Philippe Pastoureau

  • Couvert localisé chez Jocelyn Michon
  • Passage du strip till à disque
25
octobre
2012

Les agriculteurs innovants

Pour la troisième année consécutive, l’AEI organise ses entretiens annuels. Comme les autres années, ces 2 jours de rencontre sont l’occasion de découvrir des innovations venu d’ici ou là, des écoles, des stations de recherches pilotés par des personnages en blouse ou en bottes. 2 jours de débat pour mettre en valeur ce qui demain pourrait nous être utile, ou après demain ???
- J’aurais le plaisir d’animer un atelier intitulé "relation entre un paysan-chercheur et un chercheur-paysan", qui donnera la parole à Jean Pierre Sarthou et Frédéric Thomas. Nous verrons sur cette atelier comment demain on pourrait imaginer une recherche appliquée au champ de l’agriculteur.

- Pleins d’autres agriculteurs viendront témoigner, je voudrais ici vous présenter un copain d’école que j’avais perdu de vue, mais les vers de terre nous ont rapproché !!! Laurent Farcy a organisé l’année dernière une journée BASE sur sa ferme et il m’a particulièrement impressionné sur la maitrise de la gestion de son exploitation. Son système est parfaitement cohérent, chaque stratégie est poussé au maximum avec un minimum de prise de risque, son système évolue doucement mais prudemment vers l’Agriculture de Conservation, tout est intensifié mais écologique, Laurent s’interdit par exemple l’investissement dans un système d’irrigation et adapte son assolement en fonction de la météo, un concentré de bon sens... Je vous met ci-dessous quelques notes de cette visite :

"Laurent , l’homme qui après avoir fait ruminer ses vaches, fait ruminer ses champs !!! "

580 000 litres de lait , 100 ha de culture, 2 UTH, pas d’irrigation, peu de parcelles autour des bâtiments Passage de 24 ha de maïs en période labour à 12 aujourd’hui avec la mise en place de l’AC. Arrêt du labour pour remettre de la vie dans les sols, afin d’avoir des plantes saines, et des animaux sains. Arrêt du labour en 2004, début des méteils et du sorgho. Suite à pas mal de réunion BASE, mise en place progressive des 3 piliers de l’AC :

==> arrêt du retournement des horizons et réduction du travail du sol, pas de possibilité de matos en cuma car les voisins sont en conventionnel, seul un Actisol est partagé avec la cuma, sinon bricolage avec une vieille Herse alternative en ne gardant que les dents devant les lignes du monograines, ou semis avec un vieux nodet derrière une herse rotative qui gratouille seulement, les socs du nodet étant relevé. Puis en 2006 Laurent investi seul dans un Aitchinson dans l’espoir de tout semer avec. C’est le seul investissement pour le passage à l’AC. L’actisol sert surtout après les récoltes de maïs ensilage, toutes les bennes ( des voisins ) n’ont pas forcément des pneus adapté pour le non-labour .

