Cécile Waligora

  • Plantation d'une haie avec une planteuse forestière
4
avril
2013

Versailles en mode AC

A Versailles, il y a certes un château bien connu mais qui n’aurait pas sa valeur sans ses célèbres jardins. Et son potager ! Jusqu’au XIXème siècle, on n’imaginait pas de château sans potager. C’est donc tout naturellement que Louis XIV eu droit au sien, digne de son rang. Sa création fut confiée à Jean-Baptiste de la Quintinie, avocat et agronome du XVIIème siècle.

Le Potager du Roi fut et est encore un véritable laboratoire expérimental où la Quintinie testa différents procédés de taille, de traitement ou de multiplication. Il abrite aujourd’hui encore une école, l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage. On y donne également nombre de formations pour les amateurs et les productions sont vendues sur place. Environ quatre cents variétés fruitières et autant de variétés légumières récentes et anciennes sont cultivées au Potager du Roi. Et que découvre-t-on ? En l’honneur des 20 ans de France Plants [1]. en 2011, un essai sur la culture des pommes de terre sans labour et sous paillage a été mis en place. Ce fut plutôt une réussite comme nous l’explique la jardinière en chef du Potager du Roi, Christine Dufour : « Cet essai comprenait une multitude de variétés et de répétitions. Le précédent était un maïs puisque nous avions, sur le site, un labyrinthe en maïs. Après arrachage, les cannes ont été broyées, laissées sur place avec ajout de paille. Le matelas ainsi constitué faisant environ 10 cm d’épaisseur et, au fur-à-mesure de sa dégradation, nous en avons rajouté. Cette année-là, la plantation a été tardive, en juin. Nous avons juste ouvert la paille pour y déposer les plants et refermé derrière. Les opérations suivantes se sont résumées à rajouter à nouveau de la paille au fur-et-mesure de son évolution. La récolte s’est faite en septembre dans un sol agréable, bien meuble grâce au paillage. Il y a avait un peu de verdissement là où il manquait un peu de paille mais pas de manière à remettre en question la technique. Si la période n’avait pas été propice à une attaque de mildiou, cela aurait été très positif. » Suite à ce premier essai, le Potager du Roi a réitéré l’expérience en 2012 (lui seul). « L’essai était plus modeste, indique la spécialiste, nous avons planté plus tôt, en mai mais malheureusement, encore une fois et de façon beaucoup plus importante, le mildiou nous a joué de mauvais tours. »

Convaincus néanmoins par l’intérêt du paillage (protection du sol, de sa vie et, surtout, non travail du sol fastidieux et coûteux), l’équipe du Potager a décidé de réessayé cette année, quand le printemps voudra bien s’installer. Son seul frein est en fait, extérieur : « nous n’avons pas de paille et il faut l’acheter », résume C. Dufour. Avis aux éventuels exploitants qui seraient proches de Versailles : si vous avez trop de paille pour vos vers de terre, vous savez maintenant à qui en faire bénéficier !


2
janvier
2013

Une double récolte surprenante (Rosé des prés)

Champignons rosés des prés dans des chaumes de blé d’une parcelle en TCS et semis direct.

Cette photo nous a été envoyée la première quinzaine d’octobre 2012 par Stéphane Deniziot, TCSiste dans l’Indre. Il s’agit bien de champignons tout à fait comestibles, des rosés des prés, récoltés dans les chaumes d’un précédent blé, parcelle conduite en AC. « A défaut, cette campagne, de colzas pour mon porte-monnaie, ni même de beaux couverts pour mes sols (même si, avec les pluies récentes, certains commencent à être intéressants), la nature est néanmoins bien faite : elle a pensé à mon estomac ! », indique, non sans humour, l’agriculteur. Peut-on parler, dans ce cas-là, de double récolte ?
Pour la petite histoire, S. Deniziot est en TCS depuis qu’il s’est installé en 1995. Produisant du blé, de l’orge, du colza, du maïs, du pois d’hiver et du tournesol, il a faillit arrêter le colza en raison de baisses de rendements et de salissements devenus récurrents. Une technique a permis de conserver cette culture dans sa rotation : le colza associé et Stéphane travaille depuis plusieurs années en étroite collaboration avec Gilles Sauzet, du Cetiom tout proche. Un reportage lui a été consacré dans la revue Cultivar de juillet/août 2012.


20
décembre
2012

Le sorgho, idéal pour compléter l’alimentation du sol

Semis direct dans un couvert de sorgho

De bien belles photos spectaculaires que celles-ci envoyées par Hervé Chambe, éleveur SDiste en Savoie. Elles ont été prises cet automne 2012. Il s’agit d’un couvert de sorgho implanté en direct après une orge. L’éleveur est en train d’y semer un deuxième couvert, de radis-vesce-avoine. Suivra, au printemps prochain, un maïs semé en direct dans ce deuxième couvert maintenu vivant.

Couvert de sorgho en Haute-Savoie

Pour lui, ce couvert de sorgho dont il est sûr, en général, d’obtenir un gros volume végétatif, est uniquement là pour produire de la biomasse en abondance pour son sol. Il ne l’utilise pas pour alimenter son élevage, seulement celui de vers de terre ! Il s’agit aussi d’un sorgho dont on sait que, sous son couvert, rien ou presque ne pousse, idéal pour maintenir une parcelle propre, sans compter l’effet double du second couvert. Pour l’agriculteur, les deux couverts successifs devraient produire entre 15 et 24 t MS/ha. Pour info, au printemps 2012, son couvert de radis-vesce-avoine avait produit 6 t/ha. Cet automne, son sorgho a déjà produit entre 15 et 18 t/ha.


