Lundi 11 juillet 2022
Victor Leforestier

De belles vaches pour de belles pommes de terre

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Victor Leforestier à gauche et ses parents, tous les trois engagés dans cette aventure agricole

Nous sommes paysans en Normandie, dans le Pays de Caux, sur 115 ha. Nous cultivons du plant de pomme de terre, des betteraves rouges et sucrières, des céréales et du lin fibre. C’est aujourd’hui la 4ème génération qui produit des pommes de terre sur notre ferme. Nos pratiques sont en constante évolution, aussi bien dans les champs qu’autour des champs.
Depuis plus de 15 ans, nous cultivons sans labour, pour préserver la vie du sol et lutter contre l’érosion. Par l’expérimentation et l’échange avec d’autres agriculteurs en France et à l’étranger, nous avons développé les couverts végétaux d’interculture diversifiés et fournis.

En bio désormais

En 2019, nous avons pris le tournant de l’agriculture biologique pour aller encore plus loin dans le développement de la biodiversité à l’échelle de la ferme, pour multiplier les oiseaux et les auxiliaires, et pour prendre encore davantage soin de nos sols. C’est un grand changement pour notre ferme : notre rotation, nos cultures, nos clients et nos outils changent. Il est prévu que l’ensemble de la ferme soit en agriculture biologique en 2025, à ce jour 85% de nos champs sont engagés.

Retour de la prairie temporaire

Le plus grand changement dans notre assolement est le retour de la prairie temporaire, qui représente désormais 25% de la surface de la ferme. Ce choix nous a semblé une évidence pour construire une structure de sol performante qui s’appuie sur les processus biologiques et stimule la vie du sol. Le mélange que nous semons dans ces prairies contient des graminées et des légumineuses qui captent l’azote de l’air et le stockent dans leurs racines pour le libérer pour les cultures suivantes.

La fertilité est un maillon important de l’agroécologie. Pour renoncer aux engrais de synthèse, ou faire avec moins d’engrais venant de l’extérieur de la ferme, il nous faut gagner en autonomie et développer des sols en santé. Or sans élevage nous exportons une partie de la prairie par la vente de fourrage, ou bien nous la broyons au sol ce qui consomme des carburants fossiles et est contraire à l’objectif de stocker davantage de carbone dans nos sols.
Nous avons l’herbe, les couverts végétaux à chaque interculture, il ne manque plus que des vaches pour les pâturer et ainsi construire un système durable et cohérent.

Ne manque plus que les vaches

Le pâturage nous permettra de restituer toute cette biomasse au sol, et d’accélérer sa digestibilité tout en construisant la fertilité du sol pour produire les pommes de terre qui suivront dans la rotation. La prairie, et les couverts, pâturés par les bovins, stimuleront la vie sous le sol et aussi à la surface du sol par tous les décomposeurs des bouses, des oiseaux qui y trouveront leur nourriture et les pollinisateurs qui profiteront des fleurs de légumineuses. Sans animaux, une partie de ces êtres vivants n’aura pas sa place.

Pommes de terre en ABCS chez les Leforestier
Pommes de terre en ABCS chez les Leforestier

Ce mode d’agriculture ne produira pas uniquement de bonnes pommes de terre mais aussi de la viande d’excellente qualité nutritionnelle : élever des bovins 100% à l’herbe (sans aucun grain) c’est produire une viande riche en oméga 3, et avec un meilleur ratio oméga3/oméga6. C’est aussi respecter le bien-être des bovins adaptés à la vie en extérieur, faits pour pâturer toute l’année, et recréer du lien en vendant directement aux consommateurs.

Le projet de collecte sur Miimosa

Relancer l’élevage sur la ferme représente un investissement de 17 500€ pour les génisses qui deviendront nos futures vaches, et 12 000€ de matériel : des clôtures pour entourer nos champs et les subdiviser, des abreuvoirs, et des barrières pour les attraper quand elles ont besoin de soin.
C’est pourquoi nous avons lancé une collecte via la plate-forme Miimosa

Sans vaches depuis 37 ans, nous partons donc de 0 !

Ce projet ambitieux nous conduit à développer de nouveaux savoirs-faire tout en nous appuyant sur l’expérience de ceux qui construisent l’agriculture régénérative aux 4 coins du monde.
Merci pour votre soutien dans cette belle aventure, dont la pertinence agricole et écologique nous semble une évidence !