Contributions

  • Pieds d'érables dans une parcelle cultivée
  • Yannick Bestaven dans La France Agricole
  • Parcelle d'essai de CIVEs
  • Plot à alouettes
28
mai
2014

Des vers de terre pour quoi faire ?

JPEG - 145.8 koLe lien entre la qualité des sols et l’abondance des vers de terre est maintenant bien établi. Les effets positifs http://agriculture-de-conservation.com/L-importance-de-la-biodiversite-du.html de leurs activités commencent à être connus : décomposition et enfouissement des matières végétales, création de porosité permettant à l’eau de s’infiltrer dans le sol et aux racines de trouver un chemin préférentiel, participation à l’élaboration des agrégats, stimulation de la vie microbiologique des sols… L’intérêt de les favoriser par des pratiques adaptées n’est plus à démontrer et cette idée fait son chemin, particulièrement chez ceux qui se préoccupent d’agriculture de conservation. A juste titre on cherche à favoriser le nombre et la biomasse des vers de terre. On peut cependant pousser plus loin que cette simple question de quantité et se demander quels vers on chercher à avoir et pour quoi faire.

Des vers pour quoi faire ? On parle d’abondance de lombrics mais finalement, ce qui nous intéresse pour la qualité des sols, ce n’est pas tant la quantité de vers présents que l’intensité de leurs activités. Autrement dit, mieux vaut un petit dynamique que trois gros paresseux… Denis Piron, dans sa thèse de doctorat, et Guénola Pérès [1], dans un article paru en 2010, ont montré qu’il n’y avait pas forcément de corrélation entre les deux : plus de vers ne veut pas forcément dire plus d’activité. Par exemple, un apport de fumier a tendance à favoriser l’abondance des vers mais à inhiber leur activité. C’est somme toute assez logique : apporter une nourriture abondante favorise la reproduction des lombrics, mais cette même grande quantité de nourriture déposée juste « sous leur nez » ne les incite pas à se déplacer. Ainsi, si on voulait favoriser au maximum l’activité des lombrics, il faudrait alterner les apports de végétaux ou de fumiers avec des périodes où le sol serait laissé nu ou quasi… facile à dire, pas à faire, et pas forcément souhaitable non plus au regard des autres critères agronomiques. En revanche, on peut en conclure que si un sol devait rester pendant une courte période avec une couverture minimale, ce ne serait pas une catastrophe du point de vue de l’activité des vers de terre : obligés d’aller chercher leur nourriture un peu plus loin, ils seraient plus actifs.

Quant à la nature des vers de terre, Marcel Bouché a défini trois grandes familles. Les épigés, qui vivent dans la litière ou dans les premiers centimètres du sol, décomposent les végétaux et s’en nourrissent. Les anéciques se déplacent verticalement dans le sol : ils creusent des galeries pouvant descendre à trois mètres de profondeur et mélangent la matière organique à la matière minérale. Les endogés, qui vivent dans le sol et se nourrissent de matière organique partiellement dégradée, participent à la création de la structure grumeleuse. Les activités de ces trois grandes familles sont complémentaires. Les endogés se nourrissent des débris végétaux fragmentés par les épigés, les anéciques creusent des grosses galeries verticales pérennes qui permettent à l’eau de s’infiltrer tandis que les épigés créent une sorte d’« éponge » dans laquelle elle est stockée, etc. Par conséquent, plus qu’une famille ou une autre, c’est la diversité des vers de terre qu’il faut encourager.

La présence ou l’absence d’épigés est déterminante dans la décomposition des végétaux. Hélas, ceux-ci sont également les plus fragiles. Parce qu’ils vivent en surface, ils sont plus sensibles aux événements météorologiques mais aussi aux interventions de l’homme sur la parcelle. Le labour, notamment, leur est très défavorable car il enfouit les résidus dont ils se nourrissent, ainsi que les vers eux-mêmes. Il n’est pas rare que des prélèvements dans une parcelle labourée ne comportent aucun épigé. Il en va de même pour les anéciques juvéniles, également importants, mais fragiles. En revanche, les endogés qui se réfugient volontiers sous le fond de labour craignent moins le passage de la charrue et ne seront pénalisés qu’indirectement, par l’absence ou la trop faible abondance des vers des deux autres familles. L’objectif de favoriser la diversité des vers de terre conduit immanquablement à envisager une réduction du travail du sol, surtout au printemps et à l’automne (période d’activité maximale des lombrics) et un arrêt de toutes les techniques avec retournement, qui pénalisent fortement les épigés et les anéciques. Voilà qui plaide pleinement pour l’agriculture de conservation.


