Jim Bullock

  • Semis direct de blé dans un tapis de graminées en décomposition
  • Semis direct McConnell
23
juin
2017

Le désherbage mécanique en 3 temps

Au Royaume-Uni, le désherbage mécanique n’est plus le propre de l’agriculture biologique. Avec l’accroissement des adventices résistantes, par exemple le vulpin, même l’agriculture conventionnelle s’y intéresse.
Plus tôt cette année, l’Université Royale de l’Agriculture de Cirencester a organisé une visite des essais qu’elle mène sur le désherbage mécanique en blé d’hiver.
La stratégie de contrôle se fait en trois temps. En premier lieu, une herse étrille capable de déraciner les jeunes plantules fraîchement germées, est utilisée. Cette opération peut avoir lieu juste après semis ou, dans le cas d’une culture d’hiver, tôt au printemps quand il y a une levée d’adventices. Seul frein : pouvoir accéder à la parcelle à cette époque de l’année. La seconde étape est d’utiliser une bineuse dans les inter-rangs, capable d’éliminer des adventices déjà bien installées. Cela peut être une solution efficace là où la chimie n’a pas marché. La troisième phase de contrôle, lorsque tout le reste a échoué, est d’écimer toutes les adventices qui sont passées par dessus la culture, sanve ou folle-avoine. Pour le vulpin, comme cela a été souligné lors de la rencontre, écimer a tendance a faire produire des graines plus bas au sein de la culture.
Le concept a donné un sérieux élan lors du salon Cereals où Claydon a lancé sa bineuse de 6 mètres.
Il s’agit d’une technique qui est utile en céréales mais probablement plus encore en cultures de colza, féverole et lin. Elle séduit tout particulièrement les Acistes anglais.

Bineuse frontale Claydon
Bineuse frontale Claydon
Bineuse d'inter-rang
Bineuse d’inter-rang
Herse étrille
Herse étrille
Ecimeuse
Ecimeuse

17
juin
2016

Le vulpin, ennemi des agriculteurs anglais

Vulpin en blé d'hiver
Problème de vulpin dans une parcelle de blé d’hiver

Au Royaume-Uni, de nombreux agriculteurs sont “en guerre” contre le vulpin. Les herbicides ne sont pas assez efficaces. Le contrôle du vulpin nécessite une approche agronomique (photo 1).

L’agriculture de conservation est en train de prendre de l’ampleur avec des rotations plus diversifiées, un minimum de perturbation du sol et un sol couvert en permanence. Des éléments qui aident au contrôle du vulpin.
Une structure de sol pauvre et de faibles niveaux de matières organiques encouragent le développement de cette adventice.
Beaucoup d’agriculteurs sèment plus de cultures de printemps (orge, avoine, seigle et féveroles) mais une seule culture de printemps n’est pas suffisante  ; nous devons faire plus. Il existe différentes variétés de vulpins qui germent à des périodes différentes de l’année. Alors que nous pouvons contrôler les levées d’automne, nous sélectionnons des variétés printanières qui seront plus difficilement maîtrisables en avril/mai.
Sur notre exploitation, nous testons la rotation suivante : deux cultures de printemps suivies d’un blé d’hiver. Après le blé, nous implantons un couvert de radis suivi de d’une culture de féveroles. Récoltées tard, nous n’avons que peu de temps pour semer un couvert. Nous laissons alors les repousses de féveroles se développer durant la période hivernale avant d’implanter, au printemps suivant, un lin de printemps qui sera suivi par le blé d’hiver (photo 2).

Lin de printemps après féveroles
Lin de printemps après féveroles

Une autre solution est d’arrêter la production sur la parcelle durant un an. Nous appliquons jusqu’à 3 reprises du glyphosate, à l’automne, tôt au printemps puis plus tard ce même printemps avant de semer un couvert. Cela ne doit pas nous coûter cher. C’est pourquoi, nous utilisons des semences de ferme de radis, avoine et féveroles (photo 3).

Couvert de radis, féverole et avoine
Couvert de radis, féverole et avoine

Le blé de printemps est trop sensible à la concurrence avec le vulpin. Nous lui préférons l’avoine de printemps qui démarre plus vite et concurrence mieux l’adventice. Il y a en plus un marché porteur pour l’avoine, vue comme un aliment santé par de nombreux consommateurs (photo 4).

Avoine de printemps
Avoine de printemps

Il a parfois été nécessaire, tôt au printemps, de supprimer une culture de blé d’hiver trop envahie par le vulpin. Celle-ci était alors remplacée par un blé de printemps mais semé en direct, avec l’avantage de ne pas remuer la terre et donc sans faire germer les adventices (photo 5).

