Victor Leforestier

  • Prétraçage avant semis de maïs au Québec
21
mai
2013

GPS : la tête dans les étoiles

Grâce à la mise en place des réseaux, et aussi des prix rémunérateurs, l’auto guidage par GPS commence à se démocratiser en France. Côté travail du sol plus le nombre de passages est élevé plus la technologie est rentable, alors qu’en est-il en AC ou par définition le nombre de passages est réduit ?! En quoi la technologie est-elle intéressante ? Si dans un système traditionnel l’économie se fait plus sur le recoupement entre passages, en AC elle se fera plus sur la qualité du travail. Il n’y a parfois qu’un passage de préparation, donc en proportion l’équipement de guidage coûte plus cher par passage ! Retours d’expériences et tour d’horizon de l’usage de l’auto guidage en agriculture de conservation ...

Strip-till Le strip-till est probablement la technique qui valorise le mieux l’auto guidage dans un système en TCS. Des passages rectilignes permettent un semis de qualité exactement au milieu de la bande, ce qui sera le gage d’une levée homogène, premier critère de réussite pour les cultures en ligne. Si en écartements larges l’autoguidage n’est pas indispensable, en écartements réduits comme à 45 ou 50, il l’est quasiment. De l’aveu même des agriculteurs la conduite au semis est très fatigante. Regardez cette présentation de l’Université de Purdue, à partir de la diapo 19.

Graph p.23, de gauche à droite :
- 135q pour le semis sur strip-till guidé par RTK
- 131.5q pour le semis sur strip-till sans guidage soit -4q ! A l’Université du Minnesota Jodi DeJong-Hughes a mesuré une perte de rendement qui peut aller jusque 5% ! Pour un rendement de 100q/ha et avec du maïs à 200€/T, ça donne Alors l’auto guidage n’est pas indispensable pour démarrer et réussir en strip-till, mais peut être que sans, la technique n’est pas valorisée à son maximum.

Colza strip-till semé hors du rang

Colza semé au bord de la bande, la différence de levée est nette A quoi ça sert d’affiner le travail du strip-till si c’est pour semer à côté ? ...

Valoriser le guidage au maximum Pouvoir se guider même en pleine nuit ou dans le brouillard et la poussière peut être un avantage. Ainsi ce printemps la CUMA du Rosay dans la Sarthe a pu préparer et semer 250ha en 6jours grâce à l’autoguidage. Nicolas Denieul le reconnaît, sans cet équipement ce printemps, impossible de semer les maïs à temps et de profiter des courtes fenêtres météo. La CUMA est équipée d’un Stripcat 5 rangs à 75 tirée par un tracteur en voies de 2.20 guidé par un signal RTK (comme ça le tracteur ne roule pas sur les rangs strip-tillés) et d’un semoir en 6rangs lui guidée par un signal précis à 10cm, mais qui est recalé régulièrement. Ce type de configuration où le nombre de rangs de strip-till et de semoir ne sont pas égaux semble risqué, mais lorsque le signal RTK est bon, et qu’il n’y a pas trop de dévers, cela comporte plusieurs avantages. Cela permet d’être facilement à voie pour le tracteur qui trace et de modérer l’investissement sur le strip-till (un élément en moins et pas de repliage), qui est reporté sur de l’auto guidage mais qui est lui, valorisé sur toute la ferme.

Lors de ce printemps assez difficile pour les semis sur strip-till d’automne/hiver, on a clairement vu qu’il était bien plus facile de reprendre des bandes grâce au guidage. L’outil reprend exactement les lignes du strip-till, c’est une grande sécurité et ça aide à avoir un travail impeccable.

Betteraves sucrières En betteraves, où les agriculteurs sont souvent habitué à semer en 12 rangs, le passage au strip-till n’est pas forcément facile. Une machine 12 rangs est cher, et demande beaucoup de puissance. L’auto guidage avec une précision centimétrique permet de travailler en 6 rangs, et de semer en 12. Cela nécessite un bon paramétrage de l’équipement de guidage mais c’est tout à fait faisable.

