Cécile Waligora

  • Plantation d'une haie avec une planteuse forestière
25
août
2009

On brûle et on ramasse encore les cailloux

Hier, traversant le plateau de Langres, je pestais contre cette étouffante chaleur. A quand une pluie bienfaitrice ? A quand cette pluie qui éteindra cette fumée dense que je vois au loin ? Me rapprochant et alors que quelques jours plus tôt, fin juillet, j’étais en rogne contre les agriculteurs qui, dans mon secteur, brûlaient encore leurs chaumes, cette fumée-là était différente. Dans une parcelle immense, sans rien pour arrêter le regard, un vrai désert de terre, un tracteur charriait les cailloux, remontés à la surface par les passages répétés de déchaumeur. Et comme il faisait très sec depuis quelque temps, on ne voyait qu’un épais nuage de poussière à l’arrière de l’engin. Je n’avais jamais vu çà !

Oui, çà me met en rogne car je sais, maintenant et après plusieurs années de contribution TCS, ce qu’il faut faire pour ne plus voir çà : ne plus voir de désert, ne plus voir de nuage de poussière, de cailloux remontés et, surtout, de parcelles moissonnées sur lesquelles on gratte une allumette…alors qu’il fait plus de 30°C à l’ombre… Alors que toute la maigre vie présente en surface va y passer…alors que la végétation de bords de parcelle va roussir…

Je me détourne de ces visions, plongeant dans l’espoir que bientôt, même ici, je verrais à cette époque, des parcelles verdir de couverts, de nouveau des corridors écologiques, et des paysans fiers de ce qu’il mettent en œuvre. Des paysans acteurs de leur destin et pas de simples figurants.


14
juillet
2009

La réintroduction d’une espèce ne garantit pas son maintien

crédit : André Künzelmann / UFZ

L’azuré du serpolet (Maculinea arion), petit papillon aux tons bleutés, a disparu de Grande-Bretagne à la fin des années 70. Il a été réintroduit ces dernières années après que des chercheurs aient identifié les causes de sa disparition. Il s’agissait d’une baisse de température du sol de quelques degrés, provoquée, vraisemblablement et selon une étude allemande, par le moindre pâturage des prairies outre Manche. Le sol, plus froid, a privilégié une nouvelle population de fourmis, au détriment de Mymica sabuleti, une espèce de fourmi qui favorise, par parasitisme, le développement de la chenille du fameux papillon. Pour permettre de bonnes conditions de réintroduction sur environ 80 sites, les prairies ont dû être régulièrement fauchées pour avoir une température suffisante du sol.

On voit là toute la complexité des écosystèmes, même en agriculture. Il ne suffit pas de réintroduire une espèce disparue. Il est fondamental de trouver les causes de sa disparition et d’y remédier avant d’envisager une quelconque réintroduction. On voit aussi, à travers cet exemple, l’importance, même indirecte, de l’élevage pour la biodiversité des agro-écosystèmes.

S’appuyant sur les travaux de l’université d’Oxford, les chercheurs du centre Helmotz de recherche en environnement en Allemagne prévoient une modification des stratégies de conservation causée par les changements climatiques. En l’occurrence, le réchauffement du climat pourrait entraîner une fauche plus haute des prairies, afin de maintenir le sol à la température actuelle.


20
mai
2009

Heureusement qu’ils ne font pas tous le même poids !

Il y a quelques semaines, je relayais le « râle bol » des agriculteurs de l’Est de la France face aux dégâts occasionnés par les sangliers un peu ventrus, trop habitués au maïs qu’on leur distribue et qui se rabattent, du coup, dans leurs champs.

Et bien, en voici un qui ne fera plus de dégâts…. Sa taille est absolument incroyable. Obélix n’a qu’à bien se tenir !!! J’ai beau regarder de près, pas l’ombre d’un semblant de trucage. 355 kg sont annoncés pour la « bête » ! On pourrait imaginer encore plus. Heureusement que cela reste une exception. Car nous le savons : les sangliers aiment nos parcelles riches en vers de terre et autres bestioles. Alors s’ils faisaient tous cette taille-là, je crois que beaucoup auraient envie de ressortir la charrue et tout leur arsenal chimique pour ne plus allécher l’intrus !


12
mars
2009

Nous y voilà, nous y sommes…

Voici, ci-dessous, un texte qu’une amie m’a envoyé récemment. Il a été écrit par un archéologue et écrivain, Fred Vargas. Ces réflexions, joliment écrites mais tellement cruelles, sans autre solution possible, j’avais envie de vous les faire partager à une période où nous sentons, plus que jamais, un tournant dans les consciences du monde agricole. L’agriculture de conservation prend forme, partie intégrante de cette nouvelle « révolution »

"Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution. Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui. On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais. Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille – récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés). S’efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y. Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être. A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore."


25
février
2009

« Râle bol » dans l’Est…

sangliers affiche

Dans l’Est mais aussi ailleurs, en France ! Cette affiche nous a été donnée lors du SIMA 2009 par un TCSiste de la Meuse. Quitte à faire bondir quelque uns de nos internautes, j’avoue que je comprends le désarroi de cet agriculteur. Pour la bonne raison que dans mon secteur, en Haute-Marne, nous connaissons les mêmes problèmes, d’année en année. C’est pourquoi, je prends le parti de divulguer cette affiche, d’autant plus que nous, TCSsistes et SDistes, sommes encore plus que les autres, la cible du « trop-plein » de sangliers. « Trop-plein », oui. Élevage, oui, de toute évidence. On oriente le sanglier, en agrainant quasiment toute l’année, vers les champs de maïs. On focalise son alimentation sur une seule denrée. On le domestique. Face à l’abondance alimentaire, l’animal croît, tout naturellement. Et le déséquilibre survient. Avec ses conséquences. Il est aussi bon de réfléchir à tout cela… En savoir plus

sangliers dégâts

23
octobre
2008

Encore une histoire de campagnols…

Cette observation est tirée de la toute dernière édition du « Sol, la terre et les champs », de Lydia et Claude Bourguignon. Dans un chapitre consacré au « sol, milieu vivant », les auteurs citent des études qui ont montré qu’une prolifération de campagnols, si elle pouvait détruire jusqu’à 30% de la production d’une prairie, pouvait, l’année suivante, produire 30 % de foin en plus. Tout simplement grâce à l’aération du sol provoqué par les galeries des rongeurs…Etonnante nature, non ?