Emmanuelle Choné

  • Féveroles jaune et verte
  • Maïs comparaison inter-rangs
  • Après labour, le sol est très battant
  •  2 prairie à gauche et à droite de la route. 30 mars 2018
  • Terre soufflée chez Marc J, en Bigorre
19
février
2021

Et si vous preniez le temps ..... de creuser chez vous

Constats

- Je suis souvent surprise de voir que l’on compare des résultats techniques et économiques, sans partir de la même chose (génétique du sol, apport de fumier ou non....).
- Avez-vous bien calé vos fondamentaux agronomiques avant de travailler sur le rédox, les thés composts ... ?
Aujourd’hui, la réflexion profonde sur la stratégie agronomique est peut-être négligée : adapter le choix des cultures et des variétés selon son Terroir et ses résultats économiques, le choix des méthodes de semis, la nutrition organique de base. La technicité au moment de l’implantation est aussi un point clef pour la réussite des cultures.
- J’ai l’impression d’être la seule "extraterrestre" à dire qu’il faut arrêter de produire sur certaines parcelles. Face à la situation économique difficile ou au manque de moyens humains des exploitations, la question se pose : faut-il produire sur telle ou telle parcelle ? Que l’on soit éleveur, céréalier, vigneron. Nous calculons des marges semi-nettes depuis 8 ans. Ces repères, parallèlement aux études de sol, permettent d’affirmer qu’il est parfois nécessaire de reposer la parcelle plutôt que de sur-investir.
- Pourquoi chercher à faire des analyses différentes ? alors que les analyses classiques ne sont plus faites, ou si mal utilisées.

Résultat 1 : Faire ses analyses d’apports organiques

Bruno Doumayzel, éleveur dans le Tarn et de l’association Sol &Eau, fait du semis direct depuis 15 ans. Il ne comprenait pas comment un sol à pH 4.5 a pu remonter à pH 6.5, sans chaulage. Il imputait cette remontée de pH au semis direct principalement.

Posons les chiffres. Qu’apporte votre fumier ?
N’ayant pas encore les analyses de Bruno, nous prenons les analyses d’un autre éleveur.

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25 T de fumier apporte en éléments minéraux :
30 U N efficace, 75 U P2O efficace, 135 U K2O, 195 U CaO, 60 U MgO + les oligo-éléments !
> C’est bel et bien l’apport successif de fumier qui prédomine dans l’augmentation significative du pH et des équilibres potassiques et calciques de ses sols (et non le semis direct).
> Cet apport suffit à combler les besoins de fond de nombreuses cultures (en grain). Pour les fourrages, les besoins en potasse sont très élevés (retenir 25 U potasse/T MS).
> Quand j’entends un éleveur dire à un groupe : "je n’apporte pas de fumure de fond", sous entendu de fumure de fond minéral. En connaissant ce qu’apporte le fumier, cela peut faire sourire.

> En travaillant avec Jean Hinault sur le monde organique, et Carole Mérienne (technicienne chambre Chambre) sur le lien sol-fourrage-élevage, le constat suivant m’a sauté aux yeux.
La force de l’organique ne réside pas seulement dans l’organique en lui-même, mais dans la nutrition sol-plante au travers d’un cocktail oligo-éléments que nous avons dans l’organique, et pas de manière systématique dans le minéral.

> Comparer des résultats techniques entre des personnes qui apportent de l’organique et celles qui apportent du minéral, c’est comme comparer la lumière entre le jour et la nuit.
Le fumier, notamment, est une ressource facilitant grandement la réussite du semis direct. Pour ceux qui n’apportent que du minéral, il est nécessaire de compléter avec des apports organiques ou des oligo-éléments, selon votre budget (sachant que le couvert végétal est déjà une constante).

Résultat 2 : premiers résultats des analyses de fractionnement organique

Sur les exploitations agricoles et viticoles, nous avons entrepris depuis l’hiver dernier des analyses organiques spécifiques.
- Une analyse classique complète de vos apports organiques est nécessaire pour savoir ce qu’ils apportent comme éléments minéraux.
- La caractérisation du fractionnement organique apporte une information supplémentaire. Notamment, sur l’azote disponible et le pool organique qui va alimenter votre sol. Notre méthode choisie est allégée par rapport à l’évaluation de l’ISMO (Indice de Stabilité de la Matière organique). Mais, nous avons choisi le meilleur ratio entre le coût de l’analyse et l’information apportée et le conseil.

