Vincent PEREYRE

  • Portrait Vincent Pereyre
  • Comparaison maïs SD et labour
  • S'adapter à chaque situation - Le Holistic Managment
27
octobre
2014

Le holistic management a été créé, développé pour que les choses aillent mieux, et manifestement elles vont mieux

Nous allons continuer notre voyage dans le holistic management en commençant par quelques photos.

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Sur la première photo on voit que le sol est nu, que l’érosion est importante (les racines d’un des arbres sont apparentes), donc rien ne pousse, et donc nous n’avons rien à manger pour du bétail éventuel, et donc pour nous humains. Le processus de désertification est engagé.


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Sur la seconde photo, prise quelques années après, nous voyons que le sol qui était totalement nu a disparu, couvert maintenant par différentes herbes (assez sèches je l’admets, on est dans la partie sud-est de l’Afrique ). Le sol est couvert par de l’herbe, donc beaucoup moins sensible à l’érosion, et il produit de l’herbe qui permet de nourrir du bétail. Retour à la vie. Les choses vont mieux, et c’est par du management holistique que l’on a obtenu ce résultat.


Ce sont ces photos qui m’ont intrigué, et intéressé, et en même temps cette conférence de Allan Savory sur TED.

D’autre part j’ai vu des vidéos sur certains ranchers (éleveurs) américains, qui disaient au départ tous la même chose et que pourraient surement dire beaucoup d’éleveurs, ou d’agriculteurs dans le monde : " On travaillait comme des ânes du matin au soir, on avait des frais énormes et on ne rentrait pas de sous, voir on s’endettait, un jour on est tombé sur le holistic management, on s’y est collé, et maintenant ça va mieux ".

Alors moi aussi je m’y suis " collé ".

Le management holistique permet de prendre des décisions solides d’un point de vue, environnemental, social, et économique sur le court terme et le long terme au sein d’un contexte appelé holistique.

Bon, maintenant on peut décortiquer.

Le premier point, c’est de comprendre pourquoi il est important de changer la manière dont on prend des décisions. En Afrique, nous avons une dégradation des sols qui conduit à une avancée du désert, et on pourrait l’attribuer à des problèmes de pauvreté, de manque de fonds publics, d’éducation, à de la corruption...

Au Texas, état de la plus grande puissance économique mondiale, avec des subventions du gouvernement, un bon niveau d’étude par habitant, une stabilité politique... même constatation, le désert en tant qu’endroit où le sol se dégrade pour devenir infertile, gagne du terrain. Alors bien sûr, l’homme ne se dit pas : " Tiens, aujourd’hui, je prends la décision de dégrader du sol pour créer des zones infertiles ". Savory constate simplement que l’activité humaine entraine une détérioration des sols et de l’environnement. Et ceci n’est pas du au fait qu’un pays soit riche ou pauvre, comme on l’a vu plus haut. Pour lui, c’est la façon dont on prend des décisions qui est en cause.

Et cette constatation lui permet de découvrir que notre façon de manager de diriger, de prendre des décisions n’a pas évolué depuis l’Age de pierre.

Le deuxième point, pour changer notre façon de prendre des décisions, c’est de définir un contexte holistique. Et c’est là que ça se corse, parce que là c’est nouveau. Ce n’est pas le contexte holistique qui est compliqué à mettre en place (il est défini en 3 parties, il faut grosso modo répondre à des questions). Ce qui est nouveau dans la prise de décision, c’est de penser avant tout CONTEXTE.

Quel est le contexte ?

J’ai bataillé un moment avant de comprendre l’intérêt du contexte dans la prise de décision et que cela pouvait être très éclairant.

Voilà comment j’ai eu le déclic.

Ma fille passe le bac cette année et j’avais un peu peur pour l’année suivante, me questionnant, que va-t-elle faire l’année prochaine ? Quel sera le budget et puis d’ailleurs où va t elle les faire ses études, etc... Et à un moment je me suis posé la question, mais quel est le contexte ?

Le contexte, c’est : Je suis un père de famille, je m’occupe de mes enfants. Et donc pour cette nouvelle année de transition, je vais faire ce que j’ai toujours fait, je vais m’occuper de ma fille.

Ah, ça va mieux.


25
août
2014

Ça vient d’où le holistic management ?

