Philippe Pastoureau

Éleveur dans la Sarthe et ACiste reconnu, Philippe PASTOUREAU multiplie les essais, toujours à la recherche d’amélioration. Rédacteur de longue date sur A2C, il relate ses expériences : un véritable appui technique et un vrai régal à lire !

J’ai fait mes Strip Till d’hiver.

Après presque 5 ans de mise au point d’un ITK sécurisé pour l’implantation du maïs en conservation des sols, nous commençons a y voir plus clair. Tous les ans, le strip till se perfectionne et il va finir par passé tellement inaperçu qu’il sera peut être bientôt inutile de le passer. En attendant ce jour, nous cherchons a perturber le moins le sol et nous associons le travail mécanique à du biologique, cela demande de la réflexion et des remises en causes de mes pratiques, mais je suis persuadé que dans quelques années je cultiverais le maïs comme le colza associé aujourd’hui. La nature est très complexe, il faut dans un 1er temps décrypté le meilleur couvert , connaître les effets allélopathique (p.38), regardez ce qui se fait ailleurs ( Tarn , Suisse, Steve Groff), pour en conclure qu’il n’y a pas de recette miracle mais que s’est a chacun de s’en approprier une.
 Dans l’exemple suivant, je vais donc tenter d’associer tout les bénéfices écologiques à ma connaissance aujourd’hui ( regardez au passage ce que nous réserve la recherche pour demain).

1er parcelle : Gibet bas.

Nous partons d’un précédent blé paille enlevé, comme cette parcelle contient 30 à 50 % d’argile, j’oublie l’idée de faire du strip till ici au printemps et je me résout à faire comme dans le temps. Autrefois cette parcelle était toujours labourée avant noël, donc la date optimum pour strip-tiller est "avant noël" tout simplement. je vais donc faire mes apports d’effluents vers le 15 août et je vais incorporer ceux-ci avec le compil, j’en profite pour semer en même temps du seigle en plein. J’attends que le seigle soit a 2 feuilles pour venir passer le strip till, ceci me permet de détruire toutes les repousses de blé ou seigle sur les futures lignes de maïs. Je met de la féverolle dans ma trémie frontale qui sera incorporé par le strip till à 2-3 cm et le semoir monograine qui suit dépose le radis structurateur.

Gibet Bas 2011

Au passage, les chasses débris écartent le matelas de paille afin d’avoir une future ligne de semis la plus propre possible sans résidus incorporé. Le radis qui pousse très vite va pomper l’azote du sol, ce qui va obliger la féverolle a se débrouiller tout seul et l’obliger a développer un maximum de nodosité. Ces 2 plantes ont des racines pivotantes qui vont intensifier le travail de structuration commencé par la dent du strip till. Je sait maintenant que je dois remplacer le travail mécanique du sol par un travail biologique, celui-ci est assuré ici par les vers de terre et les racines. On a beaucoup regarder les vers de terre, mais les racines ont sans doute un rôle tout aussi important, vous avez peut être lu l’excellent article de Cécile Walligora dans le TCS57 sur la rhizosphère. Les racines secrètent des substances qui "réveillent" les bactéries du sol, indispensable à l’alimentation des racines, et le peu de connaissance que j’ai me fait dire que plus j’ai de racines dans le sol, moins les bactéries dorment.... Maintenant que le sol est en effervescence, et qu’il travail tout seul, vous aurez remarqué que j’ai 3 graines de couverts dans mon champs et ceci n’est pas un hasard.
Le radis et la féverolle devraient être détruit par le gel, il devrait donc se décomposer rapidement au printemps en libérant pas mal d’azote sur la ligne. De plus, les résidus noirs devraient capter les rayons du soleil avec pour objectif d’avoir un sol plus chaud sur la ligne que dans l’inter-rang, à vérifier ???
Le seigle semé dans l’inter-rang va pousser lui au printemps, il va faciliter le ressuyage en pompant l’eau, il me restera simplement à le détruire mécaniquement ou chimiquement vers le 5-10 avril. Sa biomasse posé au sol , ses effets allélopathique et sa couleur blanche qui ralentira le réchauffement devraient m’aider à gérer le sallissement.

 Pour aller plus loin, il est possible l’année prochaine que je m’oriente vers un couvert d’inter-rang de trêfle souterain comme évoqué dans ce document, l’objectif est à terme de produire 100 Qtx de maïs avec moins de 50 u d’azote ( organique + minérale ) .

2ème parcelle : Cotinière

 J’ai ici fait du bio strip till, c’est a dire que je n’ai pas utilisé le strip till pour fissurer mon sol et je compte uniquement sur le radis pour décompacter. On verra ce que cela donnera au printemps ??? La féverolle a été semé ici en mélange avec le seigle.

Cotinière 2011

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