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Le fractionnement organique et l’azote total sont analysés. L’azote disponible est calculé. Ici, on voit un décalage entre l’azote total et le calcul de l’azote disponible pour la culture de l’année en cours.
Ce décalage dépend du fractionnement organique de votre apport. La lignine et la partie fermentescible utilisent de l’azote pour se décomposer.
Nous vous invitons à approfondir vos propres résultats.

Résultat 3 : Et si on arrêtait de parler de sol pour le creuser vraiment ?

Sur les vidéos, remonter la fertilité des sols, c’est simple. Il suffit de faire des couverts, d’apporter de l’organique, de moins travailler le sol (quoique, pour ça, je dirai plutôt : adapter le travail du sol ou le non travail du sol, à la nature et à l’état de son sol).
Aujourd’hui, les contextes économique et humain sur les exploitations obligent à rationaliser le travail. Ceci est vrai pour toute entreprise.
- Quelles sont les priorités à donner ?
- Où concentrer ses efforts ? Où faut-il lâcher ? et lâcher.... ce n’est pas naturel...

Allons vers Boulogne sur Gesse (31)

Nous allons voir que pour une grande parcelle, il est possible d’adapter la stratégie pour rationaliser la production. (volontairement, on ne rentre pas dans le détail pour ne pas alourdir).

1- Sur le haut de la parcelle (une partie concave) :
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Le facteur limitant de cette parcelle est en premier lieu la réserve hydrique. La faible profondeur de sol et le taux de cailloux limitent cette réserve. Ce sont des "facteurs génétiques".
La faible fertilité de la parcelle est accentuée par le niveau faible de matière organique et d’éléments nutritifs. Cette faiblesse est due à des pratiques non adaptées : une trop faible restitution face aux exportations. Ces pratiques sont expliquées par la situation économique de l’exploitation.

2- Sur la partie plus basse, nous avons :

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Un sol limono-sableux brun clair, sur un sol limono-argileux brun ocre. C’est un sol à tendance lessivé. Les analyses chimiques (non présentées ici), montrent des équilibres faibles.
Le facteur limitant de la parcelle est tout d’abord la compaction du sol, puis la faiblesse en éléments minéraux et en matière organique (avec un souci de pH). Malgré les couverts et le semis direct, le sol s’est compacté. Le semis direct n’est pas adapté à ce sol, tel qu’il est aujourd’hui.

3- Conseil : quelles priorités peuvent être données pour ce cas concret ?

Le conseil intègre l’équilibre économique et humain de l’exploitation.
=> L’effort sera engagé sur la partie basse de la parcelle (apports, reprise du travail du sol avec une dent à 20 cm).
=> Sur la haut, sera privilégié du pâturage tournant dynamique face à la limite génétique du sol et économique de l’exploitation.
Pour des céréaliers, une jachère active peut être conseillée pour des sols trop limitants et si la situation économique ne permet pas de faire le nécessaire pour remonter la fertilité des sols.

Article écrit avec Jean Hinault, pédologue chimiste : 35 ans d’expérience, il est ni sur les réseaux sociaux, ni sur Youtube .... mais si compétent et apprécié !


13
avril
2020

Couverts d’hiver, secouer des préjugés et s’autoriser à….

Face à l’incohérence entre certains discours et nos observations sur le terrain, nous avons voulu creuser les choses au niveau des couverts végétaux.
Jean HinaultCe travail a été réalisé avec Jean Hinault, pédologue et chimiste à la retraite active. Il est spécialisé dans les matières organiques, la structure du sol et la nutrition des plantes.
Ce travail doit être réalisé sur plusieurs campagnes pour valider les tendances trouvées.
En 2018, la sortie de l’hiver a été très pluvieuse. La destruction des couverts s’est réalisée de manière très tardive : fin avril. Les autres années, normalement, ça commence à partir de mi-mars jusqu’à mi-avril chez nous (Pyrénées Atlantiques, Hautes Pyrénées). Certains, comme Marc Jusforgues, expert agricole dans le 65, s’autorise à les détruire tôt pour une question de commodité. Régulièrement, on regarde par des mini-profils avec la fourche du tracteur l’effet sur le sol. La question sur la restitution azotée s’est posée.

1) Quelle restitution d’azote pour des féveroles à différents stades ?

Malgré ce que l’on pourrait croire, à l’hectare, c’est la féverole de gauche qui restitue plus d’azote, alors qu’elle ne fait que 40 cm, et l’autre 70 cm.

