Cécile Waligora

  • Plantation d'une haie avec une planteuse forestière
  • Bousiers dans un crottin de cheval Tarpan
  • Tas de pierres en bord de parcelle dans l'Yonne
  • Détails du couvert d'été : sorgho, tournesol, radis chinois et colza
9
mars
2010

La symbiose mutualiste, summum de l’évolution

Dans le cadre d’un enquête pour le compte de TCS, je me suis procurée un ouvrage très intéressant intitulé : « Les Mycorhizes, la nouvelle révolution verte », de J. André Fortin, Christian Plenchette et Yves Piché. Cet ouvrage, édité en 2008, vous est peut-être et sans doute connu. A mes yeux, il est intéressant à deux points de vue. Le premier tient à ce que des chercheurs reconnus internationalement aient compris qu’il fallait quitter leur sacro sainte bulle scientifique pour transmettre, de manière simple et compréhensible, le fruit de leurs recherches aux personnes concernées, en l’occurrence, vous et moi. Le deuxième tient à la nature même du sujet : les mycorhizes. Je pense qu’on n’imagine pas bien encore à quel point ils sont importants dans nos agro-écosystèmes… Un futur dossier dans TCS s’impose…

Bref, dans cet ouvrage, je suis notamment tombée sur le schéma suivant, réalisé par un autre chercheur du nom de Robert Whittaker. J’aimerais ainsi vous faire partager ces quelques réflexions sur l’évolution…

Ce schéma simple explique les diverses relations qui existent lorsque deux organismes se retrouvent ensemble, dans le même habitat. La compétition est la relation primaire ou primitive, sans aucun bénéfice ni pour l’un, ni pour l’autre des deux organismes. C’est l’exemple de deux plantes qui, dans un même pot, entrent en compétition pour les mêmes éléments nutritifs. Elles finissent par se nuire mutuellement. Il s’agit d’une relation perdant/perdant. Mais au cours de l’évolution des espèces, cette forme de relation a évolué avec un bénéfice naissant de cette relation mais seulement pour l’un des deux partenaires ; histoire de sortir de l’impasse de la compétition. C’est ce qui est noté, dans le schéma, amensalisme ou antibiose. C’est l’exemple de plantes ou d’animaux émettant des substances allélopathiques ou antibiotiques, toxiques pour leur voisin. C’est aussi le cas d’une plante faisant de l’ombre à sa voisine…Cette nouvelle forme de relation évolue ensuite vers plus d’agressivité avec la prédation et le parasitisme : il y a, alors, une « volonté » d’éliminer l’autre ! Comme l’indique l’auteur, à la limite, le parasitisme est comme un cul-de-sac puisque le parasite élimine son propre hôte !

Il arrive néanmoins que certains organismes réussissent à cohabiter ensemble, sans agression envers leur « associé ». On parle alors de commensalisme. C’est l’exemple du héron garde-bœufs qui se nourrit sur le dos des bovins…Et au sommet de l’évolution des relations, on arrive à la symbiose, où les deux acteurs retirent de réels bénéfices de leur association. Parfois même, ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. C’est l’exemple de la symbiose mycorhizienne…

Ainsi et pour conclure ce petit cours d’évolution, toujours selon l’auteur, R. Whittaker, la prédation et le parasitisme sont « nés » pour échapper à la compétition mais le summum de l’évolution revient à la symbiose mutualiste.


16
octobre
2009

Piqûre de rappel

Hier soir, le programme TV, une fois n’est pas coutume, affichait une bonne surprise : la première diffusion, sur petit écran, du fameux film d’Al Gore : « Une vérité qui dérange ». Ce film a, si ma mémoire ne me trompe pas, à peu près trois ans. Déjà trois ans…

A sa sortie, au delà du tapage médiatique (qui, pour une fois, était bienfondé), ce film a réellement marqué les esprits. Mais qu’en est-il aujourd’hui, trois petites années après ? Où en sont les fameuses courbes montrées par Al Gore, la teneur mondiale en CO2 et de la température moyenne du globe ? Souvenez-vous si vous avez eu la chance de voir ce film : Al Gore, pour marquer encore mieux son public, devait monter sur un monte charge pour montrer, sur écran géant, là où les courbes s’élevaient en 2005…En quelques décennies à peine, elles avaient amorcé une ascension plus que fulgurante.

Depuis, il y a eu le film de Yann Artus-Bertrand puis, depuis la semaine passée, celui de Nicolas Hulot, « Le Syndrome du Titanic ». Et puis, il y a toutes ces actualités, ces annonces qu’on voit chaque jour dans les médias. Il y a aussi le sommet de Copenhague, en décembre prochain, suite du fameux Kyoto…Tout cela noyé dans les nouvelles quotidiennes, les remues ménage politiques…dont on a que faire, vraiment ! Mais que font-ils, justement, ces politiques face au réchauffement climatique ? Des mesurettes, pas plus. De simples mesurettes… Aucun courage là dedans, tous bords confondus.

