Nitrate : peu de progrès en matière de réduction de la pollution des eaux de l’Union Européenne

Peu de progrès ont été accomplis ces dix dernières années en matière de réduction de la pollution des eaux de l’Union Européenne par le nitrate. C’est le dur constat du dernier rapport sur la mise en œuvre de la directive nitrate publié le 11 octobre 2021.

Ce rapport de 15 pages dit en substance ceci.

La mise en œuvre et le respect de la directive sur les nitrates ont permis de réduire les pertes de nutriments provenant de l’agriculture au cours des trente dernières années. Des éléments probants permettent de conclure que, sans la directive, les niveaux de pollution de l’eau dans l’Union seraient considérablement plus élevés.
Les données relatives à la concentration en nitrates à l’échelle de l’Union montrent que la qualité des eaux souterraines s’est améliorée depuis l’adoption de la directive ; toutefois, l’amélioration se poursuit très lentement depuis 2012. Cela peut être interprété comme indiquant que les fruits mûrs ont déjà été cueillis et que des mesures plus ambitieuses sont maintenant nécessaires pour améliorer cette tendance positive.
Malgré les efforts considérables de la plupart des États membres et agriculteurs, qui ont respectivement conçu et appliqué des mesures visant à réduire les pertes de nitrates dans les eaux, les données relatives à la qualité de l’eau montrent que le niveau de mise en œuvre et d’application n’est toujours pas suffisant pour atteindre les objectifs de la directive, 30 ans après son adoption et malgré certains progrès.

À l’échelle mondiale, le surplus d’azote et de phosphore dans l’environnement dépasse déjà les limites planétaires sûres, représentant une grave menace pour la nature ainsi que pour le climat. L’Europe participe considérablement à cette forme de pollution.

Il est vrai que les nutriments comme l’azote et le phosphore sont des éléments essentiels pour les plantes. Ils sont utilisés comme fertilisants dans l’agriculture, afin de garantir de meilleurs rendements et des produits de qualité. Toutefois, la demande croissante en matière de production de denrées alimentaires a entraîné une production et une utilisation accrues de fertilisants associés à de considérables inefficiences, conduisant à la pollution de l’eau, de l’air et des sols, se répercutant sur la santé humaine et l’environnement.

(...)

En anglais une des conclusions du rapport est :
This can be interpreted as the low hanging fruits having been already collected and now more far reaching measures being needed to improve the positive trend.

Dans la version française du rapport, c’est traduit par :
Cela peut être interprété comme indiquant que les fruits mûrs ont déjà été cueillis et que des mesures plus ambitieuses sont maintenant nécessaires pour améliorer cette tendance positive.

 ;-) Cette expression française n’existe pas : "les fruits mûrs ont déjà été cueillis". Mais ce qui est sûr c’est que cela veut dire que le plus facile a été fait, et que le plus compliqué reste à faire ...

Bref

Rome ne s’est pas faite en 30 ans (encore une qui invente des expressions).
Ce serait bien que la commission européenne lise la revue TCS et particulièrement le dernier numéro (118) et son article sur la circulation de l’azote dans les systèmes agricoles. Car ce qui maintiendra l’azote dans le sol, c’est avant tout un système cultural, bien avant des dates et des doses.
Si elle ne devait retenir que deux conseils de la part des ACistes en vue de maintenir (et même d’augmenter) l’azote dans le sol sans fuites :
- diminuer le travail du sol ;
- augmenter la continuité culturale.