Frédérique HUPIN

  • Frederic Vanwindekens, inventeur du quanti-slake-test, au festival de l'agroécologie et de l'agriculture de conservation des sols à Fexhe (Belgique)
31
juillet
2025

Réussir ses couverts végétaux avec Nicolas Courtois

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J’ai parcouru et résumé pour vous une vidéo sur les couverts végétaux qui sort 11 commandements pour les réussir.
Il s’agit d’une conférence de 2024 donnée par Nicolas Courtois, agronome suisse.
Ses propos sont issus de 15 années d’expérimentations chez des agriculteurs en Suisse et en France.

La vidéo résumée

Qui est Nicolas Courtois. Minute 3’
Sa légitimité à parler des couverts végétaux : 15 ans de recherche chez les agriculteurs en France et en Suisse.
Le contexte agricole de Genève : rotations, type de sol, matière organique, problématiques liées au sol.

Pourquoi travailler sur les couverts végétaux. Minute 8’

Les 11 commandements

  • 1 : Gérer les menues pailles Minute 11’
    Les répartir ou les exporter
  • 2 : Gérer les pailles (si broyées) Minutes 12’
    Adapter la hauteur de fauche en fonction du semoir : si semoir à dents, fauche basse, si semoir à disques, fauche haute (pour éviter les pailles dans le sillon).
  • 3 : Choisir les espèces Minute 15’
    En fonction de l’interculture et de la disponibilité en azote.
    La question du retour sur l’investissement : minute 29’30’’
  • 4 : Mélanger autant que possible Minute 30’
    Au moins 5 espèces. Laisser la part belle aux légumineuses.
  • 5 : Semer le plus tôt possible Minute 35’
    Quelle que soit la météo : si entre juillet et septembre, on cumule au moins 75 mm, ça vaut la peine de semer un couvert d’été ! Minute 37’
    1 jour en août = 3 jours en octobre (en termes de somme de température). Minute 39’50’’
    Conclusion. Minute 45’30’’
  • 6 : Semer profond au besoin Minute 46’
    En travaillant le moins possible le sol.
    Conclusion. Minute 52
  • 7 : Rouler les semis Minute 53’30’’
  • 8 : Etre indemne de mauvaises herbes Minute 54’
    Conclusion. Minute 55’30’’
  • 9 : Anti-limaces au besoin Minute 56’40’’
    Surveiller rapidement et attentivement la levé des couverts.
  • 10 : Fertiliser les couverts Minute 58’
    Transférer le budget engrais en budget semences de légumineuses.
  • 11 : Détruire le couvert à pleine floraison au plus tard Minute 56’

Exemples de couverts végétaux. Minute 1h02’
Idée : remplacer le classique "moutarde - phacélie".

Webinaire avec Nicolas Courtois, agronome suisse, et animé par Martin Rollet, agronome au Centre National de l’Agroécologie, avec pour sujet l’optimisation des cultures en maraichage.

30
juin
2025

Le puceron qui préférait l’azote de synthèse

Un agriculteur belge innovant a insisté pour que j’écoute ce podcast. Il avait raison, je n’ai pas été déçue.
J’ai découvert une nouvelle manière de voir la santé des plantes au travers de leur nutrition. Evident vous me direz ? Et pourtant, dans mes études d’agronomie, soit on se spécialise dans la fertilisation soit dans la phytopathologie. En arriver à l’idée que certaines formes de nutriments, certains équilibres entre minéraux, et la vie microbienne du sol font en sorte que des plantes deviennent moins facilement malades, n’est pas si évident que cela.

Je vous laisse découvrir toute l’histoire, contée par l’agronome indépendant, Lennart Claassen dans ce podcast créé par Agroleague.

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Et je vous raconte la petite histoire (minute 10 du podcast) du puceron qui préférait l’azote de synthèse.

Les insectes suceurs ont un autre système digestif que le nôtre. Ils peuvent digérer les formes d’azote simples (nitrate, ammonium) contrairement au système digestif humain qui a besoin de protéines et d’acides aminés.
Lennart nous explique que si la plante a beaucoup d’azote simple dans sa sève, elle sera recherchée par les insectes suceurs (comme le taupin par exemple).
Et donc si le nitrate ou l’ammonium est présent (même ponctuellement) en excès dans la sève, la plante sera plus fragile aux piqures d’insectes
Ce que l’on cherche est que chaque jour, la plante transforme cet azote simple en protéines —> la clé = optimiser la photosynthèse.
Pour cela, certains micronutriments essentiels à la photosynthèse doivent être présents pour la première étape de la transformation (Soufre, Molybdène, Magnésium, Bore).