Navrée de dire cela mais la société globale est bien triste. Heureusement et en espérant que cela suffise, certains se sont réveillés et tous les jours, d’autres se réveillent. Des hommes et des femmes, devant l’incapacité des dirigeants, œuvrent dans leur coin, dans leur quotidien. Mais comment réveiller ceux qui sont censés nous diriger ? Copenhague sera-t-il, enfin, à la mesure de ce que la planète doit en attendre ? Le doute est permis…mais l’espoir aussi !


25
août
2009

On brûle et on ramasse encore les cailloux

Hier, traversant le plateau de Langres, je pestais contre cette étouffante chaleur. A quand une pluie bienfaitrice ? A quand cette pluie qui éteindra cette fumée dense que je vois au loin ? Me rapprochant et alors que quelques jours plus tôt, fin juillet, j’étais en rogne contre les agriculteurs qui, dans mon secteur, brûlaient encore leurs chaumes, cette fumée-là était différente. Dans une parcelle immense, sans rien pour arrêter le regard, un vrai désert de terre, un tracteur charriait les cailloux, remontés à la surface par les passages répétés de déchaumeur. Et comme il faisait très sec depuis quelque temps, on ne voyait qu’un épais nuage de poussière à l’arrière de l’engin. Je n’avais jamais vu çà !

Oui, çà me met en rogne car je sais, maintenant et après plusieurs années de contribution TCS, ce qu’il faut faire pour ne plus voir çà : ne plus voir de désert, ne plus voir de nuage de poussière, de cailloux remontés et, surtout, de parcelles moissonnées sur lesquelles on gratte une allumette…alors qu’il fait plus de 30°C à l’ombre… Alors que toute la maigre vie présente en surface va y passer…alors que la végétation de bords de parcelle va roussir…

Je me détourne de ces visions, plongeant dans l’espoir que bientôt, même ici, je verrais à cette époque, des parcelles verdir de couverts, de nouveau des corridors écologiques, et des paysans fiers de ce qu’il mettent en œuvre. Des paysans acteurs de leur destin et pas de simples figurants.


14
juillet
2009

La réintroduction d’une espèce ne garantit pas son maintien

crédit : André Künzelmann / UFZ

L’azuré du serpolet (Maculinea arion), petit papillon aux tons bleutés, a disparu de Grande-Bretagne à la fin des années 70. Il a été réintroduit ces dernières années après que des chercheurs aient identifié les causes de sa disparition. Il s’agissait d’une baisse de température du sol de quelques degrés, provoquée, vraisemblablement et selon une étude allemande, par le moindre pâturage des prairies outre Manche. Le sol, plus froid, a privilégié une nouvelle population de fourmis, au détriment de Mymica sabuleti, une espèce de fourmi qui favorise, par parasitisme, le développement de la chenille du fameux papillon. Pour permettre de bonnes conditions de réintroduction sur environ 80 sites, les prairies ont dû être régulièrement fauchées pour avoir une température suffisante du sol.

On voit là toute la complexité des écosystèmes, même en agriculture. Il ne suffit pas de réintroduire une espèce disparue. Il est fondamental de trouver les causes de sa disparition et d’y remédier avant d’envisager une quelconque réintroduction. On voit aussi, à travers cet exemple, l’importance, même indirecte, de l’élevage pour la biodiversité des agro-écosystèmes.

S’appuyant sur les travaux de l’université d’Oxford, les chercheurs du centre Helmotz de recherche en environnement en Allemagne prévoient une modification des stratégies de conservation causée par les changements climatiques. En l’occurrence, le réchauffement du climat pourrait entraîner une fauche plus haute des prairies, afin de maintenir le sol à la température actuelle.


20
mai
2009

Heureusement qu’ils ne font pas tous le même poids !

Il y a quelques semaines, je relayais le « râle bol » des agriculteurs de l’Est de la France face aux dégâts occasionnés par les sangliers un peu ventrus, trop habitués au maïs qu’on leur distribue et qui se rabattent, du coup, dans leurs champs.

Et bien, en voici un qui ne fera plus de dégâts…. Sa taille est absolument incroyable. Obélix n’a qu’à bien se tenir !!! J’ai beau regarder de près, pas l’ombre d’un semblant de trucage. 355 kg sont annoncés pour la « bête » ! On pourrait imaginer encore plus. Heureusement que cela reste une exception. Car nous le savons : les sangliers aiment nos parcelles riches en vers de terre et autres bestioles. Alors s’ils faisaient tous cette taille-là, je crois que beaucoup auraient envie de ressortir la charrue et tout leur arsenal chimique pour ne plus allécher l’intrus !


12
mars
2009

Nous y voilà, nous y sommes…

Voici, ci-dessous, un texte qu’une amie m’a envoyé récemment. Il a été écrit par un archéologue et écrivain, Fred Vargas. Ces réflexions, joliment écrites mais tellement cruelles, sans autre solution possible, j’avais envie de vous les faire partager à une période où nous sentons, plus que jamais, un tournant dans les consciences du monde agricole. L’agriculture de conservation prend forme, partie intégrante de cette nouvelle « révolution »

"Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution. Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui. On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais. Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille – récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés). S’efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y. Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être. A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore."