L’ensauvagement ou cohabiter avec le vivant sauvage

« L’ensauvagement » paru aux éditions Yves Michel en 2023, voici un livre qu’on devrait tous avoir dans sa bibliothèque. Surtout, un livre qu’on devrait tous avoir lu.
« L’ensauvagement » ou cohabiter avec le vivant sauvage, comment et où lui faire place. Ses auteurs, Philippe Benoit et Baptiste Wullschleger ne sont ni naturalistes, ni écologues, ni agronomes, ni spécialistes de tel ou tel taxon. Ils sont architectes. Et c’est là où cet ouvrage apporte un plus, une belle ouverture d’esprit. Leur métier, c’est imaginer et dessiner l’habitat humain. Alors pourquoi s’intéresser aux non-humains dans ce cadre ? Après tout, qui s’en est, jusqu’à présent, préoccuper ? Certes, dans certaines infrastructures, routières notamment, on prévoit par exemple des passages à faune. Mais dans l’aménagement de notre habitat, n’a-t-on pas relégué les non-humains ailleurs, aux plus infimes représentations ? N’a t’on pas tout fait pour les repousser ? Pour fractionner leur propre habitat, voire le supprimer ?
Couverture du livre L'ensauvagementTout au long de ces 214 pages, par ailleurs agréablement construites, écrites et très bien sourcées, les auteurs rappellent d’abord ce qu’on entend pas ensauvagement. Ils plantent ensuite le contexte, l’histoire de l’aménagement urbain et péri-urbain depuis les années 1950, le remembrement et les conséquences sur la biodiversité. Ils s’attellent à changer notre regard, nous rappeler pourquoi les non-humains sont-ils si importants pour l’humain. Enfin, ils nous livrent leurs pistes de réflexion sur la meilleure manière de redonner une place au sauvage, sans tout bouleverser. Et si, déjà, on laissait la nature reprendre le cours de sa vie dans les espaces dits « improductifs », non utilisés ? Ces espaces, il y en a beaucoup plus qu’on ne le pense, en milieu agricole mais aussi en péri-urbain, espace-cible des auteurs de ce livre. Regardez les zones commerciales ou industrielles ! Elles ne sont pas composées que de béton et de bitume. Il y a de nombreux espaces qu’il est possible de libérer de la tondeuse !
Il me semble que Philippe Benoit et Baptiste Wullschleger ont tout compris. Ils offrent une partie de la solution pour restaurer une biodiversité en berne et par la même, nous aider nous, les humains.