De Sangosse Ironmax MG
Piégeage des limaces
De Sangosse Ironmax MG
BioSolution chez De Sangosse
TCS 116 page 21
APAD - Résultats piégeage limaces
Carabe qui mange une limace
Antilimace

Bonne CS 10005
47480 PONT DU CASSE
France

Tél : +33 5 53 69 36 30

Des réseaux de piégeage de limaces : ACS versus conventionnel - Dans la revue TCS

Le n°116 de la revue TCS (janvier février 2022) consacre un dossier de 12 pages sur les limaces.

A l’origine de ce dossier TCS : le réseau de piégeage de limaces organisé par la société DE SANGOSSE complété par un échantillon d’agriculteurs en ACS de l’APAD. 50% du dossier y est consacré. Voici cette partie.

TCS 116 page 18
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Cet été particulièrement pluvieux nous a rappelé à la dure réalité : les limaces aiment l’humidité !
Même chez les ACistes qui s’en étaient fait quitte et même si les écosystèmes AC sont actifs et jouent leur part de régulation, elles sont revenues. Et pas qu’un peu !
Cela nous ramène au côté assez complexe et difficilement prédictible de la gestion des limaces. Cependant les connaissances et les technologies continuent de progresser avec de belles avancées.

Quatre années atypiques

Les étés et automne 2018, 19 et 20 très chauds et secs ont été particulièrement compliqués pour les couverts végétaux mais aussi pour l’activité biologique à la surface et dans le sol y compris celle des vers de terre. Les limaces ayant une activité de surface et rencontrant alors des conditions défavorables en pleine période de reproduction, leurs populations ont été fortement impactées pendant cette période.
En 2021, l’absence d’une longue période de sécheresse estivale a été un facteur favorisant la présence des limaces dans tous les systèmes agricoles. Dès le retour de conditions d’humidité favorables, leurs populations ont « explosé ».

Collaboration APAD / DE SANGOSSE

L’histoire commence en 2015 à l’occasion d’une journée technique organisée par l’APAD Centre Atlantique sur la gestion du risque limaces. L’approche de l’APAD se voulait globale pour une meilleure compréhension de la biologie des limaces et des moyens mécaniques, biologiques et chimiques à mettre en œuvre pour mieux les gérer. Ca se passait en salle le matin et sur le terrain l’après-midi avec, notamment, une démonstration d’épandage de granulés appâts anti-limaces par la société DE SANGOSSE. Cette intervention fait mouche (pardon, limace) auprès de l’APAD. C’est sûr, ce n’est pas fréquent de voir sur le terrain des firmes privées qui proposent des formations pour apprendre à diminuer l’utilisation de leurs produits ! De leur envie commune de tenter de mieux comprendre le comportement des limaces en agriculture de conservation est née une collaboration.

« La collaboration avec l’APAD s’est renforcée en 2020 », explique Marion Puysservert, responsable technique anti-limaces chez DE SANGOSSE pour la France. « Elle s’est concrétisée par différentes actions dans différentes régions, et notamment la mise en place d’un réseau de piégeage de limaces dans les parcelles en agriculture de conservation des sols du réseau APAD  » poursuit la spécialiste.

En région, pour chaque participant au réseau de piégeage, des formations spécifiques sur le piégeage de limaces ont été dispensées ainsi que cinq formations (dont une en distanciel) sur la gestion globale du risque limaces. L’offre de formation de la société DE SANGOSSE autour de la gestion du risque limaces « CIBLAGE » a été refondue afin de proposer des formules différentes en fonction du temps à accorder et du contenu souhaité par les agriculteurs. Trois démonstrations d’épandage de granulés appâts anti-limaces ont permis de sensibiliser les agriculteurs aux composantes qui impactent la qualité de l’épandage.

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Résultats des piégeages de limaces : ACS versus conventionnel

Dès 2020, un appel à candidatures a été lancé par l’APAD et DE SANGOSSE pour faire partie du réseau de piégeage de limaces. Une formation et un kit étaient à la clé.

Ce piégeage et suivi dans des parcelles en ACS sont une grande première. Ces mesures dans nos conditions particulières apportent aujourd’hui une vérification des tendances observées et permettent de tirer quelques enseignements et une meilleure compréhension de la gestion du risque limaces en ACS.

En 2020, le piégeage a eu lieu sur des parcelles de blé. En 2021 le piégeage a eu lieu sur des parcelles de blé et de colza.
Les résultats présentés ici sont des mesures réalisées en automne. Une démarche de piégeage a également été menée au printemps dernier mais nécessite encore d’être étoffée et développée.

