Philippe JACQUEMIN

  • Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) - ©entomart - http://www.entomart.be
8
octobre
2012

Une chouette affaire

crédit : P. Jacquemin

Depuis 7 ans, les membres de la LPO Champagne-Ardenne assurent le suivi des nichoirs à chouette effraies à Sompuis. Quatre nichoirs ont été installés dans des bâtiments agricoles afin d’accueillir ce rapace nocturne. Cette opération vise à enrayer le déclin de l’espèce en mettant à disposition des sites artificiels pour pallier la disparition des sites naturels. Cette année, deux nichoirs ont accueillis trois nichées. Au printemps, deux couples ont produits respectivement quatre et trois poussins ; puis en été, l’un des couples à fait une deuxième couvée qui compte actuellement 5 poussins, l’autre couple a malheureusement abandonné sa deuxième ponte faute de nourriture. L’année 2012 restera un bon millésime pour la chouette effraie, tout simplement parce que l’année fut aussi favorable aux rongeurs.

Les chouettes adultes et les poussins ont été bagués, pesés, mesurés. Le baguage permet de suivre la dynamique de la population locale, une aide précieuse pour la protection de l’espèce. C’est avant tout dans la protection que la LPO s’investit, car si les chouettes effraies ont plébiscités les nichoirs placés à Sompuis, plus d’une centaine d’autres ont été installés dans la région du Der et plus de la moitié d’entre eux accueille des couples nicheurs.

L’Effraie des clochers connaît un déclin tant au niveau français qu’européen. Elle est d’une part victime d’une surmortalité due à plusieurs facteurs : le trafic routier, la modification des pratiques agricoles qui ont transformé sont habitat, les produits phytosanitaires qu’elle absorbe via ses proies, etc. et d’autre part, les gîtes qu’elle occupe habituellement se raréfient. Elle niche dans le bâti, près de l’homme, mais les vieilles granges disparaissent ou sont réhabilitées et donc inaccessibles, les greniers sont fermés (isolation, propreté), les clochers sont grillagés pour interdire l’accès aux oiseaux. La double peine en quelque sorte puisque la faible reproduction ne peut enrayer les fortes pertes. Pour exemple, nous citerons un chiffre qui fait froid dans le dos : dans le quart nord-est de la France, la mortalité annuelle due au trafic routier s’élève en moyenne à cinq chouettes tuées tous les 10 km de tronçon autoroutier.

Pourtant l’effraie est utile, elle se nourrit principalement de rongeurs. Son régime alimentaire est constitué à 50% de campagnols des champs, 30 % de mulots, 15% de musaraignes, agrémenté de campagnols terrestres (rat taupier) de rats surmulots et de quelques moineaux. En un an, un couple qui se reproduit consomme environ 5000 rongeurs !

http://champagne-ardenne.lpo.fr


2
juillet
2012

Les campagnols et la herse

Comme pour la plus part des ravageurs, avant de chercher des moyens de s’en débarrasser, il faut comprendre leur comportement naturel. Les campagnols n’échappent pas à la règle. Tous les agriculteurs ont eu des problèmes avec des dégâts de rongeurs : pieds en moins, buttes de terre extérieures qui gênent la récolte, (pois, trèfle blanc, etc.)

Chaque famille de campagnols à son territoire au dedans duquel il y a différentes zones : l’hébergement, des zones de nourrissage, etc. Les campagnols se déplacent dans des galeries souterraines mais également en surface sur des parcours précis, qui finissent par faire de véritables petits chemins. Les éléments jalonnant les parcours et les odeurs laissées par les campagnols aident ces derniers à se situer dans leur territoire pour aller de telle zone à telle zone.

Si vous effectuez un passage de herse, les vibrations font généralement sortir les rongeurs. Les dents de herses disloquent et effacent les parcours. Plus de trace et surtout plus d’odeur, donc plus de repère sur le territoire, plus de retour au nid pour nourrir les petits. Les campagnols restent en surface et cherchent dans un premier temps à regagner leur nid. Si ils ne trouvent rien ils refont des trous pour refonder une famille. Deux passages à quelques jours d’écart les dérangent énormément. Un grand nombre de jeunes au nid meurent. Les adultes restant finissent par fuir les parcelles. D’une manière générale plus un animal est dérangé plus vite il quitte son territoire.

