– Il y a quelques temps, je vous parlais d’Allan Savory, et j’ai usé des quelques relations que j’ai pour faire circuler cette vidéo auprès de scientifiques, chercheurs et autres personnes non-agriculteurs. Je suis ravi de voir que cette petite vidéo fait son petit bout de chemin, elle ressortira peut être dans quelques années comme une grande révélation, mais en attendant j’aime assez bien le résumé qu’en a fait Michel Griffon sur le site de l’AEI Résumé.
– Bon, évidemment on parle des pays du Sud, mais ne serait-il pas temps de voir ce qui se passe chez nous, la machinerie toujours plus grosse n’est t’elle pas en train de désertifier nos sols ( à l’image du surpâturage) ??? Est-il normal de voir dans nos campagnes soit de la poussière, soit des coulées de boues ??? Est-il normal que nous n’arrivions plus à faire pousser quelques choses l’été ( je pense au couvert), parce que nos sols passent de trop humide à trop sec ???
Je ne fait pas de jugement, je constate...
– Je n’ai pas de solution à proposer, si ce n’est juste qu’il faut peut être transposer le mob grazing aux zones de grandes cultures. On imagine que les feuilles sont des racines qui vont alimenter une vie biologique souterraine. Si il n’y a pas de feuilles, il n’y a pas de racines donc il y a érosion... Si il n’y a pas de feuilles, pas de résidus donc pas de stockage d’eau, plus rien ne pousse.
Tout cela me fait penser à cette phrase de Carlos Crovetto, "la graine est pour l’homme, la plante est pour le sol". Je finirais cette article en vous citant une phrase de Michel Griffon :
"La base « scientifique » est donc qu’il faut une cohérence entre la production de biomasse et l’existence d’une couverture du sol."
PS : n’hésitez pas à diffuser la vidéo d’Allan Savory à votre entourage, vos élus, vos députés, vos ministres, mais surtout vos remplaçants.
Voici le lien :
http://agriculture-de-conservation....
En parlant de remplaçants, certains commencent à les former, peut être qu’ils auront des réponses à mon soucis de pâturage...
Qu’il est beau ce titre, au travers de ce petit article, je voudrais mettre à l’honneur tout ces pionniers qui se grattent la tête, qui bousculent les idées préconçues et qui n’hésitent pas à mettre en oeuvre leurs inspirations dans leurs champs, conscient de prendre des risques mais happé par cette volonté farouche de trouver des solutions pour redonner vie au sol. Qu’ils soient paysans, techniciens ou scientifiques, étudiants ou enseignants, politiques ou élus, j’ai une dette envers tout ces gens qui me font progresser.
– Tout d’abord, un petit article paru dans "Le Monde" en 2009, on y retrouve les pionniers de la 1ère heure :
– On perçoit dans le texte ci-dessus des pensées qui se rejoignent entre paysans et chercheurs, c’est bon signe et cela m’a fait découvrir la passion. Quelqu’un a donné un sens à ma vie, quelqu’un que l’on entend peu et qui ne fait pas de grand discours, mais qui consacre sa vie a aider les paysans à remettre de la vie dans les sols. Je vous laisse le découvrir :
– Je n’ai pas la chance d’avoir les connaissances de Frédéric, mais ceci ne m’empêche pas de pouvoir l’encourager, l’appuyer et l’aider dans sa quête de sol vivant et de connaissances, ré-approprié par les paysans. Cette aventure me fera découvrir des gens passionnés pleins de bon sens, je vous ai sélectionné quelques vidéos, elles me font toutes vibrer plus les unes que les autres, je suis toujours en extase de voir ces passionnés parler si simplement. En passant devant la caméra, ils démontrent qu’ils sont acteurs et nous font partager leurs savoirs.
– Il y a énormément d’autres personnes qui œuvrent pour vulgariser l’Agriculture de Conservation, en France et à l’étranger, excusez moi de ne pas les citer mais je veux ici surtout mettre l’accent sur la passion qui pousse tous ces personnages.
– Cette passion m’a conduit il y a peu au Ministère de l’agriculture, j’y suis allé le même jour que Karine, elle, pour "l’amour est dans le pré", moi pour "on ne fait plus labour, mais on sème toujours". Stéphane Le Foll m’a donc "épinglé" pour me faire Chevalier du Mérite Agricole. J’ai un peu de mal avec cela, je me sens gêné car je pense que certains la mérite beaucoup plus que moi mais par respect pour mes parents, mon épouse, toute ma famille qui me soutient , je suis allé chercher cette médaille qui vous revient à vous tous qui œuvré pour l’AC. Mr Le Foll en a profité dans son discours pour expliquer qu’il était ravi de mettre à l’honneur un paysan qui avait beaucoup plus appris dans ses champs que sur les bancs de l’école, et qu’il était temps que nous unissions les forces de tous, la diversité des savoirs sera toujours plus forte que le savoir seul.