==> Mise en place d’une rotation longue avec le concept 2/2, il y a une trame sur 10 ans mais en fonction de la météo et des besoins de fourrage, l’opportunisme prend le dessus. De mémoire, voici la trame :
1 = Luzerne ( je ne sais pas comment elle est implanté, mais on verra par le suite qu’elle pourrait peut être implanté avec un colza associé ou dans un méteils d’été )
2 = Luzerne ( en général 4 coupe, il fauche le soir, le lendemain il regroupe les andains, presse et enrubanne. Pas de pré fanage pour garder le maximum de valeur alimentaire et garder les sucres ). La 4ème coupe est ensilé le même jour que le maïs ( 2 ensileuse , 1 au maïs et 1 en coupe direct sur la luzerne) . On retrouve donc dans le silo 1 m de maïs ensilage, 30 cm de luzerne puis 70 cm de sorgho au dessus. Ceci évite l’usage de conservateur, le sorgho au dessus évite les moisissures donc les butyriques, les jus sont récupéré par le maïs en dessous. La luzerne ensilé apporte la fibrositée que l’on ne retrouve pas dans l’enrubannage qui a fermenté, Laurent recherche avant tout une alimentation " fonctionnel et simple " plutôt que de superbes valeurs alimentaires mais des foie cyrosés.
3 = Un triticale est implanté dans la luzerne avec l’aitchinson. La luzerne est régulé chimiquement et permet de réduire la fertilisation de la céréale. La Paille récolté est donné en alimentation des génisses qui sont en ration sèche ( mélange de foin et paille de luzerne dans un bol mélangeur je crois)
4= seigle dans luzerne( Aitchinson Nikel pour réaliser cela ) - couvert je crois
5= Maïs ensilage ou sorgho ( sans irrigation , le maïs produit entre 6 et 10 t de MS ( on se rapproche d’un maïs épis ), le sorgho lui apporte un volume plus constant et grâce à l’absence d’irrigation, ne risque pas de verser. De plus, il rend la ration hyper appétante et apporte des sucres fermentescibles afin de limiter les risques d’acidoses.
6 = méteils d’automne ( triticale-féverole-pois-vesce- trèfle) - récolte du méteils en mai-juin ( coupe direct) puis semis d’un sorgho ou si temps sec, il décale et ressème en juillet un couvert dérobée genre avoine brésilienne+ trèfle, enrubannage en septembre puis les repousses servent de couvert ( en 2011 , le méteils d’hiver a été ensilé donnant environ 6 t.MS puis le méteils d’été à donné 2.8 t de MS en enrubannage ( 80 bottes pour 6 ha ) soit un total de presque 9 t pour une année de sécheresse, un maïs n’aurait peut être même pas levée. De plus , les intrants sont réduits au minimum ( pas de désherbage ). Les repousses d’avoine et trèfle serviront de couvert.
7 = Mais grain
8 =pois de printemps
9 = colza associé
10= blé semé dans colza encore vert Pour 100 ha , cela nous donne approximativement 20 ha de luzerne ( 10 ha ressemé tout les ans ), 10 ha triticale , 10 ha seigle, 15 ha Maïs ensilage, 10 ha méteils été + 10 ha méteils été en double récolte ( dont la moitié en sorgho ), 5 ha Maïs grain ( réserve tampon ) ,10 ha pois ( ou mélange triticale-pois récolté en grain puis séparé par le négoce), 10 ha colza , 10 ha blé .

==> Couverture permanente des sols avec des enchainements rapide et aucun retournement des horizons. Pour limiter le tassement lors des épandages d’effluents ( uniquement fumier, pas de lisier ) , Laurent fait murir son fumier en tas puis au bout de 6 mois, il le passe dans un vieux épandeur de 600 € en le mélangeant avec des fientes de volailles d’un voisin. Ceci lui donne un compost qu’il épand avec un table d’épandage sur 24 m afin de ne rouler que sur les passage de traitement, à raison de 10 à 15 t/ha, il préfère passer presque partout en petite quantité, quasiment toujours en végétation.

En 2011, il a crains le pire au mois de juin alors que les maïs faisait seulement 20 cm de haut, il a du semer ses sorgho à 10 cm de profondeur tellement ses sols étaient asséché.Par peur d’un manque de paille il a ramassé la paille de colza qui malgré tout permettra de faire la soudure et évitera à Laurent d’acheter de la paille, le mois d’aout fera explosé le méteil, la luzerne et les sorgho, l’année finira bien. Quand serait-il si 2 ou 3 ans avant il aurait investi dans l’irrigation comme ses voisins, avec les risque de pénurie d’eau que l’on nous annonce ??? Ce que je retiens de Laurent, c’est qu’il a mis en place un système opportuniste qui demande du flair, mais sans subventions et sans gros investissements, il a sécurisé, pérennisé l’alimentation de ses laitières qui représente 85 % de son chiffre d’affaire. Tout ceci avec moins d’intrants engagés donc moins de dépendance aux variations de cours du pétrole ou des engrais. En plus des 100 ha de cultures, il y a un peu de prairie ( 10 ou 20 ha ), un paddock pour les vaches sur laquelle des haies vont être ré-implanté afin de garder les vaches dehors le plus longtemps possible, plus des herbages pour les génisses sur laquelle Laurent fait du sur-semis avec l’Aitchinson de trèfle+légumineuse+ ??? tout les 3-4 ans quand la prairie est un peu fatigué, cela remplace le hersage que l’on fait contre les mousses ou pour aplanir . Aujourd’hui, alors que son système est en place, il projette d’investir dans un Strip till avec des voisins car la fertilisation localisé l’intéresse, mais il avoue à demi-mot que c’est surtout une porte d’entré pour créer un dynamique avec ses voisins afin de les inciter à évoluer vers l’AC. Ceci prouve toutefois qu’après de longues années de solitude,l’aspect des cultures, la performance de son troupeau ( 9 000 l ) font réfléchir son entourage, son comptable et même son banquier. Nous avons ici l’exemple parfais que la motivation est beaucoup plus performante que les subventions, le système demande encore a être calé et perfectionné, mais la prise de risque est quasi-nul, la progression progressive, et l’éleveur se retrouve aussi en forme que ses vaches, que demander de mieux...

J’oubli de dire que pour l’anecdote, Laurent m’a appelé vers le 20 septembre 2011 pour me dire que cette année ses couverts étaient superbes, il avait suivi nos conseils et les Biomax étaient tellement beau qu’il en était très fiers, sauf qu’il ignorait totalement comment il allait pouvoir semer dedans avec son semoir à dent. Il hésitait entre broyage, mulchage, roulage puis semis. Je lui ai conseillé de mettre un rouleau faca devant son tracteur afin de coucher le couvert dans le sens du semis. Ni une ni deux, Laurent à trouver une vieille herse alternative chez un voisin, a soudé du profilé en forme de T sur le rouleau tube, attelé cela à l’avant de son tracteur ( la herse à l’envers, 3ème point allongé afin que les dents ne touche pas ) , et le tour est joué. 200 € de ferraille, 1 journée de boulot et le rouleau faca est fonctionnel. Cette exemple résume assez bien le parcours de Laurent, il fonce et innove en permanence, sans le savoir il pratique l’AEI, Agriculture En Innovation . N’hésitez donc pas à venir soutenir ces agriculteurs qui délaisseront un peu leurs champs momentanément pour défendre notre cause, merci pour eux.

Site de l’AEI

Lettre de l’AEI n°14 (chut ...)

Ouest France du 26-10-2012


17
octobre
2012

AGRICULTURE ETONNAMENT INNOVANTE

Le ministre de l'agriculture rend visite à Philippe PastoureauComme je vous le disais sur le topic précédent, de plus en plus de personnes s’intéressent aux nouvelles pratiques que nous mettons en oeuvre dans nos champs. Certe, il n’y a pas grand choses de nouveaux puisque nous reprenons les principes de nos grands parents, on remet du bon sens à nos pratiques, dans l’espoir de retrouver un sol en bonne santé, un sol vivant.

- Je me permets de vous présenter ici, un peu avant l’heure, le texte qui paraitra dans la prochaine brochure qui sera distribuée lors des prochains entretiens de l’AEI , sur le thème "les agriculteurs innovants".

Voici donc en avant première ma contribution Agriculture Etonnament Intensive, rêve ou réalité ???

Comme les plus beaux rêves se réalisent, je vous laisse découvrir quelques photos des visiteurs que nous avons reçues la semaine dernière :

-Mon album Picassa :

Visite Ministre de l'agriculture le 12-10-2012

- La galerie photo du Ministère :

Photo de Xavier Remongin

- Une vidéo disponible sur le site du Ministère : Performance écologique et économique vont de pair

- Et pour finir, voici la présentation que nous avons projetée : Un sol vivant, est-ce possible ???


5
octobre
2012

Produisons autrement

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C’est super, mes pratiques changent et j’ai l’impression que la réglementation qui encadre ma profession change elle aussi. Quelle fut ma surprise d’apprendre récemment que j’avais le droit de fumer le couvert !!!
Attention, je sais que des ados lisent mon blog, et je ne voudrais surtout pas qu’il y ai confusion et que vous ramassiez les plantes "bizarres" qui poussent dans mes champs pour essayer de rouler les feuilles afin d’en faire des cigarettes, je dis simplement que depuis peu la réglementation m’autorise à apporter des effluents organiques sur mes couverts. ( voir la définition du verbe fumer, en bas verbe 2).

Merci Mr le préfet de la Sarthe, voici la dérogation, qui évoluera dans le bon sens j’espère...