Blé, automne 2020
« Un nombre de limaces largement supérieur en ACS mais pas plus de dégâts ! »
Les quinze parcelles en ACS suivies étaient réparties dans les départements suivants : Maine-et-Loire (3), Vendée (3), Sarthe (3), l’Oise (2), Charente Maritime (2), Vienne (1) et Deux-Sèvres (1). L’Ouest était donc majoritairement représenté.
Les observations avaient lieu chaque semaine, à partir de trois semaines avant le semis jusqu’au stade 3 - 4 feuilles, soit environ du 1er octobre au 1er décembre 2020. En plus du comptage, les agriculteurs ont renseigné le précédent du blé, la texture du sol, le risque limace calculé avec la grille ACTA et la pluviométrie. Le relevé se faisait sur quatre placettes de 0,25 m² avec un protocole très précis fourni par la société DE SANGOSSE. Les agriculteurs distinguaient les limaces noires et grises, jeunes et adultes.

Thierry Gain est coordinateur technique à l’APAD Nationale. Il est à la manœuvre côté APAD et nous donne son interprétation des résultats :
« On observe que le nombre de limaces est toujours largement supérieur en ACS (sauf la semaine 42) et jusqu’à 5 fois plus en semaine 45. Pourtant les agriculteurs participant n’ont pas fait de corrélation entre le nombre de limaces et les dégâts sauf dans le cas de deux agriculteurs qui ont dû procéder à un traitement. Deux autres ont également préféré intervenir sans voir vraiment de dégâts : un traitement davantage préventif. En particulier, un agriculteur a comptabilisé 66 limaces / m² début novembre mais n’a pas constaté de dégâts sur son blé et n’a donc pas traité. »

Cette comparaison montre que les seuils de traitement sont certainement différents en ACS. Il serait aussi très intéressant d’avoir une idée, en parallèle, de l’activité des auxiliaires. Dans tous les cas l’observation des limaces mais aussi des dégâts sur cultures est primordiale.

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Quel impact de la pluviométrie en 2020 ?
On constate logiquement un décalage entre l’arrivée de la pluie et l’activité des limaces. Il semble, mais c’est à confirmer par un plus grand échantillon, qu’un printemps et un été secs limitent fortement le nombre de limaces à l’automne. C’est ce qui semble ressortir des piégeages effectués dans le nord de la France.

Quel impact du précédent ?
Il est difficile de généraliser ces résultats vu le nombre réduit de parcelles (15 au total). Mais on a observé en 2020 que ce sont les limaces grises (LG) qui ont été les plus présentes. Le colza et le soja sont les précédents où l’on a comptabilisé le plus de limaces, suivis par la fèverole et le pois. Le maïs et le tournesol surtout, confirment ce qui est perçu généralement dans les champs : ce sont des cultures qui apportent un impact positif dans le contrôle des limaces.

Et l’impact de la texture de sol ?
Les sols limono-argileux puis argilo-calcaires sont les sols ayant le plus de limaces. Bien que les observateurs soient tous en ACS, aucune information n’a été collectée ni sur l’état de surface ni sur le niveau de résidus de couverts et de la culture précédente. Ce serait une donnée intéressante à ajouter pour de prochaines études.

En conclusion pour 2020 : plus de limaces en ACS, mais pas plus de dégâts
Malgré le petit échantillonnage (15 parcelles), les limaces semblent logiquement bien plus présentes en ACS. Cependant le niveau des dégâts, pour le blé, n’est pas vraiment en lien avec la population active. Entre la présence de prédateurs, comme les carabes, des restes du précédent faisant diversion et certainement d’autres facteurs, l’ACS encourage toute la biodiversité et c’est plus l’équilibre et la composition de toute la communauté de limaces (car il peut y avoir d’autres espèces, non nuisibles, voire auxiliaires) qui sont importants. Il faut cependant rester vigilant quand on connaît les impacts négatifs des limaces et leur rapidité d’action dans certaines parcelles.

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Colza, automne 2021
La comparaison de l’activité limaces s’est poursuivie en 2021 sur colza et sur blé dans des parcelles en agriculture de conservation des sols et des parcelles en conduite conventionnelle.
Marion Puysservert, responsable technique anti-limaces chez DE SANGOSSE pour la France, commente les résultats.
Le réseau colza de 2021 ne comptait que cinq parcelles en ACS. En agriculture conventionnelle, il en comptait 28. On notera que l’activité a été globalement faible dans les parcelles en conduite conventionnelle sur la période, avec une moyenne de 1,3 limaces par m², contre 5,9 limaces par m² pour les parcelles en agriculture de conservation.

