Philippe Pastoureau

  • Couvert localisé chez Jocelyn Michon
  • Passage du strip till à disque
1er
février
2016

Colloque Santé des Sols

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Le 6 Janvier 2016, j’ai eu le plaisir de présenter mes péripéties devant 450 Québécois, agriculteurs et techniciens.
Ce fut un réel plaisir pour moi de décrire mon parcours, mes échecs et réussites. J’ai aussi jasé de mes déceptions et mes désillusions, mais surtout du chemin parcouru pour rencontrer le plus souvent possible la chance.
Tout ceci est résumé sur le PdF ci-dessous , je vais essayer de vous expliquer les grandes lignes.

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Introduction

Je présente la région d’où je viens et ses caractéristiques. Le Québec est issu de la forêt (il y a - de 200 ans), alors que ma ferme est issue d’une région bocagère très hétérogène, ceci se voit tout de suite sur la photo aérienne.
Pour la météo, l’hygrométrie est à l’inverse du Canada, des hivers froids et humides, suivis d’été chauds et secs, avec une pluviométrie répartie de septembre à avril.
Sur le plan économique, la rentabilité de ma ferme s’amenuise d’année en année, mon résultat net varie de 5 à 10 % du chiffre d’affaires, alors qu’il était de 15 à 20 % il y a 15 ans. J’ai du presque doubler mon chiffre d’affaires (travailler plus) en 15 ans pour maintenir mon revenu, la moindre variation négative des cours risque de me mettre dans le rouge très très rapidement. Heureusement pour moi, je travaille en groupe et "le groupe est toujours plus fort que le plus fort du groupe".
On respire un grand coup, on prend du recul, et on réfléchit à mettre en cohérence mes modes de production pour non plus augmenter le chiffre d’affaires mais améliorer le résultat net, ceci en travaillant les postes majeurs (mécanisation, fertilisation, achat azoté et protéique).

Du labour au travail simplifié

De 1995 à 2005, j’ai beaucoup ramé à l’aveugle, j’ai voulu réduire le travail mécanique sans le remplacer par du travail biologique. Les économies de mécanisation ont été englouties dans une utilisation plus importante de produits phytosanitaires, la baisse des rendements nous met en difficulté, le doute s’installe..

Le Sol serait-il vivant ?

Pour la 1ère fois, une femme va me mettre à genoux pour que j’observe mon outil de travail. Je découvre que le sol est vivant, et je prends conscience de mes pratiques. Labour ou TCS, les 2 sont aussi destructeurs pour le sol...
Il faut maintenant nourrir le sol, encore et encore, toujours plus et tout laisser à la surface, même si cela ne ressemble à rien. Le moindre résidu enfoui sous 2 ou 3 cm de sol ne nourrira pas mes laboureurs, mais des bactéries toxiques pour mes cultures. Je doit imprimer dans ma tête de nouvelles images de mes semis. Commencent alors les semis dans le vert, effrayant au début, réussi à chaque fois....

Le ver de terre rentre au Ministère

Nous avons la chance en France d’avoir un Ministère de l’agriculture qui est sensibilisé à la vie des sols, nous ouvrons nos fermes pour faire voir que l’on peut remplacer une partie de la chimie et du gasoil par des systèmes écologiques gratuits. Le Ministère baptisera cela l’Agroécologie.
Ce terme - maintenant rentré dans le dictionnaire - sera désormais enseigné dans les lycées agricoles, chacun y aura été sensibilisé et on peut espérer qu’à l’avenir nos conseillers prodigueront des bienfaits écologiques avant de vendre des produits phyto. (par exemple, un conseiller préconisera de détruire un couvert chimiquement ou mécaniquement seulement 2 à 3 jours avant le semis d’une céréale, afin de nourrir les limaces pendant encore 2 à 3 semaines par les résidus verts et ne pas être gêné par celles-ci)

Rencontre avec la chance

Oui, c’est possible.
Souvent ???
Le plus souvent possible.

Ceci n’est pas de la provocation. J’ai pris l’image d’une arène pour illustrer mes propos.

Sur la 1ère photo, on voit des amateurs qui défient la vachette, certains ont de la chance, d’autres pas. Ceci illustre l’époque où j’ai arrêté de labourer, je faisais du TCS, les résultats étaient aléatoires et jamais supérieurs au labour, donc pourquoi prendre des risques ???

