Mercredi 3 avril 2024
Emmanuelle Choné

Emmanuelle CHONÉ est une passionnée du sol. De formation scientifique et agricole, elle créé, dans le piémont pyrénéen, l’EURL Agronomie Terroirs où elle accompagne agriculteurs et vignerons sur la fertilité des sols, la santé des plantes, la qualité des produits et la rentabilité des fermes.

Sol sableux des Landes, « dans le coin »

Formation GEDA Adour Atlantique en mars 2024
Formation GEDA Adour Atlantique en mars 2024

En 2019, j’avais fait une formation pour le groupe GEDA Adour Atlantique sur la fertilisation. Grâce à Jérôme Dubertrand, j’ai la chance de les rencontrer de nouveau, pour creuser le sol et échanger sur les stratégies agronomiques.
Cette journée s’est passée le 13 mars 2024 à Soustons (40), au-dessus de Bayonne, dans le Sud-Ouest.

Examens de deux profils de sol

Premier profil de sol
Premier profil de sol

Ouille ! Sol très sableux et quel manque de porosité !
Le 13 mars, c’était humide, donc le sol s’effritait. Mais je n’ose pas imaginer en plein d’été quand le sol est sec ! ça doit être du béton et en plus, il y a très très peu de porosité visible.

Deuxième profil
Deuxième profil

De 30 à 70 cm, très très peu de porosité.
De 0 à 30 cm, la structure s’effrite très fortement malgré les racines.
La parcelle est en labour, monoculture de maïs conso, avec couvert végétal.

« Nous, on est au coin », dit Christophe.
Le coin, au niveau texture du sol, avec plus de 90% de sable (dont 70% de de sable grossier). Et cela, même en profondeur à 70 cm, dans certains profils (pas tous).
« Au coin », sous-entendu « à part ». La CEC est extrêmement faible autour 3 meq/100g Terre (la CEC s’étend généralement de 3 à 25 meq/100 g terre sur nos sols). La capacité de fixation est extrêmement faible, on le sait. Ces sols ont une structure très fragile. Tout le monde le sait.

Triangle des textures
Triangle des textures

Mais en regardant ce tableau des textures, ils ont vu à quel point ils étaient « dans le coin »...

Évolution des pratiques culturales vitales pour la durabilité

Pluviométrie à Magescq
Pluviométrie à Magescq

Vers Soustons (Magescq à quelques km), ils ont par chance 1 300 mm de pluie par an en moyenne et de l’irrigation (entre 1700-3000 m3/ha).
La diversification est grande ….. dans le maïs : maïs grain, maïs doux, maïs semence….
La plupart du groupe pratique les couverts végétaux. Certains font du non labour (peu) et très peu font de la rotation.

Les évolutions agronomiques seront axées sur :
- la densification des couverts végétaux.
- le non labour sur les parcelles en maïs grain et maïs doux, au moins. En maïs semence, la pression des « firmes » est forte. Elle refroidit le changement pour des questions de salissement, notamment.
- Pour augmenter les chances d’évolution, j’ai insisté sur le fait que faire du non labour ne signifie pas de rentrer par une porte et ne plus y ressortir.
Le fait de dire : "qu’ils peuvent revenir au labour selon leurs besoins, que cela n’allait pas tout détruire ce qu’ils construisaient", les a rassuré et conforté dans l’envie d’essayer le non labour.
- Les semis à 40 ou 60 cm permettent de limiter le salissement, notamment en non labour.
- Enfin, introduire du soja dans la rotation, permettrait de déplafonner des parcelles qui sont limites en rendement et d’améliorer la marge économique.