- Chaque département prépare actuellement les prochains textes qui entreront en vigueur pour le 5ème programme de la directive nitrate, des arrêtés comme le cas de mon département sont pris en attendant Juillet 2013 et l’application de la 5ème directive. C’est donc peut être le moment de faire connaitre nos difficultés ou besoin pour faciliter la mise en oeuvre de l’agriculture de conservation. Pour mon cas, l’autorisation d’un apport d’effluent sur le couvert avec un maximum de 70 unités d’azote/ha va évidemment faciliter mon système, mais j’aurais presque envie de le durcir en demandant une politique de résultat, c-à-d s’assurer que le couvert sera suffisamment développé avant l’entrée de l’hiver afin de réduire les fuites d’azote, soit en demandant une biomasse suffisante avant la lame drainante, soit en s’inspirant du système Nitrawal :

- Ceci dit, ce n’est pas en écrivant sur mon blog que les choses vont bouger en ma faveur, il est donc préférable que je me bouge moi-même et que je fasse des propositions, sitôt dit, sitôt fait...

Voici ce qui m’a permis de m’exprimer :

Pour une fois que l’on me ( nous ) donne la parole, j’ai donc fait part de mes pratiques expliquant ma transition du labour au non-labour, mes soucis rencontrés et pistes de progrès. Le Ministère a crée une plateforme participative où chacun peut exprimer ses idées innovantes, voilà comment ma petite présentation se retrouve maintenant sur le site du Ministère...
Produisons Autrement Vous trouverez mon pdf sous la rubrique "vos contributions", "La Cuma de la Vallée des 2 Fonds".

- Avec tout cela, je ne pourrais pas m’en vouloir de n’avoir rien fait, encore faut-il expliquer à tous ces technocrates le rôle de la matière organique dans nos sols et toute l’importance que nous lui apportons. Dans ma tête, en tant qu’éleveur, il est de plus en plus évident que mes effluents doivent me permettre de produire un maximum de biomasse via les couverts, la décomposition de ceux-ci viendront ensuite alimenter mes cultures et me permettront de réduire mes intrants. Je rejoins ici mes propos du début de ce post :
- Des effluents sur un petit couvert vont accroitre le risque de pollution des nappes et en aucun cas me permettront de réduire ma fertilisation.
- Un couvert qui manque d’azote à cause d’une réglementation non adaptée va pénaliser ma culture, tout comme des épandages au printemps sur un sol non ressuyé.
- Une règlementation en phase avec mes pratiques, responsabiliser par l’information, voila la piste que je vais jouer.

Et pour finir, un peu de pub pour un film qui sortira bientôt, comme quoi les moeurs changent...

[http://www.resogm.org/spip.php?article173]

Où si vous préférez la lecture, un belle ouvrage qui vient de sortir : Vive l’agro révolution Française de Vincent Tardieu.

Plus d’infos


14
septembre
2012

Mes champs muent...

On arrête pas le progrès, un généticien israélien, Avigdor Cahaner, a réussi à produire un poulet sans plume . Soit, je respect ce travail, j’avais juste besoin d’une photo d’un animal "nu" pour la mettre à coté d’un sol "nu", libre maintenant à vous de me dire ce qui est le plus déconnant.......

- Voici pour moi un belle introduction pour vous expliquer comment je fais muer mes champs, comment j’enchaine les cultures en essayant de toujours avoir une couverture pour ne pas que ma terre prenne froid ( ou chaud ), je n’imagine même pas à quoi ressembleraient mes champs si mes lombrics chopaient la gastro !!!

- Voici l’enchainement que je vais vous présenter : Couvert Seigle-vesce-Maïs grain / Blé / Colza associé de légumineuse /couvert trêfle - Blé / Dérobée RGI-trêfle - Maïs ensilage / Blé . Soit sur 6 ans , 2 Maïs , 3 Blé , 1 Colza + 1 récolte de RGI/trêfle + 1 récolte quand cela est possible du couvert Seigle-vesce ou du trêfle derrière colza. Pour illustrer ma rotation du moment, je vais reprendre quelques uns de mes albums picassa, vous pourrez ainsi suivre les cultures 2012 et découvrir les rendements réalisé à ce jour, et j’ai pris quelques autres exemple pour illustrer les couverts. Ma rotation n’est pas figée et évolue en fonction des cours, de la météo et de la disponibilité en eau. Je voudrais surtout vous faire voir à travers ces différents albums la couleur de mes champs au moment des semis.

Année 1 : Couvert Seigle-vesce puis Maïs grain

Dans cette exemple, nous sommes sur un précédent maïs ensilage mais le travail aurait été le même sur un précédent blé.

oignelet 2012

Je vous reparlerai un peu plus tard de cette parcelle sur laquelle nous avons un "gros" essai fertilisation localisée, un essai variété comprenant plusieurs dates de semis....

