Philippe Pastoureau

  • Couvert localisé chez Jocelyn Michon
  • Passage du strip till à disque
6
janvier
2017

conseils...


24
décembre
2016

Nos pratiques modifient nos rêves, et vice-versa...

Feu d'artifice à la Toussuire

Je suis un grand rêveur, et en ce jour de noël, cela fait du bien de rêver un peu.

J’ai la chance d’aller souvent à la montagne. Je me rapproche du Paradis dans une magnifique station nommée "La Toussuire", rattachée au village de Fontcouvert.

Tous les parisiens qui vont là-bas auront la chance de passer au dessus du nuage ( non pollué celui-ci), afin d’admirer comment notre planète est belle et si généreuse quand on prend le temps de l’admirer.
La vidéo ci-dessous a été tournée un peu plus loin en Suisse, mais le paysage est semblable.

Une pensée à tous les agriculteurs qui travaillent dans les stations (perchmans,moniteurs,dameurs,...) eux aussi sont victimes des aléas de la météo et doivent s’adapter en permanence, mais ils font tout leur possible pour nous servir au mieux et personne ne pourra les remplacer.

Feu d’artifice vu des Batteuses, mais aussi vu des Dameuses, courage à tous ceux qui sont au boulot.

Et si le temps s’arrêtait, 80 ans d’histoire résumés dans ce mannequin challenge tourné mardi pour illustrer l’évolution de nos coutumes, trouverez vous Denis ???

Joyeuses fêtes de fin d’année, tous mes vœux de bonheur, santé et réussite

Village de la Toussuire, décembre 2013.


9
décembre
2016

Ils disent ce qu’ils font, ils font ce qu’ils disent

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L’agroécologie

Sarah Singla

Christian Abadie

TCS = Technique de Conservation des Sols

Maxime Merchier, coordinateur de l’asbl Greenotec

Etape préalable à la réussite des TCS

AgroDays 2 : semis direct sous couvert et réduction du travail du sol

La transition agro-écologique

Drone piloté du tracteur, pour le plaisir des yeux...

Film de Vincent Pastoureau mon neveu, un jeune qui n’a jamais labouré.

Son regard n’est évidemment pas le même que le nôtre.

Aujourd’hui, l’agriculture évolue très très vite, il suffit de voir la multitude de vidéo postées sur le net. Celles que je vous présente ici ont toutes moins de 2 mois, et j’ai dû faire des choix tellement elles sont nombreuses.
Vous êtes de plus en plus nombreux à communiquer sur vos pratiques, et les jeunes sont sur ce point intouchables.
Regardez simplement le compteur de visionnage de chaque vidéo, moins il y a de paroles, plus la vidéo tourne et passe les frontières.

Un grand merci à vous tous qui changez notre vision de l’agriculture.


29
novembre
2016

Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis

Semis de blé à la volée dans un couvert Biomax avec un compil

Agroécologie, en voici un bien grand mot...
Et si c’était une opportunité pour dessiner l’avenir, une solution pour que les agriculteurs communiquent sur leur métier et leurs souhaits ?

Tous les cultivateurs pratiquent de l’agroécologie, tous dans un domaine ou dans un autre, sauf les exploitants agricoles qui obéissent à ...

Si nous agriculteurs ne parlons pas de notre métier et de nos désirs, qui le fera ???

Je vous invite simplement à prendre en photo votre quotidien, ce que vous seul pouvez voir et à communiquer sur ce que vous faites, vous serez surpris de l’écoute et de la considération que vous obtiendrez.

Bon vol.


1er
octobre
2016

Consolider les marges.

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Avoir plusieurs productions sur la ferme pour réaliser son revenu permet d’atténuer les crises, mais il faut veiller à ce qu’aucune ne vous entraîne vers le fond....

Pour cela, mon épouse et moi, nous nous formons tous les ans afin d’échanger sur nos performances techniques et identifier les axes de progrès.

Poulets de Loué

Cette production est très encadrée par la coopérative, un technicien réalise 3 visites par lot de volailles, cela permet de corriger des petites erreurs techniques que nous pourrions commettre (ventilation, rationnement...) et anticiper les soucis sanitaires qui pourraient survenir. La production de volaille de Loué nous permet de couvrir nos charges uniquement si techniquement nous sommes bons.
A nous d’être rigoureux, méthodique et appliqués. Lot après lot, il faut travailler nos points faibles pour améliorer la marge. Tous les ans, des stages de perfectionnement sont proposés par la coopérative et nous permettent de toujours progresser.
Sur le tableau ci dessous, voici un exemple des résultats de notre exploitation, on peut ainsi comparer nos résultats techniques année après année mais aussi nous comparer à la moyenne de tous les fermiers de Loué. Notre objectif n’est pas d’être le meilleur, mais de viser le quart supérieur.

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Cultures de vente

Depuis presque 5 ans maintenant, j’adhère à un groupe de 15 agriculteurs indépendants et nous payons un technicien privé pour qu’il nous fasse gagner de l’argent. Nous avons 5 réunions techniques tout au long de l’hiver pour aborder en détails les ITK, mais aussi parler stratégie de vente, charges de structures, coût du stockage, sécurisation des marges, choix des couverts ...
Même si le prix du pétrole est extraordinairement bas actuellement, nos charges continuent d’augmenter et c’est surtout les charges fixes qui montent. Tout le monde a remarqué que le foncier, les reprises d’exploitation, le matériel a bien augmenté depuis 5 ans. Ceci pèse de plus en plus lourd dans nos prix de revient.

Les charges fixes sont 2 fois plus importantes que les charges variables pour un hectare de culture

De 1000 €/ha il y a 2 ans, les charges totales représentent maintenant 1269 €/ha en moyenne, la MSA des précédentes récoltes pèsent un peu dans ce coût, mais pas que.
Sur ces 1269 € de charges totales, j’ai environ 900 € de charges fixes et un petit 400 € de charges opérationnelles. Pour couvrir toutes mes charges, je peux compter sur 250 € de DPU, soit 1000 € de CA que je dois réaliser avec ma récolte.

Le chiffre magique => 1000 € de CA/ha

Sur le graphique ci dessous, j’ai entouré mes marges 2016. Comme je suis un grand inconscient, je n’avais pas souscrit l’assurance climatique, cela me servira de leçon.
Il y a 10 ans, les cours étaient assez stables et les faibles récoltes étaient compensées par un prix de vente un peu plus important. C’est fini !!!

PDF - 254.9 ko Marges 2016 Blé et Colza

Nous venons de rentrer dans un marché libre et très volatil, seuls les plus expérimentés tiendrons.
Pour pallier ce manque de trésorerie qui va se faire sentir au printemps lorsque j’aurais vendu le peu de blé que j’ai en stock, je vais réaliser un prêt de trésorerie en rachetant une partie de mon compte d’associé afin de pouvoir injecter de la liquidité sur ma ferme. Cette parade financière est possible 1 fois, la banque ne m’autorisera pas à renouveler cette opération et je dois donc maintenant sécuriser coûte que coûte mes productions.
Je n’ai aucun doute sur mes méthodes de production, ce ne sont pas elles qui ont anéanti mes récoltes, un peu toutefois (on en reparle après), mais c’est surtout le climat qui a impacté mes rendements, de manière totalement imprévisible et avec aucun moyen de lutte de ma part. Il faut donc intégrer ce risque dans mes stratégies.
Sur le graphique des marges, 2 variables peuvent réduire ma marge indépendamment de ma volonté, le prix lié au marché que je ne contrôle pas, mais aussi le climat qui semble devenir de plus en plus aléatoire.

Pour le prix, j’ai les outils pour vendre ma récolte dès que le prix de vente couvre mes charges (marché à terme, contrat), et une fois mon physique engagé, je peux encore aller chercher de la plus-value avec des Puts ou des Calls. Si le marché monte, je peux également engager de la récolte N+1 voire N+2. Cela fait bizarre mais le risque est nul de vendre 20 ou 30 % de sa récolte future. Et ce sera toujours cela de garanti.
Pour le climat, il y a un nouveau contrat d’assurance négocié entre l’Etat et tous les assureurs. Les clauses et les tarifs sont à peu près les mêmes entre compagnies.