Dans les piégeages colza 2021, c’est la limace grise qui a été largement représentée avec 98% des limaces dénombrées et une majorité d’adultes constatée représentant plus de 60%.

Avec seulement 2 mm de précipitations de différence en moyenne sur la période entre les deux types de conduites culturales (précipitation moyenne sur l’ensemble de la période d’observation, soit 10 semaines), l’activité limaces en colza a été globalement similaire et faible sur les sept premières semaines de piégeage. Une différence significative se marque entre la conduite conventionnelle et l’ACS à partir de la fin septembre où l’activité limaces dans les parcelles en agriculture de conservation des sols était en nette augmentation alors que l’activité limaces dans les parcelles en conventionnel est restée faible.

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TCS 116 page 22

Blé, automne 2021
La comparaison de l’activité limaces en 2021 sur blé a été réalisée dans 12 parcelles en agriculture de conservation des sols et 60 parcelles en conduite conventionnelle.

Marion Puysservert continue son analyse.
Dans un même périmètre géographique sur blé et pour une moyenne de pluviométrie identique entre les deux systèmes de cultures, l’activité a été plus importante dans les parcelles en conduite conventionnelle (en moyenne 7 limaces par m² sur l’ensemble de la période) que dans les parcelles en agriculture de conservation des sols (en moyenne 6,2 limaces par m²).

Cette répartition ne correspond pas à ce qui avait été vu dans les précédents résultats acquis à l’automne 2020 notamment, mais il faut noter que cette année, la pression a été importante globalement à l’automne dans toutes les conditions.

Si on regarde plus en détail ces résultats : durant les quatre premières semaines de piégeage, c’est bien dans les parcelles en conduite conventionnelle que l’on observe le plus de limaces. Mais dès la fin septembre la tendance s’inverse et c’est dans les parcelles en agriculture de conservation des sols que les limaces sont les plus nombreuses. Et ce, jusqu’à la fin des piégeages.

Comme en colza, c’est également la limace grise qui a été la plus représentée. 78% des limaces dénombrées étaient des limaces grises et 75 % des limaces vues dans les pièges étaient des limaces adultes.

Si on s’intéresse au précédent cultural, cette année c’est le précédent blé qui aurait été le plus favorable à la présence des limaces (NDLR : effet favorisant de la présence de paille qui offre humidité et C/N élevé aux détritivores) suivi du maïs et du colza.

Si on compare à ce qui est généralement observé au niveau des résultats de l’Observatoire DE SANGOSSE, c’est le colza qui est le précédent le plus à risque pour les semis de blé. Ces éléments sont largement confirmés avec le recul de l’Observatoire mais la majorité des parcelles piégées sont en conduite culturale conventionnelle.

Thierry Gain de l’APAD a également son idée sur la question : « sur ce graphique, on voit que cette année le nombre de limaces au début des comptages était beaucoup plus important chez les agriculteurs en conventionnel du réseau Observatoire DE SANGOSSE que chez les piégeurs de l’APAD. Peut-être qu’en ACS les auxiliaires étaient davantage présents et donc régulaient le nombre de limaces (à confirmer par de futurs comptages).
En milieu de campagne, au moment des semis, on voit bien l’influence du travail du sol et des semis en combinés qui ont fait baisser l’activité des limaces chez les agriculteurs en conventionnel avant une légère remontée. En ACS, le nombre est assez stable dans le temps. »

Résultats des piégeages de limaces en ACS sur blé : 2020 versus 2021

15 et 12 parcelles de blé cultivé en ACS ont été observées respectivement en 2020 et en 2021 par des agriculteurs de l’APAD. Voici les résultats de la comparaison de l’activité limaces.

L’activité des limaces en blé a été plus importante en 2020, avec 11 limaces par m² en moyenne, qu’en 2021, avec 6,2 limaces par m² en moyenne.

L’activité limaces a pourtant été globalement importante au niveau français notamment dans les blés où les limaces ont été particulièrement actives, occasionnant des dégâts assez significatifs sur les cultures et l’épandage d’appâts anti-limaces. Ce constat est un peu moins vrai dans l’Ouest et permettrait de relativiser les résultats obtenus cette année.

