Dimanche 6 décembre 2015
Vincent Pereyre

"C’est en lisant les livres de Dominique Soltner pendant mes études que j’ai pris conscience que l’agriculture me passionnait. J’ai travaillé sur des fermes, passé 15 ans dans le pub puis 5 ans en cuisine, avant de revenir à l’agriculture et découvrir les travaux d’Allan Savory."

EPISODE 2 HOLISTIC MANAGEMENT : prendre des décisions dans un cadre

Portrait Vincent PereyreDans l’article précédent, nous avons imaginé un gars qui réfléchit à son avenir professionnel agricole au Pays Basque, dans un contexte de monoculture de maïs. Qu’est ce qu’il veut maintenant et dans l’avenir ? Voyons où il en est...

Je sais maintenant ce que je veux mettre en avant dans mes décisions, c’est augmenter la fertilité de mes terres et avoir une meilleure rentabilité. Donc, quand je vais prendre des décisions dans mes entreprises, je vais me demander pour contrôler, est-ce que ça améliore la fertilité ? Est-ce ça permet à ma fille de reprendre sur des bases solides ? Est-ce que c’est plus rentable ?

Bon alors je pense que je vais essayer d’introduire un blé. Je vais pouvoir ainsi remettre de la rotation. Matthieu Archambeaud l’a conseillé pendant la formation sur les couverts, les collègues étaient tous d’accord là dessus. Ça devrait déjà améliorer la fertilité de mes sols. "Y a plus qu’à !"

Alors on regarde le contexte actuel : je n’ai pas fait de blé depuis 20 ans, je n’ai plus les connections, ça a dû évoluer depuis. Quelle variété je vais choisir, quel itinéraire technique, sur quelle surface pour une première année, sur quelle parcelle de la ferme, avec quels outils (ceux de la cuma, les miens, je fais venir l’entreprise), je vais gagner combien, est-ce ça va compenser ce que je fais sur le maïs, est ce que je vais pouvoir l’intégrer dans mon emploi du temps ? Le blé, est-ce que je vais l’utiliser, le vendre... Le système était bien calé, et j’ai l’impression de repartir à zéro, comme au moment de l’installation. Très bien, stop, j’arrête tout, et je prends un papier et je note toutes les questions que je me pose, on verra bien pour les réponses ensuite.

Et comme je suis avec mon papier, je vais aussi réfléchir, imaginer comment ça va se passer. J’imagine par exemple sur quelle parcelle je vais commencer. Comment je vais la choisir, est ce que je prend une parcelle qui en a vraiment besoin en premier, une parcelle devant laquelle je passe souvent (si je passe souvent devant, ça va me permettre de m’arrêter et de contrôler, tiens, pas bête pour une première année, autant contrôler). Combien de fois je vais passer sur la parcelle, avec quel outil, quel traitement ? Je marque tout ça et après je pourrais toujours modifier.

Je vais aussi imaginer la rentabilité. Tiens, alors pourquoi ne pas essayer de se la jouer à la Allan Savory : planifier le profit d’abord, c’est marqué dans son bouquin « Plan for profit first ». Il faut que je fouille ce truc. Il y a cet éleveur dans le Wyoming, ce Tony Malmberg, qui a commencé avec ce gross profit analysis, comme il dit, et il raconte aussi que quand il s’est lancé dans l’aventure, il se trainait un taux d’endettement, comment peut on dire, américain pour son côté gigantesque.