Contributions

  • Pieds d'érables dans une parcelle cultivée
  • Yannick Bestaven dans La France Agricole
  • Parcelle d'essai de CIVEs
  • Plot à alouettes
23
novembre
2015

AGROboutique.com Ressources gratuites et payantes sur l’agroécologie

JPEG - 485.9 koDepuis quelques années, les informations sur l’agriculture « non-conventionnelle » se multiplient. D’Internet à la presse papier en passant par la radio et la télévision, on parle « d’agroécologie ». Mais qu’est ce que l’agroécologie ? Qui la pratique ? Comment ? Pourquoi ? Quels sont ses liens avec l’agriculture conventionnelle et l’agriculture de conservation ? C’est dans ce contexte de questionnements face aux changements en cours dans le domaine de l’agriculture, que la société coopérative et participative AGROOF, spécialisée en agroforesterie, met en ligne un nouveau portail de ressources consacrées à l’information sur ces pratiques : www.agroboutique.com.

Qu’est ce que l’AGROboutique ?

L’AGROboutique est un site internet mettant à disposition des internautes un ensemble de ressources gratuites et payantes sur l’agroécologie. Ce site est né d’une réflexion menée depuis plusieurs années par les membres du réseau BASE (acteurs du développement de l’agriculture de conservation en France) et par ceux du réseau AGROFORESTERIE : l’idée selon laquelle le changement à l’œuvre dans nos pratiques agricoles s’invente dans une combinaisons intelligente d’initiatives, d’observations et de pratiques, des uns et des autres, et non dans l’adoption d’une nouvelle « technique », d’un nouveau « vocabulaire » ou d’un nouveau « savoir » soutenu par une ou plusieurs structures. Mais comment accompagner ce mouvement ? Notre réponse a été de chercher à accueillir ces initiatives en relayant de l’information, des connaissances et des savoir-faire pour en faire des outils à la fois de réflexion et de mise en œuvre.

Comment faire de ces connaissances, des outils pour la profession agricole ?

En permettant aux acteurs du monde agricole d’avoir un accès facile à un ensemble de ressource tout en leur donnant les moyens de prendre du recul par rapport à celles-ci : en communiquant les sources de l’information, en communiquant le contexte de la production de cette information et en privilégiant le contenu au contenant .

Et concrètement, on fait comment ?

Et bien concrètement, plusieurs possibilités s’offrent à nous. Tout d’abord, multiplier les formats de diffusion de manière à pouvoir utiliser le bon format pour le bon public (agriculteurs, enseignants, étudiants, collectivités, etc.). Valoriser les échanges à travers un système de « crédits » permettant d’échanger des vidéos contre des réductions sur certains articles, et utiliser autant que possible les licences creatives commons*. Enfin, renseigner l’internaute sur ce qu’il voit et ce qu’il lit : qui est l’auteur ? Quelle est la structure ? L’information est produite dans quel contexte ? avec quels financements ? Etc.

* : Creative Commons (CC) est une organisation à but non lucratif dont le but est de proposer une solution alternative légale aux personnes souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standards de leurs pays, jugés trop restrictifs.

En quoi ces informations sont-elles importantes ?

Car ce sont bien les sources de l’information et le contexte de sa production qui permettent le recul, l’objectivité, l’appropriation et l’utilisation qui s’en suivent. Sans quoi, qu’en est-il de ses possibilités de mise en œuvre ?

L’interface du site est quelque peu inhabituelle pour un site de vente en ligne...

Effectivement. Elle est le reflet du parti pris de s’intéresser plus au contenu qu’au contenant. C’est pourquoi, en arrivant sur le site, on trouve d’abord les thématiques sans que la nature du produit soit visiblement mise en avant . Les sources d’informations sont présentées sur le même pied d’égalité et le format et les visuels du produit n’apparaissent qu’en cliquant dessus. C’est une manière de ne pas happer l’internaute dans un format ou un visuel, et de lui donner la possibilité de découvrir d’autres informations tout en restant focalisé sur l’objet de sa recherche.