PDF - 86 ko Contrat Socle PDF - 168.9 ko Grille rendement et franchise

Dans ce contrat, l’Etat subventionne, via les aides PAC 65 %, du coût du niveau 1 plus 45 % pour le niveau 2. C’est bien mais ces 2 options sont quasiment in-déclenchables.
L’idée est plutôt de partir sur l’option 3, afin d’être couvert pour la grêle et sur une base de rendement plus haute (afin de déclencher plus facilement). L’option 3 permet, moyennant surtaxe, d’abaisser la franchise (20 % au lieu de 30%) et de racheter des quintaux si la moyenne de l’exploitation est trop faible. Avec cette stratégie, le surcoût de l’assurance est faible et on pourra activer celle-ci beaucoup plus rapidement.
A titre d’exemple, je vais probablement (à faire avant le 30/11) choisir un niveau 3, rabaisser ma franchise à 20 % avec un seuil de déclenchement à 68 q/ha pour le blé et 32 q/ha pour le colza.
Dans le tableau d’exemple, cela me donne un rendement moyen de 85 q/ha en blé réalisé, - 20 % de franchise soit 17 q/ha. En dessous de 68 q/ha, l’assurance me rembourse le manque à gagner.
Dans le tableau des marges, on voit qu’à 68 q/ha vendus à 155 €/t, je suis à l’équilibre.
Ainsi, cette assurance climatique va me protéger des aléas, et me permettre de normalement couvrir mes charges, cela va rassurer mon banquier.
Prix de l’assurance climatique à titre indicatif (cela peut varier selon le risque de votre région)
Le contrat socle :
- niveau 1 coûte 8 à 10 €/ha en blé et 30 € en colza ( hors subvention)
- niveau 2 coûte 10 à 16 €/ha en blé et 40 €/ha en colza (hors subvention)
- niveau 3 coûte 15 à 20 €/ha en blé et 50 €.ha en colza (hors subvention)
Il faut demander à son assureur une délégation des primes PAC afin de ne pas avoir à avancer la part subventionnable.
Ainsi, pour 1 à 2 quintaux de blé ou de colza, je suis couvert vis à vis du risque climatique. Bien évidemment, l’objectif d’une assurance n’est pas de l’activer à tous va, mais reste bien d’être réellement couvert en cas de gros sinistre pouvant mettre en péril mon exploitation.

Pour le côté technique, nous avons constaté lors de notre tour de table à la dernière réunion technique que les semis les plus clairs et les plus tardifs semblaient moins impactés par le climat particulier de 2016. Il ne faudrait surtout pas tomber dans des extrêmes et changer radicalement ces pratiques, mais il faut tenir compte des observations de l’année.
J’avais l’habitude de semer mon blé entre 260 et 330 gr/m², du 20 au 30 octobre. C’est sans doute un peu trop, un peu tôt. Nous allons donc essayer de retarder les semis de 5 jours (pas avant le 25/10) et diminuer un peu la densité à 220-240 gr/m². Avec les poids de 1 000 grains hyper faibles cette année, nous allons pouvoir réaliser des économies de triage et traitement de semences car pour un PMG de 35 g (45 g habituellement), il ne faudra pas dépasser les 80 kg/ha de semences, voire moins...

Mes vaches laitières

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On arrive enfin à mon maillon faible, la production laitière.
N’étant pas éleveur de naissance, j’avais un peu tendance à aller à reculons à la traite, j’y ai mis un robot pour être plus tranquille mais cela ne résout pas tout.
Il y a 15 ans, j’avais des soucis de cellules alors qu’à priori, le bâtiment apportait tout le confort pour le bien-être de mes vaches. J’ai un jour demandé à mon technicien du contrôle laitier si j’aurais moins de soucis en changeant de race, il m’a répondu :
" tu peux changer de race, tes soucis te suivront !"
C’était un bon technicien, j’ai conservé mes holstein et mes cellules.
Dans ma tête, l’élevage laitier n’était pas une priorité et pour faire simple, je produisais sur les conseils de différents techniciens, et je ne cherchais surtout pas à faire différemment de ce que l’on m’enseignait. Maïs ensilage, un peu d’herbe, beaucoup de soja, pas mal d’antibio pour les cellules, et des passages de véto qui trop souvent se finissaient par l’euthanasie, c’était mon quotidien...

Tout cela est fini, j’ai pris 2 ans pour totalement changer l’alimentation de mes vaches, et je peux dire maintenant que j’ai retrouvé du plaisir dans cette production, encore plus avec la crise qui conforte mes choix, enfin l’avenir le dira.
Un peu d’optimiste pour commencer

En février 2014, j’ai fait un choix radical.
Soit je vendais les vaches et me désengageais de mon salarié à 1/2 temps.
Soit je gonflais mon quota pour optimiser le robot et le bâtiment (passage de 350 000 L à 520 000 L), quitte à investir un peu. Mais en changeant l’alimentation pour aller vers plus d’autonomie protéique ( être moins dépendant des cours), et en rendant ma production laitière primordiale dans mon optique d’agriculture de conservation.

Mes vaches que je considérais comme un handicap pour mes sols vivants, vont devenir le noyau d’un système solide et efficace.

