Matthieu Archambeaud

Après avoir rejoint F. THOMAS dès 2003 et mis en place le site agriculture-de-conservation.com, M. ARCHAMBEAUD a été l’un des initiateurs d’Icosystème, plate-forme d’apprentissage en ligne dédiée à l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture de Conservation qu’il anime aujourd’hui.

Rouler ou broyer le couvert lors du semis pour imiter la horde ?

L’agriculture de conservation est l’une des formes que prend l’agroécologie : elle tente de copier le fonctionnement de l’écosystème naturel le plus proche du champ cultivé qu’est la prairie. Pour cela elle s’appuie sur trois piliers qui ont été arbitrairement définis par un comité de la FAO : ne pas travailler le sol, le couvrir de manière permanente et avoir une rotation adaptée. On pourrait traduire ces principes aujourd’hui par : ne pas perturber le sol en profondeur, le couvrir au maximum et conserver ou introduire une diversité d’espèces végétales maximales (rotation et associations). En essayant d’appliquer ces principes, nous faisant de l’écologie végétale appliquée.

Alan Savory et son holistic management a tenté de décrypter le mécanisme de coévolution de la prairie et des hordes de ruminants qui les pâturent : zèbres et buffles de la savane africaine, bisons d’Amérique, etc.

Pour résumer :
- Les animaux pâturent les prairies en hordes compactes qui sont obligées de brouter en avançant de manière permanente pour éviter de manger leurs propres excréments ;
- De cette manière, les refus de pâtures et les déjections sont incorporés aux premiers cm de sol par les pattes des animaux et les microorganismes peuvent alors réintégrer cette matière organique et la prairie assurer la prochaine pousse ;
- Le sol n’est pas dégradé car il a beaucoup de temps de récupération avant la prochaine razzia fourragère.

En reproduisant dans les fermes et les écosystèmes naturels un mode de pâturage imitant la nature, Savory a montré qu’il était possible non seulement de régénérer des espaces dégradés mais aussi d’augmenter la production (cf. Gabe Brown).

A l’inverse, laisser des résidus sur le sol sans contact avec la vie microbienne comme c’est le cas dans un système de pâturage extensif ou dans des chaumes de céréales laissés en place, provoque une dégradation de la matière organique par oxydation qui conduit à terme à une dégradation du sol par manque d’activité.

Question  : Peut-on profiter de ce pâturage intensif (Mob Grazing) lorsqu’on est céréalier ? Et si le rolofaca ou le broyeur jouaient le rôle du bison ?

Thierry Têtu et son semis direct derrière broyeur : http://www.semisdirect.com