Vendredi 12 janvier 2018
Frédéric Thomas

Après des séjours aux États-Unis et en Australie, Frédéric THOMAS débute son activité de conseil de terrain et, en 1999, il crée la revue TCS. Il s’appuie aussi sur sa ferme, en Sologne, des terres sableuses hydromorphes à faible potentiel, où il met en œuvre l’AC avec réussite. Il est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs du développement de l’AC en France.

Couverts végétaux : direction la jardinerie !

Jean-Paul Grelard
Jean-Paul Grelard

Jean-Paul Grelard est agriculteur ACiste et horticulteur/pépiniériste de l’Anjou. Il pratique la simplification du travail du sol, le SD et les couverts depuis plusieurs années et apprécie d’essayer des nouveautés : c’est son côté « main verte » !
A l’automne 2016, il tente donc un semis direct de blé dans une parcelle de luzerne vivante. L’implantation de la céréale est moyenne au printemps et en catastrophe, il décide de faire un rattrapage de désherbage avec une sulfonylurée. Une partie n’étant finalement pas satisfaisante, il choisit la destruction de la culture en place. « J’aurai pu partir sur un maïs, mais comme je voulais planter des iris pied-mère assez tôt à l’automne, j’ai préféré rester sur un couvert en relais  » précise l’agriculteur.

Mélange pour pigeons

Mélange pour pigeons
Malgré un développement remarquable et encore un bon potentiel de biomasse supplémentaire, ce mélange a été broyé mi-septembre pour éliminer les PSDs présents et reprendre la main pour la culture horticole suivante. Il s’agissait d’un mélange d’au moins 10 espèces : maïs, sorgho, blé, tournesol, féveroles, vesces, Cardi (Cumin, plante méditerranéenne très aromatique, cultivée pour ses graines utilisées comme épice en cuisine), sarrasin, ….. à environ 90 cts €/kg. « Certainement que toutes ces plantes n’ont pas d’intérêts agronomiques mais qui sait ! » insiste JP. Grélard encore ébahi par la réussite de son mélange pour pigeons.

Adepte des associations et de diversité végétale, il choisit de semer un mélange pour pigeons qu’il a acheté dans la jardinerie voisine. Aventurier mais prudent, JP. Grelard avait cependant déjà testé la germination de ce type de graines sous une serre pendant l’hiver. Surpris de la qualité de levée, il avait même renouvelé l’expérience dans un carré du jardin au printemps avec le même résultat. « Comme je suis habitué à faire ce genre de semis pour d’autres de nos cultures, j’ai utilisé la même méthodologie. Toutes les graines ont levé alors que c’est a priori, que de la nourriture pour pigeons où le taux de germination à peu d’importance » avoue-t-il encore surpris.
Au champs et dans la bande où le blé a été détruit, il sème donc ce mélange le 20 juin 2017 et pour continuer l’expérimentation jusqu’au bout, il varie le dosage entre 25, 50 et 100 kg/ha.

Son couvert remporte la palme

Comme sous la serre ou dans le jardin, la levée est très bonne mais des légumineuses et d’autres dicots du mélange ont disparu ; sans doute à cause de la rémanence du désherbant tardif sur le blé. Néanmoins le couvert se développe bien. Vers le 15 septembre, lors d’un tour de plaine avec son groupe Semis Direct Sous Couvert de la Chambre d’Agriculture 49 où l’un des objectifs était de comparer des implantations des couverts avec à la clé une pesée Merci (Méthode d’Evaluation des Restitutions de Cultures Intermédiaires), c’est son couvert qui remporte la palme avec 6,1 t de MS/ha (pour la dose de semis 50 kg/ha et pour seulement 85 jours de végétation). « Bien entendu ce couvert avait été semé plus tôt que les autres, mais à la mi-septembre, on était loin d’être au bout de la croissance qui pouvait encore ajouter 3 à 5 t de MS. En plus, la disparition d’une partie des espèces à certainement réduit la production potentielle et aussi permis à des PSDs, très présentes dans ces parcelles à l’historique chargé en maïs, de s’inviter » affirme Jean-Paul et de compléter « pour éviter de me charger en graminées estivales, j’ai choisi de faucher rapidement la végétation après la visite et reprendre la main pour mes iris ».
Encore très surpris de ce résultat, comme ses collègues du groupe d’ailleurs, JP. Grelard envisage déjà de tester à nouveau cette idée en 2018 mais dans de vraies conditions de couverts. «  C’est incroyable d’aller chercher des semences et des mélanges compliqués assez loin alors que nous en avons presque à disposition dans le GamVert du coin et à prix très abordables  » conclut-il.

Aliments pour pigeons
Dans une jardinerie locale, au milieu du rayon graines pour oiseaux qui semble receler des trésors pour un ACiste, voici l’étiquette d’un autre sac d’aliment pour pigeons vendu pour 16 € TTC les 20 kg. Il ne contient rien qui puisse être ennuyeux, bien au contraire. Il est simplement préférable de vérifier qu’il ne contient pas de graines d’adventices et de tester le niveau de germination avant de le semer. Ce type de semences, facilement disponibles, peut également servir de complément à d’autres espèces déjà présentes sur l’exploitation pour venir étoffer et diversifier des Biomax. Il sera maintenant difficile de dire qu’il est compliqué de trouver des semences de mélanges de couverts !

Documents joints