Il y a encore quelques petites décennies c’est-à-dire « rien » dans l’échelle des âges de la planète terre, personne n’aurait imaginé qu’un jour, l’eau ferait l’objet d’un marché mondial au même titre que le blé, le pétrole ou l’acier. C’est pourtant une réalité aujourd’hui.
Face au déficit en eau de certaines régions du monde, le convoyage d’eau douce sur de très grandes distances est en train de se mettre en place. Une société américaine travaille aujourd’hui à véhiculer, d’ici quelques mois, de très grandes quantités d’eau douce vers l’Inde (bateaux-citerne). Cette eau, potable, sera à destination industrielle et alimentaire.
Le futur exploitant, S2C Global Systems Inc., indique que le port de réception de l’eau, situé sur la côté ouest de l’Inde, servira aussi d’étape avant que la marchandise n’aille vers d’autres pays déficitaires comme l’Irak. Ce seront ainsi 2 millions de m3 d’eau qui pourraient être convoyés annuellement vers l’Inde ; ce volume représentant un minimum puisque l’entreprise annonce que le potentiel de captage de l’eau, en Alaska, avoisine les 45 millions de m3 annuels. Dans ce cadre, « business is business », S2C compte déjà installer deux autres plateformes d’approvisionnement d’eau potable, l’une située dans les Caraïbes et l’autre probablement sur la côte Est de la Chine. Pour autant, tous les pays ne pensent pas la même chose. Ainsi, le Canada est contre cette idée et envisage d’interdire ce type d’exportation. D’autres sont plutôt pour, à l’instar du Groenland, de l’Islande ou de la Nouvelle-Zélande.
Mais sachez qu’une opération du même acabit s’est effectuée il y a deux ans, beaucoup plus près de chez nous. Au printemps 2008, le déficit en eau potable de la région de Barcelone, en Espagne, avait été provisoirement comblé par de l’eau en provenance des ports de Marseille et de Tarragone (Espagne). Ce que l’on voit aussi c’est que seuls certains pays, certes déficitaires en eau mais pas en argent, pourront (ou voudront) s’acheter cette nouvelle marchandise ; pas d’autres…