Christophe Barbot

28
octobre
2019

Construire son sol avec du "vert" et des microorganismes

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L’approche de Christine Jones (*) sur le carbone liquide rappelle qu’il faut soigner les mycètes des racines et intensifier la présence des plantes qui exsudent et ne pas épuiser les systèmes racinaires avec une pratique du pâturage intensif, mais plutôt le limiter dans le temps ("Mob-Grazing") pour laisser le temps aux plantes de faire pousser leurs racines.
Les mycètes, durables et discrets opérateurs, consommateurs de carbone coriace à digérer, ligneux, sont des acteurs lents mais efficaces et gourmands en carbone lent.

Des familles différentes

Tous les véritables champignons appartiennent au groupe des eumycètes et se répartissent au sein des basidiomycètes, comme les amanites ou, pour quelques-uns, parmi les ascomycètes, à l’exemple des morilles ou des truffes. Deux groupes sont communément appelés « champignons » mais n’en sont pas au sens strict du terme : les myxomycètes et oomycètes (plus proches génétiquement des algues brunes) . Présents dans le registre fossile depuis 450 millions d’années (Silurien), ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et même aquatiques en eaux douce, saumâtre et même marine (via des symbioses avec des algues parfois). Les premiers champignons mycorhiziens de type gloméromycètes ont raisemblablement aidé les premières plantes terrestres à coloniser les terres émergées.

Un sol vivant, un milieu sain pour une plante saine

Ainsi un sol surchauffé durant la saison culturale avec des températures supérieures à 30°C est en dysfonctionnement avec une suroxydation et un nid pour des thermophiles pathogènes, milieu impossible pour les mycètes ! De plus un milieu trop riche en ions est contre-productif pour la vie du sol. Une plante perd beaucoup d’énergie métabolique à gérer un excès de nitrates dans le sol, qu’elle est obligée d’absorber avec le flux de sève brute (eau+ ions) et de stocker dans ses vacuoles puis ensuite de métaboliser, au lieu d’assimiler directement des métabolites secondaires (peptides, acides aminés) issus des mycètes du sol.

Catabolisme et Anabolisme dans les sols, et pas seulement Catabolisme !

Un rééquilibrage du ratio Bactérie/Champignons plus favorable à l’humification est à opérer. L’activité biologique des sols est bien plus efficiente pour les plantes quand ce rapport est équilibré (proche de C/B = 1), car le milieu est alors riche en métabolites secondaires (peptides, saccharides) et pauvre en nitrates, et ces métabolites permettent aux plantes de ne pas gaspiller trop d’énergie métabolique pour se construire elles-mêmes.
En milieu naturel, la majorité de l’humus utile lent du sol, favorable à l’activité biologique est formé par les micro-organismes et non par « héritage » via la fixation physique au complexe argilo-humique. On peut le vérifier en observant le sol : test bêche pour apprécier le niveau d’agrégation biologique des sols, « étayage vivant » par colles et carbone structurant.
Pour développer les champignons microscopiques en grandes cultures, on doit fournir suffisamment de carbone à digérer et encourager "les bonnes pratiques" de bio-stimulation des micro-organismes dont le thé de compost, ce qui permet de "gagner du temps" dans ces cycles longs du carbone, et augmenter le taux de MO deux fois plus vite.... De plus, un stockage de l’azote organique par ces mycètes est "ultra-efficace" (1 kgN acide aminé champignon = 3 kg N synthétique ).
Donc l’objectif de salut des activités agricoles par des politiques publiques devrait être le maintien durable des taux de matières organiques dans les sols au-delà de certains seuils (sables 2% limons 3% argiles 5%....) et pour la durabilité des écosystèmes, c’est CAPITAL. Et sur 30 ans, pas un système incitatif sur 5 ans ....Donc un véritable contrat sociétal de génération.

Optimiser les services rendus par les sols

Voilà pourquoi il faut soutenir ses sols par les couverts végétaux et le "Carbone liquide", intensifier les exsudats racinaires (sol toujours "vert", ponts "verts") et les plantes qui font beaucoup de racines dans le sol, et qui apportent une grande diversité de familles de plantes.... L’emploi de ferments EM qui permettent d’orienter le système microbien et de booster le réveil des micro-organismes qui anabolisent (synthèse du vivant) pour augmenter la fertilité organique et le stockage d’azote libre par voie microbienne.
Développer les champignons en grandes cultures c’est aussi abandonner à terme le labour...
L’agroécologie qui conserve et qui régénère, c’est la mise en œuvre de systèmes de culture avec une optimisation des services rendus par les sols.

(*) Un article sur l’approche "Carbone liquide" développée par C. Jones est paru dans TCS n°104 de septembre/octobre 2019

Pour mieux comprendre le rôle de la matière organique du sol dans le stockage à long terme du carbone et sa réponse aux changements du climat mondial et de la chimie atmosphérique, voici un article d’intérêt (pour accéder au contenu, cliquer sur le logo ci-dessous).

MCP = Pompe microbienne carbonée
MCP = Pompe microbienne carbonée

Voici, enfin, les fichiers pdf correspondant aux images d’introduction de cet article (poster humus des sols).
Poster Humus page 1
Poster Humus page 2


1er
novembre
2016

Le conseil en agronomie ne sait pas bien parler "Carbone" aux agriculteurs

L’importance du rôle des matières organiques (MO) dans les sols n’est pas assez expliquée par les techniciens et agronomes qui accompagnent les cultivateurs.

La mesure de la fertilité biologique des sols est souvent une question posée....

Se faire son propre avis sur le sol

Le test à la bêche est un mode d’observation rapide du sol avec une évaluation sommaire des capacités de fertilité , mais très utile pour savoir d’où peuvent venir les difficultés de fonctionnement des sols.
Test Bêche Görbing / DIEZ 8 critères http://www.alsace.chambagri.fr/envinnov/sols.html

L’universitaire Andrea BESTE a réalisé une thèse au sujet de la méthode du Test à la bêche qui a montré la validité de l’approche scientifique de ce mode d’observation.
( voir référence en post-scriptum )

Sur le terrain, des tests complémentaires très peu onéreux peuvent compléter le diagnostic du bon état de santé des sols, tels que :
- Vitesse d’infiltration d’eau dans un anneau (litre/minute) avec des apports répétés.
- Test de stabilité des agrégats de sol à l’eau et à l’alcool.
- Notation de la réaction de la terre avec Acide HCl et Peroxyde H2O2
- Test de chute de blocs de sol par le DropTest VSA
- Dégradation de matière thé vert et thé rouge avec le protocole Tea Bag Index TBI
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ou encore
- Comptage de verre de terre, ou à défaut du nombre de trous de galeries de vers...

De fréquents défauts de structure ou faibles teneurs en MO

Durant 2016, à de nombreuses reprises les conditions de conduite des cultures ont montré des sols avec des défauts de structure. Au démarrage de la végétation, la fertilité des terres ne répondait plus, le sol étant gorgé d’eau ou très compacté. Les défauts marqués de sols s’exprimaient surtout dans des terres qui ne contenaient pas beaucoup de matière organiques (limons avec teneur MO < 2% ).

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Le projet SEFerSol au lycée agricole de Wintzenheim

Ce programme vise la mise au point de Stratégies d’Entretien de la FERtilité du SOL en maraichage biologique, avec les couverts végétaux et le travail du sol minimal comme clés de recherche.

Les travaux du projet SEFerSol en maraîchage biologique se sont servis du test bêche comme méthode d’observation des sols pour confirmer la bonne structuration physique et biologique des terres, [Méthode GÖRBING, notation selon DIEZ 1991, adaptée 2014] .
Voici le tableau de notation complété :

Ces notations ont comparé l’état du sol sous 3 conduites différentes : Classique, Engrais verts Max et Conservation du sol.

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Donner du sens aux observations pour orienter vers un nouveau conseil

Le plus compliqué pour certains agronomes, c’est le passage des éléments de diagnostics à du conseil pratique pour les agriculteurs, pour changer les choses.
Quels choix de pratiques de conduite de culture pour augmenter la composante "vie du sol" ?

Les actions de vulgarisation/ communication du service NRCS aux Etats-Unis ont su parler de la santé du sol et diffuser des listes de pratiques culturales qui améliorent le fonctionnement du sol sur des critères précis.

Pratiques agricoles suggérées en correction des médiocres propriétés observées du sol :


(document NRCS) :
Huit critères qui nuisent à la santé du sol :

  1. Faible stabilité des agrégats
  2. Faible stockage d’eau disponible
  3. Forte dureté du sol en surface
  4. Forte dureté de la sous-couche
  5. Faible taux de matières organiques
  6. Faible quantité de carbone actif (MO labile)
  7. Faible quantité d’azote minéralisable
  8. Forte proportion de racines dégradées.

(document AEL Québec)
Choisir des conduites de pratiques culturales : application au Québec

  • Guide d’accompagnement pour l’interprétation des résultats associés à l’état de santé globale des composantes physiques, biologiques et chimiques des sols agricoles.
  • Mélanie Gauthier
    - > page 12 Suggestions de régie des pratiques culturales

USA/Canada : un travail conjoint entre laboratoire et développement autour de la biologie des sols

Ces critères sont ceux suivis par le laboratoire des sols de l’Université Cornell dans les Etats de Nouvelle-Angleterre dès 2007. Un manuel très intéressant existe qui synthétise cette approche :
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lien : http://soilhealth.cals.cornell.edu/training-manual/

Ces pratiques culturales améliorant la santé des sols jouent sur l’état du sol à moyen terme et à long terme, en s’attachant aux choix des amendements, à la quantité de matières carbonées restituées au sol, au choix des engrais et aux choix des cultures/ couverts d’interculture.
Les laboratoires d’outre-atlantiques ont su faire preuve de pragmatisme et de créativité ces dix dernières années en proposant des analyses de santé des sols, sans se ruiner, moins de 100 US$ l’analyse !

Le plus bel exemple
The Cornell Soil Health Testing Laboratory
http://soilhealth.cals.cornell.edu/
et aussi Woods End dans le Maine USA :
https://woodsend.org/2016/02/new-normal-regular-mini-soil-health-tests-introduced/
ou encore Agro-Enviro-Lab au Québec :
http://www.agro-enviro-lab.com/images/stories/SGS/SG-437-Agro-Enviro-Lab-Ferme_CDBQ.pdf

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Ces laboratoires ont su s’associer au système de formation et de conseils du minstère fédéral américain de l’agriculture USDA, avec le service NRCS. La campagne "Unlock the secrets in the soil" est très illustrative de cet état d’esprit novateur.
http://www.nrcs.usda.gov/wps/portal/nrcs/main/national/soils/health/

Le projet Microbioterre

En France, le projet CasDar « recherche technologique » volet “Innovation” nommé MICROBIOTERRE a pour objectif de référencer des indicateurs de microbiologie des sols et les intégrer dans l’analyse de terre de routine, pour améliorer la gestion des restitutions organiques dans les systèmes de grandes cultures et polyculture élevage.

Les travaux de Microbioterre qui vont débuter en 2017 avec Arvalis et ses partenaires vont sûrement aider bientôt les techniciens agricoles en France à combler le manque d’analyse de terre à menu fertilité biologique à un coût raisonnable ( espérons moins de 200 € l’analyse par parcelle ) sur le volet Biologie des sols agricoles.

http://www.jiag.info/images/colloque-resume-2015/5-Alain-Bouthier-Arvalis-JIAG.pdf

L’agronome doit aussi voir le sol comme un écosystème organique vivant

Les analyses de terre du GEMAS en France sont restées très branchées sur la chimie des sols, en se basant surtout sur les exportations des plantes en N-P-K-Ca-Mg (le sol fournit lui aussi des éléments fertilisants !), en ignorant la dureté des sols dans leurs mesures (sols tassés qui ne respirent plus) et en oubliant la caractérisation des matières organiques libres (rapidement fermentescibles) dans leurs analyses.

Des sols à garder fertile et organique

Les enjeux du changement climatique et l’initiative 4 pour 1000 devrait nous rappeler que nous avons besoin de parler des restitutions et apports organiques aux jeunes et moins jeunes agriculteurs. Le cycle du carbone et les calculs de bilans humiques pour les sols sont-ils de nouveau d’actualités pour toutes les projections agricoles pour le proche futur ? Ainsi il est urgent d’aborder les sujets protection de sols (érosion, tassement) stockage du carbone (carbone stable humus et carbone labile ! ) et d’oublier la focalisation sur la comptabilité Nitrates qui n’apporte pas assez de pertinence dans l’explication du fonctionnement des sols agricoles.
Vu d’Alsace nous constatons les incitations de politique agricole suisse pour protéger les sols et inciter les producteurs au semis direct. A quand ces mesures de protection des sols dans l’Union européenne ?
http://www.prometerre.ch/documents/showFile.asp?ID=3338

Signez la pétition de l’initiative citoyenne "People For Soil" !

La Commission européenne a enregistré en septembre 2016 l’initiative citoyenne européenne "People4Soil", portée un réseau d’ONG européennes, d’instituts de recherches, d’associations d’agriculteurs et de groupes environnementaux.
Après l’échec de la directive cadre européenne sur les sols, le collectif People4Soil invite la Commission Européenne à présenter une nouvelle proposition législative afin de reconnaître le sol comme patrimoine commun et assurer sa gestion durable.
Munissez-vous du numéro de votre carte nationale d’identité et signez la pétition !

https://www.people4soil.eu/fr

Quand la terre coule vers le vallon c’est trop tard....
Le sol organique est un capital inestimable pour l’agriculture et l’alimentation de notre population.


6
décembre
2015

L’état du sol et sa fertilité biologique

JPEG - 34.3 koEn cette fin d’année internationale des sols, les techniciens et les chercheurs communiquent tout azimut sur les nouveautés techniques et scientifiques pour qualifier l’état biologique des sols cultivés.

On parle beaucoup chez les chercheurs des Services Eco-Systémiques des sols tant vantés durant les derniers colloques de la recherche.

Les principaux services pour l’agriculture tournent autour de 4 services :
- Recyclage de la matière organique qui minéralise pour les plantes,
- Gîte-habitat poreux du sol pour macro-/micro-organismes (patrimoine biologique)
- Capacité de détoxification des sols (épurateurs des hydrocarbures par exemple)
- Équilibre sanitaire des sols (capacité à rester équilibré sans trop de pathogènes).
Ces 4 services sont majeurs pour la production agricole.

Actif de 2012 à juin 2015, le programme Cas-Dar nommé AGRINNOV et les résultats inédits de la recherche de l’INRA avec Genosol nous mettent bien l’eau à la bouche, mais ils sont encore à finaliser pour en tirer des informations d’amélioration pour les pratiques agricoles.

Les résumés des présentations du JIAG 2015 centrées sur ce programme Agrinnov ont été mises en ligne : http://www.jiag.info/le-colloque/resume-colloque-2015

Mais les coûts totaux très élevés de ces analyses biologiques et physiques (20 fois une analyse de terre standard) empêchent une généralisation rapide pour le conseil en agriculture. Il faudra encore attendre quelques années que le réseau REVA complète ces travaux avec l’OFSV ;

COP21 : L’enjeu des sols vivants
http://www.ofsv.org/SITE_SPAMMEUR/index.php/actu/179-cop-21


JPEG - 90.6 koLes avancées de la biologie des sols suscitent aussi l’intérêt de la recherche privée des multinationales. Le géant Monsanto a annoncé le 23 novembre un objectif allant jusqu’à 200 millions d’hectares d’ici à 2025 pour les ventes de solutions microbiennes développées avec Novozymes.

Ce partenariat avec The BioAg Alliance revendique déjà 26 millions d’hectares avec ces sélections microbiennes aujourd’hui !
http://www.novozymes.com/en/solutions/agriculture/The-BioAg-Alliance/Pages/default.aspx
The BioAg Alliance, lancé fin 2013, a déjà mis sur le marché deux types de produits : un inoculant qui aide les plantes à absorber plus de nutriments et des produits de bio-contrôle servant à protéger contre les insectes et maladies, notamment pour le soja et le maïs, en cultures fruitières ou maraîchères. « Les meilleurs micro-organismes du programme de recherche 2015 ont permis d’augmenter les rendements du maïs de 6,4 à 8 q/ha et du soja de 2 q/ha », souligne le communiqué de The BioAg Alliance.

Ces avancées privées autour de la biologie du sol ne sont pas du goût de tous les acteurs de la recherche, qui dénoncent la concentration de moyens autour des cultures modifiées génétiquement, la biologie synthétique et la nanotechnologie.
ETC Group Ottawa, Ontario (Groupe d’action et de recherche sur l’érosion la technologie et la concentration)

Document sur la biologie synthétique : http://www.etcgroup.org/sites/www.etcgroup.org/files/publication/pdf_file/biomassters_FRE_v3.pdf

Cela interroge.


JPEG - 45.3 koUne initiative bluffante est l’opération (enterrez vos slips ...) #soilyourundies de Innovative Farmers Association of Ontario (IFAO) au Canada

Rappel du défi "soil your undies", (en anglais) vidéo avec Melisa Luymes, Ontario

Les tweets de résultats (photos et vidéo)
https://twitter.com/search?q=%23SoilYourUndies&src=typd et https://twitter.com/IFAO123

On sait depuis le 1er décembre que le gagnant du défi est Mark Koabels de la localité de Port Colborne (Ontario). Félicitation à cet agriculteur qui cultive des sols très vivants ! L’IFAO l’a invité à sa conférence annuelle 2016 à London le 23 et 24 février 2016 pour #IFAO16 où il pourra y retrouver 6 conférenciers de l’agriculture de conservation : Innovative Farmers 2016 Conference http://ifao.com/ifao_3_009.htm

JPEG - 36.5 koVous pouvez à propos de ce concours aussi lire en détail la nouvelle publiée le 29 Septembre 2015 par "pamfisher2015" Claire Coombs, du Campus de Ridgetown, Université de Guelph (Ontario).
http://sco.lt/6Szqnh


JPEG - 66.9 koEt pour finir on peut citer les présentations de la Journée technique PRO’spective 2015
qui s’est déroulée à Colmar le 23 novembre pour communiquer sur les résultats de l’essai longue durée de l’INRA avec l’emploi de boues, boues compostées, fumier bovin et compost de fumier sur des rotations de blé betteraves maïs depuis 14 ans
.
Une partie de cette journée a abordé le bilan des apports de PRO (produits résiduaires organiques : fumiers, boues, ...) sur la biologie des sols.
Les matières organiques sont la principale source de C (Carbone) restituée au champ, pour nourrir la fertilité biologique des sols.

Les actes : https://colloque.inra.fr/soere-prospective2015/Acte


Tous ces résultats ne doivent pas faire oublier que qualifier l’état de santé d’un sol à un moment donné c’est bien, mais que ce n’est pas suffisant pour analyser les grandes tendances des sols, notamment le type de matières organiques présents dans les sols agricoles. On regardera de près les analyses réalisées par le laboratoire Celesta-Lab qui permettent de qualifier les quantités de matières organiques MO labiles (moyen terme) et de MO liées (humus).

Pour rappel, les analyses de Celesta-Lab, expliquées par X. Salducci :
http://asso-base.fr/sites/asso-base.fr/IMG/pdf/presentation_Salducci_MO_Energie_Solaire_20et210214.pdf
et
http://www.celesta-lab.fr/agriculture

Ces analyses apportent des éléments de caractéristiques basales du sol, au-delà de la photographie instantanée de l’activité biologique de la couche arable au moment du prélèvement. Certaines mesures "à flux tendus" comme les nitrates, le pH, par exemple ne peuvent pas expliquer les dynamiques si elles sont pas renouvelées et comparées dans l’ensemble de l’année culturale.
Car le sol est un milieu complexe (mais pas forcément compliqué) où de nombreux paramètres locaux interagissent. Et la fonction de nutrition des plantes par l’organique du sol peut varier selon la séquence climatique en cours.
En ce sens, les méthodes de ce laboratoire ont une grand longueur d’avance pour le diagnostic et l’expertise, car elles sont mises en œuvre depuis le début des années 2000 !

J’encourage donc les agriculteurs qui ne connaissent Xavier Salducci à aller l’écouter lors des conférences organisées par l’association BASE en ce moment.


6
avril
2015

Ail, oignon, vin : une recette médiévale pour vaincre les bactéries résistantes

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Pour éradiquer une super-bactérie résistante aux antibiotiques, cinq ingrédients suffisent : de l’ail, de l’oignon, du vin, du cuivre… et de la bile de vache ! Un manuscrit anglais vieux d’un millénaire contient le remède contre le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM). Les chercheurs à l’origine de cette découverte ont présenté leurs résultats étonnants au congrès annuel de la Society for General Microbiology, qui s’est tenu à Birmingham (Royaume-Uni) du 30 mars au 2 avril 2015.

Pour éradiquer une super-bactérie résistante aux antibiotiques, cinq ingrédients suffisent ! J’ai été frappé par la simplicité de cette association de produits naturels pour contourner le développement du SARM, nommé aussi MRSA dans les autres pays. C’est ce staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) qui pose pas mal de problème dans les élevages de porcs en Allemagne du Nord. Et qui contamine de nombreuses personnes que l’on a bien du mal à soigner dans les hôpitaux en Allemagne ou aux Pays-Bas. Je reproduis ci-dessous un extrait de l’article cité en fin de ce message.

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"Le Bald’s Leechbook est un des livres de remèdes les plus anciens au monde. Il contient notamment une « potion » contre une infection de l’œil, l’orgelet. La recette combine deux espèces d’Allium (ail et oignon ou poireau), du cuivre, du vin et de la bile de vache, qui doivent être laissés de côté pendant 9 jours. « Lorsque nous avons reproduit cette recette en laboratoire, je ne m’attendais à rien », déclare le Dr Steve Diggle, qui a participé aux recherches. « Quand nous avons découvert qu’elle pouvait en fait détruire les biofilms du SARM, j’ai réellement été surpris. »"

"Reste maintenant à déterminer comment ce remède millénaire agit sur les bactéries. L’hypothèse la plus probable, selon les chercheurs, est qu’il attaque sur plusieurs fronts, ce qui affaiblit la bactérie. L’équipe de Nottingham attend maintenant des financements supplémentaires pour étendre les recherches, voire les réaliser sur des patients humains."

source : http://www.pourquoidocteur.fr/Un-remede-medieval-pour-vaincre-les-bacteries-resistantes--10232.html


22
janvier
2015

L’agrégation biologique du sol, gare à la surchauffe !

L’activité biologique des sols cultivés est la résultante d’un éco-système particulier que l’homme a créé il y a quelques temps avec la mécanisation de l’agriculture.

Méditons autour de la température de "carburation biologique" des sols cultivés :

Un suivi de la température dans le sol à 10 cm de profondeur a été réalisé à l’aide de thermo-boutons enregistreurs, dans une culture de pomme de terre dans la butte en fin de printemps 2014. Cette parcelle avait bénéficié de l’apport d’un mulch de 10 cm de luzerne et un témoin sol nu était aussi suivi.

Suivi température du sol dans les pommes de terre à Valff 2014

Les températures supérieures à 28°C sont néfastes à la culture ; le sont-elles aussi néfastes à l’activité des bons microbes des sols qui minéralisent les matières organiques des sols, pour nourrir les plantes ?

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Des résultats allemands montrent que la quantité de racine va diminuer avec les fortes températures dans la butte de pomme de terre, incompatible avec la survie des racines de cette culture.

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A l’aide de panneaux éducatifs de l’université de Jena, on voit que le type d’agrégat de sol est influencé par le type de culture, surtout pour les cultures sarclées : le type d’exposition du sol à la surchauffe que la conduite de la culture a généré donne une taille de mottes/agrégats plus gros si le sol n’est pas resté à l’ombre.

Ainsi les plantes sarclées avec un large inter-rang aura plus de rayonnement direct qui va frapper le sol durant des jours durant les mois où la température maximale peut être importante ( juin pour le maïs, juillet pour le tabac). En allemand, il existe un mot (c’est Klumpen) pour désigner ces mottes grosses (>5cm) "cimentée" par le chaud.

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Ainsi les plus grosses mottes sont surtout créées par les températures et la pression anormale au sol ( > 1 kg/cm² ) causées par l’action de l’homme et de ses machines lourdes.

La "fermentation d’ombrage" (schattengare) très favorable à l’activité biologique du sol (bactéries) est interrompue par les conditions surchauffées du sol dans l’inter-rang, surtout dans les sols très travaillés et affinés, très aérés.

Cette réflexion m’interroge quand on parle de test d’incubation contrôlée du sol pour simuler sa minéralisation durant 4 semaines, ce potentiel d’azote minéralisé mesuré en laboratoire est réalisé à 28°C, ce qui est une température qui semble trop élevée pour cette "fermentation d’ombrage". Ce standard de mesure simule ce qui devrait se passer en 6 mois dans la saison au champs.

Ces éléments expliquent aussi pourquoi les sols avec sous-semis, mulchs morts ou mulchs transférés apportent de la fraîcheur au sol, en plus de la fonction d’écran qui empêchent aux adventices de germer/ lever.

Le sol c’est comme un panneau solaire avec un moteur de photosynthèse : chaque rayon de soleil doit stocker du carbone et de l’énergie dans le sol, les exsudats des racines des plantes libérant de 10 à 30% de la matière sèche produite directement dans le sol tout autour des racines et radicelles (rhizosphère) pour nourrir les microbes bénéfiques à la croissance des plantes.

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Le tout est de fournir aussi "le gîte et le couvert" à nos gentils microbes, avec une bonne porosité (structure du sol = habitat) et des matières organiques fermentescibles comme les engrais verts ou les fumiers compostés jeunes.


12
mars
2014

Utiliser des couverts végétaux pour des sols de meilleure qualité, avec plus de macro-agrégats. Une étude menée dans le Kentucky

Les producteurs, qui cherchent à construire la structure du sol, et finalement améliorer la qualité des sols par l’utilisation d’amendement organiques, peuvent y arriver avec succès avec des cultures intermédiaires ou du fumier, selon les résultats d’une étude de l’Université du Kentucky. Shawn Lucas, élève doctorant avec spécialisation en microbiologie des sols et de l’écologie des sols dans le Department of Plant and Soil Sciences, a constaté que les résidus de vesce velue et fumier de bovins laitiers ont eu le plus grand impact sur la croissance microbienne du sol, en stimulant une plus grande activité fongique , qui a favorisé une plus grande formation de macro-agrégats.

Dans l’étude intitulée « Effets des amendements organiques sur l’agrégation et sur les dynamiques des communautés microbiennes dans les sols » a été comparé un apport de résidus de vesces, avec du fumier bovin laitier, du compost de végétaux et un témoin sans amendement organique.

JPEG - 52.4 ko Photo : Incubations de sols au labo, avec un matelas de croissance de champignons sur les résidus de vesce velue.

" L’agrégation du sol est le fondement de la structure du sol de surface, affectant des processus tels que l’infiltration et le mouvement d’eau, la diffusion de l’oxygène, et la disponibilité des éléments nutritifs pour les plantes », a déclaré Lucas. " Je soupçonne que la vesce velue et le fumier de vaches laitières font du bien, parce que la vesce et les composants non digérés non mature sont constitués de matières végétales complexes, qui sont plus facilement décomposées par les champignons, stimulant ainsi la croissance des champignons dans l’écosystème du sol. " Lucas a également comparé la vesce et le fumier avec un compost végétal et du sol non amendé . Il a constaté que le compost végétal a eu peu ou pas d’ effet sur la communauté microbienne du sol .

Dans certains cas, les sols non amendés ont dépassé la variante avec compost végétal . « Le compost utilisé comme amendement n’a ni amélioré la structure du sol et ni modifié de façon significative la communauté microbienne, même par rapport à des sols non amendés", a déclaré Lucas. « Je soupçonne que c’est parce que le compost a déjà été décomposé par le processus de compostage et ainsi il ne crée pas un environnement favorable au développement microbien rapide. "

Dans l’étude en laboratoire durant deux ans, Lucas a détruit la structure du sol native en forçant la terre à travers un tamis. Il a ensuite appliqué les amendements organiques et surveillé la formation des macro–agrégats du sol sur une période de 5 jours, 12, 30 et 82 jours. Lucas a constaté qu’une croissance fongique vigoureuse est survenue en quelques jours avec la vesce velue et a persisté au-delà du traitement de 82 jours . « J’ai eu une matelas visible de croissance fongique sur la surface du sol traité avec la vesce, durant les 2 premières semaines de l’étude et les indicateurs de l’activité fongique sont demeurés élevés tout au long de l’étude », précise Lucas.

Lucas avertit que les traitements de laboratoire ne traduisent pas nécessairement des situations du monde réel. " Des expériences au champ devraient également être menées ", a déclaré Lucas, " mais l’idée ici était de déterminer comment la communauté microbienne du sol répond aux différentes matières organiques , et ceux qui stimulent une plus grande activité fongique conduisant à des niveaux plus élevés de macro-agrégats stables . " L’étude est un point de départ pour les producteurs afin de déterminer quels amendements organiques utiliser pour un type de sol spécifique pour construire la structure du sol et la qualité du sol en utilisant un minimum de produits chimiques comme intrants.

Ceci est la traduction française d’un article de Candace Pollock, coordonateur pour le programme Southern Region Sustainable Agriculture Research and Education, travaillant à University of Georgia, Athens, USA. août 2011.

L’article source en anglais : http://www.southernsare.org/News-and-Media/Press-Releases/Use-Cover-Crops-Manure-for-Best-Soil-Quality