Philippe JACQUEMIN

  • Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) - ©entomart - http://www.entomart.be
13
août
2010

Tristes campagnes

Regarde ta terre, ami laboureur Malgré tous tes efforts et ton labeur Approche toi d’elle, n’ai pas peur Et vois comme elle se meurt.

Qu’as-tu fais de l’héritage de tes parents ? Qu’as-tu fais de la sagesse du paysan ? Chéri ta terre comme tu chéri ta dulcinée Oubli tu que pour recevoir il faut donner ?

Mais mon ami, il est encore temps Remplace le fer et l’acier par le vivant Et si tu fais fausse route, ne t’inquiète pas Ecoute sa voix, ta terre te montrera la voie.

Combien de temps encore vas-tu te faire berner ? Tu brades aux supermarchés lait, viande et blé Pourquoi vouloir exporter toujours plus loin ? Créer ta valeur ajoutée et conquiert ton voisin.

Paysan, ton pouvoir auprès des hauts placés était grand Restaure ton indépendance et retrouve l’influence d’antan Plante des arbres, vend ta charrue et cultive ton esprit Invente ton agriculture toi-même, ose être un affranchi.

Benjamin Le Meur


5
juillet
2010

Les érigones atra sont des araignées

© Goodacre et al., BMC Biology

Erigoninae est une sous-famille d’araignées aranéomorphes de la famille des Linyphiidae, englobant plus de 2 000 espèces. Ce sont des araignées sombres de très petite taille (dépassant rarement 2 mm, parfois moins de 1 mm). Erigone est de loin le genre le plus vaste.

Chez quelques espèces, les mâles ont sur leur céphalothorax des déformations en relief très originales. Sa fonction exacte reste mal comprise, mais devrait permettre au mâle de s’agripper à la femelle lors de la copulation. L’abdomen est subglobuleux, de forme ovale.

Les érigones sont des prédateurs généralistes importants d’insectes dans des habitats agricoles, des champs arables intensifs, des prairies comme des espaces naturels. E. atra dominé en automne récolte semée et E. dentipalpis dominé à l’autre fin du spectre agricole de gestion dans prairies d’intensité basse. Leur capacité de rapidement se disperser et coloniser des habitats dérangés les rend importants comme une forme naturelle de contrôle de parasite, présenter souvent avant que d’autres groupes prédateurs n’arrivent.

La dispersion

Erigone dentipalpis et Erigone atra sont « des espèces aéronautiques ». L’araignée se dresse sur la pointe des pattes, l’abdomen levé, elle libère assez de soie jusqu’à ce que la superficie des fils soit suffisante pour le mouvement de l’air soulève et transporte l’araignée. Les araignées doivent atterrir dans un habitat approprié pour survivre. Dans des conditions favorables, les grands nombres d’araignées « aéronautiques » peuvent arriver. Leurs toiles peuvent draper sur la végétation aussi légère et quelques personnes le considèrent comme chanceux si un de ces pays d’araignées volants sur eux - un nom anglais commun pour eux est "des araignées porte-bonheur". En France le nom est « Les fils de la Vierge ».

Une araignée Erigone atra femelle prête au décollage.
© Michael Hohner

Une étude faite par INRA, Station de Zoologie, Laboratoire de Faunistique, a fait le point sur l’incidence de 3 matières actives insecticides (deltaméthrine, diméthoate et phosalone) sur les araignées des champs de blé dans le cas de leur utilisation en traitement de végétation contre le puceron de épis (Sitobion avenae) à l’épiaison. L’inventaire des araignées comporte 110 espèces. L’action des produits est étudiée par comparaison des effectifs, des parcelles traitées entr’elles et avec le témoin, par une analyse de variance pour tous les cas où ils sont suffisants. Les espèces les plus abondamment capturées sont Pardosa prativaga, Erigone atra, Oedothorax apicatus, Theridion bimaculatum et Lepthyphantes tenuis ainsi que pour l’ensemble des Erigonidae. Globalement il ressort de cette étude que les araignées sont relativement peu affectées par les produits étudiés, l’effet étant souvent de courte durée. Par ailleurs, dans de nombreux cas, il semble que les matières actives étudiées ne tuent pas ces arthropodes mais perturbent leur activité durant un laps de temps variable selon les produits et les espèces.

