Samedi 10 novembre 2007
Philippe Pastoureau

Éleveur dans la Sarthe et ACiste reconnu, Philippe PASTOUREAU multiplie les essais, toujours à la recherche d’amélioration. Rédacteur de longue date sur A2C, il relate ses expériences : un véritable appui technique et un vrai régal à lire !

Avant de manger, vous mettez le « couvert », n’est ce pas ?

Mettre le couvert est une évidence, mais je ne mets que des couteaux ou que des fourchettes ???? Voici un peu résumé nos débuts en matière d’implantation de couvert , encore une fois nous pensons que tout est matière d’équilibre. Voilà pourquoi nous avons mis en place une plateforme de couvert pour observer l’adaptation des plantes à notre région mais aussi à nos attentes. Alors comme il n’y a pas de recettes miracles pour un bon couvert, voici quelques photos de notre essai avec des prises de vue à différents stades, une appréciation du caractère gélif ou pas des plantes et la facilité de destruction mécanique :

Galerie de photos

Implanter un couvert est un bon début, mais on a rapidement vu que pour réellement améliorer la structure du sol (par le travail des vers de terre) , il fallait obtenir de la biomasse, 2 à 3 tonne de MS nous paraissant un minimum. Odette Ménard, spécialiste québécoise des vers de terre, nous a expliqué que les vers de terre ramassent leur nourriture à la surface du sol pour former les célèbres « Cabanes de vers de Terre » (vidéo). Mais il faut savoir que les vers de terre sont très difficiles : si on incorpore les résidus sous 3 ou 4 cm de terre seulement, il y a un début de fermentation anaérobie et du coup , le beau couvert tourne au « vinaigre » , inutile de vous dire que les vers de terre ( les anéciques en tout cas ) n’y toucheront pas …

C’est seulement à partir de ce moment que nous avons compris comment démarrer notre élevage de vers de terre, il ne suffit pas d’arrêter de labourer, il faut couvrir en permanence le sol avec des résidus ou des couverts et laisser ceux-ci à la surface du sol tout simplement. Le compil nous permet de laisser les résidus en surfaces pour les semis d’automne, mais s’est beaucoup plus compliqué pour les cultures de printemps ou nous avons tendance à exposer la terre au soleil pour favoriser le réchauffement. Le strip till nous apporte un bon compromis, on ne travaille que la ligne de semis afin de perturber le moins possible la vie souterraine tout en conciliant des rendements performants.

Voici notre itinéraire actuel pour les cultures de printemps :

- 1 à 2 passages de compil pour mulcher les résidus, réchauffer le sol et incorporer les effluents d’elevages ( l’objectif à terme est de supprimer ce mulchage , …) ;
- Passage du Strip Till pour réaliser une fissure sous la ligne de semis avec incorporation d’engrais starter par le fissurateur à 10-15 cm sous la graine suivi de notre semoir NG+.

pastoureau profil maïs

Premier essai en 2006 :
Le rang de gauche correspond au Strip till : on constate un système racinaire dense en surface avec de grosses racines coronaires bien ancrées dans le sol, et d’autres racines qui ont plongé dans la fissure créée par la dent. Notez également que l’interrang n’a pas été travaillé afin de conserver une bonne portance pour les bennes, et réduire les repousses de mauvaises herbes.
Le rang de droite correspond à un " décompacteur + rotalabour ", on retrouve très bien, non pas la semelle de labour, mais une rupture de structure à 20 cm, avec des racines coronaires moins présentes mais surtout un système racinaire beaucoup moins développé.
On n’a pas remarqué de grosse différence de végétation en cours de culture et le rendement final atteint tout de même 90 q/ha secs pour les 2 itinéraires.

Au vu de ces résultats, l’objectif actuel de la cuma est plutôt d’allonger la rotation en intégrant une culture de printemps tous les 3-4 ans afin d’alterner non seulement les cultures, mais aussi les types d’implantation : fissurateur (maïs-tournesol-betterave), compil (cipan , céréale ou métail ) et semis direct (colza ou dérobé…)

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