Philippe Pastoureau

  • Couvert localisé chez Jocelyn Michon
  • Passage du strip till à disque
6
septembre
2010

Du paysan chercheur à l’Agriculture Ecologiquement Intensive

Qu’elle plaisir d’entendre un Journal Télévisé utiliser le terme de Paysan, certes je suis peut être le seul à avoir tendu l’oreille, je vous propose donc le reportage de Marcel Mezy sur l’alchimiste de la terre :

JT 13 h. de TF1

Mélange Colza-lentille mis au point par de modeste Paysans-chercheurs Mélange de colza-lentille testé et approuvé par de modestes paysans-chercheurs==>

- Ce reportage m’a rappelé des souvenirs, un jour que je faisais découvrir ma parcelle d’agroforesterie ( au passage voici un lien vers une superbe vidéo téléchargeable gratos ) à un maître de conférence ( des profs qui enseignent et font de la recherche en même temps ), celui-ci me dit que je fais du biomimétisme dans mes champs !!!
Voilà que j’enrichis mon vocabulaire et heureusement que j’ai un copain nommé "google" pour m’expliquer le sens du mot, vous découvrirez sur le lien ci-dessous la source de notre inspiration à beaucoup, les ingénieurs aérospatiale ont découpé un oiseau pour analyser la géométrie de son aile, nous nous contenteront d’observer la nature pour que nos pratiques agricoles accompagne ces principes écologiques.

Comment vole un oiseau

La biomimétique des écosystèmes

Biomimétisme, la nature pour modèle

- Mais je ne suis pas le seul a avoir la tête en l’air , un peu dans les étoiles à rêver d’une agriculture qui redonne du sens au métier de paysan, internet est un formidable outil qui permet de rapprocher les gens, les passionnés et s’est ainsi que j’ai commencé à échanger quelques mails avec un agris pionnier du SD dans son pays, j’ai l’énorme privilège de le recevoir prochainement pour qu’il nous explique comment chez lui, sur sa ferme, il milite pour des sols en santé.
Voici un aperçu de mon hôte Jocelyn Michon :

Kyoto, santé, semis direct

Vous l’aurez devinez, Jocelyn ne vient pas que pour moi, nous allons organiser 1 ou 2 journées dans le réseau BASE et je vous invite d’ores et déjà à réserver les 28 et 29 octobre 2010 pour participer aux 1er entretien sur l’Agriculture Ecologiquement Intensive qui auront lieu à Angers. L’agriculture de demain est a écrire, il ne faudrait pas que les paysans loupent cette page...

Mag ESA


17
août
2010

Bilan de mon colza associé

Voici la fin de mon reportage photo sur le colza associé, pour ceux qui connaissent, allez directement sur les dernières photos pour avoir les derniers commentaires.

Gibet colza de haricots

Pour les amoureux des chiffres, vous retrouverez ici toutes les pesées que nous avons effectuées sur les 2 parcelles de colzas que nous avons suivi, ainsi que les pesées de la récolte. Attention toutefois à ne pas généraliser les résultats, le but ici est simplement de dégrossir le travail d’expérimentation et de validation que va effectuer le CETIOM dans les années qui viennent, dans 2 ou 3 ans, des tendances sortiront.