JPEG - 350.3 koSi l’on parle de holistic management aujourd’hui, qu’il est utilisé maintenant en Afrique, aux USA par certains ranchers, nous devons parler de Allan Savory son instigateur. Né en 1935 au Zimbabwe, il s’inquiète très jeune de l’avancée du désert dans son pays et pour lui comme pour bien d’autres le phénomène de désertification est lié aux différents troupeaux qui dévorent tout ce qui pousse sur leur passage. Il proposera pour éviter ce phénomène dans un futur parc national africain l’abattage de 40.000 éléphants qui accentuent encore le processus. Les éléphants seront abattus, et les résultats seront pires. Le désert avance inexorablement. Au cour d’un voyage au USA, il visite un parc national qui pendant 70 ans n’a pas vu l’ombre d’un troupeau, d’une bête à corne, d’un cabri. C’est un choc pour lui, le paysage qu’il a sous les yeux est un désert. Quand il demande comment cela est possible, les scientifiques du coin répondent que le phénomène est inexpliqué, incompréhensible.

Donc on récapitule :
- La désertification est liée aux différents troupeaux.
- Si on tue des éléphants, le phénomène s’accentue.
- Dans un parc national qui n’a pas vu un bovin depuis 70 ans, c’est le désert.

Peut être peut on observer une démarche similaire avec l’apparition de l’agriculture de conservation : Je laboure, je mets les engrais qu’il faut, je fais les traitements appropriés et mes rendements ne sont pas aussi top que je pourrais l’espérer, mes charges hectares augmentent, le taux de matière organique décroit inexorablement, et j’ai des problèmes d’érosion.

A partir de cette impasse, il dédit sa vie à la lutte contre la désertification.

Il va s’appuyer sur les travaux d’André Voisin (1903-1964), agronome français qui a écrit « Productivité de l’herbe » livre traduit en 18 langues. De même il va s’intéresser au fonctionnement de deux écosystèmes très fertiles avant l’intervention humaine, la savane africaine et la prairie américaine. Comme notre enfance a été bercé par les westerns, voyons grosso modo : La prairie américaine, comment ça marche ? Nous avons de grandes étendues herbeuses sur lesquels paissent les bisons. Les bisons souvenez-vous se déplacent en troupeau compactes. Nous avons tous vu cela. Ce que l’on sait moins c’est pourquoi ils se déplacent si groupés. C’est simplement pour se protéger des prédateurs et notamment des meutes de loups qui rodent. Dans la savane africaine, nous avons les troupeaux de gnous qui fonctionnement de la même manière entourés par les lions, les guépards...

De ces observations, Allan Savory va poser l’équation suivante :
Fertilité des sols égale beaucoup de bétail sur petite surface pendant peu de temps. C’est la base du « cell grazing » qui est un paturage tournant avec beaucoup de bétail sur petite surface pendant peu de temps.

Ce que l’on pourrait se dire maintenant, c’est que le holistic management, c’est une sorte de pâturage tournant qui permet de lutter contre l’avancée du désert. Eh bien je vous rassure, ce n’est pas aussi simple, je pense même que c’est totalement faux. Dans les ateliers de holistic management Allan Savory propose comme première question : Comment voulez-vous que votre vie soit ? Allan Savory fut le premier à répondre à cette question et a répondu un truc du genre « Je veux que ma vie soit dédiée à la lutte contre l’avancée du désert ». On pourrait avoir comme réponse « je veux que ma vie soit dédiée à l’agriculture de conservation ».

Permettez moi de décortiquer un peu ces deux mots holistic et management.
Holistic, terme qui me faisait un peu peur au départ : C’est un tout, un ensemble. Management : On dira conduire, diriger, gérer. Je vais traduire par direction, conduite d’un ensemble. A l’école on apprenait, il y a l’ensemble des carrés, l’ensemble des ronds, l’ensemble des nombres entiers, c’est un peu comme cela qu’il faut le voir. On pourrait dire il y a l’ensemble qui contient l’agriculteur, ses envies, ses compétences, son réseau, ses amis, sa ferme, ses vaches, ses outils, son tracteur, son argent...

L’agriculteur en tant que décideur va diriger cet ensemble et prendre des décisions en fonction de ses aspirations, ses buts, et du cadre de vie qu’il a défini pour son ensemble. Si votre but dans la vie c’est de vous investir à fond dans l’agriculture de conservation, le holistic management pourra vous y aider quant à définir ce que vous voulez faire, et ensuite prendre des décisions dans ce seul but.

Nous avons vu d’où venait le holistic management, nous avons essayé de décortiquer sa définition, nous verrons comment il est appliqué par certains agriculteurs : Joel Salatin en Virginie USA, Geoff Lawton Australie et Gabe Brown...

Pour le moment, je vous invite à découvrir sa présentation sur le lien suivant, c’est en anglais et c’est sous-titré en français. Comme la video est très regardée, ça ne marche pas tout le temps, le soir vous aurez plus de chance de vous connecter.