis de poule, et d’observer comment les particules de sol se détachent ainsi que la couleur de l’eau.
Et le Quanti Slake Test, c’est quand le chercheur, Frédéric Vanwindekens, rajoute une balance qui pèse en continu l’échantillon de sol occupé à se déliter. Cette mesure génère alors un graphique à partir duquel sont calculés des indicateurs. En comparant avec d’autres "courbes" ou indicateurs de slake-test, on pourra voir si le sol de cette parcelle est plus stable ou moins stable que d’autres de la même ferme ou se comparer avec d’autres graphes dont les pratiques culturales sont connues.

Frédéric Vanwindekens devant le quanti-slake-test à la foire agricole de Libramont (Belgique)
Frédéric Vanwindekens devant le quanti-slake-test à la foire agricole de Libramont (Belgique)
Crédits : Frederique Hupin

Le quanti-slake-test en pratique

Le prélèvement des échantillons se fait à la bêche sur une profondeur de 10 cm : on sort une motte et on en garde un volume d’environ 5 cm de côté qui tient ensemble.

L’échantillon doit sécher pendant minimum un mois à l’air libre.
Pour comparer les QuantiSlakeTest, les infos suivantes sont utilisées : date de prélèvement, lieu, culture, précédent, couverts, matières organiques, types de travail du sol.
On en est encore au B-A-BA avec cette méthode. Quelques labos belges et français sont occupés à s’équiper et à tester la méthode. Ce qui est déjà sûr, c’est qu’elle engendre de chouettes discussions entre agriculteurs sur les pratiques agricoles en lien avec la conservation des sols.

Quanti-slake-test et article du Plein Champ du 25/07/2024
Quanti-slake-test et article du Plein Champ du 25/07/2024
Crédits : Frederique Hupin

Plus d’informations :
https://www.cra.wallonie.be/fr/quantislaketest
https://www.cra.wallonie.be/fr/une-approche-pragmatique-pour-evaluer-la-stabilite-structurale-des-sols


3
mai
2024

Un nouvel indice de qualité des sols se construit en Belgique

Le 11 avril 2024 se déroulait à Louvain-la-Neuve une conférence de lancement pour la construction d’un futur indice de qualité des sols wallons (IQSW).

Voici un topo de ce qui s’est passé à cette conférence IQSW grâce à la plume de JMP, aficionados des sols pour Le Sillon belge. Comme je le disais à certains qui m’avaient questionnée à ce sujet (car c’est moi qui ai animé les débats de cette conférence), ce n’était en effet pas la peine, en tant qu’agriculteur, de se déplacer pour cette première rencontre, tout est résumé dans l’article du Sillon belge de cette semaine en page 5 (les voix de la terre) et dans celui de la semaine précédente également. Ce qui sera important, c’est la suite concrète pour le volet agricole.

JMP conclut son article par : "... le monde agricole doit s’y intéresser de près (...) aux armes les terriens ... comment ? ..." cfr fin de son article et ici également.
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Le contenu des débats a été résumé par Brieuc Hardy, chercheur au Centre wallon de Recherches agronomiques (l’équivalent de l’INRAE pour la Belgique).

J’ai également rédigé un article résumant la conférence IQSW de Louvain-la-Neuve et ses grands concepts dans l’Avenir, quotidien belge. Cet article est assorti d’une interview de Bernard Decock, responsable du pôle environnement de la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA).

Le journal de la FWA, Plein champ, parle également de l’IQSW dans son édition du 18/04/2024 grâce à la plume de Mathilde Guillaume, jeune journaliste primée en 2023 par le prix du journalisme agricole belge.

Lors du festival de l’agriculture de conservation des sols (FA²C) le 19 juin à Fexhe-le-haut-clocher (Belgique), plus d’infos seront données sur le volet agricole de cet indice, entre autres, lors d’une mini conférence du Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W). Notez la date à votre agenda.

Une nouvelle vidéo de 2 minutes résume ce qu’est l’IQSW.


16
décembre
2023

Une journée TCS toute en poésie

Ce 15 décembre 2023 se déroulait la journée annuelle du magazine "TCS" au lycée agricole de Vendôme. Des conférenciers de choix, de la diversité et surtout un esprit de fraternité. 200 personnes... quand même !
Cette année fut particulièrement poétique grâce à l’introduction de la journée par Frédéric Thomas via un poème de l’agronome belge retraité mais restant écrivain et conférencier : Jean-Marie Parmentier.

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Page 144 du livre "La terre vous interpelle ? Et si on pensait épiculture ?". Un roman de 155 pages qui résume et nous fait revisiter les fondements de l’agronomie : pédologie et fertilisation principalement, mais pas que.