31
août
2012

Cette année, la Terre a subvenu à l’humanité… il reste encore 131 jours…

Quelques chiffres pour vous donner le moral dans cette atmosphère un peu grise, synonyme de rentrée pour beaucoup…

234, c’est le nombre de jours qu’il aura fallut à l’humanité toute entière, en 2012, pour consommer les ressources que la planète produit sur l’année. Cette évaluation a été faite par l’ONG Global Footprint Network. Nous sommes, bien sûr, en état de surconsommation.

Et, malheureusement, c’est encore moins que ce qui avait été estimé l’année passée. Ainsi, en 2012, il aura fallut 36 jours de moins pour dépasser l’ensemble des ressources planétaires produites en un an. C’est 1,5 Terre qu’il faut aujourd’hui pour satisfaire les besoins toujours croissants de l’humanité. Ce qui me fait penser aux propos d’un ancien astronaute, interrogé il y a quelques jours à l’occasion du décès du célèbre Neil Armstrong. Il évoquait les futures opportunités de voyage sur d’autres planètes. Il insinuait ainsi que ces possibles futurs voyages pourraient, pourquoi pas, offrir de nouveaux espaces de vie pour une humanité qui ne pourrait plus le faire sur une Terre dévastée… N’a-t-on pas vu déjà cela quelque part ? Oui, dans les films de Science-fiction… Et pourtant, dans ses propos, c’était presque une évidence… C’est assez choquant, non, même si c’est à une échelle très très lointaine… Désolée pour le moral !!!


13
août
2012

Les généticiens ciblent désormais directement les ravageurs

DR

L’homme n’aura de cesse, toujours, de trouver les astuces pour se débarrasser de ce qui le gêne. Il y a va parfois de manière bien radicale. Après tout, si la « nuisance » n’existe plus, on ne s’en portera pas plus mal, n’est-ce pas ?

La nouvelle nous vient donc de la société britannique Oxitec et l’information plus précisément de la revue scientifique Molecular Insect Biology. Une troisième voie « radicale » de contrôle des ravageurs s’ouvre après celle des pesticides et celle des plantes génétiquement modifiées. Des chercheurs ont ainsi décidé de directement modifier génétiquement les insectes ravageurs en les rendant stériles (les insectes mâles). Leur cible a été, pour le moment, la teigne des crucifères. Pour les chercheurs, pas de risques de dissémination des insectes OGM puisqu’ils sont justement stériles. Soit… Mais qu’en est-il de la sacro-sainte Biodiversité ? Si on supprime carrément une espèce d’un écosystème, ne va-t-on pas, encore une fois, perturber ses équilibres ? Ne risque-t-on pas d’impacter sur les prédateurs naturels de ces ravageurs et donc sur toute une chaîne alimentaire ? Ne risque-t-on pas que cette « extinction » profite à une autre espèce, peut-être plus virulente encore ? Les généticiens ont, à coup sûr, remisé aux oubliettes leurs cours de biologie des écosystèmes et d’ailleurs, le fonctionnement même de Dame Nature…


25
mai
2012

Impact des travaux sur la biodiversité

Cette photo m’est parvenue il y a quelques jours. Déjà, que son auteur et son « transmetteur » ne m’en veuillent pas de l’utiliser pour les propos qui vont suivre. Car les connaissant, je sais fort bien à quel point la biodiversité est importante à leurs yeux et les accidents de ce type (ici, lors d’un semis de maïs dans un couvert imposant) sont vraiment des accidents.

Au-delà de toute sensiblerie, il n’est jamais agréable de faire ce genre de découverte sachant qu’on en est l’auteur involontaire… Je profite donc de l’occasion qui m’est donnée pour rappeler qu’en effet, les travaux dans les champs ne sont pas sans risques directs sur la biodiversité. Par « directs », on parle ici de mortalité ou de traumatismes physiques subis par le passage des machines.

Pour autant, il y a toujours moyen de limiter cet impact.
Déjà, avant d’entamer le chantier, il est possible de procéder à un effarouchement dans la parcelle, soit par du bruit, soit… en envoyant votre chien… Si, si, çà marche !
Durant le chantier et là, je pense à la récolte qui est l’opération qui engendre, en moyenne, le plus d’hécatombes dans la faune, trois astuces peuvent être employées pour limiter les dégâts :
 Le réglage de la barre de coupe, le plus haut possible,
 L’utilisation d’une barre d’envol de la largeur de la coupe et disposée sur le côté de manière à balayer la bande qui va être fauchée au prochain passage. Cette barre peut aussi être placée devant le tracteur lors d’autres travaux.
 Et, c’est du bon sens mais il faut préférer une fauche commençant par le centre de la parcelle plutôt que par ses côtés (voire par bandes). En procédant ainsi, on permet à la faune présente dans la parcelle de s’échapper plutôt que de la coincer.

Puis, un broyage des pailles en même temps que la moisson évite aussi les accidents lors de la reprise pour un pressage des andains. Les animaux se réfugient en effet beaucoup dans les andains et il est aussi possible d’utiliser des techniques d’effarouchement comme, par exemple, des chaînes disposées sur une perche fixée sous le tracteur.

Enfin, je ne saurais terminer ce carnet sans évoquer un papier déjà paru dans TCS sur la protection des oiseaux nichant au sol et notamment les rapaces tels que les busards. Si vous repérez un nid, marquez le et prévenez la LPO de votre département : vidéo

Sur ce, passez une bonne fin de saison !