Frédérique HUPIN

  • Frederic Vanwindekens, inventeur du quanti-slake-test, au festival de l'agroécologie et de l'agriculture de conservation des sols à Fexhe (Belgique)
  • Guide Pleinchamp.com : selancer en agriculture de conservation des sols
  • Un mouton en crop circle
  • Brieuc Hardy
23
avril
2021

Faites labour, pas la guerre !

Parce-que pratiquer l’AC c’est avant tout être inclusif, ouvert à toute forme d’agriculture, essayer de comprendre l’autre plutôt que de le combattre, et profiter de toute opportunité pour apprendre.

Pour toutes ces raisons, j’ai accepté l’invitation d’un agriculteur à monter sur le tracteur pour labourer son superbe champ de couverts multi-espèces. Tournesol, phacélie, avoine, radis chinois, vesce, trèfles, ... tout ça labouré, sous mes fesses un 30 novembre.
Je decends du tracteur, plonge ma main dans le sol tout frais labouré. Ca sent bon l’humus, c’est rempli de radicelles, un ver de terre pointe sa tête.
C’était le premier acte.

Le deuxième acte ? Lagriculteur me propose de participer au semis des betteraves sur cette même terre. Le 30 mars. 4 mois jour pour jour après le labour. Il prend alors son temps (oh combien précieux) de m’expliquer l’importance de l’émiettement de la terre pour que la betterave puisse grandir au mieux de sa forme.

Le troisième acte fut le passage sur la parcelle de son voisin, converti à l’AC depuis 3 ans, se demandant comment il allait pouvoir semer ses betteraves dans sa terre jonchée des débris de son couvert végétal.

Future terre à betterave
Crédits : Arnaud Ghys


De ces échanges est sorti une pleine page mise à la Une d’un journal grand public bien diffusé dans les campagnes.
Je vous le livre ici, avec un clin d’oeil au monde du théâtre qui doit se taire en ce moment et qui pourrait gagner un nouvel acteur en la personne de certains agriculteurs ;-)
L'Avenir BW - Labour or not labour
Article complet paru dans L’Avenir le 1er avril 2021 : http://frederiquejournaliste.blogspot.com/2021/04/semer-chacun-sa-technique.html


18
décembre
2020

Séquestrer du carbone à la ferme : opportunités, freins.

Un agriculteur est interviewé dans un journal européen à tendance écologique et pourtant il n’est pas bio, il ne fait pas de circuits courts, il ne vend rien à la ferme. Mais que fait il donc de si intéressant ? Et comment s’y prend-t-il ? La réponse dans cet article. Avec également sa vision du système, ce qu’il veut faire, ce qu’il ne veut pas faire, les verrous économiques, les freins au changement.
Le tout appuyé par le discours scientifique de Claire Chenu de l’INRAE au travers du nouveau projet de recherche européen dont elle est la coordinatrice (EJP-Soil).

Lire l’article

Extrait du Green European Journal


22
octobre
2020

Quand les agriculteurs plantent des fleurs, les citoyens débarquent dans les champs

Une belle initiative d’un agriculteur qui a ouvert sa parcelle de couverts de 20 hectares au grand public le temps d’un après-midi.

Des moutons dans les champs Explications au champ, moutons, miscanthus, produits fermiers. Tous les ingrédients étaient réunis. Même un fond d’éoliennes en guise d’image d’innovation et d’environnement.
Cet agriculteur (Benoît Lempereur) n’a pas fait cela tout seul, il s’est entouré et son initiative a finalement fédéré les agriculteurs de sa commune, des associations de conseil en agri-environnement et des chercheurs.
Malgré la COVID et le temps frais, 200 personnes ont foulé les tournesols.
Un événement pareil, ça attire d’office la presse. La télévision locale s’est déplacée ainsi qu’une journaliste spécialisée agri-envi (c’est moi ;-) ).
Je vous relate cet événement dans la presse :
http://frederiquejournaliste.blogspot.com/2020/10/les-fleurs-des-champs-ont-la-cote.html

Mon seul regret, cette parcelle va être labourée dès que la législation le permet (le 15 novembre).
Allez Benoît, encore une bière (belge et avec de l’orge local) ?


31
août
2020

Interview de Claire Chenu dans une revue belge grand public

Claire Chenu était de passage en Belgique afin d’exposer ses dernières recherches sur le 4 pour 1000 aux étudiants, chercheurs et professeurs de l’université de Louvain. Elle m’a consacré une interview publiée dans la revue Tchak.

Claire Chenu à l'UCLouvain, Belgique

La revue belge TCHAK vient de sortir du nid. Elle en est à son deuxième numéro et paraît 4x par an. Son projet éditorial est axé autour de la nécessité d’un changement de modèle en matière d’agriculture et d’alimentation.

Son parti pris : l’agriculture paysanne, l’agroécologie, la souveraineté alimentaire, les circuits courts et une alimentation de qualité pour tous.

