Thierry Stokkermans

  • Plantule de radis en SDSC aux Pays-Bas
  • Vue aérienne du site d'Oberacker, Suisse
  • Résultat levée de tournesol sans engrais organique
  • Hairpinning
  • Maïs en agriculture de conservation des sols
29
juin
2017

Agriculture Biologique en Australie : des obligations de résultats pour les sols

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En Australie, le cahier des charges de l’Agriculture Biologique et Biodynamique a deux obligations de résultats pour le sol (figure 1). Il est explicitement écrit que la fertilité et l’activité biologique doivent être maintenues ou améliorées. Les obligations de résultats sont donc de (i) maintenir la fertilité et (ii) maintenir l’activité biologique.
Le cahier des charges ne présente pas la (les) méthode(s) utilisée(s) pour mesurer ces paramètres. Je dois cette information à Ulrich Schreier. Il m’a également confié que la biodynamie en Europe s’est posée la question d’introduire ou pas une obligation de résultat similaire. Pour l’instant, l’implémentation est trop compliquée. Mais l’idée continue à circuler dans le monde de la biodynamie.


19
juin
2017

Le bio : une obligation de résultat pour le sol ?

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Ce billet est hors ligne pour l’instant. Merci de revenir prochainement.


23
mai
2017

L’Agriculture de Conservation dans les années 60 et aujourd’hui

L’Agriculture de Conservation (AC) moderne est apparue durant les années 1960 et elle a beaucoup évolué depuis. Chacun des 3 piliers s’est enrichi et est devenu plus fort.
L’AC moderne est née quelques années après l’apparition du paraquat et des premiers semoirs de semis direct tirés par un tracteur. Les piliers de l’AC sont très vite arrivés (tableau 1). Dès le début, il a été question de couvrir le sol, de ne pas le bouleverser et de lui donner de la biodiversité. Ces trois piliers n’ont jamais changé mais les techniques employées ont évolué et se sont beaucoup enrichies.

Techniques et outils de l'AC en 1960 et en 2017

La couverture du sol dans les années 60 était principalement composée des résidus de culture. Aujourd’hui pour couvrir les sols, les agriculteurs se servent toujours des résidus mais ils y associent un grand nombre d’innovations telles que les couverts végétaux, les cultures relais, les doubles cultures et les plantes compagnes. C’est un véritable bond en avant qu’a fait l’AC.
Le non-bouleversement du sol est le second pilier et la méthode d’implantation est le semis direct. Il y a de l’évolution dans le semis direct. En 1960, le semis direct avait un seul objectif : semer en limitant au maximum la perturbation du sol. En 2017, les agronomes ont appris énormément de choses sur le semis direct. Par exemple, ils savent qu’un bon semis direct demande une faible perturbation du sol, un contact sol graine propre et de créer les conditions du brouillard du sol. Il y a beaucoup plus de choses à savoir sur le semis direct. Le tableau 1 en fait une liste et j’espère pouvoir en parler plus dans les prochains post.

Tomates de conserve en AC

En ce qui concerne le non-bouleversement du sol, il est aussi intéressant de voir qu’il y a de nouvelles pratiques qui émergent telles la plantation de plantule en direct (figure 1) ou la localisation de l’engrais en culture pour optimiser l’utilisation de l’azote tout en limitant le bouleversement du sol (vidéo youtube).Le troisième pilier est la biodiversité. Dans les années 1960, il n’était question que d’un seul levier pour assurer la biodiversité : la rotation. En 2017, il y a une multitude d’outils et de pratiques pour assurer la biodiversité. Il y a bien sûr la rotation mais il y a maintenant aussi les couverts végétaux multi-espèces, les cultures relais, les double cultures, les cultures associées, les plantes compagnes, l’agroforesterie, les couverts végétaux dans les vignes et vergers, le pâturage des couverts végétaux et la gestion du pâturage selon les principes d’Alan Savory. Comme vous venez de le lire, il y a une bonne dizaine de moyens différents pour booster la biodiversité dans les parcelles. Par conséquent, il est possible aujourd’hui d’assurer le pilier biodiversité tout en restant sur des cultures bien connues et rémunératrices. Ceci simplifie le passage à l’AC et l’intégration de l’AC dans les filières agricoles déjà existantes.
Depuis 1960, l’AC a beaucoup changé et évolué. Elle a énormément gagné en connaissances et a innové en développant des outils et techniques adaptés, simples à utiliser et performants. L’AC a démontré sa capacité à produire des matières premières de qualité et en quantité tout en conservant la ressource première des agriculteurs : le sol. L’AC atteint ses objectifs techniques : produire aujourd’hui et demain tout en préservant les ressources. Et, de par ses résultats et ses capacités, l’AC va encore beaucoup faire parler d’elle dans le futur.


