Victor Leforestier

  • Prétraçage avant semis de maïs au Québec
14
mars
2011

Le bon Cauchois

Le Bon Cauchois, Amidonnier Noir, Rouge de Bordeaux, Shireff à épis carré, Capelle-Desprez, Blanc des Flandres... voici quelques un des blés que j’ai semés cette année dans mon potager.

Plutôt qu’un frigo sous la glace, je préfère une collection locale vivante et palpable. J’ai donc écrit cet automne à l’association Kokopelli et à l’INRA de Clermont Ferrand afin qu’ils m’envoient quelques graines.

De par son réseau l’association Kokopelli propose de nombreuses variétés, plutôt du centre de la France. Vous pouvez obtenir des graines gratuitement, à condition de renvoyer une partie de votre récolte pour participer à la conservation des espèces.

Le Centre de Ressource Biologique m’a également gratuitement envoyé des graines. Leur collection est immense : prés de 10 000 variétés différentes ! Une partie seulement est disponible à la disposition du "public". L’équipe pourra vous conseiller pour ne retenir que les variétés les plus adaptées à votre terroir. Le réseau Semences Paysannes réunis quant à lui des paysans bio fabriquant leur pain à partir de farine de blé anciens. En effet ces variétés sont plus adaptées aux conduite bio que les variétés conventionnelles tout en apportant une farine de meilleure qualité technologiques et nutritionnelle.

Blé amidonnier noir
© Photo Kokopelli

Ces variétés ou ces populations anciennes avaient été sélectionnées par des agriculteurs et les premières maisons de semences. Bien que leurs rendements étaient faibles elles étaient toutefois fort adaptées au climat local, aux sols, et aux maladies présentes. Les "populations" étaient des blés dont l’évolution n’était pas figée et qui années aprés années évoluaient suivant les conditions dans lesquels ils étaient cultivés. Ainsi, dans "Les Meilleurs blés" de Vilmorin paru en 1880, on retrouve un classement des variétés par sol et par climat. Il est même proposé des mélanges.

Voici quelque chose que l’on aimerait retrouver dans nos catalogues actuels. Des variétés adaptées au terroir, avec assez de diversité génétique pour s’adapter aux différentes années et aux maladies en présence. Et si cela n’existe pas, serait-il possible de re-créer des populations locales à base de super mélanges ?


26
février
2011

Faire plus avec moins : en élevage

La rencontre de la vache et de l’herbe : c’est la définition du pâturage par André Voisin. Agronome et scientifique Normand, ses travaux sur le pâturage sont reconnus dans le monde entier et même plus dans le monde que chez nous…nul n’est prophète en son pays. Il a vécu à Gruchet un petit village à 30km de chez moi mais c’est en parcourant la toile que je l’ai vu cité dans de nombreux sites d’éleveurs Nord et Sud américains, Steve Townsend m’en avait également parlé, son livre de chevet étant "Le sol, l’herbe et le cancer".

Le postulat d’André Voisin était qu’un sol équilibré et en santé produit des végétaux équilibrés et santé, et qu’il en va de même pour les animaux et les hommes qui les mangent… ça ne vous rappellent rien ? Mort en 1962 à Cuba, il laisse derrière lui deux ouvrages précurseurs : "La productivité de l’herbe" et "Le sol, l’herbe et le cancer". Traduits dans de nombreuses langues "La productivité de l’herbe" est l’aboutissement d’études scientifiques sur la pousse de l’herbe et le comportement de la vache au pré pour aboutir à la mise en place d’un pâturage rationnel rotatif ou pâturage tournant.

Comparativement au pâturage continu, le pâturage rationnel rotatif permet de multiplier par trois la production d’herbe, avec moins d’intrants, d’augmenter la biodiversité de la prairie et d’augmenter la vie de son sol. On peut donc augmenter le chargement d’animaux, qui seront en meilleure santé et augmenteront le revenu…

50 ans avant la dénomination "écologiquement intensive" voici une approche d’élevage qui va tout à fait dans ce sens. Vaches au pâturage sur le ranch de Gabe Brown, Dakota du Nord. Les vaches pâturent moins de 5 jours par an sur la même parcelle : un chargement très élevé mais pendant un laps de temps court. C’est exactement comment pâturaient les bisons...

A venir suivant l’avancement de ma lecture de "productivité de l’herbe" plus de précisions sur le pâturage rationnel rotatif.


22
février
2011

Le prix des céréales augmente la valeur de l’herbe

Suite à l’intervention de Jay Fuhrer du NRCS du Dakota du Nord (USA), je me suis intéressé à la technique du pâturage rationnel. Cette technique consiste à faire pâturer peu de jours dans l’année mais uniquement de l’herbe haute, et en laissant une hauteur d’herbe suffisante pour permettre un redémarrage rapide et l’alimentation du stock de matière organique.

A la recherche de plus d’informations j’ai trouvé le blog de Nathan Sanko, éleveur allaitant du Missouri. Il élève ses animaux sur 1800ha de pâtures, l’herbe a donc pour lui beaucoup de valeur. Dans un récent post, il se réjouit de voir le prix des céréales augmenter, et dans son contexte il explique sa vision des choses :
-  Les deux concurrents de la viande de bœuf sont le porc et la volaille. Bien qu’ils soient plus efficients, ces deux animaux ne peuvent pas être nourris à l’herbe. A partir du moment où l’éleveur se considère producteur d’herbe, les vaches en sont les récolteuses. En vaches, l’herbe peut être un substitut aux céréales, plus la valeur des céréales augmente, plus la valeur de l’herbe augmente.
-  Dans le futur, si le prix des viandes de porc ou de volaille augmente, le prix de la viande bovine augmentera avec eux. Pour les éleveurs à l’herbe, c’est un contexte favorable et ils peuvent envisager l’avenir sereinement…

Pour les anglophones retrouvez le blog de Nathan à l’adresse http://back2basicsbeef.blogspot.com/ "retour aux bases de la production de viande" vous y trouverez également des photos illustrant l’appétit d’ogre qu’ont les vaches pour les "mauvaises herbes" quand on pâture en paddocks.


8
décembre
2010

Partir un jour...

Au bord de Lake Yellowstone
Au bord du Lac Yellowstone

Dans TCS on parle régulièrement des pro de l’AC étrangers, et lors du Festival NLSD et des réunions BASE ils viennent aussi voir nos champs. Pour les plus jeunes lecteurs vous pouvez aussi aller voir comment ils font chez eux, la construction de nouveaux systèmes passe par là découverte de ce que font les autres, même à l’étranger !

Depuis cet automne j’ai reçu de nombreux mails de jeunes cherchant un stage à l’étranger dont certains très motivés par l’agriculture de conservation. Les formations agricoles obligent parfois à un séjour à l’étranger, et lorsque ce n’est pas le cas il est possible après les études de partir quelques mois se décompacter le cerveau loin de chez "papa-maman". Avec l’aide d’Odyssée-Agri c’est que j’ai fait en 2008. Jean-Marie Poirier propose des placements à l’étranger dans de nombreux pays. Avec Odyssée-Agri, les candidats bénéficient d’une aide pour leur projet et les démarches administratives et d’une formation linguistique si besoin.

Si vous êtes installé agriculteurs, il existe la bourse Nuffield. Si vous avez plus de 28ans, que vous parlez anglais et que vous voulez prendre du recul sur ce que vous faites elle est faite pour vous ! Chaque année, l’association Nuffield, via l’APCA et le Crédit Agricole, propose une bourse à un agriculteur pouvant se libérer 6 mois dans l’année pour aller rencontrer d’autres agriculteurs, agronomes et experts qui travaillent sur une thématique que vous voulez explorer. La bourse aide au financement du voyage du "stagiaire" et de la personne devant le remplacer. Vous pouvez contacter l’association Nuffield France via leur site ou directement Danièle Buhagiar (daniele.buhagiar chez apca.chambagri.fr). Pour info, l’association est en manque de candidats pour l’année prochaine…

Bon voyage !

La connaissance n’est rien sans le partage alors surtout, si vous partez, créer un blog pour partager votre expérience !


6
septembre
2010

The Leading Edge (le fil conducteur)

Pinto beans semés après maïs grain dans une rotation maïs grain - dicotylédone - blé de printemps - blé d’hiver. (Dakota Lakes research farm, Dakota du sud)

Pour les farmers, le semis direct semble donc être la réponse au défi de la productivité. Dans un numéro de "The leading edge" paru en 2001 (lien), un farmer témoigne au sujet des inconvénients du semis direct : "On récolte plus de grains, il faut donc plus de cellules et la batteuse s’use plus vite" !

Les systèmes trop simples (maïs/soja, monoculture de blé) finissent par rencontrer les mêmes problèmes que chez nous : perte de fertilité, problèmes de salissement, résistance aux herbicides... avec des rotations plus riches (2+2, doubles cultures…) les "no-tiller" gardent encore une longueur d’avance …


5
septembre
2010

Mécanisation : 100 cv pour 1000 ha

Deux fois plus de surface et deux fois moins de tracteurs… un calcul impossible ? Pourtant grâce au passage au semis direct et à des rotations plus élaborées, les farmers du Midwest américains ont pu baisser leurs charges de mécanisation à l’hectare.

En semis direct la consommation de fioul est énormément réduite, seulement 2,5 L/ha

Chez L. Frahm, c’est en 2002 que commencent les agrandissements. Suite à plusieurs années de sécheresse, plusieurs farmers arrêtent et beaucoup de terres sont disponibles. Dans les années qui suivent la ferme va plus que doubler de surface pour atteindre maintenant 6500 ha. Au cours de ces agrandissements, le matériel s’est renouvelé (les 3 tracteurs de tête sont renouvelés tous les ans) et a diminué en puissance. Moins de travail du sol = moins besoin de puissance. De 3 tracteurs articulés, symboles de l’agriculture américaine, ils passent à 2 tracteurs de 250 ch et 1 de 210 ch. Cela fait 0,1 ch/ha, 100 ch pour 1000 ha !

Le parc matériel comprend 2 moissonneuses-batteuses équipées de de tables de coupe de 9 m et de cueilleurs 12 rangs, 3 semoirs monograines de 12, 24 et 36 rangs ainsi que deux automoteurs de pulvérisation de 30 m.

Faire plus avec moins, c’est aussi faire plus de rendement avec moins de mécanisation !