Féverole 40 cm
Féverole 40 cm
Féverole détruite à 40 cm (2.4 T MS/ha) = 41 U azote/ha
Féverole 70 cm
Féverole 70 cm
Féverole détruite à 70 cm, en fleur (3.3 TMS/ha) = 13 U azote/ha

On a envoyé des échantillons de couverts à un laboratoire pour obtenir : %Matière Sèche (MS), Rapport C/N, dosage de l’azote, la lignine. Ensuite, on calcule l’azote disponible par Tonne de Matière sèche. Puisque l’on a fait des pesées de biomasse. On calcule l’azote disponible par hectare.
Tableau 1 : Restitution azotée de 2 féveroles (2018)
Restitution azotée de 2 féveroles (2018)
En effet, la féverole détruite tôt a fait moins de biomasse, mais possède une valeur de MAT (Matière Azotée totale) plus élevée. On a été surpris par la valeur en lignine non négligeable (6.5% /MS). Cette lignine utilisera de l’azote pour s’humifier. Rappelons que même la matière organique fraîche facilement dégradable (cellulose, hémicellulose, fraction soluble) utilise de l’azote pour se dégrader.
Les exemples donnés sont des cas concrets. Nous sommes d’accord qu’une féverole doit être implantée en pure entre 150 kg/ha et 200 kg/ha. Si la seconde féverole était semée plus dense, on pourrait estimer une biomasse de 5 TMS/ha. Le résultat final resterait plus faible que la 1ère féverole : 5 TMS/ha x 4 U N /TMS = 20 U/ha.

2) Quelle restitution d’azote pour des mélanges ?

Le tableau ci-dessous montre bien que le C/N n’impacte pas toujours dans le même sens. 3 couverts :
- Un couvert de Féverole 85 kg/ha, avoine 10 kg/ha, Pois Fourrager 12 kg/ha.
- Un couvert de féverole, Pois, Vesce et céréale semé à 180 kg/ha, avec beaucoup de céréale.
- Un couvert d’avoine vesce trèfle à 25 kg/ha. Je ne comprends pas comment on peut vendre un mélange avec du trèfle, qui, semé souvent après mi-octobre, on ne voit quasiment jamais de trèfle.
Restitutions azotées de 3 couverts
Dès que les légumineuses passent en fleur, la valeur azotée chute. On le sait tous. Même si le mélange possède beaucoup de légumineuse, si elles sont à un stade avancé, la valeur azotée chute.
Dès qu’il y a des gousses, on peut dire au revoir à l’azote.
Alors, je veux juste que chacun s’autorise à détruire son couvert d’hiver quand bon lui semble. D’observer l’impact sur son sol en faisant des mini-profils, sans mettre la barre haute au niveau de la biomasse.

3) Conclusion : s’autoriser à détruire quand bon vous semble

Depuis toujours, nous pensons que les couverts d’hiver sont là pour :
❶ Couvrir le sol l’hiver, le protéger des intempéries. Améliorer la pénétration des pluies hivernales ;
❷ Améliorer la structure du sol ;
❸ Nourrir la vie microbienne par les exsudats et faire un habitat pour la faune de surface.
C’est déjà beaucoup ! Pour ceux qui veulent, on peut s’arrêter là, sans rougir ! Sans faire péter des biomasses de fou, car à mon avis, au printemps, la priorité est ensuite de :
❶ S’occuper de sa culture : que ce soit en grande culture ou en vigne ;
❷ Ne pas se mettre en retard pour le reste (le climat se chargera bien assez de donner des imprévus).
C’est une approche globale, alliant agronomie, agroécologie et équilibre humain et économique. Je vois sur le terrain que la réussite dépend beaucoup d’une bonne organisation du travail.
Ensuite au niveau matière organique, rendez-vous dans un prochain article ! On verra que le couvert n’est peut-être pas le mieux pour faire de l’humus du sol.

Pour le semis direct, une exception doit être faite. La destruction des couverts doit être repoussée car ils ne sont pas mélangés au sol immédiatement et l’objectif est différent : faire de la biomasse et faciliter le roulage. Dans ce cas là, il est nécessaire d’ajuster la destruction aux conditions climatiques et à l’état hydrique du sol.

Merci à Jean Hinault, aux agriculteurs et vignerons.


