Lundi 21 janvier 2019
Cécile Waligora

Biologiste, écologue et agronome de formation, Cécile WALIGORA anime et rédige aussi pour la revue TCS. Elle s’intéresse tout particulièrement à la biodiversité des agroécosystèmes.

Des perchoirs oui mais pas n’importe où

Perchoir en bord de route
Une bonne surprise le long d’une route entre Haute-Marne et Côte d’Or, en plateau de Langres : un perchoir planté le long d’une parcelle de colza en AC.
Que nous montre cette photo ?
- il y a potentiellement une problématique campagnols dans cette parcelle. Il faudrait, pour cela, inspecter la dite parcelle mais déjà, il y a des éléments qui concourent à un risque campagnol des champs important, à savoir : un semis direct, un colza (culture régulièrement cible du rongeur), un sol longtemps couvert et rien, dans l’environnement proche, qui favorise la présence des prédateurs.
- l’agriculteur a conscience de l’intérêt de la faune prédatrice et notamment des rapaces pour impacter sur cette problématique potentielle. Et comme il n’y a aucun perchoir naturel aux alentours, il en a fabriqué et posé un.
- Installer des perchoirs dès l’hiver est effectivement une bonne chose car d’une part, les campagnols sont toujours actifs et il est bon d’agir très tôt sur une population naissante. Ensuite, il est très utile d’aider les rapaces durant une période de plus grande disette pour eux et gourmande en énergie.

Toutefois, plusieurs choses ne vont pas dans le bon sens et je doute que le dit perchoir ait l’efficacité escomptée :
- ma vue m’a peut-être trompée mais je n’ai vu aucun autre perchoir aux alentours. Il est préférable d’en poser un peu plus, à distance raisonnable les uns des autres, bien entendu.
- son positionnement n’est pas bon. Il est beaucoup trop près d’une route relativement passante (trop de dérangement des oiseaux avec le passage des véhicules et risques réels de collision).

En d’autres termes, dans ce type d’environnement en open field (champs ouverts), où les éléments naturels du paysage propices à la venue et au maintien de la faune ont diparu, il faut, en attendant de pouvoir faire plus, installer des perchoirs. Mais pas n’importe où ! Proches des zones de présence des campagnols mais éloignés des zones à risques ou trop perturbatrices pour les prédateurs. On pense tout particulièrement aux rapaces nocturnes, plus facilement accidentés car éblouis par les phares des véhicules. Dans cette parcelle, il faudrait éloigner ce perchoir du bord de route mais aussi en installer un ou deux autres à quelques dizaines de mètres les uns des autres.