Cécile Waligora

  • Plantation d'une haie avec une planteuse forestière
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  • Détails du couvert d'été : sorgho, tournesol, radis chinois et colza
27
janvier
2012

Lutte contre les campagnols : Une chouette idée !

Crédit photo : Pablo Campano - Rodenator

On le sait aujourd’hui et nous nous permettrons d’insister dans un prochain dossier de TCS en 2012 : dans la lutte contre les campagnols, la prédation naturelle est primordiale. Si certaines actions curatives peuvent avoir un effet, elles n’auront qu’une action temporaire (mais parfois nécessaire). C’est pourquoi, une régulation naturelle est indispensable pour maintenir, durablement, un équilibre.

Dans cette régulation naturelle, on met souvent en avant le renard, les rapaces, les hérons même, voire les sangliers. Mais dans les rapaces, on pense plutôt à ceux que l’on voit, buses, faucons et autres busards. Il s’avère pourtant que ceux qui ont un impact encore plus important, ce sont les rapaces nocturnes, en d’autres termes, hiboux et chouettes.

Ces oiseaux sont territoriaux. Pour rester sur un secteur, ils doivent, outre les proies, trouver de quoi se poser et nicher. Or, dans les campagnes actuelles, il y a de moins en moins d’arbres creux et de granges propices à la nidification (peu de dérangement), tout comme il y a peu de perchoirs. C’est ainsi que si vous confectionnez des perchoirs (piquets à buses), ils pourront tout aussi bien être visités la nuit par des rapaces nocturnes, sans que vous vous en rendiez compte (pour savoir si un perchoir est utilisé par un rapace (diurne ou nocturne), il suffit d’observer la présence de « crottes » au pied du perchoir ; ce sont en fait des pelotes de réjection, caractéristiques des rapaces).

Mais vous pouvez faire plus, en ces temps de « bricolage hivernal »…un nichoir à chouettes ! Vous avez sans doute, dans votre vieille cave, des barriques vides. Coupez-en une en deux, installez une séparation qui pourra accueillir le nid et faites une ouverture en demi-cercle dans le tonneau, comme l’indiquent les photos (cette ouverture doit être près du support ou mur où sera fixé le nichoir). L’emplacement du nichoir doit être dans un endroit calme, sombre, à quelques mètres de hauteur et si possible, sans pouvoir être visité par des prédateurs, notamment les chats.

En allant surfer sur internet, vous trouverez encore mieux, si vous avez un peu de temps. Je suis notamment tombée sur ce site http://nichoirs.net où vous avez tous les nichoirs possibles et inimaginables ! Mais surtout, il y a (ce qui est important), les bonnes dimensions des ouvertures (différentes en fonction des espèces ciblées).


22
décembre
2011

Les busards, un oiseau rare si facile à protéger

Busard cendré mâle (crédit : A. Leroux)

« Le busard est un formidable voilier, volant inlassablement à faible altitude au dessus des champs. De face, il se caractérise des autres rapaces par une forme en V. Les mâles sont de couleur blanc-gris avec le bout des ailes noires et les femelles sont brunes avec une tâche caractéristique blanche au niveau du croupion. » A.Leroux

Parmi les rapaces qui fréquentent les milieux ouverts que sont les plaines agricoles, vous en connaissez forcément deux : la buse variable et le faucon crécerelle. Si la première est très souvent postée, immobile à guetter ses proies (des rongeurs presque essentiellement), le second, s’il se poste aussi, a aussi cette position caractéristique de vol sur place, en croix, à quelques mètres de hauteur. Mais il en est un troisième qu’il faut absolument connaître, d’une part parce qu’il a aussi un rôle important de prédation de rongeurs (jusqu’à 80 % de son alimentation) et d’autre part, parce qu’il est encore plus sensible aux actions humaines que les deux autres. Il s’agit du busard ou plutôt des busards car deux espèces nous intéressent en agriculture : le busard cendré et le busard Saint Martin.

Busard Saint Martin femelle (crédit : A. Leroux)

Ainsi, contrairement à la plupart des espèces de rapaces, les busards nichent à l’intérieur des parcelles, à même le sol. Et, malheureusement pour eux, la moisson arrive souvent alors que les oisillons sont encore cloués au nid (moissons de plus en plus précoces). Et c’est l’hécatombe. Mais il est tout à fait possible et facile de les protéger. Les femelles sont extrêmement fidèles à leur nid et on peut ainsi facilement repérer son emplacement. Les bénévoles de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) sont tous les ans à pied d’œuvre, entre mai et juillet, pour assurer ces observations et cette protection ; à conditions que l’exploitant soit coopératif…Un morceau de grillage autour du nid, laissant libre l’entrée par le haut pour la femelle, des sardines au pied pour protéger le nid de l’intrusion des renards, un fanion pour repérer l’emplacement et le tour est joué. Cela ne prend que quelques m² tout au plus. Même après moisson, la femelle retrouve son nid, s’il n’a pas été détruit ou recouvert de paille. A noter qu’un autre type de cage a été inventé en Haute-Marne, par le responsable local du suivi des busards. Celui-ci pose également du grillage sur le fond, ce qui permet de retirer carrément le nid lors du passage de la moissonneuse et de le replacer juste après.