– Je sais que certains d’entre vous sont déjà Chevalier ou plus, la médaille n’a pas trop d’importance à mes yeux, on va toutefois considérer que c’est une très belle reconnaissance pour tous ceux qui travaillent dans l’ombre, et peut être la considérer comme un encouragement à continuer.
.
27
juillet
2013
Réfléchir à l’envers
– Mon Dieu que cela fait du bien de revoir un peu le soleil. Avec tous ces dérèglements climatiques, je trouve que l’hiver sur ma ferme a été
très long, les nuages étaient un peu trop omniprésents et je finissais même par me demander s’ils n’allaient pas me tomber sur la tête. Allez, c’est l’été, finie la grisaille, les frissons du matin disparaissent au profit de ces bouffées d’air chaud qui nous parfument d’un air si bon, les plantes photosynthétisent à bloc pour nous offrir un air purifié chaque matin, les fleurs des plantes sauvages réveillent notre odorat, quel plaisir de vivre à la ferme... J’arrête ici le supplice pour vous et je vais essayer d’être plus sérieux, mais vous allez devoir prendre une position très cool pour décrypter ma pensée. C’est l’été, vous êtes allongé sur la plage, les doigts de pieds en éventail et la newsletter de l’AEI dans les mains. Des mouettes noires et blanches tournent dans le ciel bleu, vous vous laissez bercer par le cliquetis des flots... Vous profitez de ce petit moment de répit pour imaginer un monde meilleur, un autre monde où finalement on ne passerait pas du temps à résoudre des problèmes, mais plutôt à réfléchir pour éviter que ces problèmes n’arrivent...
– Je vous propose donc de « réfléchir à l’envers ».
J’ai découvert il y a quelques mois cette superbe vidéo de Allan Savory qui nous explique comment il a réussi à reverdir le désert avec ses éléphants
!!! Evidemment, à la 1ère lecture, cela décoiffe un peu et mon petit cerveau n’a pas tout compris, j’ai donc revisionné son intervention pour mieux comprendre comment « une gestion moderne » de son parc animalier conduisait au désastre. Il a ensuite essayé de désintensifié son élevage mais le mal était enrayé, comme s’il avait provoqué un déséquilibre irréversible,
la solution n’était donc pas là. J’aimerais beaucoup faire venir Mr Savory en France pour profiter de ses compétences d’homme « sage » , ou peut-être Greg Judy qui comme Allan, a beaucoup appris de l’observation de la nature, des plantes, du comportement des animaux. A écouter ces 2 types, je me demande vraiment pourquoi il y a toujours des gars pour nous vendre de la poudre de perlinpin, ces produits chimiques très utiles pour augmenter la production de quoi que ce soit mais si dangereux
si on en abuse.
– Vous allez rire, je suis tombé la semaine dernière sur un article de Cécile
Waligora qui s’est intéressée aux « bousiers » . Elle a confié les crottins de ses chevaux qu’elle soigne avec amour à un entomologiste afin qu’il les compare à ceux de chevaux élevés en semi-liberté. Le constat fut édifiant, la bouse du cheval élevé avec amour est malade, elle est carencé en biodiversité !!!, presque dépourvue d’insectes coprophages qui n’ont pas apprécié les vermifuges censés protéger le cheval. Ne paniquons pas, le cheval de Cécile va bien mais la bouse qu’il dépose au sol n’est pas saine , et le sol va avoir beaucoup de mal à la digérer tellement elle va être dure à attaquer. L’énergie que le sol va déployer pour faire disparaître cette fameuse bouse ira au détriment de la production d’herbe pour le cheval, on va donc mettre un peu d’azote pour relancer la pousse de l’herbe. « Stop Philippe, arrête les conneries et réfléchis à l’envers, n’oublie pas que tu es ce que tu manges !!! » Comme j’ai un amour inconsidéré pour les vers de terre, je vais faire attention à mon alimentation, j’éviterais de manger du cheval vermifugé
de façon à ce que la décomposition de mon corps soit facilitée par mes anéciques qui portent si bien leur nom, les intestins de la terre. La fin de mon récit approche, votre voyage aussi, les mouettes qui tournaient au dessus de vous se sont bizarrement transformées en colombes et l’une d’elle vous rapporte une feuille d’olivier, les vacanciers autour de vous ont muté en cochons, vaches, oiseaux, papillons...
–« Relevez-vous capitaine Noé, vous pouvez maintenant descendre de votre Arche pour construire un monde meilleur ».