Erigone atra sur colza.
©Philippe Jacquemin

12
juin
2010

Les faucheurs d’OGM ont-ils tort ou raison de détruire des cultures génétiquement modifiées ou pas ?

Pour répondre à cette question il faut déjà comprendre qui veut nous diriger et faire un maximum de profit à notre détriment. Le regard se tourne vers les lobbies ou les groupes de pression qui veulent imposer les règles de fonctionnement de notre société. Pour atteindre cet objectif, quoi de mieux que d’influencer les décideurs officiels : les fonctionnaires et les hommes politiques. Parmi ces derniers, les députés européens qui font appel aux lobbies pour affronter la technicité des projets des directives et des règlements. Les groupes de pression emploient une grande partie des assistants parlementaires, avant, après, et même parfois pendant qu’ils exercent cette fonction. Après quelques années d’exercice, les assistants parlementaires privilégient l’accès à la Commission européenne ou l’entrée dans des groupes d’intérêt.

A l’heure actuelle, c’est 3 500 groupes d’intérêt qui exerceraient une activité de lobbying au niveau de l’Union Européenne. A peu près 2 600 ont des bureaux à Bruxelles. Environ 15 000 lobbyistes sont présents auprès des institutions européennes ou en appui logistique, représentant, pour plus de la moitié d’entre eux, des groupes d’intérêt à caractère commercial, directement, par le biais de cabinets de conseil ou en tant qu’avocats ; Approximativement 11 % représentent des associations d’intérêt général et à but non lucratif. A titre de comparaison, l’Union ne comprend que 30 000 fonctionnaires.

De nombreux textes communautaires sont issus directement des lobbies et il n’étonne personne que des propositions de directives européennes émanent de ces groupes de pression : parmi les propositions de directives présentées par la Commission en 1996, seulement 3 % correspondraient à des initiatives spontanées de ses services. Ce qui ce passe à Bruxelles se passe également à Paris, Berlin, Londres etc. Plus de 80% des lois en France sont directement issue de l’Europe. Les lois votées sur mesure sont, pour certains, des contraintes, des non-sens, des aberrations sur le terrain. Alors, pour s’y opposer, le recours juridique est long, coûteux et incertain pour obtenir gain de cause et modifier les textes. C’est pourquoi, les citoyens se tournent vers des actions de terrain médiatisées qui marquent les esprits et créent un mouvement populaire. Ce dernier seulement oblige les politiques à réfléchir, à prendre position puis à agir.

Les firmes semencières ont déjà réussi à imposer aux agriculteurs un catalogue de semences pour produire, notamment, nos denrées alimentaires. L’agriculteur n’a plus la possibilité de sélectionner ses propres semences et de les vendre si elles ne sont pas inscrites sur ce catalogue. Pourtant à l’issue de 10 000 ans d’agriculture tournée vers la sélection de variétés adaptées à un sol, à un climat, cette dernière se voit limitée, enfermée par un productivisme avec des variétés imposées que l’agriculteur n’a pas forcément voulu. Les firmes semencières imposent des variétés industrielles demandant beaucoup d’engrais, de pesticides pour produire, au final, du grain mal adapté aux conditions pédoclimatiques. De surcroît, ce grain au goût souvent insipide et peu payé, est très mal accepté par un grand nombres d’agriculteurs passionnés par leur métier noble. Face à cette situation déjà dégradée, l’arrivée des semences OGM via des lobbies très soucieux de leurs profits à très courts termes déclenche forcement un vent de contestation.

OGM dans l’agriculture ?