26
avril
2017

L’agriculture de conservation est l’alternative numéro 1

L'AC alternative numéro 1Les agriculteurs en Agriculture de Conservation (AC) peuvent être fiers car leur agriculture représente la première alternative à l’agriculture conventionnelle.
Au niveau mondial, elle couvre 125 millions d‘hectares (Friedrich et al., 2012) contre seulement 43 millions d’hectares pour l’Agriculture Biologique (AB) (Willer & Lernoud, 2016).
Les agriculteurs ont donc engagé près de trois fois plus de surface en AC qu’en AB. Je n’ai pas trouvé d’étude universitaire expliquant cette différence mais les agriculteurs engagés expliquent souvent que l’AC répond bien aux problématiques environnementales, climatiques, sociétales et économiques qui leur sont posées. Les experts estiment que la surface mondiale en AC croit de 7 millions d’hectares par an (Friedrich et al., 2012), soit 70 000 km2. Ramener au planisphère, c’est l’équivalent des royaumes des Pays Bas et de Belgique combinés qui sont convertis à l’AC tous les ans.
Libre à vous de décider si ces pays sont trop petits pour être sur une carte ou si l’AC est la nouvelle révolution verte !
Références :
- Friedrich T, Derpsch R, Kassam A, 2012. Overview of the Global Spread of Conservation Agriculture. Field Actions Science Reports, Special Issue 6
- Willer H, Lernoud J, 2016. The World of Organic Agriculture. Statistics and Emerging Trends. Research Institute of Organic Agriculture FiBL, Frick, and IFOAM


13
mars
2017

Semer du maïs en Agriculture de Conservation

Semis maïs - contact terre graine

Ce mois-ci, je vous propose de regarder une vidéo qui montre les conditions du brouillard-du-sol et un contact sol graine propre en semis de maïs.
Cette vidéo met en pratique mes 2 derniers billets et vous montre ce qui pourrait être votre prochain sillon de semis direct. Bon visionnage de la vidéo !


22
février
2017

Assurer un contact sol graine propre

En réunion technique et dans les brochures commerciales, il est souvent question de créer “un bon contact sol graine”. Mais qu’entend-on exactement par “bon” ? Et le “coup de pouce du jardinier” est-il vraiment efficace ? En d’autres mots, quel contact sol graine faut-il en Agriculture de Conservation ?