Cela reste un peu dérangeant tout de même …

Peut-être. Mais dans l’AGROboutique, un auteur qui n’aurait pas les moyens d’un bon support de promotion a tout autant de chance d’être lu que celui qui y mettra les moyens. Pourquoi ? Car c’est le contenu qui intéresse avant tout nos internautes.
Ensuite, le site est bâti sur un moteur de recherche qui permet, soit par mots-clés, soit par une sélection parmi des filtres pré-définis, de trouver ce que l’on cherche.

Concernant le contenu justement que peut-on y trouver ?

Pour le moment, nous diffusons 23 articles gratuits et payants de différents formats. Ils sont issus d’auteurs indépendants, de structures publiques et/ou privées ou de projets de recherche & développement, sur des thématiques allant de l’agriculture biologique à l’agroforesterie, en passant par l’agriculture de conservation. A terme, nous souhaitons élargir les ressources à de nouveaux auteurs.


14
septembre
2015

Nono Pereira nous a quittés...

JPEG - 66.8 koManoel Henrique Pereira dit Nonô, fils d’agronome et un des pères fondateurs du Semis Direct au Brésil, a tiré sa révérence à l’age de 76 ans des suites d’une longue maladie. Il fût président et co-fondateur avec Herbert Arnold Bartz et Franke Dijkstra de la fondation FEBRAPDP (Fédération Brésilienne de Semis Direct et irrigation). De nombreuses institutions Brésiliennes lui ont rendues un fervent hommage à celui qui a révolutionné l’agriculture brésilienne.

Nous perdons un grand ami, un mentor, un compagnon.

Parmi ceux qui ont eux la chance de rencontré Nonô ici ou là, lors d’une de ces nombreuses conférences ou chez lui à la Fazenda Agripastos, il nous aura marqué de part sa gentillesse, sa grande humilité et sa grande passion pour le partage du Semis-Direct.

Soit tranquille l’ami, nous continuerons sur le même chemin. Adeus Amigo, um grande abraço descanse em paz.

http://febrapdp.org.br/noticias/196/1/uepg-registra-homenagem-ao-pioneiro-do-plantio-direto

http://portal.uepg.br/noticias.php?id=8161


11
septembre
2015

Jardiner bio ne veut pas dire payer plein pot !

JPEG - 322.5 koUne idée reçue revient souvent lorsque l’on parle de jardinage bio : cela prend du temps et peu coûter de l’argent. Pourtant, il n’en est rien. Personnellement, je passe autant de temps dans mon potager bio aujourd’hui qu’il y a une quinzaine d’année lorsque j’utilisais divers produits inutiles.

Profiter des déchets

Il s’agit de mieux comprendre le fonctionnement de son potager pour produire de la qualité. Un potager n’a aucunement besoin d’engrais chimique pour croitre correctement. Il lui suffit simplement d’obtenir des minéraux. Pour cela, pas besoin de vous diriger vers un hypermarché. Votre poubelle sera votre meilleur allié. Difficile à croire n’est-ce pas ? Pourtant, cette dernière est susceptible de contenir une multitude d’éléments pouvant satisfaire les besoins de votre potager. Tout d’abord, vous pouvez penser à faire de vos déchets organiques un compost. Epluchures de carottes, trognons de pomme et autres résidus organiques pourront être transformés en engrais grâce à la mise en place d’un bac à compost. Veillez à ce que vos déchets soient issus de produits bio, dans le cas contraire certains peuvent nuire aux insectes et vers qui permettront d’améliorer la décomposition de vos déchets.

Jardiner mieux

Ensuite, les français grands amateurs de café peuvent lire dans le marc de café « engrais pour mon jardin ». Plus sérieusement, le marc de café favorise le développement des jeunes pousses. Une fois bien plantées, les jeunes pousses profitent d’une terre fertile grâce au marc de café. De plus, le marc de café est un bon répulsif contre certains nuisibles. Pour finir, il faut bien comprendre que lorsque l’on souhaite cueillir un produit de qualité dans son jardin, il faut fournir un travail pour le mériter. On ne récolte que les fruits que l’on a semés après tout. Le bio ne coûte pas plus cher et ne demande pas plus de temps. Il faut simplement repenser son organisation et réapprendre certaines bases du jardinage.


