Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Moisson : si on changeait un peu nos habitudes ?

Moisson céréaleLes moissons ont déjà commencé dans certains secteurs. Lors de cette étape cruciale, il y a un peu plus d’effervescence que d’habitude, on est encore un peu plus accro à la météo, il faut gérer une équipe qui compte sur votre encadrement… Alors, les habitudes, c’est toujours rassurant. Pourtant, la récolte est aussi une dure période pour la biodiversité de vos parcelles. Le passage des machines a un impact direct par écrasement ou broyage de la faune qui gîte au sol : lièvres, faisans, perdrix, busards, chevreuils. Ce sont surtout les jeunes qui payent un très lourd tribu à cette époque charnière où, trop jeunes, ils n’ont aucune échappatoire. Le busard a un peu la chance d’être suivi par la LPO (Ligue de la Protection des Oiseaux) qui, chaque année, essaye de localiser le maximum de nids afin de les signaler et les protéger par un grillage adapté. Alors que faire ? Prenez si possible le temps de préparer le chantier en sensibilisant votre équipe et, pourquoi pas, juste avant de faucher, en effarouchant la zone où, potentiellement, il y a une forte présence animale. Lors du chantier, pensez à régler votre barre de coupe assez haut (15 cm au moins) et utilisez une barre d’envol de la largeur de la coupe mais positionnée sur le côté de la machine afin d’effaroucher la bande à récolter suivante. Cette barre d’envol sera positionnée devant le tracteur s’il s’agit d’une récolte de fourrage. Changez aussi votre sens de coupe  ! Détourez puis commencez par le centre de la parcelle, permettant à la faune qui le peut, de fuir vers l’extérieur et non pas de se retrouver piégée au milieu. Pensez d’ailleurs à laisser une couverture herbacée non broyée autour des parcelles à moissonner afin de laisser un gîte pour la faune sauvage. Enfin, pensez à broyer la paille soit en même temps que la moisson, soit au plus près. En attendant plusieurs jours, des animaux (notamment les lièvres) vont revenir gîter sous les amas et peuvent être donc potentiellement à la merci des machines.