Année 2 : Blé

Nous sommes donc ici sur un blé de maïs grain. Vous verrez ici que je me sert beaucoup des résidus du maïs pour recouvrir mes grains, c’est toujours impressionant mais cela fonctionne parfaitement. Pour le semis du couvert à la fin du blé, nous avons abandonné la technique car beaucoup trop aléatoire en raison de la paille que nous exportons, nous devons créer une rupture de capillarité mécaniquement puisque nous exposons le sol au soleil ( à la différence d’un céréalier qui broie la paille), et profitons de ce passage de compil pour implanter correctement le couvert qui suit (s’il y a).

Gibet Bas

Année 3 : Colza associé de légumineuse

Pour info, dans mon choix d’assolement, vous verrez ici que le 1er blé vient derrière un maïs grain, il est donc semé tard et en général récolté en dernier ( fin juillet). Cela m’arrange car comme il sera suivi d’un colza, je n’ai aucune intervention à faire.

Colza 2012

Année 4 :Couvert de trêfle puis Blé

Le couvert de cette exemple va évoluer à l’avenir, l’objectif ici est de produire un maximun d’azote sur cette inter-culture un peu longue ( 05 juillet au 20 octobre), ce couvert ira au bovin si possible, sinon il nourrira mes lombrics. Je choisit des espèce qui gèlent afin de pourvoir me passer de glypho. Attention toutefois, la levée du blé dans les légumineuses vivantes au moment du semis peut faire très peur, mes voisins qui commencent à bien me connaitre on eut peur pour moi, ceux qui ne m’ont pas vu semé n’ont rien vu et rien compris puisque la parcelle est passée du vert au vert !!!

Je vais choisir à ce moment de la rotation des blés un peu plus précoce semer 15 jours avant les blés de maïs grain car je veut que ces blés soit récolté tôt ( 10-15 juillet) afin de pouvoir semer un dérobée derrière et espérer tirer une coupe à l’automne. Sur l’exemple qui suit, il s’agit d’une récolte 2012 et j’ai expérimenté ici un semis sans glyphosate. Je vous laisse découvrir comment j’y suis parvenu, vous pourrez aussi lire pas mal d’infos sur l’effet "chélateur" du glypho dans les sols et les soucis de blocage que cela provoque dans le TCS 68 de Juillet 2012

Blé 2012

Voici un exemple de semis sous couvert avec le compil


Semis Blé Compil par PASTOUREAU

Année 5 : Couvert RGI+trêfle puis Maïs ensilage.

Sur cette album, le RGI a été ensilé au printemps avant le semis du maïs. Un glypho a été fait pour stopper le redémarrage du RGI, mais je vous ferait voir plus tard qu’il est possible également sur ce genre d’enchainement de s’affranchir du glypho en utilisant des variétées "stratos. Je vous mettrais plus de photo des maïs dès que nous aurons ensilé un peu.

Essart Haut 2012

Année 6 : Blé

Je n’ai pas d’album pour illustrer ceci, surement parce que inconsciement ce mode de semis me plait peu puisque évidemment on sème sur un sol nu. La récolte du Maïs ensilage a lieu vers le 25 septembre et je ne peut en 3 semaines couvrir mon sol avec un couvert. Cependant le semis au compil me permet de laisser le chaume sur le sol, on gratouille seulement le sol et 50 % des pieds de maïs restent accroché au sol, ce qui permet en cas de gros orage à l’automne mais aussi des pluies de l’hiver de limiter l’érosion.

- Merci à Guillaume pour le beau camembert qui résume ma rotation


14
juillet
2012

Recherche et Développement

JPEG Pour commencer ce topic, je vous rapporte une petite blague trouvée sur le net :
"Quelle est la différence entre un chômeur et un céréalier ??? ils font tous les deux le même boulot, mais n’ont pas le même salaire"