Comme annoncé ci-dessous, ma parcelle de jeu a finalement été jusqu’au bout, et le résultat a dépassé toutes mes espérances puisque j’arrive à 37 Qtx sur cette parcelle. Mais plus que le rendement, j’aurais beaucoup appris sur la gestion du désherbage qui pour le colza est en grande partie influencée par la réussite du semis du colza. Nous avions sur ma cuma un petit peu abandonné la culture du colza car les semis à la volée ( compil ) ou au semoir à disque ( unidrill) ne nous donnait pas satisfaction, à cause de nos sols limoneux, nos apports d’effluents qui peuvent dans certains cas abimer nos structures de sol. Les levées étaient aléatoires entrainant des zones de sallissement et si la fin de cycle était sèche, le faible enracinement était fatal pour le rendement qui allait de 16 à 28 Qtx/ha. La fissuration que nous procure maintenant le strip till intégral , associé à la qualité de semis du semoir monograine nous permet de reprendre la main sur cette culture, et de maintenant bénéficier de tous les avantages du Semis Direct associé à une couverture qui ne nous pose plus de soucis pour l’implantation. Pour 2011, tous nos colza seront donc semé avec l’intégral avec 3 cas de figure :
- Parcelle recevant des effluents avant semis : incorporation de l’effluent avec le compil avec semis ou pas de plantes accompagnatrices pour contrer le travail du sol sur toute la surface qui va faire germer des adventices.
- Parcelle recevant des effluents après semis : Pas de déchaumage et semis seulement avec le strip till intégral qui ne travaillera que la ligne de semis. On essaiera ici de semer également sur la ligne de semis des plantes gélives non productrices d’azote ( nyger , caméline, ...)
- Parcelle ne recevant pas d’effluents : Pas de déchaumage, semis au strip till intégral avec cette fois-ci des plantes gélives ou pas !!!! On va tester des légumineuses classiques ( pois, féverolle), mais aussi du trèfle blanc qui lui aura pour but de diminuer la fertilisation azotée du blé qui suit (Il faut rêver pour innover ).
Voici donc une 1ère année de colza au strip till qui s’achève, nous maitrisons mieux le travail du sol et l’implantation, il nous reste à travailler le choix, la dose, et les mélanges de plantes associatives pour pouvoir demain généraliser le colza avec peu d’intrants, mais nous ne sommes pas les seuls à travailler la-dessus, le CETIOM fait un travail énorme sur ce sujet, il communique de plus en plus d’ailleurs sur leur site que je vous conseil.

Bilan de campagne 2009-2010 du Cetiom

Je vous parlait de bilan énergétique dans mon dernier post, voici celui de ma parcelle aiinsi que le lien vers le petit logiciel en ligne qui vous permettra de calculer vos parcelles. Biléo Colza


3
août
2010

Produire + avec -

Produire + avec -, l’énoncé est simple , mais en bon matheux je dirais que le résultat ne peut être que négatif !!!! Les étudiants de Chambray ont planché sur le sujet, la démarche est honorable puisque leurs résultats permet de répondre aux exigence du Grenelle ainsi qu’au plan Ecophyto2018.
Cependant l’énoncé est plus complexe que la simple réponse que l’on a dans la petite vidéo, et il faut cumuler les modifications de mode de production pour espérer avoir des bénéfices durables. Bien entendu, je ne suis pas un divin et je n’ai pas la réponse à tout, mais je vais au travers de quelques exemples vous démontrer comment je produit + avec -, tout en préservant mon sol et mon portefeuille, car la rentabilité reste le nerf de la guerre, excusez moi...

==> Produire + avec - d’engrais


- Je prend ici ma parcelle nommée Oignelet 2010, là où j’ai implanté un blé tendre derrière une légumineuse. J’ai récolté ici 85 qtx de blé alors que la moyenne de mon exploitation n’est que de 80 qtx , et ceci avec seulement 120 u d’azote contre 150 pour les autres . La légumineuse m’a donc permis de gagner 30 u d’azote, et a surtout déplafonné mon potentiel de rendement . L’engrais azoté est sans doute l’intrant qui consomme le plus d’énergie pour sa fabrication, économiser de l’azote tout en produisant plus est une belle victoire pour moi, 1.4u d’N/Qtl de blé, voici mon nouveau objectif....
Elle est pas belle "La Campagne" ???

==> Produire + avec - d’herbicides

-Là , le sujet semble plus facile, mais je vais pousser un peu plus loin le bouchon en vous annonçant que j’ai réussi à produire du colza avec 0 herbicides. Comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seul, je reprend l’énoncé du 1er exemple et vous devinez que je vais vous parler mon Bio colza. 37 Qtx avec seulement 60 u. d’azote, qui dit mieux.....
Je pense toutefois qu’avec 20 unitées d’azote en plus, je tapais les 40 qtx voir plus, mais je ne mettrais pas la barre trop haute car je ne suis même pas sûr de pouvoir reproduire cette exploit. J’ai tellement à vous dire sur cette parcelle que je ferais un topic bientôt, c’était la 1ère année que nous implantions tout les colza de ma cuma ( 100 ha de colza ) avec le strip till intégral, et les résultats sont plus qu’encourageant car 100% des parcelles ont été récoltées, avec des rendements allant de 25 Qtx à plus de 40 Qtx/ha, a renouveler donc ...
Au fait , j’ai juste oublié de vous dire que mon enchaînement de culture m’a permis d’économiser environ 60 u d’azote ici, et si je commence à vous parler de rendement énergétique , vous découvrirez que 60 unités d’azote économisé correspond à environ 80 l de fioul/ha économisé, si on veut être efficace , agissons là ou cela fait mal...
PS : les 1er résultats du Cetiom de la campagne 2009-2010 sur les plantes d’accompagnements