J’ai choisis, en concertation avec mes vaches, l’option 2. On va donc passer d’une ration à l’auge composée de 80 % de maïs ensilage, 20 % d’herbe corrigé par du soja et un concentré de production du commerce, à une ration composée de fourrage très riche et équilibré. Ma ration actuelle comprend 5 kg de luzerne, 5 kg de RGI ou RGA+trèfle, 5 kg de maïs épis, 5 kg de maïs ensilage plus 1 kg de paille et 3-4 kg d’eau pour ramener ces fourrages très secs à 45 %. Un peu de correcteur azoté et d’orge sont encore distribués au robot.
Économiquement, le changement de système ne génère pas radicalement de grosses économies, mais s’intègre parfaitement dans mon optique. La comptabilité laisse apparaitre sur le dernier exercice une économie du coût alimentaire de 40€/1000 L, ce qui me permet d’atténuer la chute de prix du lait. On ne va pas s’enflammer, mais ce changement de système me permet de faire de petites économies, et me protège d’une remontée du cours du pétrole, donc du soja et des engrais.
En plus, il y a des effets indirects super intéressants, mon taux cellulaire a baissé, la santé et la reproduction sont en amélioration, mes vaches ingèrent de plus en plus, et nous avons tous le sourire le matin dans l’étable. Pour les sols, la luzerne et le trèfle qui vont tourner petit à petit sur les parcelles vont me laisser des parcelles avec une superbe structure et un capital azote important, quelques économies en vue par ici également.

3 ha de mélange suisse sont arrivés, complétés par 7 ha d’un mélange de luzerne/dactyle. A ceci vient s’ajouter 15 ha de dérobée composée de plus en plus par du trèfle incarnat (5 kg RGI + 20 kg trèfle). Il reste un peu de maïs ensilage fauché haut pour équilibrer mes besoins en fourrage (en fonction de mes coupes d’herbes, je complète mes silos avec plus ou moins de ME). Ce maïs ensilage est également utile pour la ration des taries afin d’inverser la Baca et bien préparer les démarrages de lactation.
En 2015, les récoltes d’herbe à la rétrochargeuse se sont multipliées puisque je cherche un fourrage le plus concentré possible. Je réalise des coupes précoces afin de viser 0,9 UFL et 180 gr de MAT/kg de MS. Petit à petit, la part de maïs ensilage à donc diminué dans la ration pour passer de 14-15 kg auparavant à 5 kg aujourd’hui. La réussite d’un fourrage avec de l’herbe coupée jeune réside dans le taux de MS. Plus le fourrage est sec, plus la vache peut en ingérer.
Je vise donc 40 % minimum pour mes coupes et je viens équilibrer cette ration avec du maïs épis. J’arrive maintenant à avoir une RTM ( ration totale mélangée ) équilibrée à 30 kg à l’auge, pour une ingestion de 20 kg de MS.

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Voici les valeurs moyennes des différentes récoltes 2015-2016

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Ration au 01-09-2016

- Pour ceux qui cherchent un petit tableur pour dégrossir une ration, voici celui sur lequel je travaille, c’est gratuit et c’est sur google drive :
version office
version Excel

Si vous utilisez le tableur pour calculer votre ration, un 1er onglet vous permet d’enregistrer la valeur de vos fourrages. Il suffit ensuite de les appeler sur le second onglet et de renseigner le prix et le volume de chaque aliment. Une fois votre équilibre trouvé, un petit tableau à droite vous notifie le chargement de votre mélangeuse et il reste juste à recalculer le volume d’eau qu’il faut rajouter pour obtenir une ration à 45 % de MS. A titre indicatif, mettre en 1er le maïs épis, les céréales, l’eau puis les fourrages grossiers et finir par le maïs ensilage. L’eau permet de coller les céréales au fourrage et évite que les animaux trient à l’auge.

L’herbe,c’est bien mais ça chauffe au silo donc il faut dimensionner la taille du silo à la vitesse d’avancement, sinon vous perdrez tous les bénéfices de cet excellent fourrage.

Silo

  • Séparation d'un silo de maïs ensilage pour mettre un (...)
  • Mur modulable
  • Petit silo pour limiter les pertes

Calculette vitesse avancement silo herbe

Calculette Bilan fourrager

Toutes les 5 à 6 semaines, je vais donc faucher ma luzerne et mes trèfles (irrigués). Nous avons monté des cales sous les faucheuses afin de couper à 7 cm de haut pour stimuler le redémarrage. Nous fauchons à plat pour ne pas abîmer l’herbe, et j’ai une frontale afin de ne pas rouler sur le fourrage fraîchement coupé. Je fauche très souvent le soir quand les plantes sont parfaitement sèches et que les stomates se rouvrent. Si la coupe est abondante, je fane le matin suivant à la rosée, puis l’andaineur passe le soir (en travers si pas de fanage afin de bien décoller tous les andains). 48 h maximum après la fauche, l’autochargeuse intervient et coupe l’herbe en bouts de 5 cm. Avec des coupes jeunes et un chantier de récolte doux (pas de conditionneur, pas de poussière), on obtient un fourrage qui peut monter à presque 60 % de MS, il faut dans ce cas tasser au maximum le silo, et ne pas avoir peur de monter dessus avec la remorque qui est de conception très stable et adaptée à cela.