Pour la deuxième étape de transformation et de santé de la plante, c’est la vie microbienne dans le sol qui doit être suffisamment active.

Pour la troisième étape de santé de la plante, la plante doit être nourrie par la vie microbienne, par des éléments déjà transformés (acides aminés, enzymes). Un peu comme si on voulait construire une maison. Si on a que des éléments de construction de base, ça va nous prendre beaucoup d’énergie à la construire si on doit nous même créer les briques et les tuiles, contrairement à une situation où les briques et les tuiles arrivent toutes faites.

Et last but not least, quatrième étape : si la vie microbienne est optimisée, la plante va elle-même produire des éléments secondaires type phénols qui ont eux-mêmes des propriétés anti microbiennes et qui vont donc stimuler à nouveau sa propre résistance (ISR pour résistance systémique induite).


23
février
2025

Diminuer la dépendance des cultures aux intrants avec les plantes de services

Toutes les recherches pour diminuer la dépendance des cultures aux intrants grâce aux plantes de services viennent d’être collectées, récapitulées, expliquées dans un livre par l’INRAE (éditions QUAE).

La recherche cherche et trouve encore et toujours dans les champs. Et quand elle prend le temps de rassembler tous les acquis sur un même sujet au sein d’un ouvrage, il est temps pour le terrain d’en prendre connaissance.

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Il s’agit d’un livre de vulgarisation scientifique. Il faut s’accrocher quand même. Au fil de 387 pages, les coordinatrices de l’ouvrage, Caroline Djian-Caporalino et Anne-Violette Lavoir, nous apportent la preuve par A+B jusqu’à Z, études référencées à l’appui, des services cachés que les plantes peuvent nous rendre si on prend le temps de les observer.

Florilèges
Une des solutions (p. 9) pour aider à passer d’un agrosystème à un agroécosystème qui fournira une série de services gratuits aux cultures (les fameux services écosystémiques) serait de restaurer la diversité végétale (autre que la diversité génétique de la plante cultivée). Cette diversité végétale peut être introduite dans et autour de la parcelle, voire dans le paysage avoisinant. Les plantes de services (p. 25) peuvent couvrir la période d’interculture et/ou être implantées en association pendant une partie du cycle de la culture de rente
Ces plantes permettraient de fournir un substitut partiel ou complet à de nombreux intrants agricoles (engrais, pesticides, pollinisateurs importés, irrigation). De même, un système cultivé diversifié présente moins de ravageurs herbivores, plus d’ennemis naturels et des dommages moindres sur les plantes cultivées.
La compaction est une des causes majeures de la dégradation de la fertilité des sols. Les plantes de services induisent une diminution de la résistance du sol à la pénétration (p. 25).
On trouve en page 383 de ce livre un récapitulatif des espèces de plantes de services citées et des services observés. Cet ouvrage cite pas moins de 226 espèces. Un QR code permet d’accéder à leur liste exhaustive (fichier Excel). Grâce à ce fichier, on peut choisir les services qui nous intéressent et faire un tri sur les espèces ad hoc. Les familles citées sont les ombellifères, les astéracées, les crucifères, les chénopodiacées, les éricacées, les euphorbiacées, les fabacées (légumineuses), les hydrophyllacées, les lamiacées, les linacées, les pinacées, les poacées (graminées), les polygonacées, les rosacées.
Pour le commander sur le site de l’éditeur :
Editions Quae, Les plantes de services

Bonnes découvertes


8
janvier
2025

Le noeud du problème agricole expliqué par Jancovici avec 15% et 7% qui font 1%

Jean-Marc Jancovici, expert français en climat et en énergie, aborde souvent la question de la consommation énergétique et des enjeux écologiques liés à nos modes de vie. Il évoque les chiffres suivants (tirés de rapports du Ministère de l’agriculture, de l’ADEME ou de l’INSEE) pour souligner plusieurs points critiques concernant notre système économique et alimentaire :

 15% du budget des ménages est alloué à la nourriture 
 7% de la part du prix payé par le consommateur pour un produit alimentaire est effectivement versée au producteur
— > si on fait un rapide calcul de coin de table (merci à l’agriculteur qui m’a soufflé l’idée) : 7% de 15%, ça fait 1% du du budget des ménages qui est reversée au producteur ...

En résumé, Jancovici utilise ces chiffres pour dénoncer un modèle où l’agriculture et les producteurs sont largement désavantagés, et pour souligner l’urgence de repenser la distribution des ressources et de soutenir des pratiques agricoles plus durables.