8
septembre
2015

Bac à compost : la version compartimentée XXL pour voir plus grand

Agriculteur en région parisienne, j’ai eu la chance de croiser la route d’un citoyen engagé. Il se nomme Christophe et s’occupe, avec d’autres personnes, d’un potager dans la ville de Villetaneuse. Fournissant en fruits et légumes à quelques consommateurs de cette commune, j’ai donc rencontré Christophe qui m’a fait part d’une problématique à laquelle j’ai pu lui trouver une solution : Comment créer un bac à compost pouvant fournir chacune des 20 personnes possédant une partie du potager ? Car oui, consommer des fruits et légumes est une chose mais profiter des déchets en est une autre.

Un bac à compost adapté

Suite à ma conversation avec Christophe, nous avons convenu de nous retrouver dans le fameux potager pour mettre au point un système de compost satisfaisant les besoins de tous. Il nous fallait donc profiter des déchets de chacun pour faciliter la décomposition de tous les composts. Nous avons donc convenu de mettre au point un bac à compost compartimenté contrairement à une version classique. Vous connaissez sans doute la version standard d’un bac à compost, de notre coté nous avons vu grand pour créer un bac à compost XXL.

Idée de départ Projet bac à compost

L’équipement adéquat

Avec un budget proche de zéro euro, il nous a fallu improviser. Pour la composition, du bois de récupération et pour la protection des extrémités, une simple bâche et de la tôle. Chacun pouvant fermer son compartiment et le sécuriser avec un cadenas. Le résultat fût à la hauteur de nos espérances puisque chacun peut désormais se fournir en compost sans problèmes ! En effet, les compartiments permettent à chacun de posséder son propre espace tout en profitant du compostage de tous les déchets.

Version finie Bac à compost collectif


21
août
2015

L’aventure d’un assolement en commun

La SEP de Bord (622 ha), située entre la forêt d’Othe et la rivière de l’Armançon dans l’Yonne, est née de l’association de 4 exploitations voisines en 2009. Nous (Jean et Pierre, Thierry, Yves et Stéphane) avons décidé de nous lancer dans une aventure : la création d’un assolement commun grandes cultures avec pour fil directeur « Produire mieux ensemble ». A noter que Jean et Pierre, naisseurs engraisseurs porcins et un atelier poulets de chair, ont conservé la partie élevage dans leur Gaec. Le choix fut alors pris de changer nos habitudes techniques pour explorer la voie de l’agriculture de conservation des sols. La bêche roulante Compil fut le premier investissement pour déchaumer et enfouir nos semis de céréales effectués à la volée au DP12. Progressivement la vie du sol est revenue, nous permettant des essais de semis direct (Great Plain puis JD 750A puis Sky Easydrill depuis janvier). Aujourd’hui avec la labellisation de notre GIEE, nous confortons notre orientation en AC et partageons nos expériences.


11
septembre
2014

Polyface farm, La ferme aux multiples visages

Élu par le Time magazine comme l’un des plus grands agriculteurs innovateurs au monde, Joel Salatin est devenu une grande référence de l’agriculture de régénération. Fermier innovant et créatif, il a fait de la biomimicrie (imitation des procédés ou évènements naturels) un atout majeur.

Joel est une personne atypique et une force de la nature, un exemple d’un pionnier qui de presque rien a construit une belle entreprise profitable sans quelconque aide financière. Il défend avec ferveur le monde agricole et son importance en inspirant les jeunes agriculteurs à changer leur regard sur la fonction agraire.