Récolte fourrage riche en azote

  • Fauche Luzerne/dactyle
  • fanage à la rosée
  • Andainage
  • récolte autochargeuse + conservateur Biosil

Une fois l’herbe récoltée, il faut aller chercher de l’énergie pour équilibrer la ration, le maïs épis est l’allié idéal.

Récolte riche en énergie

  • récolte maïs épis

Plaquette de présentation du maïs épis
PDF - 1.1 Mo

Puis tout cela est déversé dans une mélangeuse qui me permet d’ajuster chaque ingrédient en fonction des objectifs.
Les refus ont quasiment disparu, les bouses sentent bon, les aplombs sont bien, le blanc de l’œil est nickel, on croise les doigts.
Même si aujourd’hui mes vaches ne pâturent pas, j’aurais tendance à dire qu’elles sont heureuses et elles me le rendent bien.

Des vaches qui ruminent


26
août
2016

Consolider un système durable

2016 : à oublier ou à garder en mémoire...

JPEG - 167.6 koJe pense que chacun de nous en a pris pour son grade : grêle, inondation, écoulement de terrain, géomiza, gel à la méïose, manque d’ensoleillement à la floraison, fusariose, froid, canicule, ....
La liste est longue, et il devient de plus en plus compliqué pour nous qui vivons de la nature de dompter ces amplitudes de plus en plus fortes.
On ne peut lutter, il faut donc s’adapter.

Sur ce, une nouvelle année commence, et dès que la batteuse aura fait son travail, une armada d’interventions vont s’enchaîner dans mes champs pour préparer la prochaine récolte. Il va falloir construire un réseau de racines pour consolider la charpente du sol, fabriquer de la biomasse pour nourrir nos amis laboureurs, recycler les éléments nutritifs (très nombreux cette année) qui n’auront pas été puisés par la culture précédente, tapisser d’hyphes le sous-sol pour accélérer les échanges nutritifs et créer cette fameuse glomaline qui nous rendra le sol en santé. Un peu de boulot avant les vacances, mais les enfants m’expliquent ce que je dois faire.

Moi et mon épouse travaillons sur la ferme, c’est super pour la vie de famille, c’est dangereux pour la stabilité financière du foyer. Voici pourquoi, depuis toujours nous avons choisi de diversifier nos sources de revenus, un peu comme on diversifie dans nos champs afin d’atténuer les aléas.

4 productions sur la ferme, de plus en plus complémentaires.

JPEG - 153.6 koNotre EBE se situe entre 30 et 35% du PB (produit brut) selon les années, c’est un peu trop juste pour dégager un bon revenu qui lui se situe seulement entre 5 et 10 % de PB. Certes, les investissements sont conséquents (bâtiment, robot, matériel, foncier, PEE ( ma femme est salarié de la ferme)), et nous avons des pistes de progrès qui, je l’espère, vont nous permettre d’effacer la récolte catastrophique que nous venons de subir et le prix du lait plus qu’en berne ( - 20 % en 1 an).
Avec un revenu de 5 % du PB, vous imaginez que la moindre fluctuation de prix ou de volume nous oblige à entamer les réserves, à condition d’en avoir...

- Année à Noisette, Année de Disette.
Depuis 3 ans, j’ai fait de bonnes récoltes de céréales et bizarrement, je remarquais que les noisetiers présents sur la ferme donnaient très peu de noisettes. À aucun moment, je me suis demandé comment allait survivre l’écureuil.
Cette année, les noisetiers sont bondés de fruits, je ne sais pas si l’écureuil va revenir ou s’il est mort de faim.
J’ironise, mais cette petite leçon que me donne la nature est une très belle leçon de vie, je dois me comporter en écureuil et savoir faire des réserves pour les années moins généreuses.

1 > Le Solaire

La coopérative des Fermiers de Loué nous a encouragé il y a quelques années à chercher à être autonome en énergie sur nos fermes qui comptent de nombreux bâtiments de stockage. Les premiers éleveurs ont monté des projet à 20 ou 30 Kw il y a maintenant presque 10 ans. Ceci nous a incité à regarder de plus près cette source de revenu potentiel. Il y a 5 ans, nous avons investi plus de 400 000 € dans la construction d’un hangar matériel et un stockage paille, recouvert tous les 2 de panneaux pour une production estimée à 88 Kw à l’année. Avec un prix de revente à 60 cts, la revente d’électricité rembourse tout l’investissement, je profite donc de 2 hangars "gratuits". Si tout se passe bien, il y aura un boni les dernières années puisque nous avons un contrat de rachat de 20 ans. Nous avons renégocié dernièrement le taux de l’emprunt qui, lui, est de 14 ans, de ce coté, le soleil brille.
Au terme du contrat, le tarif de rachat sera bien moindre, probablement équivalent au prix de l’énergie que nous consommons, et c’est là que nous serons autonomes et protégés des fluctuations de prix de l’énergie. Un pari à long terme, un placement pour la retraite...
Cette production est pour nous une forme de diversification comme de la vente directe, un gite, ...
Il n’y a pas grand chose à faire pour cette production, le plus dur a été de signer ce gros chèque, maintenant il nous reste à nettoyer 1 fois par an les panneaux et surveiller tous les jours le bon fonctionnement de ceux-ci (les mois d’été rapportent 250 €/jour en moyenne)