Les coupes de luzerne, de foins mettent les parcours de surface des campagnols à découvert, à l’air libre. Ils deviennent des proies faciles pour leurs prédateurs. Généralement on peut observer lors des coupes plusieurs rapaces et corvidés se repaître de rongeurs pour ces raisons là.

Autre effet positif, le passage de herse va déclencher une minéralisation, désherber les adventices de la culture commerciale, couper ou limiter la capillarité et l’évaporation de l’eau du sol, mais aussi provoquer de nouvelle levée d’adventices.


6
décembre
2011

La pénurie de phosphore d’ici peu…

L’un des éléments majeur de l’agriculteur, le phosphore (P) a permis de tripler en un siècle le rendement du blé. On ne peut remplacer le phosphore par un autre élément. Chez les plantes il est l’un des composants de l’ADN, dans un grand nombre de molécules organiques, joue un rôle primordial dans le transport et la mise en réserve de l’énergie, l’activation de nombreuses enzymes, indispensable au tissus des plantes et en particulier dans le développement du système racinaire. Mais le phosphore s’épuise. Les réserves minières se vident vite, très vite, trop vite. Il resterait moins de16 milliards de tonnes exploitable dans les mines. Avec un rythme de 158 millions de tonnes extraits en 2009 une publication début 2010 des rapports suédois et australien sur le sujet démontrent et annoncent la fin des réserves de phosphates d’ici 50 à 100 ans avec un niveau de consommation de 2009. La FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculteur) prévoit une augmentation de la demande de +40% d’ici 2030 en phosphate compte tenu de l’augmentation de la population et des besoins alimentaires. Le Maroc détient le tiers et la Chine le quart des réserves mondiale. Mais vers 2030 il n’y aura plus assez d’offre et beaucoup trop de demande. Cependant, le recyclage des eaux usées des stations d’épuration riche en phosphore notamment les déjections humaines. Elles contiennent 1,5 grammes de phosphate bicalcique en moyenne par individu et par jours soit volume total sur un ans en France 180 000 tonnes. Autre apport les farines animales désormais interdites contiendraient entre 60 000 et 70 000 tonnes de phosphate bicalcique facilement récupérables.

Au 20ème siècle les chercheurs ont réduit la taille des blés (à origine plus de 1,50m) afin de limiter la verse due au vent et donc les pertes de rendements. Mais les gènes introduits pour réduire la hauteur ont aussi conduit à diviser la taille des racines et donc leur efficacité à extraire les minéraux du sol. Pour pallier à ce problème il y a eu une intensification de l’épandage d’engrais. Ce qui marqua le début de la culture hydroponique en plein champs (amener tout les éléments minéraux, l’eau nécessaire à la plante en temps et en heure).

Par ailleurs, le phosphore ne circule que très peu dans les sols et n’est pas toujours sous forme assimilable pour les plantes. Pourtant les plantes peuvent s’adapter. Une étude conduite par des chercheurs danois et néo-zélandais a relevé que certaines variétés de blé et d’orge augmentaient le nombre et la taille des poils racinaires dans des sols pauvres en phosphore. Une variété absorbait jusqu’à +33% de phosphore. L’université de Guangzhou (Chine) a montré qu’après 7 jours de privation de P certaines variétés de haricot libéraient 2 ou 3 fois plus de composés chimiques pour modifier le pH du sol afin de rendre le P plus soluble et assimilable. Des chercheurs suisses ont inséré dans une variété de pomme de terre un gène codant une enzyme capable de rendre le phosphore plus facilement assimilable. Résultat, plus de 40% de phosphore en plus dans le feuillage. En attendant que nos chercheurs du monde entier trouvent les gènes impliqués dans l’assimilation de phosphore dans le développement des racines, dans les mécanismes qui permettent d’augmenter l’association avec des champignons du sol pour extraire le phosphore, l’agriculteur que peut-il faire ?