L’agriculteur compte parmi ses ennemis de longue date, les insectes ravageurs des cultures. Nombreux sont les textes historiques relatant les dégâts des insectes sur les productions. Selon des estimations faites en 1934, les cultures comptaient 236 espèces « parasites » des cultures (virus, bactéries, champignons, insectes, mollusques, oiseaux, mammifères, nématodes et acariens) dont 140 espèces d’insectes. Après plus de trente ans de révolution agrochimiques, le compteur s’emballe puisque 643 espèces destructrices des cultures sont inventoriées dont 278 espèces d’insectes. Parmi ces derniers, la pyrale du maïs, un papillon qui, suite à un bref accouplement, pond environ une vingtaine d’œufs pour donner dix jours après, des chenilles voraces ; en dévorant l’intérieur de la canne de maïs, les chenilles empêchent la formation de l’épi de maïs. Pour s’opposer à la chute du rendement du maïs, la lutte biologique utilise le parasite naturel de la pyrale, une bactérie (le bacillus thuringiensis) en aspersion au moment des premiers vols du papillon. Sur ce même principe et en défiant les lois de la nature, une firme semencière vend un produit 2 en 1 : des semences de maïs OGM hébergeant dans ses gènes ceux de la bactérie parasite de la pyrale. Ainsi, ce maïs OGM dit BT est résistant à la pyrale du maïs en produisant directement les toxines mortelles pour la pyrale. Face à cette invention humaine fort astucieuse, dame nature l’est encore plus en sachant la contourner : la pyrale du maïs sait s’adapter au maïs OGM et devenir résistant aux toxines BT. « L’homme apprenti sorcier » n’est pas dupe mais démuni en prenant des précautions illusoires : 20% de la parcelle doit être sans OGM pour éviter les souches résistantes de la pyrale du maïs. En effet, dame nature a dans son chapeau, un tour d’avance sur l’homme puisque quoi qu’il en soit, il y aura toujours un individu sur 100000 qui résistera au traitement. Les lignées résistantes sont déjà là et la lutte continuera et l’OGM n’aura servi, au final, à pas grand-chose tout en s’attirant les foudres, celles de promouvoir des pyrales de plus en plus résistantes à tout type de lutte. Alors restons humbles et faisons recours à des pratiques élémentaires mais les seules efficaces durablement : l’allongement des rotations culturales, la lutte biologique par la confusion sexuelle ou des produits biologiques et surtout établir un équilibre biologique en préservant et/ou restaurant la biodiversité dans et autour des parcelles agricoles. Pour s’en convaincre, deuxième exemple de plante OGM « tout feu tout flamme » : L’OGM résistant au désherbant total, le glyphosate. Cette plante OGM alias roundup ready, indestructible au désherbant total peut produire sans être concurrencée par les mauvaises herbes détruites par ce même désherbant. Mais que se passe-t-il l’année suivante ? L’agriculteur sème une autre culture, cette fois ci non OGM roundup ready ; les mauvaises herbes poussent et comptent désormais parmi elles des repousses de la culture précédente, à savoir l’OGM Roundup ready très difficile à détruire ! Alors direz-vous, l’une des solutions est la monoculture : planter toujours la même plante. Mais qui dit même plante dit même maladie et même ravageur qui vont s’installer durablement d’une année sur l’autre, sans compter sur la perte de la biodiversité et l’appauvrissement du sol Mais ces OGM, comment se reproduisent-ils ? Par le pollen volatile. Un autre problème se dessine, celui de la dissémination dans l’environnement par les pollens de ces plantes génétiquement modifiées.

L’OGM est avant tout le problème des firmes semencières qui doivent impérativement rentabiliser auprès de leurs actionnaires les investissements dans la recherche génétique, dans la protection de ses brevets et dans des lobbyings. L’OGM imposé au monde entier pourra ainsi générer des profits immenses sur le dos des agriculteurs, des consommateurs sans jamais résoudre les problèmes de fertilité des sols, de faim dans le monde comme trop souvent argumenté.