Pour finir ces histoires de correspondance nb de rangs strip-till/nb de rangs semoirs, pour les gros producteurs cela permet aussi d’essayer une nouvelle technique à moindre frais. Ainsi dans nos clients nous avons plusieurs gros producteurs de maïs qui se sont fait la main avec des machines de 4 ou 6 rangs (alors qu’ils sèment en 12) avant de repartir sur des machines plus larges.

Monoculture de maïs et strip-till Toujours en strip-till, et en mono- culture de maïs, le guidage peut permettre d’affiner le travail en choisissant exactement ou travailler. A l’automne lorsque les conditions sont difficiles avec beaucoup de résidus, les tiges de maïs encore bien raides, et parfois des batteuses qui ont marqués, il peut être judicieux de tracer au bord de l’ancien rang de maïs. Ainsi on profite du couscous de surface et de la structure créée par les racines du maïs. Dans un cas comme celui là le guidage est vraiment valorisé car si on compare à un passage en milieu d’inter rang, il permet de faire un très bon travail, et plus régulier au long de la parcelle. Là encore le guidage permet un travail de qualité qui va permettre de sécuriser l’implantation du maïs suivant dans de meilleures conditions.

Strip-till avant maïs Strip-till dans des chaumes de maïs en Alsace

Les bandes tracées proche de l’ancien rang de maïs sont très souvent les plus belles, car l’outil travaille dans une terre structurée par les racines.

Bio strip-till En strip-till végétal, nos collègues d’outre atlantique font très fort. Plusieurs « no-tillers » et strip-tiller américains sèment des couverts différents sur le futur rang du maïs et dans l’entre rang, au semoir de précisions. Au printemps suivant les conditions et les espèces utilisées ils ressèment au dessus ou bien juste à côté. Voici un article qui résume bien leurs pratiques. Les graminées sont reléguées en inter-rang, alors que le radis et les légumineuses sont privilégiés sur le rang. Au printemps si les radis ont laissés de gros trous, il est possible de semer juste à côté pour ne pas semer dans les trous, mais ça sans auto guidage c’est quasiment impossible. Jocelyn Michon pratique également le le strip-till végétal depuis quelques années :

Couvert localisé au Québec Couvert de radis et de seigle au Québec

De gauche à droite : Bandes de seigle pour le futur inter-rang du maïs. "J’ai ajouté avec le Monosem Twin-row un rang de féverole et un rang de tillage radish décalés de 4 cm dans le but de semer le maïs juste à côté. Un gain en 2012 de 700 kg/ha de maïs comparé au témoin n’ayant pas eu ce traitement. Une variante : une bande d’un mélange de 4 légumineuses semées en même temps que le blé de printemps, suivi d’un semis de féverole et tillage radish. Le résultat en 2013…" Jocelyn confirme que sans GPS "c’est quasiment impossible"

Astuce Jocelyn Michon a aussi choisi de laisser des bandes non semées dans son couvert de seigle. Il le reprend ainsi facilement au printemps avec son « strip-till light » avant de semer son maïs. Ainsi il peut laisser le couvert de seigle plus longtemps sans être embêté par la couverture et le chevelu racinaire du couvert et ainsi avoir une qualité de semis irréprochable en « Twin-row »

Prétraçage avant semis de maïs au Québec Prétraceuse avant maïs au Québec Semis de maïs sur passage de strip-till au Québec

Sous nos latitudes cette idée pourrait être appliquée au ray-grass en dérobée ! Avec les strip-till non animés travailler dans des ray-grass est souvent compliqué : grâce au chevelu racinaire dense le travail en profondeur est bon, mais en surface le feutrage racinaire empêche la fabrication d’un lit de semence et peut compliquer le semis. Si on laissait des bandes non semées à l’emplacement du futur rang de maïs, on arriverait à un bon travail avec des outils simples, le chevelu racinaire dans les premiers centimètres étant inexistant.