Déjà réduire le gaspillage en une fertilisation optimum en fonction de la culture et du potentiel du sol. Épandage des co-produits agricoles comme le fumier, le lisier sous différentes formes compostées ou concentrées. L’engrais dans la ligne de semis et non plus sur l’ensemble de la surface permet une réduction très significative suivant les sols de 20, 30, voir 50% comme le montrent des expériences au Brésil sur maïs et soja. Des formes d’engrais phosphatés adaptés (on évitera du phosphate tricalcique en sol de calcaire ou de craie avec des pH élevés ou l’engrais de sera pas assimilable par la culture). Les micro-organismes telles que les bactéries du genre Bacillus et Pseudomonas mais également des champignons du genres Penicillium et Aspergillus qui solubilisent les éléments fertilisant aux racines sont encore d’un grand secours aux agriculteurs qui pratiquent les TCS et SD. Vivek Voora, de l’institut du développement durable au Canada démontre dans un rapport que la réduction ou l’élimination de certains pesticides, la suppression du labour et une diversification des espèces cultivées contribuent à la préservation des micro-organismes du sols réduisant les besoins en engrais phosphatés. L’université d’agronomie de Guelph au Canada des essais en non labour montrent que la concentration en P est doublé sur les plants de maïs. Face à une pénurie d’un élément aussi important et vitale pour nos cultures, la vie du sol , micro-organismes, bactéries, champignons apportent des réponses, des solutions à qui sait ou saura regarder cette écologie si particulière.

Pour les autres, ils sont condamnés au système « hydroponique de pleins champs » avec un biberonnage permanent et très couteux en minéraux, pesticides, en plantes très performantes et fragiles.

Synthèse d’un article de "Recherche" n°445, octobre 2010.


27
octobre
2011

Les légumineuses dompteuses de bactéries…

Photo : P. Jacquemin

Les légumineuses sont des plantes extraordinaires pour l’agriculture car elles ont la capacité de vivre en association avec des bactéries du genre Rhizobium. Ces bactéries peuvent transformer le diazote (N2) atmosphérique en ammonium (NH4) utilisable par les végétaux. Depuis de nombreuses années les instituts techniques et laboratoires cherchent à élucider les mécanismes en jeu chez les légumineuses conduisant à cette symbiose. Pour cela la luzerne tronquée medicago truncatula, plante très proche de la luzerne de nos cultures de pleins champs medicago sativa, est étudiée par tous les labos en Europe, USA, Australie.

Une équipe de chercheur Franco-Hongroise a identifié ce qui se déroulait à l’intérieur des nodosités des légumineuses, notamment de la luzerne tronquée. Les bactéries subissent un arrêt de leur cycle de reproduction, ce qui entraine une modification de leur forme. Elles ne se reproduisent plus et ont donc par conséquent une capacité supérieure à transformer le N2 en NH4. La production d’azote est optimale pour la plante hôte et le volume de la population de Rhizobium maîtrisé. Les responsables, des peptides du nom de NCR, sont similaires à des peptides antimicrobiens. Ces dernièrs ont pour rôle dans la plante de lutter contre les attaques bactériennes. Bref, ces molécules domptant les rhizobiums pourraient être d’excellents candidats à de futurs médicaments antibiotiques. Mais pour nous autres agriculteurs, ne serait-il pas possible d’utiliser l’efficacité de ces peptides NCR avec des céréales ? De leur créer des nodosités afin que nos blés, orges etc. grâce à leur symbiose avec les Rhizobiums produisent leur azote en quantité optimale, au moment où les plantes en ont besoin. Bilan, environ 200 unités d’azote par hectare de synthèse en moins, de meilleurs coûts de production, une très forte diminution de la pollution des nappes d’eaux de surface ou souterraines. Bref, le bilan économique et environnemental semble extrêmement intéressant pour les agriculteurs mais aussi pour les acteurs et utilisateurs de l’eau.