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Ce 1er graphique nous donne la production annuelle.

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Sur ce 2ème graphique, j’enregistre tous les mois la production de mes panneaux sur le site BDPV afin de la comparer avec des installations proches de ma ferme. Ceci me permet de déceler très vite un soucis de fonctionnement ou d’encrassement de mes panneaux.

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Tous les jours, une box m’envoie la production de la veille ou m’alerte si les panneaux sont arrêtés. Ce graphique est très marrant, les rendements de mes blés sont directement liés à l’ensoleillement que nous avons sur le mois de mai-juin, dès début juillet, j’aurais dû comprendre que le pire nous attendait.

Album photo de la construction


2>Les volailles de Loué

La production de Mme. 3 bâtiments renouvelés tous les 30 ans, afin d’essayer de n’en avoir qu’un en phase de remboursement sur le global. Une partie des 6 ha de parcours à volailles a été plantée en agroforesterie, pour favoriser l’ombrage et apporter une production de bois de chauffage ou bois d’œuvre dans quelques années.
Nous faisons partie d’une coopérative à taille humaine : 1000 éleveurs réunis dans un rayon d’environ 80 km autour de la commune de Loué. Nous possédons nos reproducteurs, notre accouvoir et notre firme d’aliment ainsi qu’un centre de conditionnement d’œufs.
Nous sommes maintenant la 1ère filière autonome en énergie électrique grâce à Eoloué
Ainsi, nous maîtrisons toute la filière et ceci permet à chacun d’assurer une rémunération à chaque niveau de la chaine de production. Une coopérative de paysans gérée par des paysans.
Les Fermiers de Loué“ installe 50 à 80 jeunes par an, pour cela nous participons à la transmission d’exploitation en validant ou pas le montant de la transaction. Ainsi, un cédant ne peut pas vendre sa ferme à un prix qui laisserait aucune marge de manœuvre pour le jeune qui démarre. Nous limitons ainsi la spéculation des exploitations.

La production de volaille de Loué nous assure un revenu stable puisque le prix de la volaille rendu à l’étalage de la grande distribution est indexé sur le prix des céréales et des charges variables. Quand le prix du blé monte, le prix du poulet monte pour le consommateur, mais il rebaisse lorsque le prix du blé redescend. L’effet cliquet n’existe pas à Loué.
Nos 3 bâtiments consomment environ 200 tonnes de blé et maïs par an soit 30 ha. Nous avons l’obligation de livrer à Alifel (notre usine d’aliment) 50 % de nos consommations de céréales, à un prix déterminé par les administrateurs afin de limiter la spéculation au sein même de notre filière (je ne peux pas spéculer sur le prix de vente de mon blé et au même moment exiger de ma coopérative un prix d’aliment faible). J’ai donc 15 ha de mes céréales qui sont vendus d’office à l’usine d’aliment, à un prix qui, quoi qu’il en soit, sera toujours au dessus de mon coût de production, telle est la devise des Fermiers de Loué.
Je garde la liberté d’arbitrer le reste de mes ventes, soit directement à Alifel, soit à mon négoce ou courtier.

Si vous avez des amis policiers ou gendarmes, signalez leur que nous pouvons leur expédier des affiches plus vite qu’un PV, et si vous êtes fan de poulet, c’est par ici


3> Les cultures de ventes :

JPEG - 103.6 koCe n’était pas l’année où il fallait miser sur le blé, ce n’était pas l’année pour bien des choses... Comme tous mes voisins, je doit arriver à 50 qx en blé ( PS de 65 à 72), 68 en orge et 35 en colza.
Presque 50 % de perte de rendement en blé, uniquement due au gel à la méiose et au manque d’ensoleillement en mai-juin, aggravé par une humidité ambiante en fin de cycle. Cela fait mal mais je reste optimiste car ce ne sont pas mes pratiques qui sont en cause, nous allons analyser tout cela à tête reposée et intégrer dans nos ITK ce risque climatique qui peut se reproduire à tout moment. La diversité de l’assolement, des variétés (mélange), des dates de semis ainsi que les plantes compagnes ou pérennes vont probablement voir le jour.