==> Produire + avec - d’énergie

-Est-il possible cette fois ci de cumuler tout les avantages ci dessus ???
Au fil des années, l’agriculture a évolué, nous sommes passé de la révolution verte , qui a sectorisé les formes d’agricultures ( Agriculture Biologique "contre" Agriculture Intensive )à la révolution doublement verte qui elle cherche plutôt à remettre le sol au coeur des préoccupations en rappelant qu’il n’existera pas une autre planête Terre pour nourrir l’humanité, et qu’il est donc plus qu’ urgent de nous préoccuper des quelques centimètres d’écorce terrestre présent sous nos pieds ainsi que toute la faune qu’elle abrite et qui de manière totalement invisible, recycle une grande partie de nos déchets et permet aux plantes de pousser.
Et oui, comment écrire un topic sans parler de mes laboureurs, qui eux ne fonctionnent pas avec du gasoil ( énergie non renouvelable), mais tout simplement avec les résidus que je prend soin de leur laisser posé à la surface du sol, résidus fabriqués simplement avec les rayons du soleil ( énergie renouvelable pour quelques années encore). Nous voici donc arrivé dans ma parcelle de maïs nommée Essart :
- d’énergie pour implanter ce maïs , il m’a fallu 7 l de fioul pour implanter le couvert et 15 l pour le maïs, soit moins de 30 l en tout pour l’implantation. Ceci est possible car j’utilise un strip till qui ne travail que la ligne de semis sur une faible profondeur (20 cm) avec une dent très affinée, juste suffisant pour sécuriser mon implantation.
- d’énergie pour désherber , là ou le couvert était beau ( dans le seigle ) , il n’y a eut qu’un rattrapage, je divise donc mon IFT herbicide par 2 et j’économise à la louche......... 10 l de fioul ( vous voyez ici que la prise de risque pour économiser un désherbage est énorme , à mon humble avis)
- d’énergie pour irriguer : ma couverture du sol me permet de limiter l’évaporation, (vous avez aussi sans doute remarqué que mes maïs ensilage sont semé à 50 cm ) , et le travail régulier de mes laboureurs tracent des autoroutes pour les racines du maïs qui peut descendre profondément prélever l’eau stocké dans les argiles. Je ne connais pas encore ici le rendement que je vais obtenir, mais les cartes sont jouées et je ne changerais pas de technique de semis l’année prochaine. Tout cela simplement parce que pour produire plus, il faut d’abord que les cultures soit "belles", ensuite on peut peaufiner .

==> Produire + avec ----

Il m’aura fallu au moins 10 ans pour résoudre l’équation ci dessus, pour produire plus, il suffit simplement de cumuler les - !!! 10 ans pour comprendre que la réduction de la chimie seul , ou la réduction du travail du sol seul , voir la réduction du rendement pour espérer gagner plus , ne peuvent conduire qu’à la catastrophe. Alors qu’il suffit d’un simple mais efficace décompactage de cerveau pour comprendre qu’il est possible de produire + avec - en faisant appel aux services écologiques.
- Je fait un travail du sol uniquement si celui-ci est nécessaire ( je ne me l’interdit pas)
- Je met en place une rotation intelligente de cultures et de couverts qui va m’apporter de la diversité dans mon sol, j’aurais ainsi plus de michoryzes qui rendra mon sol plus fertile et me permettra de déplafonner mes rendements.
- Je laisse tout posé au sol, et le sol ne doit jamais être nu. Ceci me permettra à terme d’augmenter mon taux de matières organiques, augmentera aussi ma CEC et ma RU.

A chaque fois maintenant que je cumul 2 - ( moins de travail du sol + moins d’azote par exemple ) , j’obtiens 1 + , miraculeux non !!!! alors que si je me contente simplement de vendre la charrue sans rien changer d’autre, je n’obtient qu’1 - ( moins de travail du sol), je vous laisse deviner le résultat....

Je reconnais qu’après 10 ans de burinage de cerveau, je suis en droit d’apercevoir du résultats dans mes champs. Merci au passage à Mr Parmentier qui a été l’un des seuls à soutenir l’Agriculture de Conservation, en nous accordant qu’il fallait "prévoir un petit délais" pour qu’elle soit reconnu.
Reconnu car à ma connaissance, c’est la seul qui est capable d’agir :
- Sur la qualité de l’air ( moins de rejet de Co2)
- Sur la qualité de l’eau ( réduction du lessivage et donc de la pollution des nappes phréatiques)
- Sur la qualité des sols ( augmentation du taux de MO , augmentation de la faunes et de la diversité ).

Et pour faire reconnaitre l’AC, c’est peut être à nous paysans de créer un label ou une certification "Terre Vivante" comme nos amis Québécois, dont l’un d’entre eux, Jocelyn Michon viendra très prochainement en France pour nous en parler.

Sur ce, je vous laisse poser l’équation dans le bon sens et je retourne scruter les cours du blé, car produire est une chose, vendre en est une autre......


2
juillet
2010

Haricots dans le couvert...

Petite révolution en vue , cette année j’ai semé tout mes haricots avec le strip till car j’en avait marre de devoir faire du TCS intensif pour mes légumes et avoir un sol nu toute l’année, avec des vers de terre qui n’ont rien à manger. Nous allons donc faire ce que personne n’a fait à ma connaissance, certains ont peut être essayé et ont abandonné il y a quelques temps, la récolte nous dira si nous sommes performant ou pas !!! Comme pour le colza et le maïs ensilage , nous allons donc semer avec le strip till intégral , et je vais sécuriser un peu la plus grande parcelle ( 7 ha ) , l’autre aussi mais le résultat est loin d’être gagné.
- Précédent prairie :

Oignelet Prairie

- Précédent blé avec couvert de seigle ou féverolle

Longueray 2010

La récolte de ces 2 parcelles aura lieu entre le 20 et le 30 juillet, 1 mois a attendre pour connaître le résultat.


2
juillet
2010

Maïs sous couvert de ....

Je reprend ici le tour de mes parcelles. Et je vais vous présenter mes petits maïs :

- Maïs précédent maïs grain :
Nous sommes sur la parcelle nommé "Gibet haut" dans laquelle je vous avais fait découvrir le maïs sous seigle l’année dernière, la structure est devenu excellente et la couleur du sol me réconforte, à vous de juger :

Gibet Haut

- Maïs sous différents couverts :
Tout est dans le titre, bon courage pour la lecture :

Essart

- Maïs sous couvert de RGI dérobée :
Le plus spectaculaire mais aussi le plus facile a réaliser lorsque le matos est bien réglé :

Essart Bas

Merci à Sébastien Champion qui est venu immortaliser mes cultures.


30
juin
2010

Permaculture ...

En Sarthe, chaque minute compte plus qu’ailleurs, même si la compétition doit durer 24 heures. Inutile donc de partir trop vite, calculez un IFT ou une marge nette à la parcelle est bien, mais la durabilité d’une exploitation nécessite de prendre un peu de recul dans la mise en place d’une culture qui se trouve intercalée dans une rotation.
Trouver la meilleure plante de couverture qui précède la culture proprement dite n’est pas facile, réussir l’implantation est une nouvelle opération délicate à réussir et qui me coûtera très chère si elle n’est pas réussit, de plus son rôle écologique ne sera pas assuré. Si je peut maintenant combiner des interventions mécanique nécessaire à mon sol avec l’implantation de mon couvert, qui dans certains cas peut rester en place plusieurs années, les calculs changent totalement.
J’ai donc avec mes voisins pris 1 journée pour aller découvrir les parcelles de quelques amis Sarthois qui sont tombés sous le charme de l’agriculture de conservation depuis 5 ou 6 ans seulement, mais la folie de la vitesse ne leur fait même pas peur et ils ne prennent pas le temps d’écouter "les encouragements" de leurs voisins, je ne peut que les féliciter car pour espéré gagner , il faut d’abord jouer !!!

- En savoir plus sur la permaculture

Un grand merci à la cuma de Piacé qui nous a reçu, vous pouvez joindre Nicolas au 06 22 51 30 45 pour plus d’infos.

PS : Le prochain TCS nous fera encore découvrir plus de choses sur le colza accompagné, le dernier étaient déja assez cossu sur l’intestin des plantes .