Philippe Pastoureau, éleveur de vers de terre, administrateur de l’association AEI
PS : J’ai écrit ce petit texte pour la newsletter de l’AEI qui est envoyé seulement aux membres de cette association. Ce texte se veut un peu loufoque et imaginaire, je remercie Michel Griffon et Bruno Parmentier qui me permettent de m’adresser à des gens qui ont beaucoup plus de connaissances que moi, dans l’espoir qu’un jour ces écrits facilitent les décisions de nos dirigeants. J’espère également par ce texte faire venir Mr Savory, à suivre...
Bonne vacance...
2
juillet
2013
Avez vous les bons outils ???
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai passé pas mal de temps à chercher l’outil idéal qui allait me faire gagner beaucoup d’argent tout en respectant mon sol. J’ai beaucoup cherché, beaucoup douté aussi à vouloir écouter les avis de tous le monde, je me suis formé avec des décompactages de cerveau à répétition, tout devenait de plus en plus confus dans ma tête puis il y a eut un espèce de vide "sidéral", comme si tout ce que j’avais appris à l’école était devenu obsolète, et personnes ne pouvaient me conseiller vers cette quête de sol vivant que je m’imposais, tout en sécurisant mes revenus...
Pourquoi changer de pratique quand tout va bien ??? C’est sûrement une question à laquelle j’ai tenté de répondre beaucoup trop vite, en 1995 j’avais quelques soucis d’érosion et des sols qui nécessitaient de plus en plus d’énergie ( chimique ou mécanique) pour produire autant, j’ai donc décider de tout changer en réduisant fortement le travail du sol, d’une manière assez "idéologique" avec en ligne de mire le Semis Direct puis très rapidement l’Agriculture de Conservation. Mais étais-je sûr d’aller dans une bonne voie ??? est ce que autour de moi, dans ma région d’autres agriculteurs avaient pris cette voie ???
J’ai la chance d’habiter en Sarthe, le département ou chaque minute compte plus qu’ailleurs, et pour gagner une course mythique comme les 24 heures du Mans, il faut être très résistant et savoir où l’on va.
Il y a 2 ans maintenant, des voisins sont venus me chercher pour former une équipe, non pas pour piloter une voiture, mais pour piloter nos champs. Nous sommes une quinzaine dans le groupe, les 3/4 en non labours ( il y a 2 ans...),le reste en TCS mais avec une orientation forte vers l’AC. Nous avions donc tous un peu les mêmes doutes sur nos pratiques, des champs un peu sale, des cultures irrégulières et une impression de passer beaucoup de temps à choisir les interventions qu’ils fallaient entreprendre. Nous avons donc fait appel à un conseiller privé, plutôt hostile au non labour car il a vu trop d’agriculteurs découragé par cette technique. On va donc dire que nous avons appeler le médecin avant que notre situation soit désespérer, mais vous allez voir que le traitement que nous avons mis en place est assez original, en effet nous confrontons nos idées d’agriculteurs voulant respecter la vie du sol face à un conseiller qui doit nous faire gagné de l’argent s’en prendre de risque à long terme...
Le débat a donc été houleux au départ, mais très rapidement l’échange de savoir a été réciproque. On ne parle pas machines ou techniques mais résultats, et pour cela nous organisons 4 réunions en salle afin d’établir les rotations, les ITK, les marges recherchées, étudier les marchés et suivre les cours, puis au moins 6 rencontres bouts de champs . Le gros plus que j’apprécie dans ce conseil privé, c’est que le groupe d’agris avec qui je fait équipe, bosse comme moi et ma cuma, ont peut donc grâce à notre technicien progresser ensemble et vérifier la performance de nos pratiques, avec l’appui de 2 salariés qui ne font que de l’expérimentation dans nos champs.
Partir sur de bonnes bases
Voici tout d’abord les objectifs que nous nous sommes fixés :
– Avoir une bonne rotation :
60 % de paille / des légumineuses / 20 % de cultures de printemps / des familles différentes.
Pour mon cas, vous allez voir que j’ai extrêmement réduit mon nombres de cultures, exit les légumes, pois protéagineux , je ne part plus semer pour moins de 10 ha. Voici a quoi ressemble ma rotation actuelle :
Colza associé de légumineuses / Blé / dérobée automne+printemps (rgi+avoine diploide+vesce+TA+TI) - Maïs ensilage / Blé /biomax- Maïs grain / Blé .
J’obtiens sur 6 ans : 3 blé, 2 maïs, 1 colza , 1 dérobée avec 2 récoltes ( automne+printemps) , 1 couvert pour le sol.
– Maîtriser ses chiffres : Désherbage : 60 €/ha maxi, pas de graminées résistantes, absences de vivaces, désherbage d’automne sur blé.
Fongicides : 55 €/ha maxi, choisir des variétées peu sensibles, mélanges, végétation peu dense, intervenir en préventif.