" Nous devons arrêter cette mentalité incessante de victime où quelqu’un d’autre devra réparer ce qui a été détruit, ou quelqu’un d’autre doive me rendre heureux ou que je doive ma santé à quelqu’un d’autre. Tout ceci est de notre responsabilité, pas de celle du voisin ou du gouvernement, de l’église ou autre. "

Le site de Romain Loiseau : http://greenagainlanddesigns.com

Une vidéo sur Joel Salatin : ici

Le livre de Salatin : You Can Farm

Présentation globale de la ferme

Joel Salatin - permaculture et agroécologieDepuis quelques années maintenant, le monde agricole parle de Joel Salatin et de sa ferme " POLYFACE FARM ". Au cœur de la vallée de Shenandoah en Virginie (USA), Polyface, Inc est une propriété familiale de 200 ha, multi-générationnelle, fondée sur le pâturage rationnel rotatif d’André Voisin (ou la gestion holistique de Allan Savory) allant bien au-delà du " label bio et organique ". Dans une quête d’un sol riche, vivant et profond, l’approche de J. Salatin ne se limite pas à de simples labels mais s’engage vers une recherche de la régénération des sols et du bien-être de leur système entier. La structure générale (organisation et infrastructures) de la ferme est ici l’un des éléments le plus intéressant et important.

La ferme utilise des méthodes non-conventionnelles et innovatrices avec pour but de développer l’entreprise agricole pour qu’elle soit émotionnellement et économiquement profitable dans un environnement équilibré. La mission de l’entreprise polyface farm est de faciliter la duplication de ce genre d’entreprise agricole dans le monde.

L’âge moyen des agriculteurs dans le monde en développement approche 60 ans et d’ici 15 ans, 40% de toutes les fermes auront changé de mains. Polyface farm veut semer une nouvelle génération d’agriculteurs innovants, de gens qui sont prêts à sortir des sentiers battus.

Leur production principale est basée sur la protéine animale en pâturage avec une variété de micro-entreprises comme l’élevage de bovins, de porcs, de volailles fermières (œufs, poulets, dindes), de lapins, les produits forestiers et autres dérivés (BRF, bois de chauffage et de construction, compost, excès de légumes). La ferme fournit des restaurants et autres, un point de vente direct à la ferme, une boutique en ligne.

Polyface met l’accent sur la " production et la vente locale " de leurs produits. Les Salatin encouragent donc les gens à acheter localement pour sauver les petites entreprises et estiment qu’il est avantageux pour les consommateurs de connaitre leurs agriculteurs et d’où provient leur nourriture.

Définissons le contexte

Lors d’un cours en Angleterre organisé en ce mars 2013 par RegenAG int., Joel à raconté l’histoire de sa région. Lorsque les premiers colons blancs sont venus sur les montagnes et dans les vallées (en Virginie), le paysage était constitué d’écosystèmes Silvo-pastoraux avec de l’herbe très haute contenant des variété abondantes d’arbres largement espacés qui faisaient équipe avec la faune locale. Dans les années 1960 la terre arable sur la ferme des Salatin avait été entraînée par érosion dans la baie de Chesapeake à cause des méthodes agricoles qui avaient précédées (maïs principalement). Quand les parents de Joel ont acheté la ferme, le terrain était incroyablement marqué par de grandes zébrures de roche nue. De l’abondance à la dégradation totale en deux siècles ... Joel décrit comment son père a dû faire avec de vieux pneus de voiture en les remplissant de béton et avec des tubes dans le milieu afin qu’ils puissent soutenir leurs clôtures électriques pour contenir les animaux ; l’érosion du sol était si importante.

Joel raconta encore qu’en 1830, deux événements importants ont eu lieu. Le McCormick Reaper a été breveté et une ferme hippomobile a été créée pour moissonner les céréales (et aussi que Charles Darwin mit la voile sur le Beagle).

