Christophe Barbot

3
juillet
2013

Des Nano-PARTICULES dans les sols ?

Ron Turco a constaté que des nanotubes de carbone bruts, non fonctionnalisé, à simple paroi causent des dégâts sur une microbiologie active des sols à faible teneur organique.

(Purdue Agricultural Communication photo/Tom Campbell)

ATTENTION AUX NANO-PARTICULES, UN RISQUE POUR DES SOLS ACTIFS !

Certains types de nanotubes de carbone utilisés pour renforcer les plastiques et autres matériaux peuvent avoir un effet négatif sur la microbiologie du sol et les processus microbiens du sol, comme une étude de l’Université Purdue le montre.

Plus précisément, ces premiers nanotubes de carbone à paroi unique, non fonctionnalisés ont été présentés comme endommageant la microbiologie active dans les sols à faible teneur organique. Ron Turco, un professeur d’agronomie, a déclaré que la plupart des bactéries touchées pourraient être impliquées dans les cycles du carbone et de l’azote, qui sont des processus essentiels pour garantir un sol entièrement fonctionnel. "Il semble y avoir un potentiel plus négatif sur la population microbienne active que nous le pensions", a déclaré Turco, dont les résultats ont été publiés dans la revue Environmental Science & Technology. "Les matériaux tel que produit pourrait être une situation négative sur l’environnement si elles sont libérées dans les sols à faible teneur organique qui ne peuvent pas les absorber."

Source : News, 24 janvier 2013

http://www.purdue.edu/newsroom/releases/2013/Q1/some-carbon-nanotubes-deplete-beneficial-microbes-in-certain-soils.html

En France, une association va suivre ces aspects nano-particules : http://veillenanos.fr/wakka.php?wiki=NanosEtStationsEpuration


16
avril
2013

Du compost sur le rang pour booster l’activité microbienne

De la matière organique apportée pour booster l’activité microbienne autour des racines de la culture de pois.

Les effets suppresseurs d’un compost de déchets verts sur les maladies transmises par le sol ont été présentés dans le post du mois précédent de ce site allemand (November 2012). Des expériences ont montré que les pois sont beaucoup moins attaqués par les maladies fongiques si dans la zone de semis du pois une quantité de compost de 10 à 30 pour cent en volume sont mélangés au substrat. Puisque le compost dans ces grandes quantités (5 tonnes de matière sèche par hectare) dans la pratique, en raison des lois et règlements en AB, ne peut être appliqué sans problèmes, les possibilités sont explorées dans le projet de la fertilité des sols ‘Bodenfruchtbarkeit’ de concentrer du compost sur le rang et ainsi de le placer ainsi près de la graine germée.

Il a été développé à l’Université de Kassel, à la faculté Techniques agricoles, un système de machine avec laquelle le compost peut être appliqué directement dans la raie de semis. Pour cela, un semoir en ligne a été équipé d’une trémie de dosage. Afin de réaliser de manière uniforme l’apport de compost sans problème, la construction a été réalisée en utilisant les caractéristiques déterminées auparavant de la matière de compost. Ainsi on a pu éviter les ponts de matière et l’agglutination dans l’unité de dosage. Particulièrement adapté, il fut fait un tamisage à 10 mm du compost brut vert avec une teneur en humidité inférieure à 40%. En particulier, l’angle de chute du matériau est une variable importante, pour laisser passer facilement vers le bas du compost même relativement humide. Dans ce cas, un angle de 60 ° a été jugé favorable. L’entraînement de l’unité de dosage est commandé par voie électronique et hydraulique.

Thème du mois : Dezember 2012 – Video Kompost (décembre 2012 - vidéo Compost) Film : Kompostausbringung in der Reihe (application de compost sur le rang)

Le film consultable sur la page web (lien ci-dessous) nous montre comment fonctionne l’application de compost lors des semis de pois dans la pratique.

http://www.bodenfruchtbarkeit.org/725.html

vidéo flv 31715 ko durée 3 minutes 45

Le "compost localisé" comme suppresseur de la flore pathogène sur pois et sur pomme de terre, une découverte de l’Université de Kassel à méditer !