Semis dans les inter-rangs Au Canada ou en Australie les agriculteurs pratiquants le SD pratiquent le semis en inter-rangs.. Cela consiste à semer entre les rangs de la culture précédente pour gérer facilement les pailles avec des semoirs à dents, et de profiter du micro climat présent entre les chaumes. Pour des petites graines comme le canola (colza de printemps) ou bien la lentille, cela permet de les protéger du froid lors de leurs premières semaines de pousse. Dans leurs cas avec leurs semoirs de grande largeur, des crochets suiveurs avec palpeurs complètent le guidage du tracteur. Semis chez Steve Larocque : trafic contrôlé et semis dans l’inter rang : du billard !

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Dans sa vidéo Steve explique que dans un inter rang de 30cm, il sème du blé, puis du canola (colza de printemps), puis de nouveaux du blé, en localisant à chaque fois du Phosphore. Le pois semé cette année le sera donc dans un inter rang avec les reliquats de Phosphore des années précédentes. En plus de gérer les résidus, le semis en inter rang permet de valoriser au maximum la fertilité : pour S.Larocque le semis dans les inter-rangs est une évidence ! Bien que les inter rangs que nous utilisons sont souvent inférieur à 30cm, peut être que cette technique pourrait être mise à profit en semis direct pour semer les colzas après les pailles par exemple.

Lin semé en direct dans la paille

Semis de lin dans un couvert de seigle vivant, détruit après le semis. Chez Yvan, paysan Québecois, alias "Lulu" sur agricool. Décidemment ces Québecois !

La technologie peut donc aussi être valorisée dans des systèmes très simples comme en SD. Elle peut également permettre de semer la nuit ou dans des conditions difficiles pour profiter des fenêtres météo favorables : moins il y a de passages, moins on a le droit à l’erreur ! Philippe Pastoureau confirme qu’on peut semer dans des conditions où la visibilité est quasi nul, "c’est ce qui nous arrive souvent lorsque l’on sème au compil sur des fanes de maïs grain. Cela nous est très utile également pour les épandages de lisier avec une rampe, on ne saurait s’en passer."

Dans ces trois derniers exemples, le recours à la technologie permet de résoudre des problèmes !

Trafic contrôlé A force de se guider dans les mêmes traces, on se rapproche du "trafic contrôlé" ... Largement répandu en Australie et à ses débuts en Europe grâce au réseau "CTF Europe", la technique permet de confiner les différentes machines toujours sur les mêmes passages, et ainsi maximiser la qualité de sol là où ne roule pas. Cette technique peut permettre de faciliter le passage au travail réduit voir au semis direct, car entre les voies la structure sera préservée et pourra évoluer plus rapidement :
- on passe toujours au même endroit
- idéal pour les TCS et le semis direct
- meilleur drainage
- diminution de la consommation de carburant (la bande où on roule est plus ferme, et la sol où travaille l’outil est plus meuble)
- la structure globale du sol est améliorée : meilleure efficience de l’eau et des engrais.
- de 5 à 10% de rendement en + (là où on ne roule pas, et toutes les cultures ne montrent pas cette augmentation de rendement)

Voici la présentation de Nicolas Dubuc, qui explique de manière simple le trafic contrôlé. Je vous redirige vers cet article du Bulletin des agriculteurs qui explique l’expérience de Clay Mitchell dans le domaine, et comment il repousse les limites de l’agriculture de précision.

Voici le témoignage de Julian Gold (avec un accent so british), qui pratique le CTF en Angleterre en 10m de large.

Si la technique est plus répandue en culture, elle est aussi valable pour les fourrages :

La portance est préservée, l’herbe n’est pas abîmée, et si il faut réparer les dégâts, ils sont localisés à un endroit... Avec la météo de ce printemps (et de l’automne dernier !), ce genre de système fait rêver, et n’est peut être pas si difficile à mettre en place. Finalement si il ne doit plus rester qu’un semoir (ou deux !) sur la ferme, est-il si compliqué, et si cher de faire correspondre leurs largeurs avec la batteuse et le pulvérisateur ?