Réf : W.VAN DE VELDE ET AL., SCIENCE, 327, 1122, 2010. Marine CYGLER Recherche N°457, novembre 2011 http://www.isv.cnrs-gif.fr/recherche/ek/ek.html#bacteroid


27
octobre
2011

Du sucre dans le pulvé ?

Pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) - ©entomart - http://www.entomart.be

Le sucre du café bientôt en application dans les parcelles pour lutter contre les bio-aggresseurs des cultures. Loin d’être une boutade ou une brève de comptoir le sucre notamment le saccharose à des vertus extrêmement intéressantes en pulvérisation à très faible dose contre les insectes, nématodes voire champignons pathogènes de nos cultures. Les sucres appliqués en infra-dose de l’ordre de 10 ppm (soit 1g/100L) à 0,1ppm sur le maïs contre la pyrale Ostrinia nubilalis a un effet sur l’insecte en perturbant les récepteurs sensoriels situés sur les pattes et l’oviducte. Les quantités et la nature des sucres sur la surface des feuilles sont des signaux pour la pyrale. Ces éléments (les sucres) jouent donc un rôle sur le choix des plantes, le site de la plante et sur l’intensité de la ponte. Il est observé par l’INRA de Versailles, les effets des différents sucres sur différentes variétés des maïs. De l’ensemble des essais et résultats quelques pistes intéressantes émergent. Le fructose fonctionne le mieux et à faible dose 0,1ppm soit 1g pour 1000 litres d’eau. Cette dose permet une réduction de 40% de ponte chez la pyrale. Par contre il faut 10 ppm de saccharose pour obtenir le même résultat et le glucose quant à lui ne fonctionne pas. Les sucres sont à utiliser de préférence tôt le matin, sur tout ou partie de la plante ; l’effet est systémique, et dans un laps de temps assez court (une heure tout au plus). Les sucres sont miscibles (peuvent se mélanger avec les produits phytopharmaceutiques classiques). Concernant le maïs, il faudrait d’après les premiers résultats appliquer les sucres au stade végétatif où l’effet réducteur sur les pontes est le plus manifeste. Au stade reproducteur il semble surtout entraîner un effet de délocalisation des pontes sur la plante. La fréquence des traitements serait tous les 20 jours.

Ces constats sur la pyrale ont été faites chez d’insectes sur d’autres plantes. Le Scottish Crop Research Institude (SCRI) travail aussi sur l’impacte des sucres végétale sur les ravageurs des cultures. A 1 ppm de saccharose, tôt le matin par pulvérisation foliaire ou par arrosage du sol, on induit une résistance systémique de la plantule des tomates au nématode Meloidogyne javanica : jusqu’à 60% de galles en moins sur les racines. De même avec le nématode à kystes de la pomme de terre globodera rostochiensis : après dix semaines de pulvérisation foliaire, le développement des galles et kystes et le nombre d’œufs étaient réduits par un sucre le DMDP (une molécule extraite de la fève du Costa Rica analogue au fructose). Cette dernière agit en bloquant la perception du nématode.

Le centre Volcani d’Israël étudie des méthodes de lutte biologique et culturales. Il a étudié l’effet du saccharose pulvérisé avant la contamination foliaire (sous serre) de la tomate par le Botrytis cinerea. Les résultats montrent que les doses de 1 et 100ppm de saccharose déposées avant l’infection réduisent les lésions de 63 et 100% respectivement par rapport aux lésions maximales observées sur les témoins.

Des études en vergers pommiers dans différents pays de l’UE (sud de la France, Italie, Grèce) contre la carpocapse durant 4 ans ont démontrés des effets sur le ravageur. Quels que soient les nivaux d’infestation le saccharose seul a une efficacité positive sur les dégâts sur fruits à la récolte comprise en 19,5% et 63,3% avec une moyenne autour de 40,6%. Des essais similaires effectués en Algérie sur deux variétés de pommes sur deux sites avec une solution de 100 ppm de saccharose ont démontré des résultats assez proches des pays européens. Mais certaines variétés ne montrent aucun effet.

