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Le point sur le programme expérimental FONDATION. Episode 1 : Installer un réseau mycorhizien grâce aux couverts végétaux

Implanter un réseau mycorhizien abordable, efficace et durable, c’est l’objet d’une grande expérimentation collaborative menée par Lallemand en conditions réelles à laquelle participent 80 agriculteurs entre 2020 et 2022.

80 agriculteurs ont rejoint le programme FONDATION au printemps 2021 pour tester une nouvelle méthode d’application de champignons mycorhiziens associés à la bactérie Bacillus IT45. Cette expérimentation à grande échelle doit permettre de valider l’efficacité et la mise en œuvre du programme dans un grand nombre de contextes pédoclimatiques, mais aussi techniques et humains.

"Globalement l’ensemble du territoire français est bien représenté, on a également recruté quelques belges" explique Caroline De Rauglaudre, Responsable Communication chez Lallemand Plant Care. La cartographie des participants est démonstrative :

Le programme : utiliser vos parcelles de couverts comme bioréacteurs

Un bioréacteur, c’est habituellement une grosse cuve que l’on utilise en laboratoire pour multiplier les microorganismes ex-situ avant de les réintroduire in-situ dans les champs. Ici, ce sont les champs qui font office de bioréacteur.

Installer un réseau mycorhizien a de multiples avantages. Ce champignon s’associe à une plante et développe un réseau de longs filaments qui prolongent des racines, on les appelle des hyphes.
Ce réseau souterrain démultiplie la capacité de la plante à explorer le sol.
La plante peut ainsi disposer d’une plus grande réserve d’eau et d’éléments nutritifs.
Plante mycorhizée = volume de sol prospecté x100

Installer un réseau mycorhizien : un investissement énergétique pour les cultures

On estime à 2 tonnes/ha la biomasse (MS) d’un réseau mycorhizien souterrain*.
Or, pour s’installer, ce réseau dépend essentiellement des sucres issus de la photosynthèse que son partenaire symbiotique va lui fournir. On comprend dès lors pourquoi il est problématique de demander à une jeune culture de vente de porter le coût énergétique de cette installation.
2 tonnes de biomasse mycorhizienne dans un hectare de sol

L’idée de Lallemand Plant Care est donc d’installer le réseau mycorhizien sur un couvert long puis, sans détruire le réseau par un labour profond, d’y connecter un maïs qui tirera immédiatement profit de cette autoroute de nutriments sans avoir à supporter le coût (en sucres issus de la photosynthèse) de son installation. On a choisi d’expérimenter la méthode uniquement sur maïs pour mieux analyser les résultats, mais en dehors des crucifères, la plupart des cultures nouent des partenariat avec les mycorhizes.

Apporter des champignons mycorhiziens exogènes, une bonne idée ?

CAS 1 : Dans un sol dépourvu de champignons mycorhiziens

Les pratiques agricoles des 50 dernières années ont porté atteinte et sélectionné un type de microbiome dans les sols, sans que nous n’en ayons conscience. Certains microorganismes ont par exemple complètement disparu de certaines parcelles et même si les pratiques agricoles changent et deviennent de plus en plus respectueuses, les microorganismes disparus n’ont aucune chance de réapparaitre naturellement sur l’échelle de temps qui est la nôtre.
Apporter un champignon mycorhizien dans un sol qui en est dépourvu est bénéfique pour rétablir les fonctions principales du sol

CAS 2 : Dans un sol qui possède déjà une population de champignons mycorhiziens

La souche de champignons mycorhiziens que nous produisons a été sélectionnée pour son efficacité bien sûr mais également pour sa capacité à s’équilibrer avec les communautés existantes, sans leur nuire. Son apport permet d’homogénéiser le réseau mycorhizien dans le sol car les populations présentes ne sont pas forcément bien réparties sur toute la parcelle, en particulier sur les premiers centimètres. Un apport de champignon mycorhizien exogène peut donc être complémentaire en s’associant à un réseau déjà existant.
Dans les deux cas, l’apport exogène dynamise l’établissement d’une population de champignons mycorhiziens bénéfiques.

Source vulgarisée : Pourquoi inoculer les cultures avec des microorganismes.
Source scientifique : The ISME Journal.

Et cette bactérie symbiotique, à quoi sert-elle ?