Régulateur : 5 €/ha (libre a chacun de le faire ou pas)
Insecticides : 5 €/ha
Pulvérisation : 70 impacts/cm2 , adjuvants obligatoire sur antigraminée , acidification de l’eau ( le ph de la bouillie doit correspondre à celui de la plante). Je mélange désormais ( en fonction des besoins) un sel ( sulfate ammoniaque liquide) + un mouillant ( silweet) + une huile ( actrirob ) , et ces produits sont introduit dans le pulvé avant les phytos . Je rappel que j’incorpore les phytos seulement lorsque le pulvé est à moitié rempli d’eau, une eau qui est a température ambiante et stocké dans une cuve opaque.
Fertilisation : Pour faire simple, on va surtout piloter par ordre de grandeur l’azote, le souffre puis le phosphore. 1 unités de souffre pour 2 unités d’azote Pour les sols entre 50 et 80 ppm de P2O5 ( olsen), apport de 50 u de P2O5 -------------- inférieur à 50 ppm -------------------------------- 75 u de P2O5 Si on est dans une stratégie d’Agriculture de Conservation, il y a fort à parier qu’il va d’abord falloir remonter le taux de MO. Il est donc important d’en tenir compte dans les bilans, une croissance de 0.1 % de MO par an mobilise 100 unités d’azote (d’où la nécessité d’avoir des légumineuses dans les couverts). La fertilisation azotée est donc vérifiée au Jubil pour les blés, maïs et colza. ( le jubil est très intéressant pour mesurer l’impact des légumineuses ).
– Coût de production :( issu de 500 fermes de l’ouest, récolte 2012) 310 € charges fixes 160 € Main d’oeuvre 165 € Foncier 55 € carburant 270 € mécanisation 130 € récolte 150 € phyto 200 € engrais 60 € semences J’arrive à 1500 € de charges ( hausse de 40 % en 7 ans !!!), je déduit 300 € de DPU en produit, il me reste 1200 € de vente a atteindre. ( 68 qtx à 17.5 € par exemple en blé ). S’en vouloir vous effrayer, on va pouvoir rajouter 50 à 100 € en charge pour l’année prochaine ( impôts-MSA ), avec une grosse inconnu sur les prix de vente...
– Conduite du couvert : ( conseil de Matthieu Archambeaud)
5 règles à respecter :
=> Semer le plus tôt possible => Semer comme une culture => mélanger au moins 4 espèces ( afin qu’aucune ne soit dominante) => Inclure au moins 50 % de légumineuses ( idéal 2/3 ) => Quand le couvert fleurit, il a fait son travail. ( on recherche un C/N de 25 )
– Quelques choix de mélanges :
Couvert ensilé : 45 kg d’avoine diploïde + 30 kg de pois assas + 10 kg de vesce de printemps.
Couvert pâturé : 10 kg d’avoine diploïde + 5 kg de tréfle incarnat + 3 kg radis + 5 kg de trèfle violet + 2 kg colza fourrager.
Méteil en permaculture Je vous en reparle bientôt....
Luzerne enrichie d’un mélange fourrager semé à l’automne
Tout ceci sont des bases a avoir en tête, au cas où comme moi vous étiez quelques peu perdu. Je ne peut donc que vous inciter à mettre en place un travail de groupe afin d’échanger avec votre entourage proche, puis trouver un technicien privé ou public qui va vous permettre de maitriser vos pratiques afin de ne plus subir mais d’anticiper. Bien entendu, la rencontre avec des formateurs comme l’équipe TCS sont presque un passage obligé afin de bien comprendre a quoi doit ressembler votre outil de travail...
Profil de sol au téléscopique
Récolte 2013
Pour ma part, je vous met ici quelques photos de mes parcelles, tout n’est pas encore parfait mais avec le climat que nous avons eut, j’estime ne pas m’en sortir trop mal, et nous sommes très optimiste pour l’avenir, notre équipe commence à bien maîtriser les meilleures trajectoires à prendre, nos machines se perfectionnent et on optimise chaque passage, et l’outil que nous avons entre nos mains commence à bien rugir... Beaucoup d’entre vous sont venu sur ma ferme dernièrement et ont été surpris par notre coté perfectionniste pour aller chercher les derniers quintaux. Encore une fois je vous montre ce que je fait chez moi, jamais je n’irai vous dire ce que vous devez faire chez vous. J’adapte simplement ma stratégie au potentiel de mes sols. Mais n’oubliez pas que l’AC permet de déplafonner les rendements, à condition toutefois que tout le reste soit parfait.