Blé de printemps
Blé de printemps semé en lieu et place d’un blé d’hiver

Nous modifions aussi la période de travail du sol à la fois pour les cultures d’automne comme de printemps. Pour le blé d’hiver, nous privilégions fin octobre afin de mieux contrôler les adventices avec les herbicides de pré-levée. De même plus tard au printemps (avril), ce qui donne aussi de meilleures conditions de développement à la culture (sol réchauffé).
Face aux difficultés économiques, nous essayons de produire nos propres couverts pour la saison à venir. La plupart se récoltent tard et ne seront donc utilisables que l’année d’après. Le radis et l’avoine noire récoltés en 2016 ne seront donc employés qu’en 2017 (photo 6).

Radis et avoine noire
Semis de couverts de radis et d’avoine noire pour la production de semences de ferme

Dans tous les cas, le semis direct et les principes de l’AC apparaissent très importants dans la lutte contre le vulpin.


28
juillet
2015

Dents ou disques ?

Quand un groupe d’ACistes enthousiastes se rencontre, la discussion tourne toujours autour des couverts végétaux, des rotations et du type de semoir utilisé.
Semis de féverole dans un couvert - semoir à disques Nous avons eu un semoir à disques pendant 16 ans et nous étions satisfaits de ses performances. Toutefois, nous rencontrons plus de conditions de semis extrêmes (humidité). Nous avons plus de cultures de printemps dans notre rotation et devons semer des cultures d’hiver plus tard afin de réduire l’impact du redoutable vulpin. De plus en plus, le semoir à disques engendre des compactions au niveau de la ligne de semis limitant de fait le développement des cultures.


Nous avons construit sur la ferme un semoir à dents très simple et l’avons comparé au semoir à disques. Semoir à dents maison J. Bullock


La culture semée avec le semoir à dents (pois de printemps) est toujours plus belle à l’oeil et en y regardant de plus près, ceci est dû à un meilleur système racinaire. Comme attendu, l’analyse des plantes montre une carence en nutriments (potassium, phosphore et soufre) dans le système racinaire le plus faible. Comparaison systèmes racinaires féverole - semoir à disques ou à dents

Mais il y a un problème… La dent remue plus de sol et favorise la levée des adventices. Mais pour tout problème, il y a une solution et je pense que cela pourrait être les cultures associées.


5
février
2015

Radis contre brome

JPEG - 255.5 koLes principaux sujets de conversation pour les céréaliers britanniques sont « comment contrôler le vulpin ? », « comment réduire le coût des intrants (engrais) ? » et « comment augmenter le taux de matière organique ? ».

Ceux d’entre nous qui pratiquons l’agriculture de conservation savent que la réponse est : couverts végétaux, rotation et travail du sol réduit.

Là où nous avons un gros problème de vulpin, certains mélanges de couverts ne sont pas assez puissants pour dominer le salissement et parfois même, l’utilisation d’un couvert peut aggraver le problème. Nous avons utilisé le radis oléifère (raphanus sativus) en utilisation pure (voir photo d’introduction) et avons eu des bons résultats sur la germination des graminées, essentiellement sur le vulpin mais aussi sur des bromes d’hiver. Utiliser une espèce en pur ne semble pas l’idéal, mais si c’est la seule alternative plutôt que de laisser un sol nu et utiliser du glyphosate (parfois quatre fois)… Au moins, du carbone est fixé et de l’azote absorbé par les racines. Ces photos montrent l’effet de ce couvert solo de radis oléifère et notamment l’une où on observe, à gauche, le salissement sans couvert et, à droite, lorsqu’il y a le radis.

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La grande question est de savoir si les semences de vulpin et de brome ont été détruites où si elles sont seulement en dormance, attendant de meilleures conditions pour lever… personne ne semble avoir répondu à cette question.


2
juin
2014

Météo, cultures de printemps et vulpin

Parcelle de blé infestée de vulpin (J. Bullock)Mes remarques et pensées sur ce blog ont été un peu limités cette année en raison des extrêmes climatiques que nous avons connus : pluies excessives, inondations, sécheresses, … ce qui a mis le chaos dans les cultures et les rotations. J’ai compris que cela avait été pareil pour de nombreux agriculteurs dans la partie Ouest de la France.

Une chose que je suis vraiment content de vous rapporter est que l’agriculture de conservation et une bonne gestion des sols a été capable de mieux gérer ces conditions climatiques extrêmes que ceux qui utilisent la charrue comme base de leur système de production. Pour notre part nous avons dû semer davantage de cultures de printemps mais ceci a ses avantages.

Un promeneur qui visiterait les terres cultivées du Royaume-Uni pourrait penser que le blé d’hiver et le colza étaient les seules cultures capables de pousser cette année, cela est vrai sur beaucoup de fermes puisqu’il s’agit des cultures qui rapportent le plus : si vous êtes un bon « business man », ce sont les cultures à produire (nous appelons ça l’agriculture de la calculette). Mais si vous êtes un bon agriculteur et « gardien de la terre » il s’agit d’une rotation extrêmement pauvre. Nous savons depuis des années que notre adventices principale est le vulpin qui deviendra incontrôlable si nous continuons à enchaîner les cultures d’hiver et que de plus en plus de fermes ont des problèmes de résistance à la solution chimique principale à notre disposition (Atlantis de Bayer : mesosulfuron-methyl/iodosulfuron-methyl-sodium). Mais les extrêmes récents qu’à connu notre météo ont accéléré le processus puisque beaucoup ont été obligés de détruire leurs cultures et de ressemer au printemps, uniquement en raison des hauts niveau d’infestation en vulpin de leurs parcelles.

La culture de printemps n’est pas une solution totalement efficace pour contrôler le vulpin car c’est une plante sauvage qui peut germer durant des périodes très longues, principalement en automne tardif mais parfois aussi en mai dans le maïs. Nous avons d’ailleurs encourager ces dernières en appliquant les herbicides uniquement à l’automne sans avoir rien d’efficace au printemps (tout du moins légalement).

Pour nous la solution a été de cultiver davantage de cultures de printemps, ce que nous avons tenté d’éviter dans le passé puisque le rendement des cultures de printemps n’est pas fiable, étant lié aux pluies de la saison. Cependant, comme l’agriculture de conservation et le semis direct nous ont permis d’augmenter nos chances de succès au printemps (spécialement le blé de printemps et les féveroles), si bien qu’aujourd’hui elles sont aussi rentables que les cultures d’hiver ; nous avons converti notre rotation en faisant se succéder un blé d’hiver et un blé de printemps, puis des féveroles avant un colza ou un autre blé. Cela nous permet à la fois de contrôler efficacement les adventices tout en installant des couverts végétaux (le sujet d’un prochain post). Au final, nous pensions aller vers un désastre complet mais à long terme il semble que nous soyons devenus de meilleurs agriculteurs.

Je rajouterai pour finir que nous avons maintenant plus de 100 membres à BASE UK et que nous sommes ravis d’être entrés en contact avec les membres des groupes français de BASE. J’attends avec impatience d’être capable de partager plus encore avec les producteurs de l’autre côté de la Manche… c’est à nous de développer l’AC pour l’adapter à nos propres conditions en Europe de l’Ouest.

Semis direct du colza derrière couvert (J. Bullock)

Colza d'hiver une semaine après le semis (crédit : J. Bullock)

Féverole de printemps deux semaines après le semis (crédit : J. Bullock)

Blé de printemps deux semaines après le semis (crédit : J. Bullock)


8
juillet
2013

Cultures de printemps : couverts végétaux et graminées adventices

Semis direct de blé dans un tapis de graminées en décomposition

Une grande partie du Royaume-Uni a été semée avec des cultures de printemps cette année, depuis le blé, l’orge ou l’avoine de printemps, jusqu’au pois et au lin. Un des avantages de ces cultures est la possiblité de contrôler les graminées adventices comme le brome ou le vulpin avec du glyphosate, ce qui est à la fois peu coûteux et efficace.

Un nombre croissant de cultivateurs qui ont fait du semis direct (j’en fais partie) se sont précipités tête baissée dans les problèmes là où subsistaient de forts volumes de racines d’herbes en décomposition. La solution consistant à détruire chimiquement le couvert après le semis ne fait que décaler le problème et n’apporte pas de solution réelle. L’évidence aurait été d’installer un couvert à l’automne, ce qui a été impossible en 2012.

Semis direct de blé après un passage à vide du semoir (SD de Kuhn)

La seule voie possible aurait probablement été de travailler très légèrement la surface avant le semis. Et la machine qui semble adaptée à ce travail et le semoir lui-même, ce qu’on tenté de faire deux agriculteurs en prenant un angle de 30° par rapport au sens de semis avec des semoirs Simtech-T-Sem et Kuhn SD. Ce très léger travail a été suffisant pour réduire l’effet toxique des racines de graminées en décomposition.

Pour ceux qui avaient réussi à implanter un couvert à l’automne, la gestion de la destruction a également créé quelques problèmes de sols froids et humides sous le mulch de couverture morte (principalement de l’avoine et de la moutarde). La solution aurait été une destruction précoce ou, une fois encore, un léger travail avant semis.

Même si la plupart d’entre nous n’aimons pas travailler le sol, dans certaines situations, un léger mouvement superficiel peut faire la différence entre la réussite et l’échec. En utilisant le semoir comme un cultivateur, on utilise une machine déjà disponible et on peut si nécessaire placer une fertilisation en pré-semis.