Vers une agriculteur écologiquement intensive

« Une nation qui détruit ses sols se détruit elle-même »
Franklin D Roosevelt 1937
Cette phrase a été dite après le dust bowl (nuage de poussière) qui plongea New York plusieurs jours dans un nuage de poussière suite au labour des sols dans les plaines du middlewest. Cela s’est produit plusieurs années de suite et ruinant l’agriculture de ce secteur par des très faibles rendements. Puis ces terres érodées et appauvries sont retournées en prairie à bovin. D’une manière générale, l’érosion des sols profitent aux déserts qui ne cessent d’avancer depuis que l’homme exploite les terres. Citons quelques exemples du passé, la Mésopotamie, le bassin méditerranéen, plus proche de nous ; quelques déserts qui avancent aujourd’hui : le Gobi et l’Australie. Pour enfoncer le clou de la désertification, la chine délocalise 2 millions d’hectares de ses besoins de productions en Argentine, Indonésie et Afrique. L’Arabie Saoudite emboîte le pas également en cultivant plusieurs milliers d’hectares au Soudan et au Kenya. La Corée du Sud en Mongolie, le Japon aux USA et Brésil etc… Les OGM qui devaient sauver le monde de la famine deviennent purement et simplement inutiles là où les sols sont désertiques, salins et stériles. Alors face à ces dérives quelles sont les solutions ?

L’agriculteur doit reprendre en main l’agronomie et ne plus la déléguer aux seules firmes phytosanitaires et semencières. La terre constituant le principal outil de travail, l’agriculteur a tout intérêt à en prendre soin. C’est une évidence qui incite à limiter le travail du sol pour ne pas détruire les êtres vivant du sol (insectes, vers de terre). Il doit également ne plus labourer les sols afin de limiter l’érosion hydrique et éolienne des sols ; aussi limite-t-il l’évaporation du sol (un labour de 28 cm de profondeur libère dans l’atmosphère environ 280mm/m² d’eau et 2t de CO2 en 24h).

Le sol est bien plus qu’un support de culture, mais un milieu vivant complexe ou des interactions biologiques et physico-chimiques sont multiples ; le sol nourrit les plantes et la concurrence peut très vite s’installer. A l’issue d’une récolte, la mise en place rapide des couverts végétaux limite les adventices et produit de la biomasse qui piège les nitrates et les autres minéraux. Sur la culture même, l’agriculteur doit réapprendre à observer son développement et son cortège d’adventices, de ravageurs, d’auxiliaires et de maladies pour mieux la protéger Le fruit de ce travail dépasse largement les performances des OGM puisque l’agriculteur œuvre pour reproduire un écosystème équilibré et performant : les racines des inter-cultures vont aérer les sols, retenir l’eau et les minéraux, extraire d’autres minéraux grâce aux mycorhizes, couvrir le sol et ainsi limiter l’emploi des désherbants et le travail du sol ; enfin les inter-cultures abritent les êtres vivants utiles aux cultures, les auxiliaires. Ces derniers contrôlent les ravageurs et l’agriculteur peut s’affranchir tout ou partie des insecticides. Pour limiter l’utilisation des herbicides et le travail du sol, des producteurs utilisent des couverts végétaux permanents sur lesquels ils sèment directement la culture. A la place du glyphosate, l’agriculteur utilise un rouleau barre pour écraser le couvert végétal.

La véritable révolution verte se fait par la biologie non OGM, la biodiversité dans et autour des parcelles agricoles et non pas par la chimie et/ou les OGM qui ont fortement appauvris l’environnement et conduit à la ruine des sols.


30
juillet
2009

Phytotoxicité sulfos sur betterave

Betterave sur précédent blé désherbé avec une sulfonylurée au printemps 2008, à la dose proche de l’homologation compte tenu du fort salissement. _ En raison de la très lente dégradation des sulfos à pH élevé (pH de la surface blanche compris entre 8,8 et 8,9) on observe une phytotoxicité encore un an après. Toutes les semences de betteraves sont présentes et pas de dégâts d’insectes ou autres ravageurs de la culture. Le retard physiologique est fort voire totalement bloqué.
La reprise de la croissance s’est faite avec les pluies (le pH de la pluie est neutre et a donc contribué à faire baisser le pH du sol). Sur la photo, les betteraves sont belles dans une zone à pH compris entre 7,8 et 8.