– Colza : La culture a bien passé l’hiver, l’excès d’humidité nous montre toutefois les limites de la gestion des dicots uniquement par les plantes compagnes, les gaillets et séneçons sont un peu trop présents, mais presque moins toutefois que des parcelles voisines ayant reçu des anti-dicots et un travail du sol en plein. On fera mieux l’année prochaine ( enfin dans 1 mois ) avec notre système de désherbage sur le rang qui équipe maintenant notre monograine ( on associera donc plantes compagnes + 1/3 dose de racinaire (napropamide) afin d’éviter tout risque de débordement). Je rappel que nous avons beaucoup ramé avec la culture du colza il y a quelques années, nous sommes passé de 20-25 q/ha à 35-40 Qtx en 5 ans seulement, et on vise beaucoup plus maintenant.
Colza semé au Compil
Non travail du sol en inter-rang = non salissement
Pastoureau Philippe
Colza en TCS
Mélange Kadore + Sésame à 18 gr/m2
Pastoureau Philippe
– Blé : Comme nous tous, nous avons reçu des trompes d’eau depuis octobre 2012, environ 400 mm à l’automne et autant au 1er semestre 2013. La photo de la levée du blé vous fera évidemment très peur, il s’agit d’un précédent maïs ensilage récolté sous la pluie, je n’avais aucun résidus sur le sol au moment du semis et j’ai pris la décision de passer un très léger coup de compil pour semer mon blé, aucun travail en profondeur alors que les bennes avaient tout de même marquée. Mes laboureurs ont été exceptionnel ici, ils ont bossé tout l’hiver pour réparer la structure et je n’ai pas oublié de les nourrir puisque j’ai épandu 10 t/ha de compost en février afin de les récompenser. ( imaginez que je circulai dans ce champs avec un épandeur alors que mes voisins ne pouvaient rentrer dans leur champs ne serait-ce que pour mettre de l’engrais).
Ce ne sera probablement pas exceptionnel, mais on démarre de très, très loin. Un colza associé semé au strip till viendra cette été pour continuer de réparer la structure. Toutefois, je réfléchit à modifier un peu ma ration de mes laitières, il est probable que je fauche plus haut cette année mes maïs ensilage afin de laisser plus de résidus au sol ( et concentrer par la même occasion ma ration ) .
Pour revenir au semis à la volée que nous réalisons au compil, je ne vous en parle pas trop car cela marche vraiment trop bien chez nous, le semis nous coute moins de 50 €/ha ( tracteur + compil + trémie ) , on débite environ 3 ha/h. avec seulement 7 litres de fioul/ha. Cela va être dure de faire des économies sur ce poste .
Compaction et battance
Le passage du strip till sur le précédent maïs ensilage va sauver cette parcelle de l’hydromorphie. L’apparence de surface est évidemment loin d’être parfaite, mais la structure en dessous a été peu impacté par le passage des bennes qui ont put rouler sur des zones non travaillées ( d’où l’intérêt du ST chez moi).
Pastoureau Philippe
Blé en TCS
Même parcelle au 01-07-2013
Mélange Galactic + Solehio + Altigo semé à 130 Kg/ha
Pastoureau Philippe
– Maïs : Le maïs est vraiment la culture qui nous a posé le plus de soucis en Agriculture de conservation, mais tout le travail que nous avons réalisé depuis 10 ans maintenant commence à porter ces fruits. Nous avons beaucoup modifié le strip till afin d’obtenir une ligne de semis très uniforme, propre et mis en sécurité par apport à des risques d’érosion lié à des orages. La fertilisation a été et est encore en perfectionnement, on vérifie les variétés qui correspondent à la technique du ST en écartement réduit et on commence également à faire quelques essais d’enrobage afin de toujours booster le démarrage. Le semoir a été pas mal adapté à la technique du ST, cela peut effrayer les novices, mais on ne fait pas le Dakar avec une Formule 1. Semis du 25 avril sur un précédent colza avec petit couvert de seigle. Je rappel que nous semons maintenant à 60 cm d’écartement, la couverture du sol est donc plus rapide.
Semis du 25-02013 en écartement réduit ( 60 cm)
Pastoureau Philippe
Avec une densité de 92 000 grains, nous avons 17 à 18 cm entre grain et la répartition se trouve donc automatiquement amélioré. L’élément semeur Monoshox apporte en plus une grande stabilité ce qui nous permet de semer tous les grains exactement à la même profondeur afin d’avoir une levée régulière.
Maïs en TCS dans la Sarthe
Régularité de semis obtenu par le réchauffement de la ligne en passage décomposé.