30
mars
2013

Les pouvoirs époustouflants des « microbes »

Les microbes ne sont pas que des parasites, mais ils sont aussi à la source de la « vie » sur la Terre : ces microscopiques organismes ont façonné très longtemps notre planète.

Un numéro Hors Série de Science et Vie ( HS n°261) m’a appris que les bactéries tirent les ficelles de l’évolution des espèces vivantes, faisant alliance avec les « macrobes », comme les plantes ou les animaux.

A notre insu, les bactéries oeuvrent en nous par milliards, pour notre bien, infatiguables ouvrières. Les bactéries ont induit l’oxydation de l’atmosphère avec de l’oxygène, les glaciations et les réchauffements sur la Terre. Ce sont des chimistes hors pair. Ce que la microbiologie est en train de révéler ces dernières années grâce à la puissance des analyses d’ADN, c’est l’omniprésence dans tout le vivant de symbioses avec les bactéries.

Les pucerons ont un régime, la sève, très pauvre en protéines. Ils ont formé de véritables organes, nommés "bactériomes", peuplés de cellules spéciales conçues pour héberger des bactéries symbiotiques qui ne vivent que dans le puceron : buchnera aphidicola. Ces bactéries spécifiques synthétisent tous les acides aminés pour leur hôte. Les bactéries sont transmises à la descendance via l’œuf du puceron.

Les plantes sont inextricablement liées au monde bactérien du sol Elles sont arrivées à les loger dans des organes spéciaux, les nodosités, abritant les Rhizobium où est optimisé la production d’ammoniaque à partir de gaz azote de l’air. La synthèse d’une protéine complexe, la leghémoglobine qui est capable de réguler l’oxydation en absorbant l’oxygène, pour raréfier l’oxygène dans le milieu car le Rhizobium ne supporte pas des concentrations élevées en oxygène. Fait remarquable, les gènes qui permettent la synthèse de cette protéine sont répartis entre la plante et la bactérie : l’évolution a fortement intriqué les génomes !

L’adaptation microbienne des plantes à la sécheresse

Une étude publiée en juillet 2012, par Jen Lau biologiste de l’université du Michigan, suggère qu’en cas de changement brusque des conditions (sécheresse, …) la ligne première d’adaptation de la végétation est microbienne !

Les chercheurs ont exposé des plantes de la famille de la moutarde à la sécheresse en les plantant dans deux types de sol : un qui était toujours resté dans l’humidité, et l’autre qui avait été soumis à des épisodes secs répétés durant trois ans, soit 50000 duplications de bactéries, mais seulement 3 générations de plantes annuelles. La production de fruits fut sensiblement plus élevée lorsque le sol (et ses microbes) avait été « habitués » au manque d’eau ! Mais la plante elle-même n’avait pas évolué. Ainsi des partenariats se nouent entre les plantes et les microbes pour des bénéfices communs.

Brassica Rapa en conditions sèches et humides.

crédit photo : Research in the Lau lab : www.msu.edu/~jenlau/

L’étude publiée aux Etats-Unis : http://www.pnas.org/content/early/2012/08/08/1202319109.full.pdf

Allons à la rencontre des microbiologistes.... pour mieux cerner les relations sol-plante-climat.

Pour ceux qui lisent l’anglais : http://msutoday.msu.edu/news/2012/impulsive-micromanagers-help-plants-to-adapt-survive/


20
février
2013

A quoi un sol devrait ressembler ...

crédit : soilsecretsblog - M Meléndrez Soil Secrets LLC

source : http://www.soilsecretsblog.com/2012/12/what-soil-should-look-like.html

Cette image illustre trois composantes essentielles d’un sol en santé comme disent les américains "healthy soil".

Les composantes essentielles comprennent :

1- La présences de macro-agrégats - les grosses mottes (agrégats de sol de couleur ) brunes. Elles se forment lorsque des substances humiques sont présentes dans le système sol.

