Lundi 12 juin 2017
Victor Leforestier

Depuis le 2017 je travaille sur la ferme...

Depuis le 15 mars je travaille sur la ferme familiale en Seine-Maritime. Un strip-till Stripcat est arrivé sur la ferme l’année dernière et comme j’étais en voyage (lien) c’est seulement cette année que j’ai moi même strip-tillé.
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Après 15ha semés, dans 3 champs différents et 3 conduites différentes, j’ai compris beaucoup de choses :

  • L’importance de « la petite poussière » dont parle Jocelyn Michon, Phil Oberli et Phil Pastoureau : quand il y a la petite poussière sur l’outil c’est que les conditions sont extra. En début de saison il faut savoir être patient et accepter de voir semer les voisins en tradi, qui eux « forcent » pour semer. Faire de la poussière fin mars ce n’est pas gagné d’avance…
  • Pourquoi Jean-Philippe Lecaron a semé ses betteraves en TCS cette année. Avec de l’eau juste avant de démarrer les semis il fallait être patient et confiant en la météo à venir pour attendre et rentrer dans les champs avec le strip-till. En betteraves, semer une semaine plus tard c’est perdre quelques tonnes potentielles. De plus préparer ses terres en 3m à 8km/h (un strip-till en 6 rangs à 50cm) au lieu de 4m c’est vrai que ça va moins vite, et pour un résultat moins sécurisant en strip-till c’est vrai. Comme me l’a dit Jean Philippe « Cette année j’ai préfèré préparer en TCS et semer tôt je dors beaucoup mieux ! » la tranquillité d’esprit ça compte aussi ! J’ai beau être convaincu de la technique strip-till je dois dire que j’étais assez soulagé une fois nos betteraves levées ! Le strip-till est une idée « simple » qui comme toute les idées simples nécessite beaucoup de réflexion !
  • Pourquoi Antoine Chédru s’est fait un strip-till rotatif sur la base d’une fraise Kuhn : la betterave est une graine chère et qui n’accepte pas l’à peu près. Il faut un lit de semence nivelé, affiné, et rappuyé pour semer à 1,5cm. Antoine passe une première fois son strip-till maison à 15cm et 10km/h puis laisse blanchir le temps de semer son lin. Il revient ensuite avec la fraise localisée combinée au semoir.

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Pour l’instant avec un strip-till « classique » deux passages me sont nécessaires pour affiner la bande, et ensuite je reviens semer avec le semoir seul ce qui me fait 3 passages.

  • Pourquoi Damien Brunelle a demandé la construction d’un « condor line » aux établissement Religieux. Dés sa première année en strip-till il me parle de la difficulté à obtenir une levée homogène : la terre fine faisait défaut, ainsi que le rappuis. Il s’est approché des établissements Religieux pour leur expertise en matière d’outils de travail du sol. Sa réflexion a aboutit au Comdor line désormais commercialisé. C’est un outil qui reproduit sur la bande le travail des outils classiques de préparation betterave. Par rapport a un deuxième passage de strip-till, le Comdor Line apporte du rappui avec des croskilettes localisées et surtout un flux de terre bien canalisé dans la bande ce qui évite toute projection qui dénivelle le terrain et donne des caches aux limaces. En plus le Condor Line lui permet de travailler 6m de large avec un tracteur de 120ch, pour un débit de chantier et une conso de gazoil ridicule ! Sa démarche en agriculture de conservation a d’ailleurs été reconnue car Damien a été élu « betteravier de l’année » ce printemps.
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  • Pourquoi Philippe Oberli fait 3 passages de strip-till : 1 à l’automne puis 1 premier au printemps (pour ouvrir, accélérer le ressuyage), puis un deuxième pour affiner le lit de semence et localiser du 18-46 à 5cm. Chaque passage lui permet de localiser de l’engrais : la potasse à l’automne, l’azote à 15cm au premier passage de printemps puis le dernier passage permet de soulager la logistique du semis (le semoir n’est pas ralenti par les remplissages d’engrais) et d’obtenir un lit de semence proche de la perfection. Quand je l’ai visité cette automne je suis reparti avec l’idée qu’il en faisait peut être un peu trop … mais finalement il n’y a pas de surprise, il faut reproduire sur la bande ce qui se fait en plein en traditionnel. Et au regard de la levée et de l’homogénéité des champs, il n’a pas à le regretter !

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Tout ça pour dire qu’au RTK à 4,5 à l’heure en semant des betteraves on a le temps de réfléchir …
Merci à ceux qui ouvrent la trace et qui partagent leur expérience : j’ai beaucoup apprécié être « colporteur » d’info et d’expériences alors que je travaillais chez Sly, désormais faire « chez moi » est à la fois un challenge et un grand plaisir.