Ces événements ont signifié la naissance de deux phénomènes :

- La mécanisation : nous pouvions soudainement labourer beaucoup plus de terres qu’avant et puis la transformation du grain qui était rendue plus facile ;

- Que la vie, avec Darwin, n’est plus considérée comme sacrée, autrement dit, n’est plus respectée (comme dans les méthodes traditionnelles) dans un monde réductionniste et mécanique ;

En 1961, cette petite ferme rocheuse ne pouvait même plus faire vivre une famille lorsque son père l’avait achetée. Maintenant, les sols y sont profonds et la ferme de départ, avec celles louées dans le voisinage, produisent 2 millions de dollars par an et paie 22 salaires. Tout cela sans un seul sac d’engrais. Leur structure animalière leur a permis de créer de la terre rapidement soit par leurs déjections (incluant la litière des animaux), soit par les rotations en pâturage. Ses méthodes sont adaptables sur 75 hectares comme sur 15 000 hectares. Ils peuvent être appliqués n’importe où. " Si ce modèle fonctionne à petite ou grande échelle, alors cela devient une opportunité pour les petits et grands agriculteurs. "

Principe de superposition

Fermier innovant et créatif, Joel Salatin a fait de la biomimicrie (imitation des procédés ou évènements naturels) un atout majeur. En raison de la complexité des différents systèmes, je n’entre pas trop dans les détails et des explications qui demandent beaucoup plus pages !! merci de votre compréhension.

Tous les jours, l’équipe de polyface farm se partage les différentes tâches basées principalement sur la protéine animale copiant le motif des grandes migrations des herbivores.

Tout d’abord, quel est le motif de ces grandes migrations ? Les herbivores à l’état sauvage (Afrique, Amérique du nord, Mongolie… agissent ensemble en troupeau, serrés et groupés, pour se protéger contre les prédateurs. Ils broutent intensément et rapidement sur ​​chaque zone de leur passage. Les herbivores broutent, piétinent et fume de leurs excréments les sols et n’ont pas l’occasion de brouter de manière sélective en fonction de la compétition aux tendres herbacés. Ils mangent ou écrasent toute la biomasse sur l’offre. Les écologistes ont noté qu’une fois que le troupeau se déplace, le système non seulement récupère mais se régénère bien mieux.

A la ferme, le pâturage mobile (le VRAI mob-grazing selon la gestion holistique ou selon le système d’André Voisin) imite le comportement des troupeaux à l’état sauvage en contenant les animaux sur une certaine superficie, puis les passer sur une autre pâture avant qu’ils sur-pâturent. Il y a différentes façons de le faire. Mais tout d’abord, quand est-ce le meilleur moment pour changer les bovins de champs ?

L’analogie des trois âges de l’herbe :

- Il y a d’abord l’herbe " en couches " ou à l’état végétatif, qui est courte, sucrée, celle qui est généralement surpâturée, et à croissance lente ;
- Ensuite, il y a l’herbe " adolescente " ou à la hauteur des bottes ; qui a une croissance beaucoup plus rapide : c’est elle qui doit-être broutée ;
- Enfin, il y a les " vieilles herbes " au stade reproductif qui est de grande taille et également à croissance lente.

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L’herbe " adolescente " est la plus efficace pour convertir l’énergie solaire en biomasse. Le rôle de l’herbivore est de tailler dedans et de faire ainsi redémarrer la phase de croissance rapide de l’herbe lorsque la croissance métabolique est à sa hauteur.

" Des pâturages en bonne santé peuvent séquestrer beaucoup plus de carbone que ne le peuvent les forêts. Nous avons à nos pieds l’une des solutions clé du changement climatique ".

Comparée à la structure concentrique de l’arbre, la structure linéaire d’une herbe ressemble plutôt à une " autoroute " pouvant transformer l’énergie solaire bien plus rapidement et efficacement qu’un arbre et peut donc séquestrer plus de carbone. Contrairement à la forêt, nous n’avons pas besoin de la couper à ras, nous la taillons seulement à l’aide des herbivores.