La terre a ses secrets, un côté mystérieux
qu’on se doit d’approcher, d’appréhender au mieux
chaque grain de sable d’argile ou de limon
nous parle d’érosion puis d’agrégation
(...)
les compartiments se créent
passage obligé
ce complexe est une clé
de la fertilité
refuge des cations
outil de nutrition
les échanges se font
en toute discrétion

Pour la petite histoire, Jean-Marie Parmentier a cédé les cours d’agronomie qu’il donnait aux jeunes agriculteurs à Blaise Duthoit (son successeur chez Rosier en tant que responsable agronomique) et à moi-même. C’est ainsi que nos relations se sont tissées.


17
novembre
2023

Lancement de l’alliance européenne pour l’agriculture régénérative

Ca vient de se passer ce 17 novembre ! Après plusieurs mois en couveuse, plusieurs échanges de terrain au travers toute l’Europe, EARA vient d’être officiellement lancée avec son site web.
EARA c’est une union d’agriculteurs européens décidés à faire valoir leur vision d’agriculteurs régénératifs à travers toute l’Europe. Histoire de ne pas se faire "prendre la chique" par de fausses définitions, des recettes toutes faites, des impositions d’en haut, ni d’être repris par l’agro-industrie d’une manière qui ne serait pas la leur et d’éviter le greenwashing autour de l’agriculture régénérative.

Conférence de lancement de EARA

Cet article n’est qu’un début. Je le compléterai très bientôt avec d’autres informations glanées auprès des agriculteurs fondateurs et membres de ce nouveau réseau européen.

Vous voulez faire partie de ce réseau européen ou juste en savoir plus ? 1ère étape : exercer son anglais.
Qui est EARA


16
octobre
2023

Le saule pour refermer le cycle de l’azote

Spéciale dédicace à Laurent Denise.
Le projet BIOMEPUR : épuration biologique tertiaire d’eaux usées sur filtre végétal de taillis à très courte rotation.

Mon premier job à la sortie de mes études d’ingénieur agronome : étudier la possibilité d’implanter des saules en bordure de station d’épuration pour récupérer l’azote des excréments humains et éviter qu’il ne soit rejeté dans les rivières.
Projet qui a réussi à prouver que c’était possible, mais resté dans les oubliettes de l’administration.
J’ai fouillé mon grenier, je l’ai scanné et le voici ce rapport que j’ai écrit il y a 20 ans.


22
juin
2023

Contrôle de l’érosion grâce à la gestion des communautés de vers de terre

Qui l’eu cru que de si petites bêtes pouvaient être utiles à un si grand problème : l’érosion des sols.

Ce constat a été réalisé par le professeur Bart Muys. Il réalise actuellement des recherches sur la biodiversité des forêts à l’université de Leuven. Mais dans le passé, il a mené une étude (Ecoworm) quand il travaillait à l’université de Gand, qui lui a permis d’étudier le lien entre l’abondance des vers de terre et les phénomènes d’érosion.
Lors de l’édition 2022 de l’ISEE (un symposium international dédié à l’écologie de nos vers préférés, dont Lola Leveau nous a parlé précédemment), il a présenté une de ses dernières études sur l’impact des éoliennes sur les vers de terre (étude réalisée sur trois fermes dans le centre de la Belgique).

Je vous partage ici le rapport de sa recherche "Ecoworm" ainsi que les éléments clé.

Message clé n° 6 :
Les vers de terre - en particulier les espèces qui creusent en profondeur comme le lombric (Lumbricus terrestris L.) - réduisent considérablement le ruissellement et la perte de sol dans les terres arables.

Message clé n° 1 :
Dans les conditions limites fixées par le climat et le type de sol, la gestion des agriculteurs est le facteur clé qui contrôle l’abondance des vers de terre et la composition des espèces dans les terres arables.

Message clé n° 2 :
Des conditions d’habitat adéquates sont le facteur déterminant pour la restauration et le maintien de communautés de vers de terre diversifiées et abondantes.
Biomasse des vers de terre en fonction des pratiques agricoles - Bart Muys
Ce graphique illustre la quantité de biomasse de vers de terre à l’hectare en fonction des pratiques : conventionnel (CT), TCS (RT), avec ou sans apport d’engrais de ferme (FYM), cultures versus prairies. La biomasse varie de 50 à 2200 kg/ha.

Message clé n° 3 :
Réduire les perturbations du sol - limiter le travail avec retournement en particulier - favorise l’abondance des espèces de vers de terre creusant des terriers profonds, d’une grande importance pour le contrôle de l’érosion.

Message clé n° 4 :
Les populations de vers de terre ont besoin de temps pour se rétablir après des années de gestion intensive du sol.

Son étude a permis de sortir un rapport en néerlandais intitulé : "Approfondir l’importance des vers de terre dans la gestion durable des champs. Une boîte à outils pour le contrôle écologique de l’érosion".