3
octobre
2019

Une mini-batteuse pour anticiper et organiser la moisson

Des sojas déjà mûrs, au 27 septembre 2019

Dans la campagne, de nombreuses moissonneuses ronronnent encore, il fait beau, ….. mais…
On est à St Jammes (Nord Est de Pau dans le 64), le vendredi 27 septembre, chez Bruno Laborde Loustau. Nous avons acheté à 3 une minibatteuse pour avoir des repères de maturité (Bruno, Jean Marc Nau et Agronomie Terroirs).
Résultat Soja semé le 16 mai. speeda =12,8% et Isidor = 13,3%.
J’ai travaillé 7 ans en viticulture dans la production, en cave particulière et en cave coopérative. Cela m’a permis de réaliser du suivi de maturité pour déclencher, anticiper et organiser les chantiers de récolte.
Je suis étonnée (et j’avoue navrée) de voir le manque de suivi en grandes cultures. Les récoltes de céréales à 11% d humidité.... les maïs qui se couchent en novembre par un coup de vent...
Les années où il fait beau, tout va bien… mais les années compliquées, est-ce la faute du temps ou du manque d’anticipation, s’il y a des pertes ? Les entrepreneurs ne peuvent pas tout ramasser en 1 semaine….

Les risques de sur-maturité

En maïs : Avec une récolte à humidités faibles, il y a un risque d’égrenage et plus de grains cassés (surtout si la batteuse est mal réglée). Le plus gros risque de la récolte à sur maturité est le développement de mycotoxines (surtout à partir de début novembre). Dixit Clémence Aliaga, Arvalis

En céréale à paille : On sait qu’après une pluie, il y a une baisse du PS.

En soja : Le risque est, en sur-maturité, de perdre des graines (égrenage) et de dégrader la qualité des graines en cas de réhumectation (pourriture).
De plus, pour Terre Inovia (JL Lucas), « après la mi-octobre, l’humidité de l’air et la fréquence des pluies permettent difficilement de descendre en dessous de 18-20 % d’humidité. La qualité des graines risque d’être rapidement altérée par le développement des moisissures.  »

Une solution

Mini batteuseIl est vrai qu’égrener, c’est fastidieux. Pourquoi ne pas se réunir pour acheter une mini-batteuse (coût environ 500 euros) ?


17
juillet
2019

Une prairie, ça se soigne

Par l’intermédiaire de Marc Didienne, nutritionniste indépendant de BDM, nous travaillons avec Christian et Nathalie Cornayre depuis 2017. Ils sont des éleveurs laitiers près de Brioude (Haute-Loire). Ils ont 45 mères et 100 ha dont 60% de prairie. La base de l’alimentation est l’herbe, tout en conservant une petite partie de maïs.

2 prairies de couleur bien différente !

En observant deux prairies côte à côte, la différence de couleur me frappe. L’observation de profils dans ce secteur a révélé des sables limoneux argileux, peu profonds (30 cm), reposant sur de la roche granitique altérée.

 2 prairie à gauche et à droite de la route. 30 mars 2018
2 prairie à gauche et à droite de la route. 30 mars 2018
A gauche, la prairie bien verte de Christian
A gauche, la prairie bien verte de Christian
A droite, la prairie voisine, moins verte, avec du chiendent probablement
A droite, la prairie voisine, moins verte, avec du chiendent probablement

Je demande à Christian : Pourquoi cette différence ? « Ben, une prairie, ça se soigne » répond-il.

« Une prairie, ça se soigne », Christian Cornayre

A gauche, la prairie de Christian reçoit du fumier ou du lisier à l’automne, puis sortie d’hiver, un petit coup d’ammonitre. Le sol est travaillé par scarification pour l’aérer. Il insiste bien : "il s’agit d’un scarificateur, et non d’une émousseuse. L’émousseuse ne fait pas le mettre travail. Elle n’est pas assez agressive".

Scarificateur en CUMA
Scarificateur en CUMA

A droite, où les herbes indésirables prennent le dessus (probablement le chiendent), la parcelle ne doit pas être aussi bien soignée.
Il ne s’agit pas de recette, mais donner à manger à une prairie est important quand on enlève des coupes. De plus, selon les prairies, le tissu racinaire en surface peut fermer le sol. Il ne faut pas hésiter à scarifier quand c’est nécessaire.

Application en viticulture : un repos régénérateur par une prairie soignée

En vigne, certains vignerons ont bien compris qu’il fallait faire reposer les terres avant de planter. En effet, améliorer la fertilité des sols après plantation, coûte bien plus cher qu’un repos régénérateur avant plantation. Si le budget le permet, apporter à manger au sol, et restituer au moins 1 coupe permet de soigner la prairie et donc, d’améliorer la fertilité de la parcelle.