25
mai
2014

Ce que labourer veut dire

JPEG - 203.7 koBeaucoup de facteurs se conjuguent pour faire obstacle à une large mise en place des TCS. Il y a bien sûr la résistance au changement. Il y a la peur : peur des difficultés techniques, réelles ou fantasmées, peur de ne pas savoir faire, peur des conséquences économiques en cas d’échec. Il est vrai qu’un tel bouleversement de ses pratiques ne se décide pas à la légère. Mais au-delà des appréhensions légitimes, il me semble qu’il existe des freins plus profonds. Certes, aux tout débuts, le labour servait avant tout à supprimer les adventices et, éventuellement, à ameublir le sol avant le semis. Mais il s’est chargé de valeurs supplémentaires, symboliques, dont on aurait tort de négliger la portée.

Le mot « labour » est issu du latin labor qui signifie « travail ». Labourer et travailler étaient donc dès les débuts de notre langue des synonymes, ce qui montre la forte implication du labour dans les opérations culturales mais aussi son importance dans la culture collective. Le Duc de Sully (1560-1641) a dit : « Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée ». Dans cette parole restée célèbre, le mot « labourage » désigne à lui seul la totalité du travail dévolu aux cultures. C’est ainsi qu’au cours de l’histoire, le labour reste le symbole du travail de l’homme dans le champ. Que signifie alors cesser de labourer ? Envisager de ne plus « travailler » la terre peut être difficile, surtout pour ceux chez qui la fameuse « valeur travail » est profondément ancrée dans une culture séculaire. Est-ce un acte de renoncement ? De la paresse ? Un abandon ? Même si l’on sait bien que l’agriculture de conservation ne signifie pas qu’on ne fait rien, ne plus pratiquer ce geste vieux comme l’agriculture peut être vécu –négativement- de cette manière.

Le labour est chargé de fonctions sociales et symboliques parce que l’intervention humaine est intrinsèquement fondatrice de l’agriculture : lorsque l’Homme a cessé de simplement cueillir sa nourriture et qu’il a cherché à agir sur le cours des choses -en préparant le sol, en semant des graines- il est devenu agriculteur. Au-delà, si l’on considère l’opposition traditionnelle entre nature et culture, le labour permet de« cultiver » la terre, ce qui est une manière de la soustraire à la seule volonté de la nature pour la soumettre à celle de l’Homme. En d’autres termes, c’est se donner la sensation (certains diraient l’illusion) de maitriser les processus par lesquels les travaux de culture vont permettre une récolte, un rendement, un revenu. Dans cette perspective, cesser de labourer implique, au moins symboliquement, de renoncer à cette impression de tout contrôler et d’accepter de laisser un peu plus faire la nature : par exemple, compter sur les vers de terre pour avoir une porosité suffisante au lieu d’utiliser la charrue. Un lâcher-prise pas toujours facile à mettre en œuvre.

Il y a par ailleurs une forte analogie entre le labour et l’écriture. Ce lien « civilisationnel » entre ces deux gestes est attesté par des historiens comme Leroi-Gourhan [2] ou Mandel : entre l’araire qui trace des sillons dans le champ et le morceau de roseau taillé qui trace des signes dans les tablettes d’argiles des scribes anciens, il y aurait au minimum une identité de geste et d’intention. En témoigne le fait qu’il n’existe d’écriture linéaire que chez des peuples d’agriculteurs. Or, écrire ne sert pas qu’à noter des idées. C’est aussi un moyen de laisser une trace de son passage et, les linguistes l’ont montré, de s’approprier l’objet sur lequel on écrit, au moins symboliquement. (Qui n’a jamais gravé deux initiales sur un arbre et pensé ensuite avec nostalgie « notre arbre » ?) De la même manière, labourer –une opération culturale très visible- est aussi une manière de marquer le sol de son empreinte, d’en prendre possession, beaucoup plus spectaculairement qu’en signant un bail ou un acte de vente. Une manière de dire « ce champ est à moi puisque je le laboure ». Là encore, renoncer à cette valeur du labour peut être difficile.