Vous l’aurez compris, le but de cet article n’est pas de vendre du GPS, on peut faire sans ! Mais une fois qu’on est équipé on peut aller loin ! Au delà des économies de passage (bien relatives dans un système en TCS) le recours à la technologie sera toujours plus valorisé si il permet de faciliter la mise en place de l’AC et faire des choses qu’il n’était pas possible de faire auparavant. Les réseaux AC étant très dynamiques, on peut s’attendre à des applications qui restent encore à inventer...semis de trèfle entre les rangs de blé, relay-cropping, décompactage localisé aux roues du matériel de récolte, traitements localisés, cartographie de sols ... L’auto guidage est une technique qui est amené à se développer, il serait dommage de ne pas y penser lors de votre prochain investissement tracteur !

Et puis, quand le tracteur se conduit tout seul ... on peut lire le dernier TCS !!!

Merci aux fous qui m’ont permis de compléter cet article !


6
janvier
2013

En 2013 : Libérons notre créativité

2012 a vu les ventes de matériel atteindre des records mais pour des itinéraires innovants et plus respectueux du sol, le matériel à notre disposition est-il adapté ? Autrement dit : notre créativité n’est-elle pas limitée par le matériel que l’on nous propose ?

Voici quelques exemples de machines adaptées à des conditions précises pour plus de respect du sol :
- Un porte outil large pour le trafic contrôlé en légumes de plein champ JPEG - 135.8 ko Ce porte outil sera utilisé sur la ferme de Kjeldhal qui pratique déjà le trafic contrôlé. Voici un exemple de ce type de machine au semis de betteraves : JPEG - 163.6 ko Cela permet de rouler sur moins de 10% de la surface du sol, donc d’éviter la compaction et de rouler sur la tête des vers de terre sur le reste.

Un maraîcher de l’Eure a lui inventé le même type de portique propulsé par l’énergie éolienne, l’Eole Tract :

- Voici deux exemples de réalisations "maisons" sur la ferme des Vaalburg qui pratique le trafic contrôlé en légumes de plein champs. Cette planteuse automotrice sur chenilles à été dessinée spécialement pour repiquer les céleris. Elle est guidée par GPS RTK. JPEG - 205.8 ko Ce plateau automoteur à été fait sur une base d’automotrice à betterave modifiée. Elle permet de charger les céleris dans le champ, en suivant les traces de l’arracheuse. JPEG - 183.4 ko Grâce au trafic contrôlé sur des productions de haute qualité, les Vallburg ont constaté de 30 à 60% de bénéfice en plus. Grâce à :
- 5 à 10% de rendement en plus
- 5 à 10% de coûts en moins grâce à moins de travail du sol
- 5 à 10% de rendement supplémentaire grâce à l’utilisation de compost. La qualité du sol sert la qualité du produit.

- Plus spécifiquement pour le semis direct, les suisses sont passés maître dans les automoteurs de semis dont voici quelques exemples : JPEG - 127.2 ko JPEG - 141.4 ko


7
mai
2012

Trafic et compaction

Pour tous les TCSistes la compaction est un sujet de préoccupation permanent.

Voici la première partie d’une présentation de Nicolas Dubuc, ancien élève ingénieur de l’université MacGill au Canada . Elle rappelle les dégâts de la compaction des sols et comporte des données assez alarmantes !

De retour dans le Pays de Caux, voici quelques photos qui m’interpellent. Elles ont été prises sur la ferme de mes parents. La rotation est basée sur les cultures industrielles : pommes de terre, lin fibre, betteraves sucrières et betteraves rouges. Nous semons des couverts et réduisons la profondeur de travail du sol lorsque c’est possible, la bêche et le pénétromètre sont toujours à portée de main. Le lin fibre, les pommes de terre et les betteraves aiment à avoir une bonne structure de sol et dans le même temps leurs récoltes présentent des risques élevés de compaction ...