Sur la 2 ème photo, un professionnel se dresse devant la vache, il la connait parfaitement, il sait exactement comment elle va se diriger sur lui, il est immobile, il analyse la situation, il sait exactement le geste qu’il va opérer et à l’instant précis, il va réaliser un saut de l’ange au-dessus de la vache, sans prendre le moindre risque.
Sa tenue est blanche, la vache le voit à-peine car elle course l’écarteur habillé en bleu, et la vache ne voit que sur les cotés, pas au-dessus de sa tête.
Avec ces explications, certains vont peut être vouloir descendre dans des arènes l’été prochain, je vous le déconseille, l’apprentissage de ce sport demande beaucoup d’entrainement, avec un professeur.
Quand on abandonne le labour, il faut également se former, avoir des professeurs, évaluer les risques et trouver des parades pour les déjouer à chaque fois.
Affronter une vachette ne s’improvise pas, abandonner une charrue non plus.

Quand vous aurez trouvé le ou les bons professeurs, essayez 1 ou 2 fois des exercices concrets dans vos champs, il n’y a aucune raison que la chance ne soit pas au rendez-vous. Le jour ou vous dépasserez le professeur, vos rendements deviendront supérieurs à ce que vous pouviez prétendre en conventionnel, ce ne sera pas un hasard.

Pour ma formation, je budgétise 0.5 % de mon chiffre d’affaires que je consacre à des échanges, voyages, temps de formation. Chacun y va à son rythme, mais sachez que le gratuit n’est jamais gratuit.

Découverte du métier de paysan

Je redeviens chef de ma ferme, c’est moi qui appelle les conseillers quand j’ai besoin d’eux, c’est moi qui décide de mon assolement, de la vente de mes céréales, c’est moi qui oriente l’alimentation de mes vaches laitières afin de ré-intégrer cette production qui était devenue "hors-sol" (achat de soja, d’engrais, de semences, ...), en une production en parfaite adéquation avec mes modes de production (sol en santé, animaux en santé, paysan serein).

Je paie des gens pour me conseiller, je remercie ceux qui ne m’apportent rien.

J’implante des prairies multi-espèces et de la Luzerne qui vont être bénéfiques pour la santé des sols et de mes vaches, je récolte en brins longs pour faire ruminer celles-ci, le maïs ensilage va disparaitre au profit du maïs épis pour me laisser une nourriture au sol.
On allège les automoteurs, on retire de la puissance au tracteur pour limiter les bêtises, ces économies de puissance sont investies dans du stockage d’effluents afin de mieux valoriser ceux-ci. On ne parlera plus de fumiers ou lisiers mais d’engrais de ferme, un pas de plus vers l’autonomie.

Au fur et à mesure que je sème dans le vert (donc des racines ), mes rendements montent.
Au fur et à mesure que je limite le travail du sol (en réduisant le trafic en période humide), mon sol se travaille tout seul et 6 l de fioul par hectare me suffisent pour implanter un blé.
Au fur et à mesure que j’introduis des légumineuses dans ma rotation, en plantes compagnes ou dans les couverts (dérobée ou pas), mon taux de matière organique remonte, mes rendements progressent encore sans mettre plus d’azote minéral.

L’image de la montgolfière suit dans ma tête celle de l’homme assis au bout de la falaise. J’ai choisi la voie du non labour qui m’a conduit devant un précipice dans lequel beaucoup sont tombés, je n’ai pas reculé, j’ai juste largué tout ce qui pouvait me gêner. J’ai fait cela de manière progressive, avec plusieurs moniteurs, j’ai choisi ma destination, étudié la meilleure trajectoire et tout mis en œuvre pour atteindre cet objectif.
Mais un jour, il faut prendre son envol, mon Dieu, que cela fait du bien...


18
décembre
2015

Choisir entre 1 ou des cadeaux

Brume en arrière plan, lumière rasante, il est 6 heures, la campagne s'éveille, mon cerveau s'éclaire...

Brume en arrière plan, lumière rasante, il est 6 heures La campagne s’éveille, mon cerveau s’éclaire...

Comme tout le monde, j’ai écrit ma lettre au Père Noël et ce ne fut pas simple. Quand j’étais petit, je découpais les tracteurs des prospectus et je n’avais qu’à poster mes souhaits, qui s’exauçaient plutôt bien.
À mon âge, l’affaire est un peu plus engageante et il vaut mieux ne pas se tromper de couleur de jante, au risque de finir à plat...
S’offreNT donc à moi 2 possibilités, 1 gros cadeau d’un côté, que tout le monde admirera ou plusieurs petits qui s’imbriquent les uns dans les autres, comme des poupées russes...

Le big cadeau

JPEG - 120.1 koRien à dire, ce tracteur est magnifique, confortable, doté d’un frigo et d’une tablette pour poser la boisson... Vous pouvez boire tranquille, ce tracteur n’a pas besoin de vous pour aller droit.

Les poupées russes

À budget plus ou moins égal, je peux enlever quelques options et me contenter de couleurs moins pétillantes, voire de 2ème main, voyons ce que cela peut donner :
Petit indice, ce film m’a percuté, et je souhaiterais l’adapter à mon élevage hors-sol de vache laitière...