2- Des réserves d’eau - l’eau va pénétrer et demeurer dans le système sol lorsque les macro-agrégats ne sont pas détruits.

3- Les champignons mycorhiziens - ils sont représentés par des lignes blanches qui ressemblent à des racines, parce qu’ils sont essentiellement une extension du système racinaire des plantes. Les champignons mycorhiziens (dans le sol autour des racines) sont une aide dans la formation de macro-agrégats. (colles)


3
février
2013

La M.O. rapide du sol avec un test peu coûteux ?

Le programme ‘Study’ du CCA** aux Etats-Unis fait mesurer la matière organique labile du sol, avec un dosage moins coûteux.

La matière organique labile est un élément du sol qui réagit rapidement aux changements dans les pratiques agricoles et qui détermine un certain nombre de processus-clés dans le sol.

Comprendre la teneur en matière organique dite labile, facilement dégradable par les micro-organismes du sol, est important pour les agriculteurs, afin d’évaluer comment leurs techniques de gestion agricole affectent la fertilité du sol, mais mesurer ce pool réactif de la matière organique est souvent coûteux et laborieux.

Une équipe de scientifiques de dix institutions à travers les États-Unis se sont réunis début 2012 pour en apprendre davantage sur la façon dont le carbone oxydable au permanganate POXC, une méthode relativement nouvelle de mesure de la matière organique labile, se compare à des méthodes plus établies, et de mieux comprendre la sensibilité de cette nouvelle méthode est de détecter les changements de gestion par rapport à d’autres mesures.

Photo :

Des tubes de tests du POXC

CCA** : La certification de conseiller accrédité des cultures ou Certified Crop Advisor (CCA) a été créé en tant que programme de l’American Society of Agronomy (ASA) en 1992, avec les premières certifications attribuées en 1993. Le programme du CCA ( www.certifiedcropadviser.org ) a été créé pour fournir un point de référence pour la pratique des professionnels de l’agronomie aux États-Unis et au Canada.

source : https://www.certifiedcropadviser.org/story/2012/feb/tue/measuring-labile-soil-organic-matter-crucial-but-costly


Lisez aussi le Résumé traduit en français de l’article de Steven W. Culman et al. :
Permanganate Oxidizable Carbon Reflects a Processed Soil Fraction that is Sensitive to Management
(Soil Science Society of America Journal)

Si vous souhaitez en savoir plus sur les développements de cette méthode de dosage des M.O. et le kit portable du NRCS, lisez ma compilation : www.scoop.it/t/kmno4 ( permanganate = KMnO4 )

Bientôt un tel test en France ?


8
octobre
2012

Structure optimale du sol et activité biologique du sol agricole

« Labourage et pasturage sont les deux mamelles de la France », voilà les mots qu’aimait à répéter, Maximilien de Béthune, duc de Sully, le ministre du roi Henri IV.
Mais est-ce bien le même sens que le mot « labourage », retournement de la terre mécanisé de nos jours, que l’on doit entendre ? Je me suis posé la question, car le niveau de travail du sol a sacrément évolué depuis 1600… et plus encore depuis les années 1960, avec le machinisme agricole et le pétrole pas cher. Un “labourage” est d’abord, avant d’être un passage par un versoir, un ameublissement du sol pour permettre les semis.
Cet ameublissement peut aussi se faire de façon naturelle, (mais plus lent qu’avec les machines !) grâce à l’action de l’écosystème sol sur la couche arable du sol. L’ ameublissement (« soil tilth » en anglais) correct est l’état idéal, qu’un sol peut atteindre, pour assurer une croissance optimale. Le sol doit avoir une structure friable (krümelig en allemand), meuble, bien aérée suffisamment humide, bien parcourue par les racines et riche en éléments nutritifs. La valeur d’acidité du sol (pH) doit aussi être adapté aux plantes cultivées.
Ce qui est reconnaissable sur le terrain, c’est l’état d’ameublissement biologique, dite Bodengare, en allemand et ‘Soil tilth’ en anglais (je mets ci-joint un document allemand diffusé sur le Web par Hortipedia B2B, Diverses formes de l’état idéal d’ameublissement). Cet état est caractérisable à côté de la structure du sol, dans une vie du sol active, regroupant les bactéries, les champignons et les animaux transformateurs inférieurs (visible seulement au microscope) et supérieurs (carabes, vers, araignée, acarien).
Dans les livres de jardinage anglais, cet état du sol est décrit de temps en temps de façon si agréable que le sol est alors « correct » : c’est quand vos mains peuvent creuser un trou de plantation, qui sera adapté certainement à la culture de légumes ou de plantes à fleurs. Mais cette forme de terre ‘Bodengare’ ne conviendra pas à toutes les plantes. Certaines aimeront peut-être plutôt, des sols plus maigre, plus sec, plus humide, plus sableux ...