JPEG - 71.1 koComme vous le voyez sur les photos, 100% de la surface du sol est roulée, la récolte du lin totalise à elle seule 5 passages de machines différentes ! (arracheuse, retourneuse, écapsuleuse, enrouleuse, chariot et chargeur)

En lin comme dans les autres cultures, on gagne de la portance à la récolte lorsque l’on réduit la profondeur de travail du sol, c’est déjà un plus. Il s’accommode très bien des sols fermes (mais bien organisés) et peut donner d’aussi bons résultats et/ou meilleurs qu’en traditionnel. En pomme de terre par contre, cela reste un casse-tête et le mieux que nous avons pu faire pour le moment est d’équiper les bennes en basse-pression, ce qui a été un premier progrès.

Traffic à la récolte des pommes de terre En pommes de terre et betteraves les automotrices ou les ensembles de transport peuvent frôler les 50T, un poids interdit sur route, et pourtant ils roulent dans nos champs !

Pour progresser dans le respect du sol avec ces cultures il faudra à la fois bousculer tout le système actuel et explorer de nouvelles pistes ...

Alors voici la deuxième partie de la présentation de Nicolas, la solution étudiée me semble assez prometteuse ...

Merci à Nicolas Dubuc (alias « Canadian farmer » sur les forums) pour le partage de son travail.


11
octobre
2011

Chez Tony Gent, tout pour le SD. Partie 2 : la gestion de la paille

Le challenge du semis direct en climat humide. Tony gent, C.S GENT & SONS Ltd, Spalding, Lincolnshire, UK

Dans ce premier article, je vous présentais quelques unes des modifications qu’avait fait Tony Gent pour passer en semis direct. Dans cette deuxième partie voici ces "trucs" pour mieux gérer la paille.

GESTION DE LA PAILLE

Depuis qu’il produit du lin graine en grandes quantités (200ha l’année dernière), T.Gent s’est équipé d’un « stripper-header » de 9m de Shelbourne Reynolds. Cette barre de coupe particulière ne récolte que les capsules du lin, et seulement les épis dans les céréales. En ne récoltant que les épis, il augmenter la capacité de sa machine et consomme moins de carburant. Ainsi en blé, et avec des rendements autour de 10T/ha, la capacité de la machine (une 6 secoueurs John Deere T670) avoisine les 800q/h en récoltant à 8km/h. Un atout indéniable dans cette région où les fenêtres météo sont trés courtes. Le stripper laisse donc les chaumes intactes, toute la paille reste debout dans le champs. Il est beaucoup plus facile pour le semoir de placer la graine correctement, contrairement à une coupe proche du sol où la paille broyée forme un matelas difficilement pénétrable. La paille restée dressée est un très bon couvert pour le petit gibier, et les champs sont devenus le repère des faisans et perdrix de ses voisins. Peut être que cela aide à la lutte contre les limaces ?

Derrière colza, récolté avec une coupe conventionnelle, deux passages de herse légère étalent uniformément les résidus et bousculent l’habitat des limaces. Avec une herse de 20m de large, il n’hésite pas à faire un passage supplémentaire si il le juge nécessaire. Cet outil semble d’ailleurs être utilisé par de nombreux SDistes anglais.

Depuis cet hiver, un autre outil est sorti des atelier de la ferme.

C’est une rangée de disques turbos disposés sur un châssis de rouleaux. L’outil sera utilisé en deux passages croisés pour ouvrir verticalement le sol pour insuffler l’air qui lui manque pendant la période de transition. Utilisé ce printemps, Tony a constaté un réchauffement du sol plus rapide.

ECARTEMENT DES RANGS

Une autre solution pour gérer les pailles qu’il a également tenté avec le JD 740A par le passé, est de semer le colza 1rang sur 2. Il semait alors avec la deuxième rangée de disques, et remplaçait la roue de fermeture du premier rang par un chasse débris fait maison. Celui-ci dégageait la ligne de semis pour la deuxième rangée. Écarter les rangs permet d’avoir de la place pour chasser les pailles, mais T.Gent n’a pas constaté d’avantage à écarter les rangs de colza, supposé brancher plus, et préfère continuer à semer tous les rangs. A cause des gros volumes de paille, les pieds de colza montrent des symptômes d’élongation, rendant la culture plus sensible au froid a tel point que plusieurs champs n’ont pas été conservés ce printemps car les pieds étaient gelés.

