Lundi 8 octobre 2012
Matthieu Archambeaud

Après avoir rejoint F. THOMAS dès 2003 et mis en place le site agriculture-de-conservation.com, M. ARCHAMBEAUD a été l’un des initiateurs d’Icosystème, plate-forme d’apprentissage en ligne dédiée à l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture de Conservation qu’il anime aujourd’hui.

C/N, le faux-ami

La caractérisation du rapport C/N des matières organiques ramenées au sol (engrais organiques, composts, couvert végétaux et pailles restitués au sol…) est un précieux indicateur de la dynamique d’assimilation de la MO au sol et donc de la restitution aux cultures des éléments contenus.

Le C/N du sol est proche de 10, sachant qu’au dessus de 12, le carbone est en excès (sols acides, humides et/ou climat froid). Un matériau organique avec un C/N proche de celui du sol ou peu éloigné (10 à 20) libère rapidement ses éléments et se comporte comme un engrais (couvert végétal jeune ou avec légumineuses, fumier, lisier, fientes, écumes, vinasses…). A l’inverse, un apport organique avec un C/N supérieur à 30-40 mettra davantage de temps à se dégrader, voire consommera de « l’azote » pour ramener le C/N à celui du sol (couvert lignifié, pailles, compost mal équilibré, BRF, fumier pailleux…).

Attention toutefois de garder à l’esprit que le rapport C/N reste un indicateur : pour une végétation, un C/N bas traduit davantage un stade juvénile qu’une quantité d’azote disponible. A ce stade la plante dispose de sucres encore peu complexes (plutôt du glucose que de la cellulose ou de la lignine) qui peuvent servir d’aliment à l’activité biologique. Or, une activité biologique rhizosphérique « dopée au sucre » permet de libérer plus rapidement les éléments contenus dans la matière organique et de nourrir plus activement la plante. Ainsi, un sol bloqué par un C/N trop fort ne le sera pas forcément par manque d’azote mais aussi par manque de sucre et donc d’énergie.