L’espèce est rare, surtout le busard cendré. Alors n’hésitez pas à participer à sa protection (pour le moment, seulement le quart de la population arrive à être sauvé chaque année). Il vous suffit de contacter la LPO de votre département (site : http://busards.lpo.fr)

Dernière chose : si vous voulez attirer un couple de busards, c’est un peu comme pour les autres rapaces : ils adorent se poster sur des piquets. Les perchoirs (tous les 200 ou 300 m), doivent être de différentes hauteurs.


26
août
2011

On apprendra toujours de la Nature

Cette histoire m’a été gentiment transférée par Paysannature, l’un de nos fidèles correspondants et amis de TCS et d’Agriculture de Conservation…

Aidan Dwyer est un collégien new-yorkais de 13 ans. Lors d’une randonnée dans les forêts des montagnes de Catskill, aux Etats-Unis, il se surprend à observer attentivement comment sont disposés les branches et les feuilles d’un chêne. Sans aucun doute doué en sciences et notamment en mathématiques, il fait la constatation, comme d’autres chercheurs avant lui, que ces éléments de l’arbre sont disposés comme la célèbre suite mathématique de Fibonacci (dont un chiffre est la somme des deux précédents). Les naturalistes connaissent cette suite qui renvoie au chiffre d’or (1.618), aussi appelé « divine proportion », car partout présent chez Dame Nature…

L’arbre, en fait, dispose ainsi ses branches et son feuillage pour capter un maximum de lumière qui, au travers de l’activité photosynthétique, lui permet de produire l’énergie nécessaire à la fabrication de matière organique. Le jeune chercheur en herbe recréé alors un modèle synthétique de chêne et compare ses capacités d’absorption de la lumière aux classiques panneaux solaires des toitures. Il obtient alors une structure arborescente en 3D à l’aide de tubes PVC et de cellules solaires. Pour la comparaison, en parallèle, il construit un petit modèle de panneau solaire, monté, comme ses aînés, à 45 degrés.

Et là, les résultats sont époustouflants : son modèle d’arbre solaire s’est révélé être le plus efficace, avec une moyenne d’absorption des rayons plus longue de 2h30, soit un gain d’électricité de 20 % par jour ! La différence est la plus forte en hiver où l’arbre solaire, comparé aux panneaux classiques, offre un gain d’exposition et d’électricité de 50 % par jour. Le petit génie n’en reste pas là. D’après la source initiale, il étudierait d’autres modèles d’arbres pour améliorer son premier modèle. Très pragmatique cependant, il a aussi déposé un brevet, ce qui lui a permis d’obtenir, à l’âge où d’autres ruminent leur ennui en groupes d’adolescents désœuvrés, le prestigieux Young Naturalist Award 2011 de l’American Museum of Natural History.

Conclusion de cette histoire : observez la Nature, ne l’oubliez jamais. Elle est et sera toujours une source d’inspiration inépuisable !

Il n’est pas dans mes habitudes de faire paraître une photo sans être sûre du crédit de l’auteur et, surtout, sans autorisation. Mais là, quelque part, je n’avais pas trop le choix que de la repomper sur le site d’information, de manière à ce que vous puissiez vous rendre compte de cette invention.

www.scientigeek.com


24
août
2011

Les carabes ne sont pas seulement prédateurs de limaces…

Une récente publication scientifique, issue de la collaboration entre l’Inra et le BBSRC (Biotechnology and Biological Sciences Research Council) au Royaume-Uni, met en avant la famille des carabes comme régulateurs de…mauvaises herbes… Qui l’eu cru ? Les limaces oui, mais les adventices…Dans la très grande famille des carabes, il n’existe pas seulement des prédateurs de limaces mais aussi des carabes phytophages. Les deux équipes ont ainsi analysé les données de 257 parcelles agricoles implantées en maïs, betterave, colza d’hiver ou de printemps. Ces parcelles étaient réparties sur l’ensemble du territoire britannique. L’idée de l’étude était de comprendre le lien existant entre le stock semencier d’adventices évoluant d’une année sur l’autre et les populations de carabes. L’analyse de ces données affirment que plus il y a de graines présentes en surface du sol (c’est-à-dire juste après être tombées des plantes), plus il y a de carabes dans la parcelle. Ainsi, les chercheurs en conclu que ces carabes sont d’indéniables auxiliaires également à ce niveau-là, en prélevant une part non négligeable de graines d’adventices présentes à la surface du sol. Ces graines « prédatées » ne germeront pas. Par ailleurs, l’étude explique que ce phénomène de régulation naturelle est d’autant plus présent que nous sommes dans une situation de non labour et que l’apport de pesticides sur les parcelles est modéré. Les équipes de chercheurs insistent également sur l’importance de préserver ou de réimplanter les biotopes de bords de champs, propices au maintien de populations de carabes sur place. On n’a pas fini de découvrir les innombrables facettes naturelles des agro-écosystèmes. Louons ce genre d’études car comprendre les interactions entre les différents acteurs évoluant au sein de nos parcelles agricoles, ne peut qu’aider à mieux les préserver et les entretenir.