Les vaches : pâturage mobile

Joel Salatin - pâturage tournantUn demi-hectare d’herbe saine peut séquestrer plus de carbone que 2 000 vaches se nourrissant d’herbe, peuvent émettre. Voici une équation pour savoir comment pratiquer le pâturage mobile ; à savoir premièrement, combien d’espace nous faut il donner au troupeau et quand les déplacer :

Vaches x jour (calculée par la hauteur de l’herbe) sur un demi-hectare (ou hectare)

Une vache signifie l’équivalent d’une vache adulte, donc si vous avez des génisses, vous avez besoin de travailler en masse équivalente. Les jours sont calculés par la hauteur de l’herbe et combien de temps cela prendrait au troupeau pour brouter la biomasse, mais sans la surpâturer. Plus gros est le troupeau, plus grand doit être le paddock. Tous les paddocks ont un approvisionnement mobile en eau, un complément en minéraux et une " remorque à ombre " en option. Les arbres et les étangs ne sont généralement pas inclus dans les clôtures. La recherche a montré que les vaches gagnent 3,5 kg/jour si l’ombre leur est fournie en été dans un climat comme celui de la Virginie. « Si vos vaches cherchent l’ombre, alors vous devez la leur fournir », explique Joel. Les toiles d’ombrage empêchent également l’évaporation de l’urine et améliore la capture de l’azote dans le sol. Les seules choses qui ne bougent pas sont les deux clôtures de périmètre.

" Je suis un fan de la clôture électrique. La clôture électrique portable contient le troupeau et il n’y a aucun problème à déplacer les vaches car elles aiment être déplacées sur de la nouvelle herbe, fraîche, pleine d’énergie et douce surnommé le " Salad Bar " (buffet de crudités).


La volaille

Joel Salatin - poulaillers mobilesComme dans le milieu sauvage, les volailles arrivent trois à quatre jours plus tard sur les paddocks broutés. Elles sont contenues en clôtures électriques avec leur poulailler portable pour les pondeuses et en tracteurs mobiles pour les poulets. Les vaches ont laissées leurs précieuses bouses dans les pâturages nouvellement taillés et les insectes ont pondu leurs œufs. Les poules étalent donc les bouses pour en manger les asticots ou autre insecte tout en fertilisant la pâture et en échange de ce service, les œufs en deviennent donc un sous-produit. Si vous avez vu un pâturage traditionnel vous reconnaîtrez ces proliférations d’azote où l’herbe est plus verte. Les vaches n’aiment pas pâturer là où elles ont déjetées dans le passé. Cette méthode nettoie et désinfecte les pâturages ajoutant le fumiers des volailles.

Encore une fois, le poulailler est une conception mobile simple pour les mois les plus chauds et les poules, tout comme les porcs sont fouilleuses et sont ainsi donc contenus dans une clôture électrique. Elles sont bougées sur de nouvelles terres fraîches dès qu’il est nécessaire et sont aussi nourris de grain.


Parlons cochons

Joel Salatin - cochons forestiers« La perturbation dans la vie est le précurseur de l’innovation et du succès ».

Joel Salatin met 50 porcs sur un quart d’hectare en paddock avec deux tonnes de nourriture. Si les porcs pèsent 45 kg, ils y restent pendant 8 jours. S’ils pèsent 90 kg, il réduit de moitié le temps de présence. Les porcs ratissent les environs et mangent des insectes... Il appelle cela « l’exercice de l’écologie » car ensuite la repousse des graminées se fait à un rythme plus rapide. Puis il envoie les porcs dans la forêt dans un parc de 2 hectares. Ils peuvent à nouveau arracher les ronces et les repousses d’arbres, manger les insectes qui affectent les arbres et laissant aussi leurs déjections. Les arbres poussent mieux, les porcs respirent les spores et puis les expirent, propageant les champignons bénéfiques dans leur sillage. Ainsi, le revenu de la forêt est bien meilleur. Les cochons sont aussi utilisés pour préparer les sols maraîchers ou préparer de nouvelles pâtures.