Allez, on va la prendre avec légèreté, mais on va approfondir un peu ses propos. Comme beaucoup d’agris aujourd’hui, je suis régulièrement le cours des céréales et les fluctuations de prix modifient peu à peu mes pratiques. Il y a 3 ans , il était inconcevable pour moi de vendre du blé avant la récolte, je m’accrochais au dicton "il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué" mais les courbes ont eu raison de mes vieux concepts, j’ai donc cédé à la tentation et je suis devenu ce que j’appelle un "spéculateur", malgré moi. Produire est une chose, bien vendre en est une autre !!! Avec la courbe qui illustre ce topic, on voit que le prix du blé à varié de 100 €/t. en moins d’1 an. De la folie selon certains, une aubaine pour d’autres... Je ne commenterais pas cette courbe qui va poser de gros problème à la filière élevage cette année encore (aux céréaliers demain), je veux juste mettre en relation l’augmentation du chiffre d’affaires des fermes céréalières avec le poste R&D figurant dans la comptabilité.
- Recherche et Développement, dans beaucoup d’entreprises industrielles, ce poste représente 3 % du chiffre d’affaire, pour une ferme de 100 ha, cela nous donnerais environ 3500 € de budget a consacrer annuellement à la formation et à l’expérimentation. Certes, on investi déjà 1000 € via les taxes foncières (chambre d’agriculture), il nous reste donc 2500 € de budget. Si de surcroit les cours sont favorables, je peux avoir une augmentation de mon revenu de 100 à 200 €/ha, soit un petit boni de 15 000 € pour une ferme de 100 ha. C’est là que les prévisions deviennent compliquées, un changement des cours du blé pour des raisons "extérieurs" à l’exploitation vont faire varier fortement le revenu de l’entreprise. Si en plus le paysan a décidé de travailler moins pour gagner plus, ce qui lui a permis de se libérer du temps pour se former et optimiser la commercialisation de son blé, on se retrouve dans une situation ou le revenu "explose" sans charge supplémentaire... Au bas mots, sur les 15000 € de revenu supplémentaire, on va devoir en redonner au moins 40 % à l’état sous forme de cotisation et d’impôt. Je ne suis pas contre la solidarité, je rappelle juste qu’a la différence du chômeur, il peut m’arriver pour des raisons extérieures à mon exploitation (accident climatique, chute des cours, ...) que mon revenu soit négatif, et dans ce cas la solidarité Nationale n’est pas de 40 % ....
Si vous m’avez suivi, on peut assez facilement imaginer que d’ici quelques mois, beaucoup d’agriculteurs investissent pour réaliser de la DFI afin d’éponger cette hausse des cours, on verra probablement beaucoup de tracteur neuf au pied des sapins à Noël, est-ce judicieux ??? Risque t-on comme en 2008 de voir ces tracteurs brillants, bourré d’électronique défiler devant les préfectures dans quelques temps parce que les cours se seront effondrés ????
Rassurez vous, je ne prévois pas l’avenir, mais cela me rappelle une phrase de Marie José Blazian d’Agrodoc , elle m’expliquait qu’investir dans la remise en forme des sols et modifier ces pratiques pour évoluer vers l’Agriculture de Conservation était un investissement à long terme, et que bien entendu il fallait profiter des bonnes années pour corriger des soucis de drainage, fertilité ou adaptation de matériel ( ferti localisé, perfectionnement des semoirs, ...)
- Pour en revenir à mon poste R&D, chacun investi ce qu’il veut là dedans, chacun gère comme il veut un surplus de trésorerie, mais il faut être près demain à continuer à produire, peu importe le prix du blé ( comme le prix du blé n’est pas lié à la qualité du produit, il est souhaitable que son prix de revient soit inférieur au prix le plus bas sur la courbe...). Si en plus le pétrole devient rare ou inabordable, on risque de voir d’un côté des agris pousser leurs tracteurs autoguidés pour défiler devant la préfecture et de l’autre des paysans, se promener eux aussi à pied, dans leurs champs afin de vérifier que l’argent qu’ils auront mis dans le R&D leur permet de continuer à vivre de leur métier malgré la volatilité des cours.
- A bon entendeur, il me reste a scruter le sapin des paysans pour savoir ce qu’ils auront choisi.......


21
juin
2012

Pour semer 2 fois, il faut commencer tôt...

J’ai pour la 1ère fois de ma carrière semé du maïs au mois de Mars, mais comme 1 paysan averti en vaut 2, je me suis rappelé de la phrase d’un voisin en retraite qui m’avait dit que pour semer 2 fois, il fallait commencer tôt !!!
J’ai donc pris quelques précautions.

- Voici des photos de mon semis de fin Mars, nous sommes sur une parcelle de limon-sableux qui ne risque pas l’hydromorphie, les conditions étaient idéale pour un semis précoce, j’ai sécurisé en mettant des variétés cruiser mais nous verrons plus loin que cette précaution n’est pas indispensable, c’est surtout la vigueur au démarrage qui fera la différence. Sur cette parcelle, nous avons 3 essais en place :
==> Essai variétés de chez Pioneer, 4 variétés sont testées, cette essai fait partie du "Challenge Carbone" de Pioneer, quelques photos sont dispo sur leur site france-pionner
Un autre essai variété a été mis en place chez un adhérent de ma cuma, 15 variétés de chez RAGT y seront comparées pour la seconde année.

==> Essai date de semis. Sur la parcelle, la préparation Strip till a été effectué partout fin mars mais nous avons décalé les dates de semis pour 2 variétés, un semis au 01 Avril, un semis au 15 Avril puis un dernier après la pluie le 11 Mai. Il sera intéressant sur cette essai de voir si le semis tardif se trouvera pénalisé ou pas ???

==> Essai ferti. Nous avons testé ici 15 modalités d’engrais (avec répét.), plusieurs formulation d’azote incorporé au Strip till à 20 cm croisé à plusieurs formes d’engrais starter localisé au semoir. Nous pourront ici observer l’effet azote, phosphore et souffre, ainsi que le concept "Entec" de chez Nitrogen qui est un régulateur de minéralisation (Entec)

Cette essai est suivi par CASEA (conseiller privé) pour les comptages et la mesure du rendement, j’aurais l’occasion de vous en reparler plus tard lors des mesures Jubil que nous effectueront avant la floraison. En plus du rendement grain, nous feront également des analyses MAT en vert. En tant qu’éleveur, si mon maïs ensilage est plus riche en MAT, c’est autant de kilo de soja en moins que je devrais acheter.

oignelet 2012

oignelet 2012

- Changement de décor, nous sommes ici sur une parcelle très argileuse hydromorphe. J’ai passé ici aussi le strip till 2 fois afin de bien préparer mes lignes de semis mais dans ce type de sol , il est très compliqué de faire du bon travail au printemps et mon épouse ma sauvée. En effet, les vacances de Pâques étant au 15 Avril cette année, j’ai accompagné ma petite famille au sport d’hiver. De retour de vacance, l’hiver était passé sur ma parcelle argileuse puisque nous avons pris au moins 200 mn de pluies en Avril. J’ai attendu quelques jours que cela se ressuie et j’ai put semer vers le 15 Mai. Grâce à mes vacances au Ski, j’ai semé dans de superbes conditions sur cette terre difficile s’en la forcer, et la levée est superbe, à croire que je m’assagis avec les années...

Cotinière 2012

Cotinière 2012

- Du classique pour vous, un semis dans une parcelle de dérobée avec le semoir accroché au ST.

Essart Haut 2012

Essart Haut 2012

Pour le fun, j’ai demandé à mes amis vers de terre de tenir mon caméscope
et de me filmer.

Beaucoup de gens sont surpris quand je leur expliquent que j’ai passé 2 fois le strip till cette année. Mon objectif est de garder tant que possible les résidus sur le sol mais de sécuriser au maximum mes levées. J’ai donc remplacer un passage de compil au printemps par le second passage de strip till qui m’a permis de mieux préparer les lignes derrières les roues du tracteur ( on réfléchit à l’avenir de jumeler le tracteur ). On voit aujourd’hui un superbe enracinement du maïs , je ne sait pas si cela se traduira par des quintaux mais je préfère aujourd’hui sécuriser mes ITK et les réduire ensuite là ou cela est sans risque durablement.
Ce double passage de ST m’a permis de conserver les résidus sur le sol afin d’éviter les problèmes d’érosion que l’on voit trop souvent, j’en parlais déjà il y a quelques années.

PS : pour ceux qui s’inquiéterait, je n’ai ressemé aucun maïs cette année, alors que j’ai commencé tôt......

- De multiples essais de ce genre ont été mis en place chez des Strip-tilleurs, voici la galerie photo d’un copain de l’Orne :
Galerie Picassa de Nicolas
- J’en profite pour vous mettre une autre galerie, d’un autre Nicolas, mais en Belgique cette fois-ci Picassa Belgique
- Et 2 sans 3, voici la galerie d’un 3ème Nicolas, en Suisse cette fois-ci. Voici un article sur notre ami Suisse