Lundi 4 décembre 2023
Aurélien HAIGRON

La féverole en question

Dans nos réseaux ACS, nous présentons souvent les couverts comme une culture à part entière. Cependant, s’ils demandent la même attention qu’une culture lors de l’implantation, cela sous-entend qu’ils sont soumis à la même rigueur en termes de rotation. En agriculture, durabilité rime souvent avec diversité. Zoom sur un cas concret d’accident possible.

Le contexte

Nous sommes en Gironde dans des sols sablo limoneux et le maïs occupe une place prépondérante dans l’assolement. En effet sa capacité à valoriser les sommes de températures précoces et intenses de la région offre des potentiels de rendement élevés, pouvant atteindre les 120 q/ha sec. Dans ce schéma particulier, le choix d’un couvert végétal se fait sur plusieurs critères :
- Fournir de l’azote au maïs ;
- Se développer entre octobre et mars ;
- Avoir un système racinaire facilitant le travail du sol avant semis réalisé en TCS.
La féverole, de par ses caractéristiques, répondait aux différents critères. En effet en plus de permettre une diminution de la fertilisation de 50 unités d’azote, elle supporte parfaitement les implantations simples comme un semis à la volée et un recouvrement superficiel : « L’agriculteur chez qui nous mettons en place les essais, sème avec son distributeur d’engrais et recouvre avec son déchaumeur, un Crosscutter disc Vaderstad. Ce même déchaumeur sert également à la destruction au printemps », précise Philippe Mouquot, de la Chambre d’agriculture de Gironde. Il poursuit : « Nous avons également mis en place des implantations en semis direct avec un 750A John Deere sans voir de différence significative ».

Le sclérotinia comme grain de sable`

Sclérotinia sur féverole
Sclérotinia sur féverole

Plutôt adepte des températures très douces entre 15-20°C avec des taux d’humidité ou des précipitations élevées, le sclérotinia est un champignon qui a un mycélium blanc visible à l’œil nu. Cependant ce qu’il permet de l’identifier, c’est un amas de mycélium entouré d’une capsule noire, nommé sclérote. Grâce à ses sclérotes, la maladie peut se conserver 3 à 5 ans dans le sol.
Après une succession de 6 ans en maïs-féverole dans une année, la pression sclérotinia dans les féveroles a augmenté. En 2023, la féverole présente des poids après pesée (méthode MERCI) de 1,4 à 2,2 TMS/ha alors que des tonnages de 4 TMS/ha les premières années étaient atteignables.

Diversité = Durabilité

Dans un système résilient, la diversité est un des piliers. Les couverts végétaux n’échappent pas à cette règle. Il convient donc de varier ou/et de mélanger les espèces.
« Nous avons 10 modalités d’essai, avec des schémas diversifiés, vesce, pois fourrager, avoine, seigle… La candidate la plus intéressante à ce jour est la vesce velue qui permet un rendement allant jusqu’à 7 TMS par hectare  », détaille Philippe qui ajoute : « De plus, elle permet une couverture plus agressive sur la flore adventice. »
Comme pour la conduite de nos cultures principales, la solution la plus efficace est bien de ne pas laisser s’installer la routine, ouvrant la voie à la préservation ou même l’amélioration des cycles naturels des bioagresseurs et des adventices.