Tchak se veut proche du terrain : il raconte le foisonnement des initiatives, des acteurs, des points de vue, sur le territoire wallon et à Bruxelles. Il s’adresse au plus grand nombre, dans un langage compréhensible et de qualité. Le projet est indépendant de tout syndicat, parti, groupe de pression, association et mouvement.

En tant que journaliste freelance j’ai proposé au rédacteur en chef de cette revue une interview double sur le thème du stockage du carbone dans les sols comme partie de solution au changement climatique : celle de Claire Chenu et celle d’un agriculteur pratiquant l’agriculture de conservation des sols.

L’interview de Claire Chenu est disponible sur le site de la revue Tchak.

Extrait :
Claire Chenu, quelle image avez-vous du monde agricole actuel ?

"J’ai ouvert de grands yeux sur ce que savent les agriculteurs. C’est impressionnant. Le monde agricole est en train de changer. J’ai l’impression – mais peut-être est-ce une vision biaisée – qu’il y a une réappropriation de l’agronomie par les agriculteurs. En tous cas, un souhait de refaire de l’agronomie, de maîtriser les aspects agronomiques de leur métier."

Par contre, pour le reportage chez l’agriculteur, il faudra acheter la revue Tchak ;-)
Eh oui, l’information de qualité et l’indépendance (tout comme l’alimentation), cela a un prix.
Mais quelques citations de l’agriculteur sont reprises dans cette courte vidéo.


20
juillet
2020

Se comparer aux autres pour diminuer les pesticides, faire des économies et stocker du carbone

1. Un webinaire pour les agriculteurs en pleine heure de table, il fallait oser.
2. Proposer un outil de diagnostique qui permet à l’agriculteur de se comparer à ses voisins tout en restant chez lui, c’est éclairant.
3. Avec au final des économies de fuel, d’engrais et de pesticides, là, on se crée de la marge pour avancer.
4. Et en prospective, une régénération du sol et une séquestration de carbone, nous voilà carrément aux portes de l’agroécologie.

Présentation de l'outil mySoilcapital sous forme de webinaire
Présentation de l’outil mySoilcapital sous forme de webinaire
Lara Millan, community manager chez Soil Capital, joue le rôle de modératrice pendant que Nicolas Verschuere, conseiller agricole indépendant, présente leur outil

C’était un jeudi à 19h, une heure inhabituelle pour un webinaire. Et pourtant. Dans le monde agricole, à part quand il pleut, c’est le rare moment où, peut-être, l’agriculteur rentre du champ pour écouter les nouvelles à la télé et partager un repas en famille. Le webinaire était gratuit mais une inscription préalable était nécessaire pour recevoir le lien de connexion. A part un clic, rien d’autre à faire pour pouvoir assister à une heure de présentation sur un nouvel outil créé par la société belge Soil Capital dans le but d’aider les agriculteurs à réconcilier économie et environnement. Pendant le webinaire, chaque auditeur peut poser ses questions en direct via une fenêtre de chat.

Pour rendre ce webinaire possible, Soil Capital s’est associé avec la société française Icosystème, spécialisée dans la formation mixte digitale en agroécologie et agroforesterie. « Mixte » car elle associe la formation à distance, digitale, et la formation en présentiel en réduisant cette dernière aux visites de champ. Finies les conférences endormantes en auditoire, les contenus sont fournis via internet. Chaque agriculteur peut ainsi suivre la formation de chez lui au moment où c’est le plus opportun pour lui, puis se rendre sur le terrain pour échanger concrètement avec ses confrères et le formateur. Matthieu Archambeaud, co-fondateur de la société Icosysteme explique au début du webinaire le pourquoi de leur collaboration : « nous sommes convaincus qu’avoir une connaissance précise de l’économie de sa ferme est capital pour pouvoir mettre en place des solutions innovantes qui vont dans le sens de la régénération des sols. L’outil créé par Soil Capital est complémentaire avec les formations en agroécologie que nous développons ». Nicolas Verschuere, ingénieur agronome indépendant, co-fondateur de la société Soil Capital, le confirme dans des mots un peu compliqués : « l’outil mySoilCapital est une stratégie de transition dé-risquée ». Suite à ma question sur le chat il précise : « nous souhaitons déterminer avec l’agriculteur des priorités qui lui permettront de réaliser des économies à court terme avant de se lancer dans des techniques plus ambitieuses de régénération des sols. Il faut d’abord mettre du beurre dans les épinards pour pouvoir prendre des risques calculés ».

Revoir le webinaire.

Un conseil agricole qui diminue les pesticides

Alors que la Commission européenne publiait le 20 mai dernier sa stratégie « De la fourche à la fourchette », l’outil mySoilCapital semble tomber à pic comme réponse concrète pour guider les agriculteurs vers cette nouvelle vision. La stratégie de la Commission prévoit d’optimiser l’utilisation des intrants d’ici 2030 : réduire de 50% l’utilisation des pesticides de synthèse et de 20% l’utilisation de fertilisants, diminuer de 50% la perte de nutriments (le nitrate dans les nappes phréatiques).