La bactérie Bacillus IT45 se multiplie à proximité immédiate des racines et des filaments mycéliens où elle trouve des sucres dont elle se nourrit.

Bactérie bacillus it45 autour d'une racine
Bactérie bacillus it45 autour d’une racine
Crédits : Lallemand Plant Care

En échange elle solubilise le phosphore bloqué sous ses formes organiques ou minérales le rendant disponible au réseau mycorhizien et aux plantes.
Elle constitue dès lors un excellent partenaire pour le champignon et la plante.

Les connaissances en microbiologie et les technologies actuelles nous permettent de proposer aux plantes des partenaires microbiens sélectionnés pour leurs propriétés agronomiques, accélérant un processus que la nature réaliserait sur un temps beaucoup plus long.

Point d’étape sur l’expérimentation Fondation

En fin printemps/ début été 2021, nous avons expédié les kits d’expérimentation aux agriculteurs qui ont pu traiter leurs semences de couverts avec nos micro-organismes (sous forme de poudre). Voir article précédent : Innover avec les agriculteurs.
Les couverts ont ensuite été semés cet automne.
Le protocole prévoit une alternance de bandes de 36m traitées / non traitées pour nous permettre de réaliser des analyses géostatistiques lorsque cela sera possible.
Maintenant on attend que les réseaux mycorhiziens se développent sous les couverts.
Certains agriculteurs nous ont fait part de leur étonnement de voir les zones traitées se développer moins vite que le témoin. Pour nous c’est une bonne nouvelle car on peut alors raisonnablement penser qu’un réseau est bien en train de s’installer et utilise une partie des ressources du couvert. Bref, c’est exactement le type d’observations auquel on peut s’attendre.
La dernière semaine de janvier l’équipe Fondation (Olivier Cor, Mathieu Ortolan, Rémi Poirier et Caroline de Rauglaudre) a rendu visite à des agriculteurs en Bretagne et en Touraine.

Echanges autour des problématiques de l'agriculteur
Echanges autour des problématiques de l’agriculteur

Olivier COR, directeur agronomie : « Dans l’ensemble nous avons vu des couverts plutôt mal implantés (partie traitée ou non) probablement du fait de conditions difficiles cette année et à ce stade nous n’avons pas vu de différence entre les zones témoins et traitées en termes de densité, de vigueur ou d’espèces levées …
Mais tant qu’il y a des plantes sur la parcelle, même adventices, même à faible densité, il y a de l’espoir car on estime qu’il y a des partenaires pour nourrir l’installation du réseau mycorhizien. On mesurera tout cela sur le rendement du maïs de cette année et on vous tiendra au courant.
 »

Nous vous tiendrons au courant de la suite du programme. Premiers analyses et résultats, bons ou mauvais. Intéressés pour rejoindre l’expérimentation, contactez-nous*.

A bientôt !

L’équipe Fondation (Olivier Cor, Mathieu Ortolan, Rémi Poirier et Caroline de Rauglaudre)
*Contactez Mathieu ou Caroline du projet Fondation soit via le mail fondation chez lallemand.com soit sur la ligne directe du projet +33 6 73 53 58 35

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  • Effet bande parcelle semée Moutarde, Triticale 80kg, (...)
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Un premier apprentissage : des problèmes de mise en œuvre…

Le traitement expérimental est constitué de deux poudres un peu collantes et très pulvérulentes qui s’appliquent directement sur semences. Nous sommes partis du principe que les agriculteurs traiteraient l’ensemble des semences (de la partie traitée) et donc que les 100g (2 fois 50 grammes) de poudre nécessaire au traitement des semences pour 1 hectare ne poseraient pas de problème.
Mais dans la réalité on a eu quelques surprises, notamment lorsque le volume de semences traitées est faible. Un expérimentateur qui utilise un semoir multi-trémies (Easydrill) et sème ses semences séparément, a choisi de traiter les graines représentant le plus petit volume (2kg/ha), plus facile à manipuler (j’aurais fait pareil). Seulement dans ce cas ; le volume de poudre par rapport au volume de semences était trop important et il a suffi d’un peu d’humidité pour que ça fasse une pâte. Une vraie boucherie dans le semoir.
Notre recommandation : le traitement doit être réalisé sur un poids minimal de 50kg/ha

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