La prochaine modification du semoir sera donc peut être de monter des chasses débris. Les pivots sont cependant impressionants !

Si il n’est pas convaincu par les rangs plus écartés en colza, il a semé tous ses blés à 24cm d’écartement, pour encore moins travaillé le sol et surtout « pour voir ». D’aprés Arvalis, un écartement supérieur à 17cm impact les hauts potentiels mais d’’aprés ses comptages, Tony est plutôt confiant : JD 740 A à 14cm : 650 épis/m2 JD 740 A à 24cm : 750 épis/m2

Dans un autre champ : Weaving a 24cm : 528 épis/m2 JD 740 A a 17cm : 754 épis/m2 Dans ce champ, l’avantage est au plus petit écartement cependant les épis sont plus beaux et la culture plus régulière à 24cm d’écartement...verdict à la récolte ! La paille de lin est encore visible dans l’entre-rang.

CONCLUSION

Avec beaucoup d’ingéniosité et d’observation Tony Gent a peu à peu adapté ses équipements et son système pour appliquer les principes de l’agriculture de conservation à sa propre situation. Sans perte de rendement et avec une prise de risque maîtrisée, il a aboutit aujourd’hui à un système déjà performant, et trés prometteur.

Merci à Tony Gent pour le temps qu’il nous a consacré lors de cette aprés midi,ensoleillée.


13
juin
2011

Chez Tony Gent, tout pour le SD.

Le challenge du semis direct en climat humide. Tony gent, C.S GENT & SONS Ltd, Spalding, Lincolnshire, UK

Limaces, gros volumes de pailles, difficultés à refermer le sillon, c’est le lot de Tony Gent, agriculteur dans le centre Est de l’Angleterre. Sur ses terres argileuses de polder il a cessé tout travail profond et réintroduit des cultures de printemps : deux choses encore impensables il y a quelques années.

GENERAL

Les 900ha que cultivent T. Gent sont des argiles vaseuses de polder. Elles se compactent facilement et le climat habituellement humide de l’Angleterre ne permet pas leur fissuration. Avec le travail profond du sol, Tony confie qu’en automne il passait son temps soit à casser des blocs durs comme la pierre soit à semer dans la boue. Le travail profond de ces sols est également trés coûteux, et les tracteurs à chenille et articulés peuplent la région. Le manque de portance, le coût, et le sentiment d’être déconnecté du fonctionnement de la Nature sont ce qui a poussé T.Gent à passer en semis direct. Après 4 années il a regagné la portance qui lui faisait défaut les années humides et il conserve l’humidité nécessaire pour une bonne levée du colza lors des années sèches. Preuve de la bonne structure, aujourd’hui aucune trace de roues n’est visible dans ses champs malgré les remorques de grains qui traversent le champ à la récolte. « Il ne faut pas caler son système pour qu’il marche seulement les années extrèmes, sèches ou humides, on doit trouver une méthode qui marche bien tous les ans ».

SEMOIR

De manière générale, les semoirs de semis-direct sont adaptés aux conditions sèches et semer en sol humide relève parfois du cauchemard avec des sillons compactés ou mal refermés. Après plusieurs années avec un John Deere 740A de 6m, T.Gent utilise maintenant un Weaving 9m qu’il a modifié pour ses conditions particulières.

Sur le John Deere, il a changé la roue de fermeture par une roue en fonte Guttler. Lourde et crantée, elle referme le sillon avec force et des poids peuvent être rajoutés si besoin. Tony reproche au John Deere d’ouvrir un sillon trop large qui est dur à refermer.

Roue Guttler et poid additionnel sur élément de semis John Deere

Il utilise maintenant de préférence le Weaving, surtout pour son débit de chantier.