Réconcilier économie et environnement, telle est l’ambition de l’outil mySoilCapital créé par et pour des agronomes indépendants.

L’outil se présente comme un diagnostic fouillé, culture par culture de tout ce que l’agriculteur met en oeuvre pour obtenir ses rendements et au final son revenu. Pendant trois heures, un agronome indépendant de toute vente de produit, passe au crible les intrants de la ferme : les engrais, les produits phytosanitaires, les semences, le carburant, les heures d’utilisation des machines, l’amortissement. Chaque agriculteur peut se comparer aux agriculteurs de sa région et au groupe des meilleurs, de manière anonyme. Les résultats permettent de mesurer et de chiffrer une marge de progression. Des économies possibles peuvent être mises en évidence et c’est tout gain pour l’environnement. Une ferme d’une centaine d’hectares peut se voir diagnostiquer une économie de pesticides et d’engrais de plusieurs milliers d’euros par an !
Les risques pour la santé des sols sont mis en évidence : la compaction, la perte de nutriments, la monoculture, l’intensité du travail du sol, les périodes de sol nu, l’intensité d’utilisation des produits phytosanitaires. « On se rend compte que certains ont des pratiques agricoles qui sont très conventionnelles voire parfois … ancestrales » révèle Nicolas Verschuere. « Nous voulons aller de l’avant avec les agriculteurs ! »


14
novembre
2019

Les enfants au pays des vers de terre

Quand 7 enfants de 5 à 8 ans partent à la recherche de vers de terre dans une ferme qui ne laboure plus depuis 15 ans, ça donne ceci.

  • Les enfants au pays des vers de terre
  • Les enfants au pays des vers de terre
  • Les enfants au pays des vers de terre

J’ai profité des congés d’automne pour emmener les enfants en ferme à la recherche de vers de terre. Les enfants les ont rincés, triés par grande famille, puis relâchés. Malgré la brume et le froid, ce fut un moment sensationnel pour eux.

Grâce à une clé de détermination simplifiée disponible sur le site de l’observatoire participatif des vers de terre, les enfants ont facilement classé les vers de terre.
Résultats  : 36 vers de terre / m² en 30 minutes répartis comme suit
 9 vers épigées
 19 vers anéciques dont 11 à tête noire et 8 à tête rouge
 8 vers endogées
Pour un mois d’octobre c’est plutôt pas mal. Une bonne moyenne en terre agricole avec le protocole moutarde est d’en trouver entre 20 à 75 en période de sol humide (janvier à avril).
Ce qui est également un bon résultat dans ce cas-ci est qu’on ait trouvé des vers répartis dans les trois catégories écologiques.

Voici le protocole moutarde. En gros, on dilue de la moutarde dans un arrosoir, on arrose une placette de 1 m² et on recommence après 15 minutes.

Merci au site A2C pour l’idée.
Voici l’article de Matthieu Archambeaud (2011) qui m’a inspirée : Observatoire participatif des vers de terre

Cet observatoire propose une méthode simplifiée d’observation et de comptage des vers de terre. En s’adressant à toutes les personnes volontaires pour l’observation de ces macro-organismes du sol, il va permettre de rassembler et d’analyser les observations collectées au niveau national. Cette démarche est réalisée par l’Observatoire de Rennes (OSUR CNRS) et se fait en collaboration avec le Muséum National d’Histoire Naturelle (CERSP, UMR 7204) dans le cadre d’un projet d’observatoire de la biodiversité ordinaire en milieu agricole.

Lombrics dans une parcelle agricole

L’Observatoire Participatif des Vers de Terre a pour objectifs de :

 proposer un outil d’évaluation simplifiée de la biodiversité animale à l’aide des vers de terre dans les sols agricoles ou naturels
 rendre possible ces observations par divers publics à l’aide d’un protocole simplifié : agriculteurs, scolaires, naturalistes, chasseurs, jardiniers, gestionnaires de milieux naturels ou très anthropisés (sols urbains, technosols, …)
 établir progressivement des référentiels de ces macroorganismes du sol grâce à la participation du plus grand nombre de personnes.

Le protocole de prélèvement est consultable ici : protocole OPVT
(n’oubliez pas que le prélèvement des vers de terre ne peut se faire efficacement qu’en sol humecté, soit entre janvier et avril) Nous vous renvoyons également à cette vidéo en ligne sur A2C.

La détermination des lombriciens peut être faite grâce à ce document : identification OPVT

Le document suivant rappelle l’importance des vers de terre dans le fonctionnement des écosystèmes : Connaissance des lombriciens

Et on peut consulter moult documents et saisir ses données en ligne ici :

https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr