Campagnol des champs : BIOLOGIE DU RAVAGEUR, CRITERES DE RECONNAISSANCE ET APPROCHE DE SA PREDATION

BSV Champagne Ardennes - 10/05/2012

Le campagnol des champs (Microtus arvalis) est un organisme nuisible très commun dans nos plaines, à pullulations cycliques et dont les dégâts aux cultures sont parfois non négligeables et dont le développement est assez généralisé au niveau national.

C’est un petit rongeur de taille moyenne, de 9 à 12 cm de longueur, avec une queue de 3 à 4.5 cm de long et un poids moyen de variable de 15 à 40 g. Il creuse dans le sol des galeries très ramifiées, pourvues de nombreuses issues, reliées entre elles par des coulées bien visibles dans l’herbe. Le campagnol des champs accumule des provisions et, le nid d’herbes sèches qu’il constitue, en forme de boule, peut se trouver jusqu’à 50 cm sous terre. En hiver, il tresse des tunnels d’herbes sous la neige. Ce petit animal fait des trous de 3.5 cm de diamètre et laisse ses petites crottes sur les coulées. A l’entrée des galeries, il n’est pas rare de trouver des brins de végétation coupée.

Le campagnol des champs émet de petits cris aigus, sait nager et se dresse souvent sur ses pattes postérieures. Il alterne des périodes d’activité et de repos toutes les 3 heures. Il s’accommode de la majorité des territoires, mais il est fréquent dans les zones cultivées et les prairies à végétation rase. On le trouve également dans les parcs, les forêts clairsemées, sur les accotements des chemins. En hiver, il peut s’installer dans les granges ou sous les meules de paille.

Le campagnol des champs est avant tout un herbivore, mais il consomme aussi des graines et des racines. Il mange et gaspille environ 2 fois son poids en matière verte par jour.

S’il n’est pas maîtrisé, ses dégâts peuvent être conséquents en particulier sur les jeunes luzernes, les cultures porte-graines mais aussi sur céréales, colza, et prairies.

On le confond assez souvent avec le mulot bien que ce dernier s’en distingue assez facile-ment par ses oreilles nettement plus développées et par sa queue aussi longue que le corps (cf. photo ci-contre). Le mulot peut plus ponctuellement être à l’origine des dégâts parfois spectaculaires sur les jeunes plantations de betterave.

La campagnol des champs est visible le jour, lors des pullulations, mais il apprécie aussi la nuit pour se déplacer. Des variations de populations interviennent cycliquement ; une brus-que chute des effectifs faisant suite à une pullulation importante sans que l’on puisse en déterminer la cause réelle ( on peut observer jusqu’à 1000 individus par ha en cas de pullulations et retomber à 10 individus par ha en période de dépression des populations). Une période de pullulation peut se produire tous les 3 ou 4 ans.

En général, la période de reproduction du campagnol des champs s’étend de mars à octobre mais peut se poursuivre en hiver lorsque les conditions restent favorables (hiver doux, nourriture abondante). On compte jusqu’à 8 portées par an, échelonnées de 4 à 12 petits.

Aussi, le campagnol des champs peut vivre jusqu’à 19 mois. L’une des premières mesures préventives de lutte contre le campagnol des champs consiste à rendre le milieu aussi défavorable que possible à son développement en pratiquant des travaux du sol répétés tel que le déchaumage, mais aussi l’entretien des talus et des bords de chemins ou des zones non cultivées.

Les ennemis des campagnols des champs sont tout de même assez nombreux et il est couramment admis que la courbe de densité de ses prédateurs augmente parallèlement à celle des campagnols. Il existe plus d’une trentaine d’espèces prédatrices de campagnols des champs, parmi les-quelles il convient de citer :
- les rapaces diurnes peuvent se nourrir à 90% de petits rongeurs ( cas de la buse variable et du faucon crécerelle) ;
- les rapaces nocturnes qui consomment en moyenne 4 à 7 proies quotidiennes. Par-mi eux, les plus efficaces sont sans doute le moyen duc, la hulotte et l’effraie ;
- les mammifères carnivores : dans cette seconde catégorie, les deux espèces les plus efficaces vis à vis du campagnol des champs sont la belette et l’hermine ; le re-nard en est aussi un assez bon prédateur.

METHODE D’EVALUATION DU CAMPAGNOL DES CHAMPS

Deux méthodes d’observation complémentaires ont permis d’établir la situation d’infestation régionale en campagnols des champs au printemps 2012 en Champagne-Ardenne : l’une globale à l’échelle communale, la seconde à l’échelle des parcelles de grandes cultures du réseau de surveillance biologique du territoire champardenais.

- MÉTHODE D’OBSERVATION GLOBALE D’UNE INFESTATION DE CAMPAGNOLS DES CHAMPS :
Cette méthode, calquée sur la méthode dite de « scoring » utilisée depuis plusieurs années en France pour l’évaluation des populations du campagnol terrestre en zone d’herbage, a été utilisée par le réseau de surveillance biologique du territoire de Champagne-Ardenne au cours de la première quinzaine d’avril.

La notation a été pratiquée par les techniciens membre du réseau champardenais qui ont estimés le niveau d’infestation communal moyen en campagnol des champs à partir des ronds de dégâts visibles dans les cultures d’hiver essentiellement. La grille d’évaluation four-nie ci-après a permis d’établir une note par commune de 0 à 5.

- MÉTHODE D’OBSERVATION PARCELLAIRE DU CAMPAGNOL DES CHAMPS
A l’occasion des visites d’observation hebdomadaires des parcelles du réseau 2012 de surveillance biologique du territoire en grandes cultures, les observateurs ont évalué le niveau de dégâts en campagnols des champs selon une évaluation globale à la parcelle et l’attribution d’une note de 0 à 4 telle que définie par le protocole d’observation régional harmonisé.

SYNTHÈSE DE LA SITUATION RÉGIONALE AU PRINTEMPS 2012 :
La méthode d’estimation communale a été pratiquée sur 18 % des communes de la région Champagne-Ardenne (soit 350 communes évaluées sur les 1945 communes de la région) de fin mars à la mi-avril 2012.

La cartographie régionale, élaborée à partir de la compilation de l’ensemble des données collectées auprès des acteurs du réseau de surveillance biologique du territoire et présentée ci-dessous montre :
- que les communes renseignées se situent principalement dans la grande région naturelle de champagne-crayeuse ;
- les infestations de campagnols des champs sur cette région naturelle sont globalement fortes à moyennes ;
- les infestations les plus faibles en campagnols des champs se situent plutôt sur les régions périphériques ;
- les très faibles niveaux de présence (et l’absence de symptômes) n’ont sans doute été signalés que de manière partielle.

Les notations parcellaires cartographiées ci-après dans le seconde cartographie régionale sont issues de 94 parcelles renseignées soit pour des parcelles fixes de culture d’hiver ou pour des parcelles d’observation ponctuelles (parcelles flottantes) du réseau régional de surveillance biologique du territoire.

Dans cette compilation cartographique, les dégâts observés sont plus concentrés sur les secteurs du nord du département de l’aube et du sud de celui de la Marne. Cette évaluation corrobore en partie l’évaluation communale décrite précédemment.

Nous remercions tout particulièrement les partenaires du réseau Champagne-Ardenne qui ont contribué à l’élaboration de cette situation régionale.


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