21
décembre
2010

Bientôt les trophées de l’AC ?

Colza associé à un sarrasin (F. Thomas)

Il y a quelques jours, j’ai reçu de la part d’un SDiste meusien, fidèle lecteur des supports « TCS » et participant assidu aux réunions du genre, un message qui m’a donné à réflexion. J’imagine qu’il se reconnaîtra et qu’il ne m’en voudra pas de poursuivre cette communication.
Cet agriculteur a été sollicité par sa banque (au courant de sa démarche agronomique quelque peu différente…) pour participer à un concours organisé par le ministère de l’agriculture et dont cette banque est partenaire : « les trophées de l’agriculture durable ». Les dossiers sont d’abord examinés au niveau régional puis les sélectionnés le sont au niveau national.
Certains se diraient : « encore de la paperasserie et pour quoi ? », « comment ma démarche va-t-elle réellement être retranscrite par des « bureaucrates non initiés ? » Ce n’est pas ce que s’est dit notre interlocuteur. Il a joué le jeu en se disant : « pourquoi pas ? C’est une bonne occasion de parler d’agriculture de conservation auprès de nos dirigeants. » Et je pense que sa démarche a été la bonne. Cette demande révèle une chose : l’AC fait son chemin et perce dans la frange des acteurs agricoles non avertis (mais devant l’être !!!) Si notre agriculteur n’a pas été choisi pour passer à l’examen national, il a été au coude à coude avec le sélectionné régional, que nous pouvons citer puisqu’il le sera dans la presse : Philippe Mouraux. Et ce sélectionné est un autre adepte de… l’agriculture de conservation ! Sans lien aucun, il a d’ailleurs été l’objet d’un reportage à paraître dans TCS n°60…Que demander de mieux car la victoire revient bien à deux démarches d’AC ? Que ce soit par ces trophées ou un autre concours, c’est un moyen comme un autre de reconnaissance d’une pratique. Les éleveurs le savent bien : les concours, c’est fait pour çà ! Alors ceux qui en ont l’envie (ce n’est pas toujours agréable), n’hésitez pas ! Parfois, la qualité et le contenu des dossiers peuvent être reconnus, au-delà des « relations »…


27
septembre
2010

L’eau devient réellement un business

Source : Wikimedia Commons (C. Staecker)

Il y a encore quelques petites décennies c’est-à-dire « rien » dans l’échelle des âges de la planète terre, personne n’aurait imaginé qu’un jour, l’eau ferait l’objet d’un marché mondial au même titre que le blé, le pétrole ou l’acier. C’est pourtant une réalité aujourd’hui.

Face au déficit en eau de certaines régions du monde, le convoyage d’eau douce sur de très grandes distances est en train de se mettre en place. Une société américaine travaille aujourd’hui à véhiculer, d’ici quelques mois, de très grandes quantités d’eau douce vers l’Inde (bateaux-citerne). Cette eau, potable, sera à destination industrielle et alimentaire.

Le futur exploitant, S2C Global Systems Inc., indique que le port de réception de l’eau, situé sur la côté ouest de l’Inde, servira aussi d’étape avant que la marchandise n’aille vers d’autres pays déficitaires comme l’Irak. Ce seront ainsi 2 millions de m3 d’eau qui pourraient être convoyés annuellement vers l’Inde ; ce volume représentant un minimum puisque l’entreprise annonce que le potentiel de captage de l’eau, en Alaska, avoisine les 45 millions de m3 annuels. Dans ce cadre, « business is business », S2C compte déjà installer deux autres plateformes d’approvisionnement d’eau potable, l’une située dans les Caraïbes et l’autre probablement sur la côte Est de la Chine. Pour autant, tous les pays ne pensent pas la même chose. Ainsi, le Canada est contre cette idée et envisage d’interdire ce type d’exportation. D’autres sont plutôt pour, à l’instar du Groenland, de l’Islande ou de la Nouvelle-Zélande.

Mais sachez qu’une opération du même acabit s’est effectuée il y a deux ans, beaucoup plus près de chez nous. Au printemps 2008, le déficit en eau potable de la région de Barcelone, en Espagne, avait été provisoirement comblé par de l’eau en provenance des ports de Marseille et de Tarragone (Espagne). Ce que l’on voit aussi c’est que seuls certains pays, certes déficitaires en eau mais pas en argent, pourront (ou voudront) s’acheter cette nouvelle marchandise ; pas d’autres…