2016 est une année de crise, mais aussi pour moi une année de mutation pour espérer durer dans la crise.

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Avec 15 voisins, nous avons une cuma "battage" qui regroupe 450 ha de céréales (7 adhérents) plus 2 à 300 ha de maïs grain (15 adhérents). Depuis 2 ans maintenant, nous avons investi dans une seconde moissonneuse "low cost" afin de travailler dans de bonnes conditions et limiter le stress. La moisson nous est facturée 90 €/ha pour les céréales et 110 €/ha pour les pois et le maïs (chauffeur et fioul inclus).
2 chauffeurs assurent la conduite et 3 adhérents gèrent les remplacements du midi ou du soir, tous ces temps sont indemnisés par la cuma. Par contre, pour "souder" notre groupe céréale et avoir une bonne cohésion lors des chantiers de récolte, chaque adhérent assure un matin d’entretien des 2 batteuses, qui consiste à souffler les batteuses avec un compresseur de chantier et nettoyer les vitres des cabines. En général, l’adhérent est de "corvée" de nettoyage le jour où il moissonne, ainsi, s’il arrive en retard pour l’entretien, la moissonneuse arrivera en retard chez lui. Ce petit règlement permet à chaque adhérent de se sentir responsable, mais aussi d’être acteur de la vie de la cuma. Rapidement, ce qui semblait être une corvée devient un moment intense d’échange et facilite l’entraide qui disparait peu à peu dans nos campagnes. Nous avons fait le choix d’avoir une seconde machine plutôt que d’en acheter une plus grosse afin de ne pas tomber dans un sur-équipement de logistique de transport, nous réalisons une bourse d’échange pour les bennes afin de valoriser au mieux le matériel présent sur chaque ferme.

JPEG - 143 koPour le planning, chacun s’inscrit auprès d’un responsable qui actualise le planning sur Google agenda, ainsi chacun sait qui fait quoi.
Cette agenda totalement gratuit est visible par tous les adhérents, et chaque outil a son propre calque de couleur ainsi chacun sait ce que fait le matériel sur lequel il a des parts, il est possible d’afficher plusieurs cuma sur une même page.

Qu’avez vous choisi comme chapeau pour votre sol ?

Comme je suis éleveur avec des besoins de paille, le "semis direct" de couvert ou dérobée fonctionne mal dans mon système car dès que la paille va être ramassée, le sol va se retrouver exposé au soleil et s’assécher très rapidement. Si je sème avec un semoir à disques, la levée va se faire uniquement là où les graines auront trouvé suffisamment d’humidité. Pour parer à ce problème, je réalise un 1er déchaumage le plus superficiel possible dès que la paille est ramassée : cette rupture de capillarité aura le même effet que le broyage de la paille qui permet de conserver l’eau résiduelle dans le sol.
Éleveur, toujours, je profite des semis de dérobées pour épandre une partie de mes effluents, le semis par recouvrement (compil) me permet donc d’enfouir quelque peu ceux-ci tout en positionnant dans un lit de semence mes petites graines.

Voici en quelques étapes comment je planifie mes travaux :

  • 1> Moisson de l’orge et des blé précoce. Idéalement, ces parcelles vont être semées début août en dérobé puis un maïs épis suivra.
    • 18 Juillet : Avant la moisson, passage au stand de la batteuse pour vérifier la pression optimale des pneus, 2 kg pour la monte de pneus que nous avons, c’est sans doute encore trop.
      Comme je stocke à la ferme et que peu de distance sépare mes champs du lieu de stockage, je ne cherche pas à remplir à 100 % la benne, je privilégie 1 ou 2 vidanges en roulant au champ et la dernière à l’arrêt. Je vide la trémie lorsque celle-ci est à 80 % de remplissage en roulant au champ (pour limiter le poids de la batteuse ), seule la dernière trémie vidée à l’arrêt peut monter à 100 % pour optimiser le chantier.
      Le chaume est ici de 10-15 cm car je ne veux pas trop de résidus au sol qui pourraient me gêner sur les récoltes de fourrage à l’automne qui vient.
    • 20 Juillet : Je ramasse ma paille avec une autochargeuse qui coupe ma paille en morceau de 4 cm. Celle-ci est ensuite stockée en vrac sous un hangar, je l’entasse avec une rallonge montée sur un télescopique afin de ne pas perdre de place. Ainsi, l’encombrement est similaire à des round-ballers . Ce broyage de paille va me permettre de limiter ma consommation de paille pour les litières, et obtenir un fumier beaucoup plus facile à épandre nécessitant moins de puissance sur l’épandeur.
    • 21 Juillet : 1er déchaumage le plus light possible afin de faire germer un maximum d’adventices. Mon meilleur réglage se situe à 5 l/ha avec le compil. Si je consomme plus, je suis trop creux, à vos compteurs !