En détail  :

  • Distribution inégale des revenus dans la chaîne alimentaire : Jancovici met en lumière l’inadéquation de la répartition des ressources financières dans la chaîne de valeur alimentaire. Alors que les ménages consacrent une part importante de leur budget à la nourriture (environ 15%), une part très faible de cet argent va réellement au producteur, soit 7%. Cela signifie que la majorité de l’argent payé pour les produits alimentaires est absorbée par les intermédiaires : industriels, distributeurs, transporteurs, et autres acteurs de la chaîne logistique.
  • Les marges des entreprises de transformation et de distribution : Il pointe l’énorme profit généré par les grandes entreprises du secteur alimentaire, souvent au détriment des producteurs, qui reçoivent une fraction minime de l’argent dépensé par les consommateurs. Jancovici met ainsi en lumière les problèmes de rentabilité pour les agriculteurs, qui se retrouvent souvent dans des situations économiques précaires, malgré le fait que leurs produits soient en fin de chaîne valorisés à des prix beaucoup plus élevés.
  • Conséquences écologiques et sociales : Selon lui, cette concentration des marges sur les maillons intermédiaires a des impacts négatifs, notamment sur l’agriculture durable et la transition énergétique. Les producteurs, souvent contraints par les faibles prix qu’ils reçoivent, sont moins incités à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Cela alimente un système où l’impact écologique de la production alimentaire reste élevé, car la rentabilité des fermes est sacrifiée au profit de la rentabilité des grandes entreprises agro-alimentaires.
The Shift Project - agriculture
The Shift Project - agriculture

Jean-Marc Jancovici a créé "the shift project". Cette équipe d’experts publie des rapports pour expliquer et donner des conseils pour diminuer l’empreinte carbone de différents secteurs. Son dernier rapport traite de l’agriculture : "Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère"
Pour ceux qui veulent tout le rapport et son résumé :https://theshiftproject.org/article/pour-une-agriculture-bas-carbone-resiliente-et-prospere-the-shift-project-publie-son-rapport-final/

On trouve dans ce lien également, le résultat de la grande consultation des agriculteurs qui a récolté près de 8000 répondants.

Cet article m’a été inspiré par la dernière vidéo postée sur le site A2C (voir la rubrique vidéo en page d’accueil de ce site). Vidéo elle-même recommandée par un éleveur belge.


5
décembre
2024

Célébrons la Journée Mondiale des Sols : La vie invisible sous nos pieds

Chaque année, le 5 décembre, nous célébrons la Journée Mondiale des Sols, une occasion précieuse de prendre conscience de l’importance cruciale de ce que nous appelons souvent « le monde invisible sous nos pieds ».

5 décembre : Journée mondiale des sols

Alors que nous marchons sur la terre, nous avons tendance à négliger la richesse et la complexité des sols qui nous soutiennent. Cette journée est un appel à l’éveil et à la réflexion sur la vitalité de nos écosystèmes et la santé de notre planète.

Un écosystème vivant

Le sol, ce n’est pas simplement de la terre. C’est un écosystème vivant, grouillant d’une biodiversité incroyable. Un seul gramme de sol peut abriter des milliards de micro-organismes, des champignons aux bactéries, en passant par des insectes et des vers de terre. Chacun de ces éléments joue un rôle fondamental dans le cycle de la vie, de la décomposition des matières organiques à la régénération des nutriments. En célébrant cette journée, nous rendons hommage à ces alliés invisibles qui contribuent à la fertilité de nos terres et, par conséquent, à notre propre survie.

Une ressource précieuse à protéger

Nos sols sont également un réservoir d’eau, un filtre naturel et un puits de carbone. Ils régulent l’hydratation des plantes, stockent le carbone pour atténuer le changement climatique et soutiennent la production alimentaire. Cependant, la déforestation, l’agriculture intensive, la pollution et l’urbanisation mettent en danger cette ressource précieuse. En cette Journée Mondiale des Sols, il est crucial de prendre un moment pour réfléchir à nos pratiques et à leur impact sur cette couche fragile et vitale de notre planète.

Agir pour l’Avenir

Il est temps d’agir ! Comment pouvons-nous tous contribuer à la protection des sols ? Voici quelques actions simples :

1. Éduquez-vous : Familiarisez-vous avec les pratiques de gestion durable des sols. Apprenez à connaître les méthodes de culture qui préservent la santé du sol.

2. Pratiquez la compostage : En recyclant vos déchets organiques, vous nourrissez le sol et réduisez le gaspillage.

3. Plantez des arbres et des jardins : Ils aident à prévenir l’érosion, à améliorer la qualité du sol et à favoriser la biodiversité.

4. Soutenez des initiatives locales : Participez à des projets de reforestation, à des marchés de producteurs ou à des programmes de sensibilisation.