Pastoureau Philippe
La culture que j’adore le plus, le semis de maïs sur un dérobé ... La plus joli a mes yeux, mais la plus dangereuse à mettre en place. Si je m’obstine à faire cela, c’est simplement parce que la dérobée me permet de sortir 5 à 7 tonnes de MS de fourrage, puis le maïs qui suit encore au minimum 15 t soit plus de 20 t de MS/ha. J’adore cette combinaison car tout va très vite, de la récolte du blé qui précède le dérobée, au semis de maïs qui se fait dans l’ombre de l’ensileuse, avec une croissance du maïs qui laisse les repousses de RGI sur place. Je me régale avec cette culture, mais ce n’est pas parce que cela marche très bien chez moi qu’il en sera autant chez vous, je ne tenterai jamais cela sur une parcelle non-irrigué, et avec un semoir non équipé de roues de fermeture en fonte.
Maïs en strip-till derrière RGI en dérobée
Maïs derrière dérobée
Pastoureau Philippe
Je vous remet ici une vidéo qui retrace nos dernières modifs, pour ceux qui ne l’auraient pas déjà vu.
– Comme je disais plus haut, on travail désormais avec un conseiller qui nous apporte un soutien pour mettre en place des plateformes de recherche, et cela se fait également avec le partenariat de semenciers ou marchands d’engrais. Nous avons donc mis en place plusieurs plateforme de recherche pour le maïs : => 2 essais variétées ( Pionneer et RAGT ) => 1 essai densité de semis à 60 cm => 1 essai écartement ( 60 cm- 75 cm - twin en 75 cm) => 1 essai enrobage => 1 essai fertilisation au strip till => 1 essai fertilisation starter C’est incroyable comment s’en argent public on avance, mais quand on aime on ne compte pas...
Maïs strip-till dans la Sarthe
Allez, il est temps de conclure, et pour répondre à la question de ce topic, je préciserai que l’on voit sur la 1ère photo la main du "Grand Matthieu", qui nous fait partager ces connaissances afin que je les transmettent à mon "Petit Mathieu"
N’oublions pas que la terre appartiens à nos enfants, essayons de leur laisser les bons outils, qui vont avec...
Enseigner les bonnes pratiques
Pastoureau Philippe
17
mai
2013
Quand 2 fous (ou plus) se rencontrent...
C’est une histoire de fous, qui aurait cru il y a quelques années qu’il était parfaitement possible en agriculture de« gagner plus en travaillant moins » !!!
Le pire dans cette histoire, c’est que je ne suis pas le seul à le penser. J’ai remarqué que d’autres agris en avait marre de fabriquer des mottes et qu’il serait plus judiciable de concentrer tous nos efforts à l’endroit ou l’on veut faire germer la graine qui nous fera gagner de l’argent. On va pour cela associer du travail mécanique ( machine ) à du travail biologique ( racine- lombrics ). Ce couple est la clé du succès, qui vous allez le voir est en train de bouleverser un peu les concepts.
( Cliquez sur les photos pour les agrandir )
Le strip till mis à nu
Les pionniers n’apprendront pas grand chose sur cette vidéo, mais elle est parfaite pour les novices.
L’AFJA a organisé, lors du SIMA, une conférence sur le strip-till, le 25 février 2013 à Paris Nord Villepinte.
Cette technique, qui vient des Etats-Unis, fait de plus en plus d’adeptes en France. Le principe est simple : ne travailler profondément qu’une faible bande de terre sur la ligne de semis.
Bénéfices agronomiques, gains de temps et de carburant, le strip-till présente de nombreux avantages, mais nécessite une certaine technicité et une approche globale.Source
Je retiens de cette vidéo que nos organismes de recherche et de vulgarisation sont des Sages, vous comprendrez pourquoi à la fin de ce post.
Place aux fous...
– Je vais ici vous poster quelques exemples de cas concrets mis en place chez des copains ou des agris un peu partout à travers le monde. On retrouvera à travers les différents exemples beaucoup de similitudes, le but recherché est le même et les machines misent en oeuvre n’ont finalement que peu d’influence. Le concept de base est souvent identique :
On nourrit son sol avec des couverts ou des résidus pour qu’il devienne performant, et on assure avec un minimum de travail mécanique le démarrage des cultures.
Une phrase d’or est a retenir :
"Je sème sur du vert, mais le semoir doit faire de la poussière..."
Le Strip till consiste à travailler en bandes, d’agriculteurs.
Je vous met ici le PdF que Victor a présenté au SIMA 2013, pour lui, Strip till et couvert, ça coule de source ... Je suis aussi de son avis, mais ne loupez tout de même pas un semis à cause de cela, essayez doucement.
PdF
Au passage, Victor est allé l’année dernière aux States leur expliquer pourquoi on utilisait un strip till dans du vert. J’en profite pour vous glisser un article qui relate les travaux de la recherche Américaine, ce sont également des Sages.
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/73050.htm
Vidéo de Nicolas Verschuere en Belgique ( album photos
Mieux vaut passer le strip till trop tôt que trop tard.