Le pâturage étant compliqué sur ma ferme en raison de la nature du sol et du robot qui n’a pas de roulettes, le passage à l’herbe est envisageable moyennant quelques équipements en cuma ainsi que sur la ferme.

Pour moi, il faudrait donc que je commande :
Une mélangeuse et un tracteur de cour, d’occasion en bon état pour un budget de 35 000 €. En voici une de 6 ans, 14 m3 qu’un retraité vend car il n’a pas trouvé de remplaçant à son élevage.
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Tracteur de 8 ans, 5000 h, à vendre sur LBC pour cause de loi Macron ...
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Tracteur de démo, sachant aller droit mais dépourvu de frigo. La faucheuse frontale d’occasion provient encore d’une ferme ayant abandonné l’élevage, ce paquet vaut 100 000 €.
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Verdict

Bon, quel cadeau ai-je commandé me direz vous ???, la réponse n’est évidemment pas dure à trouver.

Vous l’aurez devinez, une grande phase de réflexion, de doute, de questionnements et d’apprentissage s’est engagée sur ma ferme depuis 2 ans, et je vais très bientôt vous dévoiler en détail les modifications entreprises.
Mais laissons durer un peu le suspens, j’aimerais ouvrir les cadeaux la semaine prochaine afin de m’assurer que le père noël ne s’est pas trompé, et je me dois de rendre à César ce qui lui appartient.
En effet, j’aligne avec mes voisins de cuma ou de groupes techniques des performances qui en font rêver plus d’un, nos sols, nos animaux se portent de mieux en mieux et ceci n’est pas négligeable en période de turbulences comme actuellement.

Cette stratégie mis en place, je la dois à Odette Ménard qui m’a donné le plaisir d’agir, et à mes mentors dont Jocelyn qui a eu l’honnêteté de m’avouer que mes soucis se situaient "entre le siège et le volant". [1].

Début janvier, j’irai donc les rencontrer pour rendre ma copie, je vais passer un oral et expliquer mon programme de remise en forme, rendez vous à Sainte Hyacinthe...

Si j’obtiens leur aval pour continuer, je vous dévoilerai à mon retour mon exposé.
Sur ce, très bonnes fêtes de fin d’année.


13
décembre
2015

Changer d’Altitude ???

PNG - 78.9 ko Et si nous mettions en place une politique de résultats, qui encourage une agriculture qui consomme moins d’énergie pour produire 1 litre de lait ou 1 kg de blé ??? Pensez vous que des cultivateurs et techniciens pourraient faire preuve de suffisamment d’ingéniosité pour trouver des solutions multiples ???

À l’image de Bertrand Piccard, nous devons nous aussi changer d’altitude, arrêter de lutter contre vent et marée avec du fioul ou des herbicides, et simplement lâcher du lest afin de trouver des vents meilleurs qui nous permettront d’avoir plus d’efficience dans nos pratiques.
Toute ressemblance entre Solar Impulse et un Ver de Terre n’est que le fruit de votre imagination...

Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous recommande son dernier livre Changer d’altitude, qui illuminera votre sapin.

Pour suivre son actualité, son siteBertrandpiccard.com


11
décembre
2015

COP21 : à la découverte de l’agriculture dite de conservation

JPEG - 481.5 ko En 3 ans, nous sommes passés de 1 à 2 vidéos parlant de l’AC par an, à 1 ou 2 par semaine. Dans chaque région, dans chaque département, dans chaque canton, on peut maintenant facilement trouver 1 ou des agriculteurs qui sèment dans le vert, et ceci fait le bonheur de nos jeunes étudiant(e)s qui s’initient à ces nouvelles pratiques.

Un grand merci à tous ces agriculteurs qui ouvrent leurs fermes, leurs champs pour accueillir les journalistes et partager leur passion.

Un exemple au Journal télévisé :

Un très beau reportage sur le Net

- L’AC est également un sujet traité dans des documentaires, des voisins ont récemment reçu l’équipe "D’esprit Sorcier", animé par Fred . Nous avons là un formidable reportage, n’hésitez pas à prendre le temps de le regarder et surtout le faire partager.
Esprit Sorcier

- Dossier "Sol et Climat" sur le site Esprit Sorcier
http://www.lespritsorcier.org/dossier-semaine/sol-et-climat/

Un exemple dans la presse internationale

- Le responsable de BASE72
AFP-> http://www.afp.com/fr/news/3814470/]
Texte en Français Word - 147 ko

Internet, où comment se décompacter le cerveau de chez soi

- Si vous aussi cherchez des infos sur l’AC, il suffit d’aller sur un moteur de recherche et de taper "Agriculture de conservation", allez ensuite dans la rubrique vidéo en les classant par ordre chronologique, et vous n’aurez que l’embarras du choix, tellement les "cultivateurs" sont bavards.