Les mécanismes impliqués sont complexes et se manifestent, avant l’attaque, par la reconnaissance de l’hôte par l’agresseur et semble agir par les réseaux de défenses des plantes. Bien sûr le ou les sucre(s) précité(s) ne serai(ent) être la solution miracle et l’alternative aux insecticides mais plutôt comme un moyen supplémentaire et/ou complémentaire dans la stratégie de lutte contre les ravageurs des cultures en limitant les populations en amont. Les sucres abaissent les taux de populations des bio- agresseurs à des seuils plus faciles pour les auxiliaires, ou, plus intéressant en lutte intégrée ou en agriculture biologique. Mais on ne peut totalement exclure des effets favorisant d’autres bio-agresseurs ou défavorisant des auxiliaires. Le mode d’action de la pulvérisation des sucres demande également un peu plus d’étude car l’heure et les conditions météo joue un rôle important. Les perspectives ouvertes par les sucres sont importantes et pleines de promesses pour le monde agricole.

Sources : Phytoma janvier 2011- N°640.


5
janvier
2011

Trop de sulfonylurées dans nos champs ?

Les sulfonylurées sont dans quasiment tous les programmes de désherbage des cultures sur la planète, céréales, betterave, riz, maïs, pomme de terre, colza, soja en contrôlant un large spectre efficacité allant des dicotylédones aux vivaces sans oublier les graminées. Cette famille d’herbicides fut découverte par Du Pont de Nemours en 1975. Elle a considérable changé les habitudes de désherbage et remplacé avantageusement d’autres familles en fin d’efficacité telles que les fops, dims etc. avec des doses à l’hectare peu élevées de l’ordre de 10 à 200 g/ha. Les sulfonylurées sont reconnues pour leur efficacité contre un large spectre d’adventices, un profil environnemental pour le moment favorable et une grande facilité d’emploi. A titre d’exemple l’allié contrôle environ 50 plantes adventices, dicotylédones et vivaces. Bref, comme avec tous les produits, les résistances chez les plantes adventices arrivent depuis quelques années.

- La notion de demi-vie : Certaines molécules présentant une faible stabilité peuvent se décomposer, généralement en se transformant en d’autres espèces moléculaires. Cette décomposition n’est pas instantanée mais fait décroître la quantité de la molécule en fonction du temps, la demi-vie (DT) caractérise cette décroissance en indiquant la durée au bout de laquelle la quantité de molécules est diminuée de moitié donc de 50% (DT 50) ou bien une dégradation de 90% de la molécule DT 90 . Cette demi-vie moléculaire dépend de plusieurs facteurs de la température, du pH, de l’humidité et des UV. Elle est aussi appelée « temps de demi-réaction ». Elle est évaluée par le temps de dégradation de 50 % ou de 90% de la substance active (DT 50 ou DT 90) dans l’eau, exprimé en jours ou en heures à un pH donné et déterminé par un test de laboratoire.

- Mécanisme de résistance aux herbicides : S’il existe des mécanismes de tolérance par détoxification, les résistances exploitées commercialement reposent en général sur des mutations de l’enzyme, sélectionnées volontairement ou non par l’utilisation de l’herbicide, qui gênent l’intervention de l’herbicide tout en maintenant l’activité de l’enzyme vis-à-vis de son substrat.

Les sulfonylurées ont une demi-vie plus au moins longue dans l’eau comme dans les sols. Plus le pH est bas plus la DT 50 est faible et plus le pH est élevé plus la DT 50 est longue : 4 jours au pH de 4, 31 jours au pH de 5, >365 jours au pH de 6 à 7, 362 jours au pH de 9. Par conséquent, dans les sols basiques, les sulfonylurées appliquées au printemps précédent peuvent bloquer ou détruire les pousses de dicotylédones des cultures commerciales (les colzas, les betteraves) mais aussi celles des intercultures.
Voir la rubrique " et chez vous ? "

De plus, en cas d’application systématique, certains adventices peuvent devenir résistantes aux sulfonylurées. Ces deux éléments doivent conduire les agriculteurs à utiliser cette famille chimique avec beaucoup de parcimonie et une alternance régulière. L’idéal dans les sols à pH élevé serait une fois tous les 3 ans.