L’herbe verte irlandaise et l’état biologique du sol

En allemand on dit ‘Schattengare’ (littéralement « couche arable à l’ombre"). On ne sais pas si les pédologues anglo-saxons ont mis au point un concept similaire (comment le peuple celtique voit le sol : les gens âgés qui parle irlandais disent « force de la terre » quand ils veulent dire la fertilité des sols ). Quoi qu’il en soit, ‘Schattengare’ indique le fait que très souvent la couche arable du sol est mieux à l’ombre des plantes ou d’autres choses comme des brindilles posées sur le sol. Si on va comparer un sol nu à un sol avec une couverture dense de trèfle par exemple, on constate que, quand le sol devient sec, le trèfle peut rendre le sol dur comme de la pierre, car il aspire toute humidité du sol, mais aussi longtemps que il y a suffisamment d’humidité, le sol sous le trèfle sera mou et friable avec des vers de terre qui rampent à sa surface, même dans la journée, tandis que le sol nu sera très dur.

Extrait de : Wikipedia.de BODENGARE

L’état d’ameublissement (fermentation du sol) est appelée BODENGARE en allemand en agriculture, c’est la situation idéale d’un sol fertile. Un sol est friable, grumeleux, riche en humus, bien aéré, suffisamment humide et légèrement parcouru par les racines. Ce bon état du sol est caractérisé par des agrégats grumeleux avec une grande stabilité, comme un tissu élastique. Cet état du sol peut être évalué avec le diagnostic à la bêche. Comme une pâte "fermentée" de pain, le sol à l’état d’ameublissement intéressant (BODENGARE) comprend de nombreuses cavités petites et moyennes appelées pores du sol, qui servent de conduites d’air et de stockage de l’eau. Comme une éponge, ce sol peut absorber par exemple des précipitations et dévier les minéraux excédentaires fuitant vers les eaux souterraines.

Une telle structure optimale du sol est appelée structure grumeleuse (Krümel, émiettée comme la mie). Les organismes vivant dans le sol (bactéries, vers, insectes et autres organismes, micro-organismes) influencent le micro-climat et d’eux dépendent une bonne aération et évacuation de l’air. La structure grumeleuse comme la mie est donc une condition préalable à l’existence d’espèces et d’individus de population riches d’organismes.

La structure grumeleuse (Krümel) et donc par la suite, l’état d’ameublissement (Bodengare) peuvent être détruits par un traitement inapproprié, comme le compactage par des équipements lourds, la circulation constante ou par de fortes pluies. De façon optimale afin de maintenir cet état d’ameublissement , sont nécessaires une forte proportion d’humus stable dans le sol, la souplesse suffisante du sol et la fourniture d’engrais organiques, en particulier compost, mais aussi d’engrais vert.

Les allemands décrivent plusieurs causes à un sol perturbé biologiquement : des troubles de structure du sol peuvent être dus à une « perte des agrégats » ou à une contraction des micro-structures (Gefugeschwund) par exemple la destruction de la stabilité des agrégats primaires par peptisation colloïdale, ou à « la perte de maturité/fermentation » (Gareschwund), c’est à dire une faible stabilité une fois émietté par manque de stabilisation biologique « étaiement vivant » (Lebendversbauung).