Michel Mercier : le pois comme outil de désherbage agronomique

Frédéric Thomas, TCS n°46 - Janvier / février 2008

Comme beaucoup, M. Mercier est entré dans la simplification du travail du sol par souci d’économie. Il a d’abord travaillé avec un SE Horsch puis un AT Köckerling, un SD Kuhn, pour constater que le semoir n’est qu’un ingrédient, le moyen de faire, alors que la clé de la réussite réside dans le sol, sa qualité et son organisation. Ainsi sur ses terres à faible potentiel (limons graveleux à pierreux avec une bonne charge de silex) du Nord-Est de Chartres (Eure-et-Loir), il a réappris à respecter le sol par l’intermédiaire de TMCE en essayant de valoriser la matière organique et développer une approche d’alimentation des cultures plus équilibrée.

Maintenant avec 10 à 12 ans de recul, il a diminué ses apports (seulement 100 kg de produit en deux épandages : 50 kg au printemps et 50 kg à l’automne), les pailles évoluent rapidement, l’activité biologique semble performante, les cultures se portent bien voire mieux et surtout les ronds où les céréales ne poussaient plus dans les parcelles ont progressivement disparu. « Enfin, les taux de matière organique qui étaient initialement tombés aux alentours de 1,5 % sont remontés à environ 2, 7 % et ce avec encore peu de couverts végétaux », confie M. Mercier. Preuve en est, en février, alors que les niveaux de reliquats étaient généralement assez faibles dans la région, les parcelles de céréales de l’exploitation affichent des niveaux hauts (entre 79 et 80 kg de N) avec des calculs d’apports totaux réduits à seulement 65 kg de N/ha pour un objectif de remettre la charrue l’année suivante au risque de remonter une partie du stock semencier. « Cependant, l’impact sur le sol et l’organisation structurale est regrettable d’autant plus qu’il a fallu du temps et de la patience pour progresser », reconnaît M. Mercier. Insatisfait, il teste une autre option  : le pois, en positionnant celui-ci entre le blé et le colza. Les premiers résultats sont très encourageants et depuis cinq ans, cette pratique est systématisée sur les parcelles où le niveau de salissement en graminées devient difficile à gérer.

En fait, le positionnement du pois après une céréale laisse suffisamment de temps pour faire des faux semis et éliminer mécaniquement une bonne partie du salissement. Cet effet est complété par le désherbage dans la culture. Ensuite, il déchaume une ou deux fois selon les besoins et sème son colza entre les deux rangées de disques de son cover-crop Razol RXH de 6 m qu’il a équipé d’une trémie Accord, les graines étant bien rappuyées par le rouleau « Roll Pack ».

Colza de pois : un sans-faute

Avec très peu de limaces et de résidus pailleux, une bonne structure et aussi beaucoup d’azote dans le profil, l’implantation du colza devient une étape facile. Même si des repousses de pois se développent, elles ne sont pas pénalisantes, bien au contraire, et de toute manière, elles seront détruites par le gel. Par contre, le programme de désherbage du colza reste classique avec un Kerb afin de finir le travail de nettoyage et repartir sur de bonnes bases. Les céréales qui suivent sont généralement propres et c’est d’ailleurs dans ces parcelles que M. Mercier choisit de faire sa multiplication de semence aujourd’hui. Enfin, à la suite de cet enchaînement, il constate également une disponibilité en azote supérieure comme si le positionnement de la légumineuse permettait de faire évoluer positivement la matière organique.

Cependant, le pois dont la rentabilité est plus faible ne reste pour l’instant qu’un outil de désherbage agronomique comme le signale M. Mercier, qui tend à rester en blé colza aussi longtemps que possible.


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