Sur le Weaving, les roues de jauge ont été reculées pour se placer un peu plus en arrière du disque et avec un angle. Cela permet de contrôler la profondeur, tout en commençant à fermer le sillon avec un léger « ripage ». Une deuxième roue de fermeture de l’autre côté finit la fermeture. Le semoir est actuellement en cours de modification pour placer un disque turbo devant chaque rang et installer des sécurités non-stop hydrauliques.

Le problème des semoirs à disques reste le « hair-pinning », le pincement des pailles dans le sillon. Avec ses gros volumes de pailles (10T/ha de blé en moyenne) Tony a constaté cette année que les pailles pincées dans le sillon avaient pu pénaliser les levées du lin. Pour sécuriser l’implantation et rester avec un semoir à disque, il a poussé plus loin la démarche...

ROTATION

Il y a quelques années, la rotation anglaise de base était encore appliquée : blé - colza car ce sont les cultures les plus profitables et dont la conduite est bien connue. Avec le développement des populations de vulpin résistants, la rotation s’est enrichie avec la féverole de printemps et le lin graine de printemps. Depuis 2 ans du soja est aussi à l’essai, pour alimenter l’atelier de poulets. Le lin graine ne rapportera pas autant que le blé cette année mais c’est une opportunité de plus pour contrôler le vulpin.

La rotation s’étale donc désormais sur 6 ans : Blé - Colza - Blé - Féveroles de printemps - Blé - Lin graine de printemps. Maintenant tous les blés ont un précédent favorables et ils représentent 1/3 de la surface. T.Gent espère également retrouver des hauts niveaux de rendements en colza, trop difficile à réussir en rotations courtes. Depuis son passage en semis direct, il n’a pas remarqué de baisse de rendement, et grâce à la rotation ce serait même plutôt l’inverse en blé et colza. Les couverts végétaux ne sont pas encore à l’ordre du jour mais cela interpelle Tony, peut être qu’une couverture vivante permettrait de pomper l’eau en excès au printemps ? En plus du contrôle du salissement, l’autre avantage de la rotation est une meilleure gestion de la paille. Au fil du temps Tony a su s’en faire un allié plutôt qu’un surplus dont il fallait se débarrasser.

Lin graine de printemps semé aprés un blé récolté au stripper

A suivre...


27
mai
2011

Changement d’herbage

Aprés un peu plus d’une année à la Chambre d’Agriculture de Seine-Maritime, j’ai quitté la Normandie pour le Lot et Garonne. Je suis maintenant technicien pour SLY France, importateur du Stripcat, strip-till de Twindiamonds. C’est pour moi l’occasion de m’investir un peu plus dans le développement de l’AC à travers une technique promis à un bel avenir, l’édito de Frédéric le confirme.

Maïs, colza, tournesol, betteraves, sont autant de cultures auxquelles la technique du strip-till peut apporter beaucoup. Ces derniers temps j’ai beaucoup appris sur le tournesol qui est une culture trés fragile et pas si facile à réussir en travail simplifié. Face aux difficultés du semis-direct pur, le travail localisé permettra surement de sécuriser l’implantation en nettoyant la ligne et en créant un profil favorable à l’exploration racinaire. La betterave sucrière est elle aussi promise à un bel avenir en AC grâce au strip-till qui permet d’assurer un développement racinaire rapide et efficace qui permettra d’assurer de hauts rendements. Les implantations sont trés prometteuses avec à l’avenir une baisse de la dose d’azote grâce à la localisation :

Strip-till avant betteraves sucrières dans la Marne, chez Romain Joly.

Strip-till de printemps dans la Marne, chez Romain Joly. A gauche 140u d’azote localisé au strip-till, à droite 180u d’N sur une préparation au vibroculteur.

Pour toutes les cultures il reste du chemin à faire pour caler les itinéraires, et en particulier la fertilisation, "l’autre moité du strip-till". L’expérience américaine est une bonne base et nous permet de bénéficier de machines abouties, d’expériences et de grandes lignes à suivre, mais nous devons affiner à nos conditions. C’est pourquoi chez SLY nous voulons être proche de nos utilisateurs pour leur apporter en plus de la machine, la technique pour progresser et aller vers plus de réussite en strip-till.