Mardi 8 juillet 2025
Frédérique Hupin

Ingénieur agronome avec une expérience de 20 ans dans le management associatif, la communication et le conseil environnemental en agriculture. Frédérique HUPIN est consultante et journaliste freelance, spécialisée en agroécologie.

Le puceron qui préférait l’azote de synthèse

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Un agriculteur belge innovant a insisté pour que j’écoute ce podcast. Il avait raison, je n’ai pas été déçue.
J’ai découvert une nouvelle manière de voir la santé des plantes au travers de leur nutrition. Evident vous me direz ? Et pourtant, dans mes études d’agronomie, soit on se spécialise dans la fertilisation soit dans la phytopathologie. En arriver à l’idée que certaines formes de nutriments, certains équilibres entre minéraux, et la vie microbienne du sol font en sorte que des plantes deviennent moins facilement malades, n’est pas si évident que cela.

Je vous laisse découvrir toute l’histoire, contée par l’agronome indépendant, Lennart Claassen dans ce podcast créé par Agroleague.

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Et je vous raconte la petite histoire (minute 10 du podcast) du puceron qui préférait l’azote de synthèse.

Les insectes suceurs ont un autre système digestif que le nôtre. Ils peuvent digérer les formes d’azote simples (nitrate, ammonium) contrairement au système digestif humain qui a besoin de protéines et d’acides aminés.
Lennart nous explique que si la plante a beaucoup d’azote simple dans sa sève, elle sera recherchée par les insectes suceurs (comme le taupin par exemple).
Et donc si le nitrate ou l’ammonium est présent (même ponctuellement) en excès dans la sève, la plante sera plus fragile aux piqures d’insectes
Ce que l’on cherche est que chaque jour, la plante transforme cet azote simple en protéines —> la clé = optimiser la photosynthèse.
Pour cela, certains micronutriments essentiels à la photosynthèse doivent être présents pour la première étape de la transformation (Soufre, Molybdène, Magnésium, Bore).

Pour la deuxième étape de transformation et de santé de la plante, c’est la vie microbienne dans le sol qui doit être suffisamment active.

Pour la troisième étape de santé de la plante, la plante doit être nourrie par la vie microbienne, par des éléments déjà transformés (acides aminés, enzymes). Un peu comme si on voulait construire une maison. Si on a que des éléments de construction de base, ça va nous prendre beaucoup d’énergie à la construire si on doit nous même créer les briques et les tuiles, contrairement à une situation où les briques et les tuiles arrivent toutes faites.

Et last but not least, quatrième étape : si la vie microbienne est optimisée, la plante va elle-même produire des éléments secondaires type phénols qui ont eux-mêmes des propriétés anti microbiennes et qui vont donc stimuler à nouveau sa propre résistance (ISR pour résistance systémique induite).