Orge et blé précoce


  • 2> Moisson du reste, blé ou colza
    • 20 Août : Parcelles de blé qui seront semées en blé ou orge :
      La moisson se déroule comme le chantier précédent, mais on va faucher un peu plus haut, 20 cm minimum. Dès que la paille est ramassée, on déchaume pour réaliser un faux-semis et conserver l’humidité.
      Dès qu’il pleut, je sème au centrifuge 80 kg de féverole puis un mélange de 6 kg de trèfle d’alexandrie, 1 kg de moutarde, 1 kg de phacélie, + les restes de sacs.

moisson

Sur les parcelles qui vont en maïs, la paille est broyée. Courant septembre, je vais épandre mes effluents solides et semis dans la foulée d’un couvert de féverole/phacélie ou d’un méteil d’hiver.


Parcelles de colza qui seront semées en Blé :
Il devient de plus en plus fréquent de battre les colzas avec les derniers blés, c’est bon signe. Rien de particulier pour la récolte.
Nous attendons toujours 15 jours après la récolte du colza avant de déchaumer, ceci permet d’avoir déjà beaucoup de repousses au sol et limite le risque de mise en dormance des graines par un déchaumage trop précoce. Ce 1er déchaumage permet d’éclaircir les repousses de colza mais aussi détruire les quelques tiges de colza qui chercheraient à repartir, car ce sont celles-ci qui bouchent les drains. Ensuite, on ne fait rien jusqu’au semis du blé qui intervient fin octobre toujours au compil, un passage de glyphosate (1.5 l/ha) est réalisé dans ce cas la veille du semis, afin de laisser le plus longtemps possible des résidus verts pour les limaces qui auront mémorisé cette denrée et délaisseront le blé qui pousse au milieu de cette verdure. Cette technique permet de réduire de façon drastique l’utilisation d’anti-limace, mais ne l’interdit pas si les limaces venaient à toucher au blé, surtout si le germe du grain n’est pas enfoui dans un vrai lit de semences (ligne mal fermée)

- Semis de colza avec des plantes compagnes.
J’ai craqué quand mon technico m’a envoyé cela :
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J’avais bien en tête 2 ou 3 agris qui pratiquaient le semis de plantes pérennes sous couvert, mais je n’osais franchir le pas. Ce soutien de la part de mon technico a suffit à me convaincre, et pour aller plus loin et faire plaisir à mon mentor Québécois, j’ai volontairement oublié d’utiliser le strip till...
Ceci est un essai que je ne maîtrise pas encore, une autre parcelle sur ma cuma va recevoir des comparaisons d’implantation ( ST à 20 cm, 10 cm, STL, semis solo) ainsi que différentes plantes compagnes afin de vérifier si les racines peuvent remplacer l’acier. L’idée est également d’implanter le couvert dans la culture qui précède afin d’optimiser les bénéfices de celui-ci. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il devient compliqué de semer les couverts l’été, il est donc tentant de réfléchir à une autre manière de les implanter.

Pour aller plus loin :
Blé associé
Colza associé d’un couvert permanent :

Il est temps de passer au CDI, les Couverts à Duré Indéterminée que Jérôme Labreuche nous présente dans ce magnifique PdF
Frédéric Thomas y associe des témoignages dans le TCS n°88 avec un dossier spécial Couvert permanent.

- Retour dans mes champs

Précédent blé paille enlevé, épandage de lisier, déchaumage.
20 août
Semis d’un mélange de 7 kg/ha de luzerne + 7 kg de trèfle violet + 1.5 kg de trèfle blancs.
Semis dans la foulée de 15 gr/m2 de colza Mambo.
Irrigation pour assurer la levée.
Pour ceux qui vont vers le RTK et désirent localiser de façon permanente les passages de pulvé (28 m dans mon cas ) , nous avons réglé le semoir à 62 cm d’écartements. Notre semoir de 7 rangs est enregistré dans la console du RTK pour 4 m 356 afin que tous les passages de pulvé tombent bien entre les rangs du colza.

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4>La production laitière

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Tout a changé, mes vaches sont redevenues des ruminants alimentées avec un fourrage le plus équilibré possible, tout un récit en préparation.
Les explications vont être longues tellement les changements ont été importants, mais la comptabilité m’encourage dans la voie que j’ai pris il y a maintenant 2 ans.
Suite au prochain article.

En attendant, si un politique me lit et est en manque d’inspiration pour sa campagne présidentielle, après le "mangez des pommes", on pourrait dire "mangez du fromage"