Une vision pour demain

En célébrant la Journée Mondiale des Sols, nous célébrons non seulement la vie qui s’y cache, mais aussi notre responsabilité à la préserver. C’est un appel à l’action, un encouragement à changer notre perspective et à envisager des solutions durables pour un avenir meilleur. Ouvrons nos esprits à ce monde caché et reconnaissons qu’en protégeant nos sols, nous protégeons notre propre avenir.

Ensemble, faisons en sorte que cette journée ne soit pas seulement une célébration, mais un point de départ pour un changement positif. Engageons-nous à respecter et à nourrir cette terre qui nous nourrit. Parce qu’un sol sain est le fondement d’un avenir sain !


2
août
2024

Le Slake test objectivé devient le Quanti-Slake-Test

Un chercheur belge a trouvé un moyen facile, pas cher et visuel d’objectiver la stabilité structurale d’un sol : le quanti-slake-test.
L’hypothèse derrière le quanti-slake-test : si une grosse pluie passe sur mon champ après une période de sec, la terre va-t-elle partir ?

La stabilité structurale, aussi appelée stabilité des agrégats, est un indicateur de la cohésion des agrégats d’un sol. C’est un paramètre qui exprime la capacité des agrégats d’un sol à résister à une dégradation due en général à l’impact de la pluie ou un excès d’eau.
Caractériser la stabilité structurale de son sol n’est pas aisé. De nombreuses mesures sont utilisées par les chercheurs, mais elles prennent du temps, nécessitent des connaissances et des mesures en laboratoire et ne peuvent pas être mises en place par tout un chacun facilement. Il y a, par exemple, le calcul de l’indice de battance, qui est une formule qui existe depuis 1974 et qui nécessite de connaître le % de sable, limon, argile, matière organique et le pH.

Et si en plus on cherche une mesure qui visuellement frappe les esprits, alors, on peut dire qu’on cherche la lune.

Et la lune, c’est un chercheur belge qui l’a bel et bien trouvée !

Frédéric Vanwindekens est chercheur au CRA-W à Gembloux. Cela fait plusieurs années qu’il travaille sur des projets de recherche appliquée en lien avec le sol. Il participe notamment au projet EJPSoil avec « madame sol » de l’INRAE, Claire Chenu. Tel le géo-trouve-tout du labo, il a récemment mis au point une méthode simple, visuelle et pas cher (si si ça existe encore) pour objectiver (=mesurer et créer des graphes) le slake-test.
Frederic Vanwindekens, inventeur du quanti-slake-test, au festival de l'agroécologie et de l'agriculture de conservation des sols à Fexhe (Belgique)

Du slake test au quanti-slake-test

Pour le slake test, il s’agit de placer une motte de sol dans un vase rempli d’eau, sur un morceau de treillis de poule, et d’observer comment les particules de sol se détachent ainsi que la couleur de l’eau.
Et le Quanti Slake Test, c’est quand le chercheur, Frédéric Vanwindekens, rajoute une balance qui pèse en continu l’échantillon de sol occupé à se déliter. Cette mesure génère alors un graphique à partir duquel sont calculés des indicateurs. En comparant avec d’autres "courbes" ou indicateurs de slake-test, on pourra voir si le sol de cette parcelle est plus stable ou moins stable que d’autres de la même ferme ou se comparer avec d’autres graphes dont les pratiques culturales sont connues.

Frédéric Vanwindekens devant le quanti-slake-test à la foire agricole de Libramont (Belgique)
Frédéric Vanwindekens devant le quanti-slake-test à la foire agricole de Libramont (Belgique)
Crédits : Frederique Hupin

Le quanti-slake-test en pratique

Le prélèvement des échantillons se fait à la bêche sur une profondeur de 10 cm : on sort une motte et on en garde un volume d’environ 5 cm de côté qui tient ensemble.

L’échantillon doit sécher pendant minimum un mois à l’air libre.
Pour comparer les QuantiSlakeTest, les infos suivantes sont utilisées : date de prélèvement, lieu, culture, précédent, couverts, matières organiques, types de travail du sol.
On en est encore au B-A-BA avec cette méthode. Quelques labos belges et français sont occupés à s’équiper et à tester la méthode. Ce qui est déjà sûr, c’est qu’elle engendre de chouettes discussions entre agriculteurs sur les pratiques agricoles en lien avec la conservation des sols.

Quanti-slake-test et article du Plein Champ du 25/07/2024
Quanti-slake-test et article du Plein Champ du 25/07/2024
Crédits : Frederique Hupin

Plus d’informations :
https://www.cra.wallonie.be/fr/quantislaketest
https://www.cra.wallonie.be/fr/une-approche-pragmatique-pour-evaluer-la-stabilite-structurale-des-sols