Lundi 28 août 2017
Thierry Stokkermans

Originaire du Sud-Ouest de la France, Thierry STOKKERMANS a travaillé en Espagne, Nouvelle-Zélande et Australie avant de s’installer aux Pays-Bas. Convaincu par le semis direct à faible perturbation, il conçoit et développe aujourd’hui des machines agricoles (zip drill).

Que doit faire un élément semeur en semis direct pour maximiser le rendement ? Une liste des fonctions critiques

Le démarrage d’une culture a un effet sur son rendement et tous les cultivateurs en Agriculture de Conservation (AC) veulent un semoir qui maximise le rendement. Cependant, il n’est pas toujours clair quelle machine est un investissement fiable et efficace ou quelle technologie/conception est la meilleure pour le boulot. Je suis en train d’écrire une série de trois articles sur le sujet. Dans ce premier article, je présente une liste des fonctions critiques qu’un élément semeur devrait réaliser avec succès.

Depuis les années 1960 et l’apparition du semis direct moderne, les agronomes de l’AC ont utilisé différentes méthodes pour évaluer les semoirs et les éléments semeurs. Baker (2009) a évalué plusieurs éléments semeurs utilisés en Australie et sa méthode peut être utilisée dans un grand nombre de systèmes en AC. De plus, les 4 éléments clés du semis direct (gestion des résidus, meilleur environnement pour la semence et la plante, localisation efficace et sécurisé de l’engrais et profondeur de semis régulière) sont aujourd’hui bien acceptés et beaucoup d’agriculteurs ont pour objectif de les atteindre.

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Comme toujours, le diable est dans les détails et cette liste des fonctions critiques (tableau 1) explore les 4 éléments clés pour en révéler les détails. Le tableau présente aussi les détails faisant l’efficacité et la rentabilité de l’élément semeur. En considérant les besoins biologiques de la graine/plante et des différentes exploitations et terroirs que je connais, j’ai trouvé 42 fonctions critiques. C’est pourquoi certaines fonctions sont incontournables dans n’importe quelle ferme (par exemple : créer un contact-sol-graine propre). Et certaines fonctions sont liées au type d’exploitation (par exemple : être capable de semer à 40-50 mm de profond) ou au terroir (par exemple : être capable de semer en sols caillouteux). Ces dernières ne sont pas incontournables et elles peuvent être ignorées/supprimées lorsqu’elles sont inutiles. Si vous allez évaluer un élément semeur dans une région ou une ferme en particulier, n’hésitez pas à supprimer de la liste les fonctions inutiles.
Un agriculteur connaissant bien les techniques de l’AC remarquera que certaines fonctions sont très proches mais néanmoins différentes. Par exemple, les fonctions 2 (laisser les résidus en place pour maximiser la vie du sol) et 6 (créer les conditions du brouillard-du-sol autour de la graine pour optimiser le taux de germination) sont liées car la présence de résidus au dessus du sillon est nécessaire pour créer les conditions du brouillard-du-sol mais elles sont différentes car la première fait partie de la « Gestion des résidus » et cherche à maximiser la vie du sol alors que la seconde fait partie du « Meilleur environnement pour la semence et la plante » et cherche à obtenir un taux de germination élevé.
Les agriculteurs en AC veulent des cultures fortes et saines. Réussir l’opération de semis est une étape critique. Le semis direct est une opération qui se résume à un seul passage de machine et le tableau 1 montre qu’un élément semeur doit réaliser un grand nombre d’opérations en une fraction de seconde. Bien comprendre ces fonctions critiques aide l’agriculteur à réussir le démarrage de ses cultures en AC et à maximiser ses chances de rendement élevé et de revenu déplafonné.

Références :
Baker, C.J. (2009) Discs or tines ? Pros and cons and some new technologies, lu le 4 aout 2017 sur http://www.crossslot.com/images/custom/aussie-papers-10-discs-or-tines-victoria.pdf