– Voici le PdF qu’Arnaud a également présenté au SIMA :
PdF
– Pour ceux qui ont accès à la partie privative d’Agricool, vous pourrez voir à quoi ressemble les champs d’Agriborda en Roumanie. Ils vous sont présentés par Carlos C.
"Je sème sur du vert, mais le semoir doit faire de la poussière..."
–Jocelyn Michon du Québec Retrouvez Mitch sur agricool pour visiter virtuellement ses champs, ou une petite vidéo de lui sur l’avenir agricole
Avec une météo plus que favorable, les semis sont terminés dans le sud-ouest du Québec. Avec un printemps qui s’annoncait tardif, on a débuté dans la semaine du 22 avril. L’absence de pluie nous a « forcé » à travailler en continu, sans arrêt jusqu’au 9 mai. Et la pluie arriva !!! Il ne reste que les haricots pour Bonduelle. Semis prévu en début juin. Parlant d’haricots, l’automne passé j’ai semé du seigle en bandes entre les anciens rangs après la récolte au milieu septembre. L’idée était de semer le maïs 2013 entre ces bandes, directement sur les chicots d’haricots.
Voici quelques photos :
1- Photos du 26 avril. STL sans engrais liquide, contrairement à 2012 2- Bandes bien dégagées 3- Photo du 2 mai. Nouveau NG plus4 Twin row, avec réservoirs pour liquide 32% et démarreur 11-37-0 à l’avant du 712. Autonomie de chargement de 12 ha.
– Le système de pression Monoshox fonctionne merveilleusement bien. Beaucoup de stabilité. Le bidule sync-row permet de bien alterner les grains sur chacun des rangs jumelés.
Les photos de la levée dans quelques jours...
Mitch
– – –
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Striger. Un nouveau concept de travail du sol
Philippe Oberli en Alsace
( Retrouvez Fra68 sur agricool pour visiter virtuellement ses champs )
Mais il est fou
Philippe adore transmettre son savoir, et il trace aussi droit sur les pistes que dans les champs, ceci sans prendre le moindre risque. Il passe une partie de son temps actuellement en Allemagne ou il explique ses pratiques à nos collègues agris.
Vous avez put voir il y a quelques temps comment Philippe déplafonne les rendements en AC, il y a peut de place au hasard, il est important d’avoir un lit de semence très fin pour le maïs, un couvert de graminée ne posera que des problèmes sur la ligne ( sol froid et humide ) alors qu’un couvert de légumineuse donnera du "couscous", pourquoi s’en priver ???
Strip-till pour le semis de maïs avec apport de lisier
réalisé par l’ETA Schillmoeller à Bakum (entre Osnabrück et Brême - Land de Basse-Saxe en Allemagne)
« En raison de la forte charge soumise aux sols localement, la méthode de strip-till permet non seulement un haut degré de protection contre l’érosion, mais aussi une gestion équilibrée des nutriments et de l’eau. Par le travail de ‘Strip-till’, notre Terra Gator prépare le semis de maïs sur 8 rangs : le lisier est déposé à 20cm de profondeur et sert d’engrais localisé.
Après quelques jours, la semence de maïs est placée à environ 10cm au-dessus – C’est prêt ! Grâce à ce procédé, seule la partie du champ, qui est nécessaire pour la production de maïs, est travaillée. Le reste du champ peut alors se reposer… Un autre avantage est que les surfaces sont plus praticables et plus tôt. »
Stefan Knipper, ingénieur agricole
Certains sont à l’ouest
Alors eux, ils sont graves..... Si vous avez un bon débit internet, modifiez le paramètre d’affichage en "720 HD " (en bas à droite) pour avoir une meilleure qualité d’image.
Ce qu’en pense mes laboureurs :
– Pour conclure , je remercie tous les fous qui m’ont aidé à écrire ce post. Je suis impressionné par la volonté de ces agris à vouloir communiquer sur leurs pratiques, toutes ces vidéos sont très très récentes ( 1 à 2 ans maxi), et je constate que les agris strip tiller manient parfaitement youtube et les montages vidéos.
Pour ceux qui découvre la technique, voici une rétrospective des articles parlant du ST :
– 24-05-2009 : J’ai semé mon maïs à la Steve Groff
Oh my god, je prend un sacré coup de vieux lorsque je lis tout cela, mais mes copains plus fous que moi me donnent la voie à suivre.
– Nous avons vu que Victor parle de couvert, Jocelyn utilise les nouvelles technologie qu’offre le RTK pour faire du couvert localisé et insiste pour que le semoir fasse de la poussière, Philippe associe son passage de ST d’automne à une légumineuse pour faciliter le semis au printemps suivant, moi même m’autorise des semis sur dérobée, ...