Ensuite, il faudra rejoindre une association proche de chez vous qui vous permettra de rentrer en relation avec des pionniers qui partagent leurs expériences, ainsi vous pourrez allier "savoir" et "mise en œuvre" afin de mettre une transition rapide et durable de l’Agriculture du Carbone.

Et pour Noël, pensez à l’Agroboutique


2
décembre
2015

4 pour 1000, renaissance du sol vivant.

PNG - 536.4 ko- Comme vous le savez tous, cela discute beaucoup actuellement au Bourget, et qui dit beaucoup de paroles laisse entrevoir peu de résultats concrets...
Pourtant, j’ai envie d’y croire et je ne sais pas si le projet 4/1000 présenté par la France sera retenu dans les solutions contre le réchauffement climatique. Pour une fois, ce sont les agriculteurs qui apportent des solutions et notre Ministre le démontre très bien en citant les pionniers comme ceux que j’ai cité dans mes précédents posts, et en mettant en œuvre des solutions de formations et d’accompagnements à la transition vers l’agriculture de conservation, via les GIEE ou divers association de vulgarisation.

Qu’est ce que le 4/1000 ???

- Conférence sur le climat, l’agriculture fait sa part.

Le bulletin.com du 01-12-15

Le programme de recherche nommé 4 pour 1000, lancé au printemps dernier par le ministère français de l’Agriculture rallie de plus en plus de partenaires. À son lancement officiel mardi dans le cadre de la Conférence de Paris sur le climat, une centaine de participants ont confirmé qu’ils participeraient à l’initiative. Dans le lot, une quarantaine de pays, des ONG et des fondations privées

Le programme de recherche international vise à augmenter de 4/1000e par an le stockage du carbone dans le sol grâce entre autres à l’adoption de nouvelles pratiques culturales.

Cette vidéo explique en quelques minutes en quoi consiste ce programme.

Aujourd’hui, on estime que 30 % des sols dans le monde sont dégradés avec des pertes associées de près d’un milliard de dollars. Les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture et la forêt sont importantes dans certains pays. Dans le cas de la Nouvelle Zélande, les émissions provenant de ces secteurs s’élèvent à 50 %, un chiffre qui passe à 20% en France.

« Ce programme doit nous permettre d’améliorer nos connaissances sur la capacité de stockage des sols, d’identifier les stratégies agricoles à mettre en place, de définir les politiques publiques de promotion de ces nouvelles pratiques et d’évaluer les résultats obtenus », explique François Houllier, directeur général de l’Inra.

« L’agriculture doit être une solution et pas un problème », a ajouté Stéphane Le Foll, le ministre français de l’Agriculture. Ce dernier ne veut plus entendre dire que les agriculteurs sont des pollueurs. Ce dernier assure que les champs peuvent devenir un moyen de faire baisser les émissions de carbone si on augmentait leur capacité naturelle d’absorption du CO2 de 0,4 % par an (soit 4 pour 1000).

« Il faut favoriser une couverture continue du sol, lui apporter plus de matière organique avec par exemple des résidus de culture, des fumiers, des lisiers… et ne plus laisser de sol à nu », explique Jean-François Soussana, directeur scientifique environnement à l’Inra. Allonger la durée de pâturage des bêtes, enherber et moins labourer les sols font partie des méthodes envisagées.

Source : Agence France-Presse, 20 minutes

- Quand agriculture rime avec Paie

Comment accompagner le changement

- Sol-en-Caux lutte contre l’érosion des sols

- Agroécologie et multiperformance : des formations pour les agriculteurs

Ailleurs dans le monde

- Agroécologie en ITASY

- Quelques parts au Dakota


28
novembre
2015

Cop 21, nous comptons sur Vous, OZ ...

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- L’avenir est entre nos mains, agissons
Des solutions, les agriculteurs en trouvent tous les jours, simplement en associant les services écologiques que nous offre notre planète aux connaissances scientifiques de nos chercheurs en herbe. L’avenir s’annonce passionnant.

Clip officiel de la COP21

L’agriculteur face au climat - Christian Abadie -Agr’eau

Agroforesterie et biodiversité

Remplacer les pesticides - FUTUREMAG - ARTE

L’Agriculture de Conservation et sa diffusion en France et dans le monde

Merci à François Laurent qui nous en dit un peu plus sur l’état actuel (N-2 ou 3) de l’AC.

Cybergeo paru le 10 Novembre 2015

L’agriculture de demain selon Afterres : biologique, prospère, locale, et totalement réaliste

Un article qui peut faire méditer sur l’agriculture de demain...

Elozay.com