Autres productions

Donc, si je résume. Ce modèle basé sur les grandes migrations des herbivores dans les grandes prairies commence ici par le passage des bovins, suivis par les poules et poulets. Mais comme dans toute prairie, il y a d’autres animaux comme les lapins. La mise en cage mobile des lapins sur un demi-hectare de pâturage peut générer 40 000 dollars par an. Ils ont un régime alimentaire à base d’herbe et sont élevés sélectivement par le fils Salatin qui a démarré sa propre entreprise à l’âge de neuf ans. Pour agrandir la variété des produits, ils alternent aussi dans les rotations en pâture, dindes et dindons.


Logement des animaux en hiver

Les serres, qui en été servent à des fins maraîchères, sont utilisées pour accueillir les porcs, les poulets et les lapins où tout le monde vit " superposé ". Les porcs vivent au niveau du sol, les poules au-dessus d’eux et les lapins dans des cages sur les côtés. Les cochons raffolent des crottes de lapin. Les serres offrent un abri aux animaux qui laissent derrière eux un environnement bien désherbé et fumé ; par ailleurs, en mélangeant les espèces animales, les agents pathogènes sont beaucoup moins offensifs (phénomène de confusion).

Les vaches quand à elles, sont logées dans de simples étables ouvertes. Cette technique mise au point par Joel est très innovante car elles regroupent différents éléments qui agissent en synergie. Tout d’abord, La litière est entretenue directement à même la terre. La litière s’y empile et devient profonde et haute à la fin de la saison. Le pourcentage C/N est respecté et la litière reste donc saine et chaude, ce que les bovins aiment. Ils consomment donc moins de foin pour maintenir leur énergie corporelle. Entre les deux couches de paille ou de plaquette de bois et de déjections, du mais et de l’orge sont semés et laissés à fermenter. Les mangeoires à foin sont conçues pour être haussées mécaniquement (car la litière s’épaissit au fur et à mesure de l’hiver) pour faire en sorte que l’alimentation reste hygiénique tout comme les abreuvoirs.

Après que les vaches soient retournées au pâturage à la belle saison, viennent les cochons qui occupent l’étable pour une quarantaine de jours. Ils remuent donc cette litière compactée qui peut aller jusqu’à 1,20 m de haut pour y trouver le maïs fermenté (dont ils raffolent). La litière anaérobie s’oxygène et le compostage peut alors commencer. Ensuite, ce compost est placé à l’extérieur en tas. A la fin du processus, il est emballé, vendu ou étendu en plein champ. Une litière faite et compostée de cette manière est bien plus riche qu’un fumier standard car les différents éléments " crus " ont été chauffés et transformés par les micro-organismes et organismes. Les pathogènes ont brulés et la matière est maintenant directement assimilable par les sols.

Par ailleurs, en hiver en forêt, l’heure est à la tronçonneuse et au broyeur… Comme pour beaucoup d’agriculteurs, durant la saison dormante et donc la plus calme, les employés de polyface farm en profitent pour exploiter 200 hectares de bois alentour. Ils débitent des troncs d’arbres pour être utilisés soit brut en constructions ou en rénovations ou alors pour la production de planches, poutres etc. Ils font bien entendu du bois de chauffage et transforment le branchage en BRF ou plaquettes utilisées pour les besoins de la ferme et vendu au public.

Le " Stacking " ou superposition, la clé de la réussite

Vous l’aurez compris, Joel Salatin n’empile pas seulement les animaux en serres ou en régimes de pâturage sur ses terres. Il a également fait de même avec différentes entreprises complémentaires à la ferme. Il l’appelle « empilage synergique gratuit d’entreprises saisonnières » ! Un autre exemple, Il a trouvé un cultivateur de champignons shiitakes (variété du japon) qui a mis en place un système sur le côté ombragé sous les combles de son hangar. Il effectue aussi des visites de la ferme pour les enfants, des foires alimentaires ainsi que d’un service de livraison directe aux clients avec la vente des produits de la ferme (bétail, œufs…).

L’un ne va pas sans l’autre, si Polyface farm à réussi au niveau de leur production, ils ont aussi su mettre en œuvre un plan stratégique commercial solide. Leur marché à été intelligemment établit et vous sera décrit lors de mon prochain article.