Cécile Waligora

  • Plantation d'une haie avec une planteuse forestière
29
juillet
2015

SD de colza oui mais accompagné !

Colza associé biomaxSuite des suivis haut-marnais comparant différentes techniques d’implantation du colza ; suivi relaté dans différents numéros de la revue TCS, notamment le 78 de l’été 2014... Antonio Pereira de la Chambre d’agriculture et responsable de ce suivi, nous a relayé les résultats 2015 de rendements du colza de la parcelle de Vignory où sont comparés 4 modalités : labour, TCS (chisel), SD et SD + plantes compagnes (résultats aux normes).
 labour : 44.2 q/ha
 chisel : 45.3 q/ha
 SD : 42.5 q/ha
 SD + plantes compagnes : 46.1 q/ha Ce qui corrobore des résultats précédents... Si le SD d’un colza seul a tendance à décrocher, il suffit de lui associer quelques plantes compagnes (un Biomax) et le rendement décolle ! A condition (notamment), d’avoir pu semer le plus tôt possible... Règle de base...


7
juillet
2015

Quand les pucerons manipulent les plantes...

Puceron du poisLes relations prédateur-proie, parasite-hôte, phytophage-plante… ne cessent de nous surprendre chaque jour. Cette fois-ci, on découvre que le puceron est un manipulateur ! Il manipule les plantes dont il se nourrit de la sève grâce à un mécanisme inhibant les défenses immunitaires de celle-ci. Ainsi, lorsqu’elle se défend vis-à-vis d’une attaque de phytophage, la plante renforce en premier lieu sa paroi végétale par addition d’un polymère polysacharridique nommé callose. Lorsqu’il vient perforer la paroi végétale, le puceron émet en même temps que sa salive, une catégorie de protéines, les MIF. Ce sont des facteurs d’inhibition de la migration de cellules macrophages et ce sont ces protéines qui inhibent donc les défenses immunitaires de la plante. Ce qui permet tout simplement au puceron de pouvoir se nourrir. Ce sont ces MIF que des équipes de l’Inra et du CNRS ont découvert en étudiant deux espèces de pucerons : le puceron du pois (Acyrthosiphon pisum) ici en photo, et le puceron du pêcher (Myzus persicae). Jusqu’à présent, ces MIF étaient connues dans la modulation des réponses immunitaires chez les vertébrés. Preuve est du rôle des MIF dans l’alimentation (et surtout d’une MIF, la 1, retrouvée dans les glandes salivaires des deux pucerons étudiés) : les pucerons chez lesquels l’expression de la protéine MIF 1 a été désactivée ne peuvent plus correctement s’alimenter, ne pouvant plus manipuler les défenses du végétal. Ces travaux ont été publiés dans la revue Current biology du 25 juin 2015.


29
juin
2015

Moisson : si on changeait un peu nos habitudes ?

Moisson céréaleLes moissons ont déjà commencé dans certains secteurs. Lors de cette étape cruciale, il y a un peu plus d’effervescence que d’habitude, on est encore un peu plus accro à la météo, il faut gérer une équipe qui compte sur votre encadrement… Alors, les habitudes, c’est toujours rassurant. Pourtant, la récolte est aussi une dure période pour la biodiversité de vos parcelles. Le passage des machines a un impact direct par écrasement ou broyage de la faune qui gîte au sol : lièvres, faisans, perdrix, busards, chevreuils. Ce sont surtout les jeunes qui payent un très lourd tribu à cette époque charnière où, trop jeunes, ils n’ont aucune échappatoire. Le busard a un peu la chance d’être suivi par la LPO (Ligue de la Protection des Oiseaux) qui, chaque année, essaye de localiser le maximum de nids afin de les signaler et les protéger par un grillage adapté. Alors que faire ? Prenez si possible le temps de préparer le chantier en sensibilisant votre équipe et, pourquoi pas, juste avant de faucher, en effarouchant la zone où, potentiellement, il y a une forte présence animale. Lors du chantier, pensez à régler votre barre de coupe assez haut (15 cm au moins) et utilisez une barre d’envol de la largeur de la coupe mais positionnée sur le côté de la machine afin d’effaroucher la bande à récolter suivante. Cette barre d’envol sera positionnée devant le tracteur s’il s’agit d’une récolte de fourrage. Changez aussi votre sens de coupe  ! Détourez puis commencez par le centre de la parcelle, permettant à la faune qui le peut, de fuir vers l’extérieur et non pas de se retrouver piégée au milieu. Pensez d’ailleurs à laisser une couverture herbacée non broyée autour des parcelles à moissonner afin de laisser un gîte pour la faune sauvage. Enfin, pensez à broyer la paille soit en même temps que la moisson, soit au plus près. En attendant plusieurs jours, des animaux (notamment les lièvres) vont revenir gîter sous les amas et peuvent être donc potentiellement à la merci des machines.