Il serait intéressant avec plus de recul quant à la durée et au nombre de parcelles observées de confirmer l’hypothèse, qu’en agriculture de conservation des sols le nombre de limaces dénombré reste plus stable quel que soit le profil de l’année en comparaison avec les très grandes variations du nombre de limaces par m² observées en conduite conventionnelle qui semble plus sujette à l’influence des conditions climatiques ainsi qu’aux périodes et à l’intensité du travail du sol.

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Une collaboration amenée à se développer

A la lumière des initiatives menées jusqu’à aujourd’hui la collaboration APAD et DE SANGOSSE ne demande qu’à se développer !

Les premiers résultats obtenus qu’il s’agisse des formations, des démonstrations, ou des piégeages réalisés par les agriculteurs adhérents de l’APAD ou par le LIMACAPT ont permis d’établir des constats. Mais à ce jour, les questions, hypothèses restent entières et nécessitent de poursuivre et d’étendre en terme de nombre et de couverture géographique le réseau des observateurs.

Du point de vue de DE SANGOSSE, l’intérêt de poursuivre ces observations est incontournable afin de mieux cerner le comportement des limaces dans ces systèmes de production spécifiques. Pour l’APAD, c’est également un outil pour essayer de mieux comprendre les dynamiques de population des limaces. Il existe encore de nombreuses inconnues qui peuvent impacter fortement les cultures car il n’y a pas d’anticipation de ces dynamiques.

L’objectif est d’être en mesure de proposer des stratégies anti-limaces, plus efficaces, pertinentes et rentables, pour gérer durablement le risque limaces quel que soit le système de production choisi par l’agriculteur.

En conclusion : c’est compliqué mais la biologie est bien notre alliée

« Avoir des limaces au champ n’est pas forcément une mauvaise chose ».

Même si la gestion des limaces reste compliquée, c’est leur observation qui est notre premier allié. Oui les limaces sont des ravageurs difficiles à appréhender, et en ACS encore davantage. Car le nombre de variables qui entrent en jeu pour tenter de comprendre leurs comportements est encore plus élevé, rendant la situation plus complexe !

Un des éléments importants qui ressort de ces campagnes de comptage est qu’en année climatiquement moins favorable au développement des limaces (2020) les populations sont logiquement plus fortes en ACS et qu’en année climatiquement favorable (2021), elles sont plus modérées en ACS. En outre, elles n’arrivent pas au même moment. C’est d’une grande logique qui vient attester et renforcer que l’ACS est favorable à l’activité biologique à la surface du sol mais également au développement d’une biodiversité qui est capable d’apporter une forme intéressante de contrôle notamment pour les limaces. Avec le réseau de piégeage DE SANGOSSE / APAD, c’est la première fois qu’on montre que même si en ACS on a plus de limaces, ce n’est pas pour autant qu’on a plus de dégâts. En ACS, il y a à manger pour les limaces, mais il y a aussi à manger pour les auxiliaires. En outre, en ACS, la diversité des limaces augmente. Et, cerise sur le gâteau, certaines d’entre elles deviennent nos alliées en se nourrissant des autres, en mangeant les graines d’adventices ou en désherbant les repousses de la culture précédente. Avoir des limaces pourrait presque devenir une bonne nouvelle …

Ne soyons pas trop longtemps rêveur. Jouer avec les équilibres biologiques ne sera jamais évident. Comme le résume bien Thierry Gain : « c’est une approche multifactorielle qui doit être menée et les solutions seront aussi diverses. Anticiper, observer, analyser, agir sont les quatre actions qui gardent toute leur pertinence dans la gestion des limaces ! »

Frédérique Hupin, journaliste agricole
Thierry gain, APAD
Marion Puysservert, DE SANGOSSE

Cet article correspond à 50% du dossier "limaces" de la revue TCS 116 (février mars 2022). Vous pouvez commander l’ensemble de la revue au +33 3 87 69 18 18, pour vous abonner c’est ici).

Dans le reste du dossier :
- Un reportage chez Frédéric Rémy dans le Val d’Oise : "Comment j’ai géré les limaces en AC / SD une année à forte pression."
- Une interview de Jean-Pierre Sarthou de l’INRAE afin d’aller plus en profondeur sur un aspect « chéri » par les ACistes, la compréhension de l’agronomie : "En ACS, une limace peut en cacher une autre."
- Les conseils de Laurent Serteyn, ingénieur agronome chez Greenotec, une association belge de promotion de l’ACS : "Limaces et ACS."

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