12
octobre
2018

Labour, non labour... pour ceux qui hésitent encore

Henri BaigtHenri Baigt, Béarnais, a commencé à faire du non labour sur les terres difficiles de pied de bois. Ces terres sont plus argileuses, mais surtout, leurs configurations en pied de côteaux les conduisent à être toujours plus froides et humides.
Peu à peu, le non labour gagne du terrain sur son exploitation. Il fait généralement des couverts, féverole et féverole-blé (aujourd’hui, il dose à 100 kg/ha de féverole et 30 kg de blé).
Cette année, sur la parcelle qui était en soja, il installe un RG. Il trouve trop difficile de détruire le RG en non labour et décide de labourer la parcelle (c’est son ressenti).
A droite de cette parcelle, il fait du non labour (décompacteur, vibroculteur, herse rotative, semis). Commençant le non labour sur cette parcelle, il choisit de conserver l’usage du décompacteur.

Maïs labour et non labour
Maïs labour et non labour
2 Parcelles côte à côte sur les alluvions du Gave de Pau, vers Artix (64)
Limons argileux sableux caillouteux brun
A gauche, un maïs labouré après RG. A droite du fossé, un maïs en non labour
Après labour, le sol est très battant
Après labour, le sol est très battant
Détails du sol labourré
Détails du sol labourré
Sol grumeleux et motteux en non labour
Sol grumeleux et motteux en non labour
Détails du sol en non labour
Détails du sol en non labour

Le résultat est frappant pour Henri et le réconforte sur le non labour.
D’autres éleveurs font le choix de faire du non labour sur RG. Pour certains qui veulent garder le RG et qui sont ouverts à diversifier, je les oriente sur des mélanges de RG, avoine, trèfle squarosum.
Ce mélange associe 2 intérêts : l’intérêt agronomique de la céréale pour l’enracinement profond et l’intérêt alimentaire (à condition de le ramasser suffisamment jeune).
Merci à Henri pour le partage de cette expérience.


26
septembre
2018

Semis à 40 cm, meilleur équilibre sol-plante

Il y a quelques années, lorsque l’on commençait à parler (ou à reparler) des semis à 40 cm, je me suis dis : « bien sûr, c’est évident ! ». Pourquoi, c’était une évidence pour ma part ?

Espacement de l'inter-rang pour la mécanisation
Espacement de l’inter-rang pour la mécanisation

1) Tout d’abord, parce que j’ai travaillé 7 ans en viticulture (dans la production)
Quand je travaillais en vignoble, j’entendais que le meilleur équilibre au niveau nutrition de la vigne et qualité du raisin était sur les vignes plantées 1 m sur 1 m.
Les besoins de mécanisation ont conduit à devoir espacer l’inter-rang pour les tracteurs, et à resserrer les plants dans le rang. Ce que je conçois tout à fait. Mais jusqu’où faut-il aller ? Des tracteurs et des outils plus gros, plus lourds …..

Maïs comparaison inter-rangs
Maïs comparaison inter-rangs
A gauche rang à 40 cm, puis des rangs à 80 cm (JM Nau, dpt 64, 2018)

2) Puis, parce que mon regard et ma vie se tournent vers les relations sol-plante
Œuvrant pour l’équilibre sol-plante, il me parait naturel que des écartements à 40 cm sont plus appropriés. Les explorations racinaires et de lumière seront meilleures avec des plantes moins serrées dans le rang. Aujourd’hui, grâce à la plateforme SYPPRE du Béarn, l’excès de concurrence en maïs à 80 cm est montré par des images racinaires grâce aux avancées scientifiques.

Soja sur labour, à 80 cm
Soja sur labour, à 80 cm
Quand le labour accentue la battance des sols, avec un semis à 80 cm : ouille ! ouille !
(JM Cup, dpt 64, 2018), dès l’an prochain, il testera le non labour en bio sur cette parcelle.

Sans oublier, mon ressenti pour les semis à 80 cm. Sur certains sols battants, quand je voyais ces sols nus, j’avais mal au cœur. Mais, je n’osais pas trop le dire…. La quarantaine a du bon… on ose.

Même aujourd’hui, quand je vois ces sols nus à 80 cm, aïe, aïe (le soleil, le vent, la pluie « brûlent » le sol). Je n’ai pas le même ressenti à 40 cm. Je respire.

Couvrir le sol, ce n’est pas seulement avec les couverts et les rotations. Personnellement, je pense que les semis à 40 cm sont une clef. En bio, nous pourrions penser au 60 cm ; pour ceux qui n’ont pas déjà tout l’équipement à 80 cm.

Je remercie Bruno Laborde Loustau de m’avoir fait confiance en 2013 lorsqu’il voulait changer son semoir. Il a permis à tout un groupe de voir la pertinence de ce choix.

Dans la fiche PDF ci-jointe, des résultats en rendements de Bertrand Deghilage.

Fiche semis 40 cm Agronomie Terroirs