Enfin, le labour a une fonction visuelle : après le passage de la charrue, le champ est « lisse », il est « propre ». Et c’est un fait que lorsqu’il est question d’adventices, on évoque souvent le « salissement », on dit qu’une parcelle est « sale »... On a peut-être tort d’utiliser de la sorte un vocabulaire en rapport avec le propre et le sale. Il est une incitation à labourer : si on considère que la parcelle est sale, il devient indispensable de la rendre propre, de faire place nette… J’ai bien des fois entendu cette référence dans des phrases du type « Le semis direct, je ne pourrais pas, je veux que ma parcelle soit propre ».

Toutes ces valeurs du labour peuvent être qualifiées de marginales en regard des valeurs techniques. Néanmoins, il me semble important de les prendre en compte, notamment si on souhaite lever les freins aux changements d’habitudes. Précisons que ces freins peuvent concerner l’agriculteur lui-même (la manière dont il considère ses pratiques) mais aussi l’idée qu’il se fait de la manière dont autrui va les considérer. Le souci du qu’en dira-t-on a autant d’importance que ses représentations personnelles.


18
décembre
2013

Le sol est l’estomac des plantes (Aristote)

JPEG - 153.1 koLa grande omission du « développement » agricole des 50 dernières années est certainement le CARBONE. Cela est en partie dû au fait que la recherche c’est focalisé uniquement sur la plante, et que cette dernière n’a pas besoin d’apports d’énergie puisqu’elle la puisse gratuitement du soleil et la transforme en carbone grâce à la photosynthèse.

Pourtant dès l’antiquité, des hommes avaient compris le rôle primordial que joue le carbone dans le sol. En schématisant, le carbone est l’énergie ou la nourriture de la faune et de la flore du sol. Et comme pour l’humain, plus l’alimentation est riche et variée, plus il a de chance d’être en bonne santé, pour le sol c’est exactement la même chose, plus la diversité des sources de carbones est grande plus il sera en bonne santé ce qui se traduits par une productivité naturelle plus élevée et des plantes plus saines. Quand on parle de carbone ou de matière organique on pense de suite aux résidus de cultures ou aux apports exogènes de type fumier, lisier ou compost.

Mais il y a une source de carbone absolument indispensable à un bon fonctionnement du sol, c’est le carbone que sécrète les racines pour alimenter la vie bactérienne du sol, ce sont les exsudats racinaires qui représentent en fonction des différents types de plantes en moyenne 20 à 30% de l’énergie totale générée par la photosynthèse. Pour un maïs par exemple, le volume des exsudats racinaires peut atteindre sur la durée du cycle de végétation plus de 1000 m3/ha ce qui est impressionnant. Et contrairement aux idées reçues, l’énergie stockée dans la graine sous forme d’amidon et qui se transforme lors de la germination ne sert pas à nourrir la future plantule, mais est en grande partie libérée par le germe pour stimuler la vie bactérienne autour de ce dernier et déclencher le mécanisme très complexe de son alimentation et de sa croissance. (cf. vidéo ci jointe).

La rhizosphère qui en résultera sera une zone dans laquelle l’activité biologique sera extrêmement intense, jusqu’à mille fois supérieure dans les premiers millimètres autour des radicelles que dans le sol sans racine. La plupart des plantes vont également créer des liens symbiotiques avec des champignons appelés mycorhizes. La racine va nourrir le champignon en sucre et le champignon va prolonger la toile pour explorer le sol et fournir différents éléments à la plante et notamment le phosphore. Les mycorhizes vont également fabriquer la Glomaline (qui est une combinaison de sucre et de protéines) qui va servir de « colle » pour générer des agrégats résistants à l’eau. Frantz Sekera agronome Allemand du début du 20 siècle appelait cela « Lebendferbaung » c’est-à-dire « construction par la vie ». Comprendre ce principe de base de la « Nutrition carbonée » par les racines permet de saisir l’importance stratégique des couverts végétaux multi espèces et des cultures associées.


9
décembre
2013

Le « Marketing Thinking » et l’Agriculture de Conservation

JPEG - 193.4 koLe « pensé marketing » est devenu une science qui ne laisse rien au hasard. Et c’est peut-être mon passage dans une grande entreprise commerciale qui m’a rendu attentif à cet aspect qui a pris une importance stratégique pour tout produit avant sa mise en marché.