Tout ceci nous ouvrent de magnifiques voies, on peut demain imaginer réaliser des semis de couvert localisé, avec un couvert très carboné dans l’entre rangs ( genre seigle, RGI, avoine dipolïde) et un couvert plutôt gélifs à base de légumineuses sur la future ligne de semis. Ce couvert pourra rester au sol ou alimenter un digesteur, peut importe l’essentiel est qu’il apporte un bénéfice pour la culture qui vient. Pour les éleveurs, on peut imaginer un mélange RGI- avoine diploïde - trêfle incarnat dans les inter-lignes et un mélange vesce de printemps- trèfle d’alexandrie - sorgho fourrager ( à essayer) sur les futures lignes. Ce mélange nous permettant de faire une coupe d’enrubannage à l’automne ( surtout grâce aux plantes gélives qui poussent plus vite ) et une coupe d’ensilage au printemps suivant ( il restera le RGI et le TI ), on verrait à cette période ré-apparaitre les lignes laissées par les plantes gélives dans laquelle il sera très facile de semer du maïs. L’apport localisé d’effluent liquide (lisier ou digestats) est aussi une opportunité pour préparer les futures lignes, à suivre...
Testons tout, soyons fous.....
J’ai pris soin de prendre des nouvelles de mes potes avant de poster cette article, juste pour vérifier que leur état de santé était "stable", voici la réponse de l’un d’entre eux :
Je pense que tes fous se portent assez bien !!! même s’ils ne sont pas récupérables…
Une folie, qui est à la fois captivante et envoutante !!!
Je finis avec cette belle citation de Carlo Dossi qu’un internaute m’a envoyé un jour pour me soutenir dans mes moments de doute
« Les fous ouvrent des voies qu’empruntent ensuite les sages. »
1er
mai
2013
A la recherche de solution(s)
– Rassurez vous, je n’ai pas mangé du cheval enragé, enfin je pense...
J’ironise un tout petit peu, mais le quotidien de la société dans laquelle je vis actuellement devrait tout de même m’interpeller un peu. Je vous laisse regarder en avant garde ce petit sommaire d’un film que j’apprécie peu puisque comme beaucoup il n’aide pas vraiment la société a trouver de solutions, il a tout du moins le mérite de provoquer la réflexion :
– Pour faire suite à ce reportage , je me permet de récupérer une vidéo mise sur le site A2C, simplement parce que j’ai trouvé sur le net une version sous-titrée en Français. Et cette fois-ci, nous rentrons dans le vif du sujet avec des solutions mises en pratiques depuis plusieurs années déjà.
Certes, la solution proposée ici décoiffe un peu, mais elle a le mérite d’être appuyée sur des cas concrets. S’en parler de reverdir les déserts ou démonter toutes nos étables financées par la mise au norme, j’apprécie la remise en cause de ce scientifique ainsi que ce qui l’a aidé à trouver , "la solution".
Il a copié la nature. – Sur ma ferme, j’essaie toujours de respecter une règle simple, la graine est pour l’homme, la plante pour le sol. J’ai donc un peu l’impression de me retrouver dans ce reportage, évidemment "l’argent verte" pollue encore mes sols aux dire de certains, mais est-ce fondé ??? (Je vous réserve pour plus tard un petit topic sur des comptages de vers de terre dans mes champs, j’en tremble encore...)
Si quelqu’un a le pouvoir de faire suivre cette vidéo à nos décideurs, ce serait sympa car soutenir des industries, des filières agricoles, promouvoir des énergies nouvelles issu de la méthanisation n’a aucun sens si demain on n’arrive plus à nourrir nos animaux...
– Sur ce, bonne conférence et gardé les pieds sur terre, ou plutôt gardé la terre qui est sous vos pieds....
Allan Savory : Comment transformer nos déserts en prairies et inverser le changement climatique
« La désertification est un joli mot pour la terre qui se transforme en désert », commence Allan Savory dans ce puissant discours. Et de manière terrifiante, ça arrive à peu près aux deux tiers des prairies dans le monde, en accélérant le changement climatique et en poussant des sociétés pastorales à sombrer dans le chaos social. Savory a consacré sa vie à arrêter cela. Il croit maintenant — et son travail à ce jour le montre — qu’un facteur surprenant peut protéger les prairies et même récupérer les terres dégradées qui était autrefois des déserts.
Il me reste une vidéo en stock, il s’agit d’une ferme pilote au Burkina Faso qui a été crée par une association, l’AZN un peu à l’image du réseau BASE en France. Des paysans pour des paysans, certes encore une fois nous sommes très loin de l’actualité de nos champs, on ne parle pas ici d’agriculture de conservation mais la remise en cause des pratiques locales est magnifique, les 10 dernières minutes de ce film sont magnifiques et ressemble étrangement à ce qui se passe dans nos campagnes, du plaisir retrouvé pour ceux qui mettent en oeuvre une agriculture innovante... –les films de l’AZN