HairpinningEn Semis Direct (SD), il y a un élément qui peut faire échouer la germination : les résidus. En effet ces derniers peuvent rentrer dans le sillon et s’interposer entre la graine et le sol. Les anglais appellent ça le “hairpinning” (figure 1). Par conséquent, la clé de réussite du SD est un contact sol graine propre. Pour cela, il faut bien gérer les résidus tant au niveau de la parcelle qu’au niveau du sillon. Mais, avant tout, il est important de bien comprendre comment le hairpinning peut faire échouer le semis ?
Il faut distinguer 2 situations : le sillon “sec” et le sillon “humide”.
Isolation de la graine par les résidusTout d’abord le sillon “sec”. Comme expliqué dans le précédent post sur le brouillard du sol, les résidus isolent. Par conséquent, la graine se retrouve isolée du reste du sol et, en particulier, de l’eau nécessaire à sa germination (figure 2). Dans ces conditions, la graine ne germe pas. Elle reste en dormance et attend là jusqu’à ce qu’il y ait assez d’eau pour s’hydrater et germer. Durant ce temps d’attente, elle servira de casse-croûte aux rongeurs et autres animaux qui se nourrissent de graines.
L'acidité des résidus attaque la grainePuis vient la seconde situation : le sillon “humide”. A partir du moment où il y a assez d’eau, sous forme de brouillard-du-sol ou sous forme liquide, la graine s’hydrate et commence à germer. C’est une très bonne chose mais cela signifie aussi que les résidus ont assez d’eau pour se décomposer. Et c’est là que le bât blesse. En pourrissant, les résidus génèrent des jus acides de décomposition qui brûlent le germe, tuant au passage la graine (figure 3).
Le hairpinning est un problème qui ne se résout pas : il finit inévitablement par endommager la germination et la levée. Le hairpinning est un problème qui s’évite. Il faut anticiper et cela passe par la bonne gestion des résidus au niveau de la parcelle et du sillon. La gestion des résidus à la parcelle est un sujet qui est déjà abordé dans les réunions techniques et dans les publications agricoles. C’est pourquoi je n’en parle pas ici et je vais directement parler de la ligne de semis.
Résidus poussés sur le côté par le semoir
Résidus coupés par le semoir
La gestion des résidus au niveau du sillon est un point critique pour éviter le hairpinning. Votre succès passera ici par les 2 éléments suivants : a) utiliser une machine capable de bien gérer les résidus et b) bien régler votre semoir. Ce dernier doit, soit pousser les résidus sur le côté (figure 4), soit les couper net avant de créer le sillon (figure 5). Pousser les résidus sur le côté se fait le plus souvent avec des roues-étoiles ou chasses-débris-rotatifs ; il est important de les régler de manière à ce qu’ils suivent le contour du sol sans rentrer dedans. En effet, il faut enlever tous les résidus sans “taper” dans le sol au risque de faire remonter du “gras” ou de mettre en germination des adventices. C’est à dire que ces équipements doivent toujours être en contact avec le sol pour bien attraper et pousser tous les résidus sans entrer en terre. C’est parfois compliqué à bien régler. Pour couper net les résidus, la solution la plus simple est un disque lisse vertical qui rentre à plus de 3 cm dans le sol. En effet, un simple “coup de couteau” suffit pour bien couper les résidus et un disque lisse qui rentre verticalement dans le sol devant la ligne de semis suffit pour bien couper les résidus. Si vous souhaitez profiter des effets bénéfiques du brouillard-du-sol, le “coup de couteau” est la meilleure solution car il laisse les résidus en place. Il est à noter que le disque doit être un minimum affûté pour bien couper. Pensez à vérifier vos disques “coup de couteau” en morte saison et à les changer si nécessaire.
Pour la petite histoire, le pire hairpinning qu’il m’a été donné de voir est un semis de colza dans un chaume de blé avec un semoir à double disques. Plus de la moitié des graines de colza n’avait aucun contact avec le sol. L’agriculteur avait roulé son chaume puis avait semé son colza avec un angle d’environ 30 degrés par rapport au roulage. Le problème dans ce cas est que le rouleau a plaqué les chaumes au sol et que les disques ont rencontré les brins de paille à un angle très défavorable. Le semoir a attrapé les brins un par un et les a enfoncé au fond du sillon en les pliant en deux. Les graines de colza ont été posées au milieu du pli (figure 6). Elles avaient de la paille à droite et à gauche. Elles n’avaient aucune chance de trouver l’humidité nécessaire à leur germination. Elles étaient en mauvaise posture. Pour le reste, tout avait été bien fait. Il manquait seulement un contact sol-graine propre pour que le colza puisse bien démarrer.
Graine emprisonnée dans la paille
En SD, il est important d’avoir un contact sol-graine propre. Un bon contact est donc un contact propre. Il faut que la graine touche le sol sur tous ses côtés. Là est le meilleur environnement pour qu’elle s’hydrate bien et germe. Pour obtenir un tel résultat, il faut gérer les résidus au niveau de la parcelle et du sillon. Au moment du semis, il est important d’utiliser le bon semoir ou les bons équipements capables de gérer les résidus et de bien les régler.