- Le premier aspect et de loin le plus important c’est le verdict de l’œil « le look »
- Le deuxième argument de vente c’est « la facilité » ou l’aptitude à proposer une solution en face d’un problème.
- Le troisième c’est la « sécurité », vous ne prenez aucun risque.

Mais quel lien y a-t-il entre cela et l’agriculture de conservation et bio de surcroit. C’est tout simplement que la démarche est « anti-marketing », je parle bien entendu de l’aspect production. Aux Etats-Unis l’AC est appelé » Dirty-Farming » ou « l’agriculture sâle ». Notre conditionnement a aseptisé nos champs de toutes plantes non « exploitables » et à avoir des parcelles propres est un frein culturel de très grande importance. La première fois que j’ai semé une culture, dans un couvert vivant j’ai deux collègues qui en l’espace de quelques heures se sont arrêtés au bord de la parcelle pour me questionner sur mon travail. Quelques mois plus tard le premier m’a avoué qu’il n’aurait jamais cru que mon maïs allait donner quelque chose, et le deuxième que si c’est cela l’agriculture de demain il renoncera à être agriculteur. Ce frein évident lié à l’aspect visuel est le premier frein au développement de l’Agriculture de Conservation. Le deuxième frein et non le moindre est « tu te compliques la vie » argument absolument anti-marketing. Et le terme TCS qui veut dire « techniques culturales simplifiées » est un abus de langage car cela complexifie les pratiques agricoles. On sort d’une logique de recette simple, labour ; préparation du sol ; semis ; pour une gestion minimale et appropriée du travail du sol en fonction de critères divers et variés comme la météo, le type de sol, la rotation, si travail du sol il y a. Le fait de sortir de la monoculture pour une rotation appropriée est souvent perçue comme une contrainte et de surcroit antiéconomique au premier abord. Le troisième critère, c’est l’apprentissage de l’évaluation du risque et de sa gestion. Nos conseillers et fournisseurs nous submergent depuis plus d’un demi-siècle de solutions commerciales pour réduire le risque voir le supprimer. Cela va des protections des semences systématiques contre une multitude d’hypothétiques ravageurs comme des désherbages systématiques ou des traitements des cultures contre les maladies ou éventuels ravageurs. Par cette démarche nous nous plaçons dans la plus part des situations en dehors des solutions que peut nous offrir gratuitement la nature. L’exemple le plus pédagogique est le semis direct de colza associé à d’autres plantes qui évitent dans la plus part des cas le désherbage et la lutte contre les insectes. Mais il n’y a pas de garantie que cela fonctionne tout le temps ou à 100%. Il faut donc envisager un éventuel plan B. Nous ne sommes plus habitués à prendre un risque, que certes il faut évaluer, et le gérer en fonction de l’évolution de la culture suivant les aléas climatiques de l’année.

En résumé je me rends compte que le premier frein à l’évolution vers l’agriculture de conservation est humain. Il y a une partie qui est intrinsèque à notre comportement qui est le besoin de certitudes et de sécurité, et une partie liée à notre éducation et à notre époque qui est surtout liée au visuel et à la facilité.


3
septembre
2013

Réflexion sur la conservation des sols

Je ne sais pas de quelle année est le modèle de la camionnette, mais vu le parc automobile actuel, il y a bien quelques dizaines d’années que celle-ci a fait ses premiers tours de roues. Et par la même on peut en déduire que la conservation des sols est au cœur des préoccupations de ce centre de recherche du Nord Dakota. Il faut évidemment se souvenir des conséquences désastreuses du Dust Bowl des années 30, pour mesurer le traumatisme provoqué par cet évènement, et comprendre que tous les moyens aient été mis en œuvre pour que ce phénomène ne se reproduise pas.

Je me demande bien où nous en sommes, en France, dans notre rapport au sol. Au pays des journées du patrimoine, où d’importants moyens sont mis en œuvre pour sauvegarder et mettre en valeur notre patrimoine, qu’il soit architectural ou cultural, signe d’une histoire riche et d’un savoir-faire ancestral ; où en sommes nous vis-à-vis de notre terre nourricière ? A-t-on conscience de la valeur de celle que foulons tous les jours ? Après l’hiver et le printemps que nous avons connu, les nombreuses coulées de boues et autres signes d’érosion me laissent à penser que non. A quand, au sein de nos structures techniques ou de recherche, un département spécialisé dans la préservation, la sauvegarde et la régénération de nos sols ? Quel évènement extraordinaire faudra-t-il attendre pour que la prise de conscience collective ait lieu ?