22
juin
2015

Campagnols : pics et crash

Campagnol des champsVous l’avez tous remarqué : il y a des années à campagnols et des années « sans ». Nous sommes plutôt dans une année avec… Le campagnol est une espèce très prolifique, en particulier le campagnol des champs. A un mois seulement, la femelle est capable d’avoir des petits. La gestation ne dure que 3 semaines avec, à la clé, une portée de 5 à 6 jeunes. Bilan : 1 couple peut engendrer, en une saison, une 100aine d’individus. La période la plus favorable à la reproduction va de mars à septembre-octobre, suivant les conditions. En hiver, on assiste à un déclin : la reproduction diminue, voire s’arrête et il y a plus de mortalité. Chaque année, on assiste donc à un creux de population en hiver et un pic à l’automne. Mais dès lors qu’il y a beaucoup de campagnols, les prédateurs sont favorisés et, en premier lieu, les prédateurs spécialistes du campagnol comme les petits mustélidés type belette ou hermine. Leur nourriture étant à profusion, elles en profitent et se reproduisent en conséquence. Mais il y a automatiquement un décalage et le temps que la population de spécialistes augmente, il peut se passer 2 ou 3 ans. Une fois le niveau de population suffisant, ces prédateurs impactent très fortement sur la population de leur proie dont le niveau s’effondre. C’est le crash du campagnol. Et inévitablement, cette chute entraîne celle de ses spécialistes, qui disparaissent aussi (pour faire simple) et le cycle recommence. Pour autant, une autre catégorie d’acteurs intervient : les prédateurs généralistes, le renard notamment. Ce type de prédateur est plus opportuniste, il ne se nourrit pas que de rongeurs : sa population ne décline donc pas quand celle de campagnols le fait. Ils sont donc particulièrement intéressants car leur action est permanente. L’idéal est en fait d’avoir un juste équilibre entre spécialistes et généralistes, tout aussi importants les uns comme les autres. Si vous voulez en savoir plus, le TCS de cet été leur consacre son dossier… Il explique les cycles mais surtout pourquoi on est arrivé à de telles situations et expose des pistes d’action.


11
juin
2015

De l’AB à l’ABC

Soja bio en Suisse après 2 couvertsL’institut de recherche de l’agriculture biologique en Suisse (FiBL) est particulièrement dynamique. Sous l’impulsion toute particulière de Maurice Clerc et de son équipe, l’agriculture de conservation y tient une place importante à tel point que l’intéressé aime à parler d’ABC pour Agriculture Biologique de Conservation plutôt qu’AB. Le FiBL développe ainsi plusieurs axes de recherche, en partenariat avec une 20aine d’agriculteurs bio. Parmi ces axes, la possibilité de semer une céréale après prairie sans labour profond (technique aujourd’hui validée avec l’utilisation d’une charrue déchaumeuse à 10 cm), les associations végétales et les couverts végétaux, notamment pour un meilleur contrôle du salissement. Dans l’orientation couverts, le FiBl travaille par exemple sur l’implantation de couverts hivernants, semés dans un couvert estival gélif et en vue de semer une culture de printemps, maïs, soja ou tournesol. La photo montrée ici a été prise chez Christophe Viret à Gollion, canton de Vaud. Il s’agit d’un soja précédé d’un couvert de féverole d’automne, elle-même semée dans un biomax. Malheureusement, la féverole a été si poussante qu’elle n’a pas supporté l’hiver alors qu’elle était censé perdurer jusqu’en mars. Pas grave en soi : le soja a été implanté avec utilisation d’une charrue déchaumeuse à 10 cm, en non labour profond. Une technique pas tout à fait maîtrisée mais à réitérer, au vu des avantages qu’elle peut conférer.


11
mars
2015

Les plantes perçoivent et s’adaptent à la quantité de nitrates

Pivot de tournesolNRT1.1 Un nom bien scientifique pour désigner une protéine végétale, découverte il y a quelques années, dont le rôle est de détecter les ions nitrates dans le sol. C’est une protéine de la membrane de cellules racinaires situées à l’apex des racines. Non seulement NRT1.1 perçoit les nitrates mais elle assure leur transport à l’intérieur de la racine. Depuis cette découverte, les chercheurs ont voulu en savoir plus sur ce détecteur de nitrates. Plusieurs équipes s’y sont penchées : l’unité biochimie et physiologie moléculaire des plantes (Inra/CNRS/Montpellier SupAgro/Université de Montpellier), l’unité amélioration génétique et adaptation des plantes méditerranéennes et tropicales (Inra/Cirad/Montpellier SuAgro) et des chercheurs tchèques. Leurs travaux viennent de paraître dans Nature Plants au début du mois de mars et ils mettent en évidence le rôle de « plaque tournante » de NRT1.1 dans le déclenchement chez les plantes de diverses réponses adaptatives en fonction de la teneur en nitrates du sol. Ainsi, NRT1.1 met en œuvre non pas un seul mais plusieurs mécanismes de signalisation des nitrates qui activent de manière sélective des réponses différentes. La protéine existe aussi sous différentes formes, phosphorylée ou non, aux actions spécifiques de signalisation. En d’autres termes, en fonction des conditions du milieu, les plantes sont capables de modifier NRT1.1 de manière à ce que la protéine membranaire déclenche le bon mécanisme pour activer la réponse la mieux adaptée. Bien sûr, la recherche compte bien exploiter ces découvertes dans la sélection végétale (elle veut, notamment, pouvoir aboutir à de nouveaux génotypes mieux adaptés aux faibles doses d’engrais azoté) mais, déjà, on sait que cette adaptation existe à l’état naturel. Autant en profiter !