Philippe Pastoureau

Éleveur dans la Sarthe et ACiste reconnu, Philippe PASTOUREAU multiplie les essais, toujours à la recherche d’amélioration. Rédacteur de longue date sur A2C, il relate ses expériences : un véritable appui technique et un vrai régal à lire !

Montez, montez, on voit mieux le sol d’en haut...

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Que c’est beau, j’ai honte.....

Allez, prenons les choses dans l’ordre, voici tout d’abord ce que nous voulions faire. Mon neveu a commandé un drone au Père Noël, et sans le savoir, l’espèce d’OVNI qu’il a reçu va nous montrer ce que nous ne voulions pas voir, et vu d’en haut, c’est magnifique, ou catastrophique selon le regard que l’on porte.

L’agriculture va vite, très vite, il suffit de regarder sur Youtube pour remarquer que plus de la moitié des vidéos sont réalisées par des drones, et les paysans amateurs donnent probablement des sueurs froides aux réalisateurs professionnels, tellement les montages sont beaux.

Notre Cuma cherche dorénavant à réduire la puissance de traction et le poids des machines là où cela est possible, c’est pourquoi vous verrez sur les vidéos apparaître des tracteurs plus petits, des 4 cylindres qui remplacent petit à petit nos tracteurs de tête. Cette volonté va se retrouver dans la fin de l’article, mais avant cela je vous laisse découvrir notre univers de travail.

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- Les 2 parcelles précédentes ont des couverts qui pour nous font partie du passé, progressivement les "CIPAN" sont remplacés par un mélange de fèverole/phacélie qui facilite énormément la reprise du sol au printemps et le réchauffe avec des résidus noirs qui captent les rayons du soleil. Nous laissons tomber les couverts de graminées, radis, trêfle, ... pour des racines qui colonisent le sol en profondeur, le rendant très grumeleux, stockant de l’azote dans le sol en plus de le piéger. Qui plus est, cela nous permet dans certains cas de ne pas utiliser de désherbant total au printemps .

Bref, vous l’avez compris, chez nous entre un blé et un maïs, c’est le couvert de féverole/phacélie qui va bien, Green Tillage et Jean Hamot sont passé par là.

synthèse de couverts réalisée par le CER France chez un adhérent de ma cuma

C’est quoi ces traces ???

J’ai demandé à mon neveu de faire quelques photos de ma ferme, comme ça et quelle surprise lorsque je les ai vues sur mon écran !!!

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Dans le fond de la photo, on aperçoit :
Une parcelle de blé à gauche de l’étang, c’est pas mal, la culture est régulière sauf sur des zones hydromorphes où l’on devine les zones mal captées par le réseau de drainage.

Une parcelle de blé tout au fond, nickel, nous sommes sur un limon profond, Blé de Colza de Blé de Maïs. Pas de compaction, RAS.

À droite de la stabulation, nous voyons une parcelle d’orge qui peine à cause d’une grosse attaque de piétin échaudage. Nous sommes sur un précédent blé suivi d’un couvert d’avoine-trèfle prévu en dérobée devant un maïs qui était prévu. Les cours du maïs m’ont découragé et à l’automne j’ai décidé d’implanter cette parcelle en orge. 3 céréales à la suite, grosse erreur, le potentiel est entamé.

Sous nos pieds, au 1er plan de la photo se situe un dérobé RGI-trêfle. C’est là que c’est la cata. Les traces que l’on voit correspondent au passage de la tonne à lisier. Ma fosse à lisier étant trop petite pour tenir plus de 5 mois, j’ai l’habitude de la vider en partie début avril juste après la 1ère coupe de ma dérobée, profitant de la portance offerte par le RGI.
Je n’imaginais pas que le poids de la tonne sur un sol "frais" pouvait avoir autant d’impact. À l’œil, la tonne à lisier n’a même pas déformé la surface du sol, mais c’est uniquement grâce au chevelu racinaire de ma graminée que l’impact de surface est invisible. Vu d’en haut, on voit le poids de la tonne qui a compacté en profondeur et qui ralentit énormément la repousse. À la vue de ces traces, on comprend mieux pourquoi le ST à dent apporte de bons résultats chez nous et semble même indispensable.
Pour améliorer la photo, je vais donc construire une fosse plus grande, décaler tous mes épandages à l’automne si possible, réduire encore et encore le poids des machines et augmenter le travail racinaire. Verdict dans quelques années, le drone sera juge...

Pour conclure, le drone, c’est le second outil le plus rentable après la bêche...


A PROPOS DE COMPACTION...

Pour être en plein dans l’actualité, voici un reportage de cette semaine d’un ami "agricoolteur", qui parle de compaction.