Heureusement que des agriculteurs, de plus en plus nombreux, ont pris les devants et mettent en œuvre dans leurs fermes différents moyens pour redonner la force à leurs sols de résister aux aléas climatiques, même les plus exceptionnels. Et j’espère qu’un jour, le troisième week-end de septembre, les curieux viendront visiter les fermes de ceux qui ont redonné des couleurs à leur patrimoine sol, avec le même enthousiasme, le même plaisir, et la même curiosité que lorsqu’ils se rendent dans des châteaux ou des musées.


12
août
2010

La question des matières exogènes dans la pratique de l’agriculture écologiquement intensive (AEI)

Diversifier et positionner nos productions animales dans la zone 0-1 mètre de nos agrosystèmes

La question des matières exogènes d’élevage renvoie à leur nature (fumier, lisier, fientes), donc aux systèmes d’élevage d’où découlent ces matières : hors-sol, béton, paille, plein air. Enfin, ces systèmes d’élevage renvoient aux filières de commercialisation qui ont développés ces systèmes. C’est donc bien plus qu’une question technique en mon sens. La question du terme a employer en parlant des fumiers et lisiers est peut-être centrale : s’agît-il d’effluents d’élevage (point de vue de l’administration), s’agît-il de pollution (point de vue des écologistes), s’agît-il d’amendement (point de vue de mon grand-père) ou encore s’agît-il d’un coût évitable (mon point de vue) ?

Chacun a appris au fur et à mesure de toutes ces années de littérature TCS que la vie stimule la vie, et que tout coût de production est susceptible de cacher un gaspillage et donc une économie potentielle. Je pense qu’il est temps de sortir nos animaux de ces bâtiments qui nous coûtent en temps, en argent et donc en compétitivité, sans oublier l’image négative des bâtiments d’élevage auprès de la société. Les agriculteurs qui par exemple conduisent un troupeau d’oie dans un couvert végétale sont sur la bonne voie, l’idée est là ! Les limaces ne vont pas apprécier !! La vache, le mouton, le cochon, la poule, le poulet, la dinde et le lapin sont des engins qui sélectionnent, coupent, broient, digèrent et épandent la matière végétale puis fécale de manière autonome et gratuitement, un peu comme les vers de terre le font dans la zone 0-1m.

Bien-sûr, lorsque les bâtiments d’élevage sont déjà en place, la question est différente, il faut trouver la solution la « moins pire » pour le sol quand à la gestion des matières exogènes. Cependant, je pense là aux jeunes qui veulent s’installer en céréaliculture ou toutes autres productions, je pense qu’il faut bien réfléchir le projet. Dubitatif au départ comme beaucoup sur les marchés courts, je regarde les choses différemment aujourd’hui : je pense que l’ordre des choses vis-à-vis du sol était d’arrêter de le travailler. La même logique s’applique peut-être à nos animaux d’élevage, leur place est peut-être dans nos champs et nos bois embroussaillés (Sud de la France), et ce d’une manière réfléchie, mesurée, organisée, au service du sol ? Le circuit court permettrait à ce moment là de pleinement valoriser les produits animaux aux consommateurs avoisinants, à un prix défiant le rouleau compresseur des GMS (grandes et moyennes surfaces) et avec en plus une empreinte carbone absolument imbattable. Je pense que les agriculteurs sont les futurs commerçants de produits agroalimentaires locaux, vous savez ces magasins de proximité que l’on ne trouve plus dans les villages !! En ce sens, ils auront, j’en suis certain, un rôle prépondérant dans la revivification socio-économique de nos tristes campagnes.

Je m’écarte quelque peu du sujet. Ce que je cherche à dire, c’est que demain, ce sera à celui qui vendra le moins cher, circuit court ou pas. En ce sens, notre système d’élevage actuel en bâtiment n’est je crois pas compatible avec l’esprit de l’AEI car ce concept implique le management de la vie végétale et animale à l’échelle d’un territoire donné. Il faut voir nos animaux comme des outils et nos voisins comme de potentiels clients. A l’agriculteur d’une fois encore tronquer ses bottes pour son intelligence de manageur, au service de son compte en banque, de sa terre et de son image.